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Le nageur de Bizerte se nomme Tarik, il nage quotidiennement dans les eaux tunisiennes de Bizerte et, un jour, se frotte à la coque d’un cuirassier russe à bord duquel se trouve une créature de rêvevêtue de blanc, Yelena. Nous sommes en 1921. La Tunisie est sous protectorat français et l’aristocratie russe fuit à bord d’immenses bateaux.
Avec une plume élégante et précise, Didier Decoin, nous livre un conte historique avec deux personnages que tout oppose : le milieu social, la culture, le pays, l’avenir …
C’est un récit flamboyant et romanesque, une très belle histoire sur fond politique, des portraits de personnage détaillés.
De la littérature française qui donne toute sa place à notre langue à travers des personnages exotiques.
La quatrième de couverture rédigée par Didier Decoin présente parfaitement son livre. Si je me permets d'ajouter mon avis, c'est pour commenter avant tout le joli titre.
En effet, ce titre a attiré mon attention au moment où la nature recule, l'urbanisation progresse et l'humanité entre peu à peu dans une technologie étouffante. Il s'explique parce que l'auteur voit ce que d'autres ignorent, parce qu'il ne passe pas à côté de ce qu'il y a de surprenant, miraculeux ou dramatique dans ce que la nature nous offre encore de synesthésie à portée de main (p 10, 129, 178).
" Tout est jardin » (p 52), affirme-t-il sans détour.
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On commence par l'arrestation de Babe Ozouf. Pourquoi cette femme a t'elle été arrêtée ? Il nous faudra attendre avant de le savoir. Quelques jours de chevauchée à travers la campagne française de la fin du 19ème siècle, vont être nécessaires aux deux gendarmes qui l'accompagnent au palais de justice. Lors des haltes, Babe demande la permission d'écrire, elle souhaite terminer son manuscrit avant son enfermement. C'est ainsi que son histoire nous est dévoilée.
La deuxième histoire est celle de Catherine, qui n'est autre que la fille de Babe. Recueillie par des religieuses elle grandit parmi elles jusqu'au jour où, elle s'extasie devant une estampe représentant une femme faisant un feu et face à la mer. Elle n'a alors plus qu'un désir, retrouver le lieu en question (la Hague) et cette femme. Déterminée, rien ne pourra la détourner de cette idée fixe.
La troisième fille est la petite-fille de Babe. nous sommes en pleine guerre 39-45. Carole, qui vit au Canada, a été recrutée pour une mission bien particulière. C'est ainsi qu'elle se retrouve sur les pas de sa mère et de sa grand-mère.
Une superbe écriture et beaucoup d'émotions, du début jusque la fin. Quand le destin se répète... avec pour idée centrale la chaleur et la lumière du feu.
Ce texte commence par de belles pages de nage : Tarik est docker sur le port de Bizerte et s'entraîne pour la prochaine compétition de natation en eau libre. Nous sommes en 1921, à Bizerte. Tarik va alors se retrouver face à un immense navire et en levant la tête va apercevoir une belle jeune fille habillée de blanc. Il s'agit de Yelena, aristocrate ukrainienne qui fuit avec sa tante les massacres des bolcheviques. Elles ont fui la Russie Rouge avec l'armée blanche et se retrouve bloquées dans le port de Bizerte.
Bizerte est sous protectorat français, est le seul port de la Méditerranée à accueillir les bateaux de russes blancs qui ont fui devant l'avancée des Bolcheviques . Mais les réfugiés ne peuvent pas encore débarqués. Tarik va tout faire pour retrouver cette belle jeune fille. Et ils vont se retrouver et apprendre à sa connaître. Yelena vit dans l'univers de Tchekov et se verrait bien une héroïne de « La Cerisaie ».
Texte de stature classique, romanesque à souhait, Didier Decoin avec une écriture classique nous décrit cette ville en 1921, les habitants qui survivent et observent ces navires russes de réfugiés qui attendent une décision politique. L'auteur nous fiat de beaux portraits de personnages, que ce soit le jeune Tarik, de sa mère, d'Yelena et sa tante, ou des cosaques. Il parle aussi de la Russie de 1919 après la révolution bolchevique et la fuite de l'armée blanche et des aristocrates qui vont chercher des ports de refuge. Il y a de belles pages sur la littérature, en particulier sur le texte "la Cerisaie".
J'ai apprécié cette lecture classique et ai pensé à me lecture récente du dernier texte de Makine, lui aussi académicien, "l'ancien calendrier de l'amour", qui d'ailleurs débute à la même période, en 1918 lors de la révolution bolchevique. Des textes d'auteurs de stature classique, romanesque mais qui font de ces textes des moments agréables de lecture.
#LenageurdeBizerte #NetGalleyFrance
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