Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Avec son écriture vive, fluide, soignée et élégante, Daniel Rondeau nous fait découvrir le Liban, pays cher à son cœur où il s’est rendu de nombreuses fois lors de voyages personnels, professionnels et en tant qu’invité à des délégations officielles.
Avec le plaisir d’une lecture agréable, on découvre la géographie, l’Histoire, les religions, la population de ce petit pays en agitation perpétuelle, victime de nombreux conflits et on comprend mieux pourquoi il est le terrain d’affrontements terribles avec ses territoires occupés par Israël, ses réfugiés par milliers venus de Palestine et de Syrie et ses chrétiens d’Orient qui sont de plus en plus nombreux voués à l’exil.
L’académicien écrit avec tendresse ses souvenirs de Beyrouth et nous fait partager ses rencontres riches de culture, de poésie et d’actualité.
A la fin de chacun des livres que j’ai lus de Daniel Rondeau, je me suis sentie enrichie et ‘Beyrouth sentimental’, hormis l’hommage rendu à cette ville magnifique devenue désespérée, est une nouvelle assiette culturelle pleine à ras bord qui décrit et explique le présent par le passé, nous fait comprendre l’actualité et laisse ces petites traces précieuses de souvenirs qui font l’Histoire du monde.
Magistrale fresque du XXème siècle qui traduit, dans un déroulé cinématographique, les grands évènements qui ont marqué la marche du temps forgée d’espoirs et de déceptions dans un renouveau constant.
En mêlant ses personnages de fiction issus du commun à des personnages publics, l’auteur fait revivre de l’intérieur, en nous plongeant dans le cœur des actions de façon remarquable et palpable, les évènements successifs de 1900 à l’an 2000.
Augustin, a quitté son foyer familial bourgeois et il fréquente le milieu maoïste des années 68. Il est pianiste. Par une lettre laissée au décès de son père, il apprend qu’il a été adopté en 1945. On ne sait ce que sont devenus ses parents sinon que le père s’appelait Pierre Perrignon. Il le retrouvera vivant à Bonifacio. C’est en se racontant que le vieillard né en 1900 et Gus alors cinquantenaire, vont nous livrer leurs parcours et ainsi dépeindre le XXème siècle.
Enfant paysan de l’Est de la France travaillant dans les vignobles et forêts, quand la fin du 19eme siècle se terminait de façon épouvantable avec les vignes mourant des attaques du phylloxera et les mafias qui faisaient du vin frelaté envoyant ainsi les fermiers à la faillite, Pierre Perrignon se lancera à 11 ans avec fougue dans la révolte champenoise de 1910. Activement recherché par la police, il se sauvera vers Nancy où il sera récupéré par un curé malveillant, sera enfermé dans un orphelinat nauséabond duquel il s’échappera pour devenir un enfant des rues vivant de petites rapines. Quand la guerre sera déclarée, comme la majorité des Français, il voudra rejoindre l’armée. N’ayant que 14 ans, il trafiquera son identité et sera incorporé. Daniel Rondeau nous fait vivre l’horreur de Verdun et des tranchées avec un réalisme effarant.
A la fin de la guerre, Perrignon se lancera dans les luttes ouvrières et rejoindra le très puissant mouvement communiste de l’entre-deux guerres et y côtoiera les cadres du parti dont Maurice Thorez avec qui ils iront à Moscou vénérer Lénine et Staline et aussi porter par bateau des armes aux républicains espagnols.
A l’aube de la 2ème guerre mondiale, nombreux sont ceux sympathisant avec l’idéologie hitlérienne car elle aussi a la destruction de la bourgeoisie pour cible et ainsi pensent ils récupérer le fruit de leurs luttes ouvrières. La guerre mondiale déclarée, les Nazis voudront éradiquer les Juifs mais aussi les communistes.
Pierre sera arrêté par la police française de Vichy. Il s’échappera de la prison et rejoindra le célèbre Guingoin dans le maquis de la montagne limousine.
Puis ce sera Buchenwald. L’horreur nazi est dépeinte avec un tel réalisme qu’on en ressent les douleurs. Leurs gardiens seront les communistes allemands prisonniers à la solde de l’armée nazie.
Envoyé sur un chantier extérieur, Perrignon fera connaissance d’une femme française veuve d’un allemand qui l’aidera à s’évader et sera la mère de Gus.
A la libération cette femme aura disparu. A la libération la déception du communisme est immense et de Gaulle est vénéré. Les scènes de la libération sont d’un vivant réalisme. Rondeau fait résonner ce qu’on sait, ce qui nous a été dit, ce qu’on a entendu, ce qu’on ne savait pas, ce qui a été tu, ce qu’on se refusait d’entendre…
De son côté, Augustin dit Gus, va suivre le mouvement maoïste des années 70, intervenant dans les milieux ouvriers pour convaincre d’une alternative prolétarienne à la bourgeoisie et au capitalisme. Encore de grosses déceptions et démantèlement des partis de gauche prolétarienne extrême.
Gus va rencontrer une femme qui va changer sa vie du tout au tout. Une cantatrice mondialement connue, épouse d’un milliardaire, amie de Bernstein et bien d’autres. Ils tomberont amoureux. La plume de l’auteur est trempée dans une fibre sexuelle à fleur de peau et de sentiment. Il l’accompagnera en tant que secrétaire. Rondeau nous embarque dans le monde de la musique classique, des opéras, des grandes scènes de Vienne et New York.
