"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après le négoce de pierres précieuses et de trafic d'armes, notre personnage se met en tête de transporter et vendre du hachich.
Nous voila partis dans un voyage singulier fait de mers déchainées, de voleurs, de corruption et de magouille.
Encore une fois les paysages sont magnifiques, on ressent la chaleur, on respire la poussière, on sent les fleurs et on goute les fruits.
La plume est toujours aussi élégante et le récit détaillé.
Un voyage du dèbut du 20ème siècle, farfelu et dépaysant.
Ce roman d'Henry de Monfreid est inspiré par sa vie d'aventurier.
Nous voila partis sur la mer rouge au début du 20eme siècle.
C'est certes un peu daté et nous n'échappons pas à la suprématie de l'Homme blanc dans ce récit.
Avec ironie, l'auteur nous conte sans regret ses voyages, ses trafics d'armes et son négoce de perles.
Il n'hésite pas à braver l'administration un brin tatillonne.
Avec ses marins, il passe souvent très près de la mort. On retient son souffle lors des voyages en mer.
Les paysages sont magnifiquement contés.
Malgré quelques petites longueurs, l'écriture est élégante et nous sommes transportés un siècle en arrière.
" Ce soir de juin sous un ciel constellé et dans le calme de la légère brise, j'entends la mer ruisseler doucement sur les grèves toutes proches et de temps à autre, je vois se dérouler la frange verdâtre des phosphorescences."
Il y a des lectures qu'on dirait faites l'une pour l'autre.
Quand sur la 4ème de couverture il est dit "Vibre libre, oeuvre de ce Rimbaud baroudeur qu'était l'écrivain voyageur Henry de Monfreid", la boucle est bouclée avec ma précédente (et parallèle) lecture.
Son petit-fils d'Henry de Monfreid, Guillaume, a rassemblé notes et nouvelles pour une sorte de testament spirituel.
On y apprend qu'Henry de Monfreid est venu à la mer par hasard, après une expérience malheureuse comme producteur de lait.
"Ô douce solitude, combien me sembles tu voluptueuse ! Après les turbulents Parisiens, rien ne pouvait me paraître meilleur que le contact avec les choses vraies et aimable de la nature."
Qu'il est devenu écrivain sur les conseils de son ami Joseph Kessel qui lui a conseillé de faire publier ses carnets devenus Les Secrets de la mer Rouge.
" Kessel ignore de tels sentiments par une grandeur d'âme faite de droiture, de bonté secrètement tendre et d'indulgence compréhensive. Il se lève ainsi au-dessus des laideurs humaine comme aux temps héroïques où son avion planait dans la sérénité des hautes altitudes."
J'ai découvert enfin, en faisant quelques recherches, que ce livre avait inspiré Hergé pour son album Les cigares du pharaon dans lequel il représente Henry de Monfreid en capitaine de boutre.
"La mer et le désert laissent en l'esprit de ceux qui savent voir et comprendre l'inconsciente nostalgie de leur pérennité."
Un livre qui se lit au fur et à mesure de la vie, pour apprendre à regarder et constater que 100 ans après certaines phrases sont d'une déconcertante modernité.
" Il ne s'agit plus alors de conquérir le nécessaire, mais le superflu, plus impérieux une fois qu'on a commencé à lui céder."
J'avoue que je suis un inconditionnel de Henry de Monfreid. Quand son autobiographie est reparue aux éditions Point Aventures je me suis précipité dessus pour la lire. En fait, et c'est bien normal, elle reprend, en les survolant, les principaux détails de la vie de cet aventurier du XXème siècle. Mais pour ceux qui auront lu ses ouvrages, tous relatant les épisodes les plus marquants de sa vie, ou s'en inspirant, seront certainement déçus. Chacun de ses livres, raconte dans le détail les évènements de sa vie, et relate une aventure. Cette autobiographie est donc, d'une certaine façon, un résumé de l'ensemble de ses livres.
Néanmoins la première partie est très intéressante car elle relate son enfance. Comment un petit garçon originaire de l'Aude va devenir un aventurier-pêcheur-contrebandier, surveillé de près par les services secrets britanniques et par celui qui deviendra le Négus. Comment va-t-il devenir un mythe sur la côté des Somalis, en Mer Rouge? Quelques-unes des réponses à ces questions se trouvent dans cette enfance vécu au bord du golfe du Lion.
A lire pour les incondtionnels ou en guise d'introduction à l'oeuvre de celui qui a été découvert, en tant qu'écrivain, par Joseph Kessel. Mais le mieux est de lire Les Secrets de la Mer Rouge ou Sous le Masque Mau-Mau ou encore l'un des 48 autres livres qu'il a écrit!
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