Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle.
Après le décès brutal de son mari Katsuro, pêcheur de carpes et fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, Miyuki doit prendre sa place pour porter jusqu'à la capitale les beaux poissons aux écailles éclatantes.
Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, Miyuki quitte pour la première fois son village et entreprend un périple à travers forêts et montagnes. Sur son chemin elle passera de temple en maison de rendez-vous, elle affrontera orages et séismes, la trahison des brigands et la cruauté des mères maquerelles, mais aussi la fureur des kappa, montres aquatiques qui jaillissent de l'eau pour dévorer les entrailles des voyageurs...
Avec force et poésie, encre et couleurs, redécouvrez l'immense roman de Didier Decoin et son héroïne inoubliable Miyuki.
C’est une adaptation du roman à succès de Didier Decoin (2017). D’emblée, on est attiré par ce titre énigmatique quasiment oxymorique associant l’activité humaine dans ce qu’elle a de plus artificiel (la paperasserie !) et la nature.
C’est un roman historique, mais aussi d'amour sensuel, d'aventures où l'on rencontre les esprits des défunts ou ceux des eaux, capables d'avaler l'âme des humains... C’est également le roman initiatique de la jeune Miyuki, veuve trop tôt, et qui n'a jamais quitté son village que par les histoires que lui contait son défunt mari au retour de ses pérégrinations. Enfin, c’est une ode aux cinq sens.
Le défi était de taille mais n’a pas semblé intimider la jeune Julia Bourdet dont c’est la première bande dessinée. Elle prend son temps et nous offre un bel album de plus de 200 pages dans lequel les doubles pages et les pleines pages muettes sont, comme les pauses narratives dans le roman, des respirations invitant à la contemplation.
Elle choisit de varier le découpage et l’utilisation du gaufrier en utilisant tantôt la gouttière et des cases classiques, tantôt des vignettes « crénelées » pour les flashbacks et les pensées de l’héroïne remplaçant ainsi de façon élégante le discours indirect libre privilégié par Decoin. Elle varie les styles aussi : le rêve est transcrit dans des pages noir et blanc très stylisées qui contrastent avec le reste de l’album réalisé en bichromie.
Elle dote chaque lieu d’une couleur spécifique (dans le roman chaque lieu avait une odeur) qu’on retrouve dans l’art japonais et qui se rejoignent dans le dernier chapitre : les pages qui relient entre elles toutes les expériences vécues par l’héroïne durant son voyage réel et symbolique deviennent multicolores et reprennent le style et la palette des estampes brocard, les nishiki-e ! On y retrouve aussi d’autres influences: le théâtre No, Hiroshige, Hokusai, Utamaro … et le cinéma d’Oshima.
Découvrez quelques exemples de ces influences, la chronique intégrale et l’ITW de J Bourdet sur notre blog www.Bulles2dupondt.fr
Miyuki vient de perdre son mari, le pécheur fournisseur des étangs sacrés de l'empereur. Elle va devoir faire la dernière livraison en espérant apporter suffisamment de rêvenu à son village. La voilà partie pour la cité impériale sur les seules indications reçues oralement par son mari.
C'est une sorte de roman graphique initiatique la premier fois que Miyuki sort de son village avec une mission de haute importance. La lecture est fluide est agréable avec de couleurs dominante pour chaque chapitre et aventure de Miyuki. Les dessins sont assez fin et précis. On se laisse porté par ce périple au gré des mésaventures de la jeune femme et des légendes et autres traditions japonaises.
Empire du Japon, XIIe siècle, Katsuro était un pêcheur de carpe. Probablement le meilleur, d'ailleurs, c'est lui que l'on venait voir pour remplir les étangs sacrés de la Cité impériale. Mais lors de sa dernière pêche, il est mort accidentellement. C'est donc Miyuki sa femme qui va devoir livrer les dernières carpes que son époux a pêchées. Mais son périple va être long, dangereux, elle devra faire des choix pour rester elle-même malgré les rencontres pas toutes bienveillantes, qu'elle fera sur son chemin. Ainsi Miyuki tient à une chose, honorer la mémoire de son mari parti trop tôt, la laissant seule dans cette société patriarcale.
Au fin fond d'un Japon médiéval où la femme n'a pas encore de place, on suit l'héroïne faire son deuil de l'homme qu'elle aimait. Cette route, elle devra la faire seule face à l'adversité, mais elle jettera toutes ses forces, toute sa volonté pour y arriver. Ce roman graphique est adapté du livre "Le bureau des jardins et des étangs" de Didier Decoin, Président de l'Académie Goncourt publié chez Stock en 2017. Côté graphisme, Julia Bourdet a choisi la bichromie pour accompagner les différentes phases du voyage de Miyuki, avec en fil conducteur ce bleu et blanc d'un plus bel effet.
Cette BD est dense, elle ne se lit pas d'une traite. Il faut prendre le temps, avancer, page après page, comme l'héroïne qui cherche à avancer face à l'adversité pour faire son deuil. Mais comme Miyuki, on en ressort plus fort à la fin.
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