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Certains auteurs, on les rejoint un peu comme on rentre chez soi.
C'est le cas de Miller pour moi.
Je connais tellement bien sa plume, ses excès, ses abus de confidences et ses envolées d'équilibriste !
Vingt ans que je le côtoie.
Qu'il me rudoie parfois.
Que je lui rabats son caquet, clac, d'un coup de page tournée ou de livre sèchement refermé.
Cette fois encore, nous ne nous sommes pas ménagés !
Pour cet ouvrage, profanes s'abstenir. Vous en sortiriez déçu ou désintéressé d'Henry Miller, et ce serait un grand gâchis monumental, tant il peut être merveilleux !
Si vous aimez Miller, vous lui pardonnerez certaines nouvelles oniriques sans grand intérêt. Vous lui pardonnerez aussi quelques éclaboussures de sa plus belle plume, Miller s'étale, se déballe, en fait trop. Ennuie. On baille. Un peu.
Jusqu'à la claque, au tournant suivant. La même magie, la même verve, pleine de sincérité et de sève, dans le 14e district, Je porte un ange en filigrane, ou La boutique du Tailleur, indubitablement la meilleure nouvelle de ce recueil.
Alors oui, ce n'est pas son meilleur.
Mais le pire, ça n'existe pas quand tu t'appelles Henry Miller.
S'il se perd parfois, il rattrape tout, d'un seul bond, d'un seul élan, comme ça, sans les mains ! Ou les doigts dans le nez, enfin c'est affaire de goût. A nouveau son style débridée, débit rapide, à les entendre résonner, les touches de sa Remington, jusque dans nos colonnes vertébrales !
Une lecture agréable avec pour toile de fond le Paris d'avant-guerre et les aventures amoureuses, on oserait plutôt dire "sexuelles" de deux amis, Joey, américain et Carl, tchèque.
Joey le narrateur qui aime Paris par-dessus, notamment le quartiers de Clichy et de Montmartre, la grisaille de la capitale et la préfère aux néons de Broadway en disant qu'elle est "propice à la sexualité". Les descriptions de Paris sont belles et joyeuses, écrites par la plume d'un amoureux de la ville.
On trouve aussi quelques phrases magiques aussi comme "... j'acquis la conviction qu'elle attendait quiconque saurait l'aborder correctement" ou encore "Tout ce que Nys disait était intéressant, même les petits riens de la vie. C'est là un talent que j'admire infiniment plus que la faculté de parler brillamment".
C'est une balade avec beaucoup de légèreté servi par une magnifique plume.
Ma réserve se situe sur le manque de psychologie avec des personnages trop superficiels. On sait finalement peu de choses sur Joey et Carl, ils mènent une vie de bohème et aiment les filles. Ces dernières défilent comme autant de tableaux avec leurs singularités mais tout cela est éphémère, elles passent et disparaissent et il ne reste rien.
Au final, une lecture détente mais sans rester accroché à quoi que ce soit au final.
erotique au masculin
Ne lisez pas « 50 nuances de grey » (qui est à la littérature ce que le fromage pasteurisé est au fromage au lait cru) mais tout Henry Miller et notamment ses bouleversantes érotiques lettres d’amour à Brenda Vénus ainsi que toute la crucifixion en rose.
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