Un Goncourt et un Renaudot d’excellent niveau, mais de bien sombres préoccupations
Un Goncourt et un Renaudot d’excellent niveau, mais de bien sombres préoccupations
Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Merci à Jean-Paul pour ses impressions, ses rencontres, ses Correspondances
La revue de presse livres vous dit tout ce qu’il faut savoir — et emporter — avant l’été !
Dans un court livre de 68 pages , Eric Vuillard relate un"soulèvement de "l'homme ordinaire" dans les années 1524-1525 dans le Saint Empire romain germanique.Il relit avec talent L Histoire,esquissant en quelques lignes un cadre historique, social et géographique, montrant la permanence historique et géographique des injustices.Pour le lecteur c'est un bonheur de se plonger dans ce récit à l'écriture cinématographique ,de s'intéresser soudain à des pans de l'Histoire et, guidé par la plume et le regard d'Eric Vuillard ,de constater le caractère universel de ces mouvements révolutionnaires et leur actualité.
Cette rébellion contre les Princes du début du xvie siècle est de même nature que celles qui ont secoué le Kent des siècles plus tôt quand les pauvres paysans se sont révoltés contre les taxes, le servage ,leur chef Wat Tyler est massacré en 1381.Le Roi ne tiendra pas ses promesses.Quand Jean Hus prêche en Bohême il est considéré comme hérétique et brûlé en 1415.
Le livre déroule la vie de Thomas Muntzer dont le père a été pendu.Muntzer partisan de Luther est d'abord prédicateur en Saxe.Il prêche une chrétienté pure, désintéressée qui parle aux pauvres mais déplait aux riches.Il prône le contact direct avec Dieu, s'en prend au latin , dit la messe en allemand.La Réforme protestante ébranle l'ordre social.En 1524 la révolte gronde, les châteaux sont rasés en Saxe, en Thuringe.Les Princes mobilisent des armées...
Né vers 1490 à Stolberg dans une famille pauvre, Thomas Müntzer perdit très jeune son père, pendu pour avoir déplu à un comte. Il fit néanmoins de bonnes études de théologie à Leipzig et devint curé à Halberstadt et Brunswick. Partisan de Luther, souvent renvoyé de ses paroisses, il devient prédicateur à Zwickau en 1520. Il s’installa ensuite à Allstedt où il écrivit ses « Protestations ». Ses messes dites en allemand eurent un grand succès auprès des petites gens tout heureux d’enfin comprendre ce que racontaient les textes liturgiques. Une énième révolte paysanne se déclencha sur les terres du prince Albert de Mansfeld. De partout, les gens se rassemblaient formant une troupe hétéroclite, mal armée et mal ravitaillée, qui devait affronter des troupes de mercenaires disposant de canons. Müntzer prit la tête de la cohorte de gueux. Mais tout se termina dans un bain de sang. Cinq mille paysans furent passés par les armes. Le curé fut emprisonné et décapité le 27 mai 1525 à Mülhausen, devant toute la haute noblesse de la région…
« La guerre des pauvres » est court roman (92 pages) basé sur un fait historique relevant des révoltes paysannes qui furent fort récurrentes pendant de nombreux siècles en Allemagne tout comme en France avec nos « Jacqueries » et qui atteignirent leur apothéose avec la révolution de 1789 et toutes les autres, la guerre de Vendée, 1830, 1848 et la Commune de Paris en 1870. Tous ces soulèvements populaires contre l’oppression royale, ecclésiastique, ou républicaine s’achevèrent systématiquement dans des répressions féroces, le dernier en date étant le mouvement des « Gilets jaunes ». Le style de Vuillart est agréable, léger, facile à lire et un tantinet minimaliste. Pas de descriptions interminables, ni d’états d’âme alambiqués, juste l’essentiel, rien que l’essentiel. « Close to the bone », comme disent les Anglo-saxons. L’inconvénient de cette qualité c’est qu’on termine le livre en restant un peu sur sa faim. On aurait aimé en savoir un peu plus sur ce fou de Dieu révolutionnaire protestant finissant par contester Luther lui-même et sur ces révoltes populaires si peu ou si mal étudiées dans les cours d’histoire. Merci à Eric Vuillard d’avoir braqué son projecteur sur ce personnage assez peu connu chez nous.
Ce petit livre d’une très grande qualité narrative, qui remporta le « Prix Goncourt » en 2017, couvre la période allant de 1933 à 1938, avec la montée du Nazisme, l’invasion de l’Autriche et par de petites parenthèses, le procès de Nuremberg.
L’auteur développe la compromission des vingt-quatre plus grands industriels allemands de l’époque ,propriétaires de groupes tels que Krupp, Opel, Bayer, BASF , BMW, Agfa, Shell, Daimler, Schneider, Telefunken, Siemens, Allianz entre autres qui furent convoqués le 20 février 1933 au Reichtag afin de verser au parti nazi, qui n’avait pas un sou vaillant, de très grosses contributions. Toutefois leurs intérêts y trouvèrent leur compte, la guerre leur fut rentable. Ces mêmes grands groupes qui sont encore parmi nous avec leurs lave-linge, voitures, radios-réveils, assurances, piles, produits d’entretien… utilisèrent les prisonniers des camps de Dachau, Buchenwald, Natzweiler-Struthof et d’Auschwitz dans leurs usines concentrationnaires dont très peu survécurent.
Les industriels furent ainsi ce 20 février 1933 acquis au nazisme, les opposants réduits au silence, les adversaires sérieux furent les puissances étrangères, telles la France et l’Angleterre. Cette même année 1933, ont lieu l’ouverture du camp de Dachau et la stérilisation des malades mentaux. En 1934, ce furent les lois sur la sauvegarde du sang et de l’homme allemand, et la fameuse « Nuit des longs couteaux »
En 1938, la menace de fondre sur l’Autriche est un formidable coup de bluff qui fera céder le monde entier, car cette fameuse « Blitzkrieg » n’est rien qu’un immense embouteillage de panzers, assemblage de métal et de tôle creuse, tombés en panne sur les nationales autrichiennes. Des trains roulant de nuit emportèrent ces blindés et automitrailleuses à travers l’Autriche afin d’être à tout prix à Vienne pour le grand spectacle des cérémonies officielles et dont les cadrages ingénieux des photographes du Reich en firent une armée redoutable.
Voici un court texte édifiant, d’une lecture extrêmement facile, qui montre qu’il aurait fallu bien peu pour éviter ce qui suivit.
En 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France s’enlise dans le conflit colonial indochinois duquel elle sortira vaincue. Eric Vuillard ne prend pas le costume de l’historien, mais revêt celui du critique. En couverture, la photo du Général Christian Marie Ferdinand de La Croix de Castries, commandant les troupes françaises à Dien Bien Phu, est-elle la première marque d’ironie choisie par l’auteur ? Toujours est-il que le récit est orienté vers la critique des personnes physiques et morales qui ont tenu un rôle prédominant. Il s’agit des politiques sous la 4ème République, de la bourgeoisie dominante, de la Banque d’Indochine, de l’empire Michelin exploitant les plantations d’Hévéa …et les hommes qui y travaillaient.
Sans complaisance, avec sarcasme et une fine ironie, Eric Vuillard fait de cette terrible période une approche décalée de l’histoire, mettant en exergue les stratégies obscures de certains groupes ou individus qui ont pesé dans l’évolution du conflit.
Après « l’ordre du jour », Eric Vuillard s’attache aux graves moments de l’histoire, sans en entraver la vérité, mais en pointant des éléments qui ont ou auraient pu en modifier le courant. Un court opus d’une grande intensité !
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