Elle l’abandonnera à New York où il se vautrera dans la drogue et la Pop en devenant un habitué du célèbre Max’s Kansas City club. Les nuits de NY empestaient le sexe dans ses fraicheurs marines quand « les clochards plongeaient la tête et les épaules dans les poubelles. »
Premiers échos d’une épidémie de peste gay…
Gus crée un groupe avec son ami Aron en mettant en scène un des premiers shows filmé sur scène. Ils écriront un tube qui les fera connaitre mondialement. Il retrouvera son amoureuse cantatrice à l’opéra de Paris mais la fin de leur histoire sera tragique. Le jeune homme écrasé par les dettes est contraint de quitter les US.
Suite à une interview, Pierre Perrignon va réaliser que ce musicien aux cheveux roux comme les siens est son fils…
Ceci n’est qu’un pâle résumé de ce roman tonitruant qui tisse notre histoire dans lequel, et comme dans chaque chef d’œuvre littéraire, chacun se retrouve derrière une virgule…
« C’est souvent l’après qui explique l’avant. »
Un uppercut !
« Être Champenois, c’est un bon passeport pour le toit du monde » C’est ce que se disait Daniel Rondeau dans sa tête d’enfant. L’avenir a confirmé cette pensée. Depuis sa région natale il a sillonné le monde, reçu les honneurs tout en conservant une humilité extrême, celle de ceux qui savent grandir sans humilier les autres.
Mais, à l’image d’Ulysse et de ses beaux voyages, Daniel Rondeau retourne en sa province où coulent le champagne et les empreintes de ses aïeux. Rien ne lui plait davantage que de raconter l’histoire du tant oublié – hormis une station de métro - de Dom Mabillon. Né en 1632 à Saint-Pierremont il débarque à trente-deux à Paris à Saint-Germain des Près et s’attache à un sujet fondamental : la vérité en Histoire. De pérégrinations en pérégrinations, il réconcilie savoir et foi. Daniel Rondeau en parle avec une telle ferveur que le lecteur n’a qu’une envie : en savoir plus sur cet intellectuel, figure du dix-septième siècle.
S’il est question beaucoup d’églises – patrimoine champenois oblige – un autre domaine est largement évoqué, celui des vignes. Forcément. Jusqu’à aller à murmurer à l’oreille d’un vigneron.
L’académicien ne se contente pas de raconter son pays et de ceux qui y sont nés, y ont vécu, il élargit le champs livresque à diverses réflexions sur la valeur de la transmission, sur la bêtise humaine et sa sempiternelle haine qui fait jaillir le sang. Car du sang il y en a eu sur ces terres de Champagne et d’Argonne…
Champagne toujours au cœur mais amour pour les autres horizons, les autres mondes, les autres peuples, puisque la Méditerranée est également chère au cœur de l’auteur qui s’abreuve de liberté. Quant à la terre, ne jamais oublier ses racines, racines qui forment le palimpseste de l’humanité.
Le domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2023/11/une-noisette-un-livre-ma-champagne-mon.html
Daniel Rondeau nous invite à le suivre à Carthage où il partage ses pensées et ses recherches sur la naissance et la mort des nombreuses civilisations successives en nous entrainant sur les pas des Puniques, des Romains, des Vandales, des Byzantins jusqu’à nos jours avec l’islamisme radical.
De Didon, la reine phénicienne errante qui, sur la colline de Byrsa, créa Carthage en 814 avant J.C, à Gustave Flaubert qui, conseillé par son ami Théophile Gauthier, part au ‘pays des dattes’ pour s’imbiber d’odeurs et de paysages afin de réaliser son Salammbô, en passant par Scipion, Hannibal, Saint Augustin, notre roi Saint Louis, deux fois sanctifié, qui se convertit à l’Islam avant de mourir, l’auteur alimente son livre de nombreuses courtes biographies des plus instructives et passionnantes et le nourrit de ses lectures (Virgile, Hérodote, Thucydide, Polybe, Apulée, Platon, Homère , Georges Duby, Serge Lancel, Ibn Khaldoun, Chucri Ghanemet, Fernand Braudel, Camus, Ibn Arabi et beaucoup d’autres) et de ses nombreuses rencontres.
Carthage est un des plus grands carrefours culturels qui nous a offert la pensée chrétienne, la philosophie platonicienne et la connaissance arabe. Elle a rayonné et a influencé nos cultures européennes. Dans le grand brassage méditerranéen, elle a contribué à faire de nous, ce que nous sommes.
Ce livre érudit est un absolu délice de lecture.
« Vu de Carthage, le cap Bon est une tentation. Brumes bleues, falaises intrigantes, végétation drapée. C’est une fin du monde africain tendue vers l’Italie, vers Palerme. La terre substantielle des anciens ‘paradis puniques’ se détache toute seule sur l’horizon, dans le matin naissant et semble nous appeler. Décidé à y passer la journée, je m’arrête à la libraire Mille feuilles, dans le centre de La Marsa, pour acheter une carte routière et prends la direction de Tunis. Après La Goulette, la circulation est ralentie par des travaux gigantesques effectués par une entreprise nippo-tunisienne. (…) Il faut rouler plus d’une heure entre les fumées de camions hors d’âge pour trouver la route de Korbous qui s’enfonce entre les collines de vergers et d’oliveraies, de grandes fermes et des oueds presque à sec. Voici les jardins de Carthage que Polybe vit piller par les armées romaines qui ‘ramassèrent dans les fermes plus de vingt mille esclaves’, d’origine libyenne pour la plupart. A quoi pouvait ressembler ces anciens paradis dans l’Afrique romanisée ? Un mélange de latifundia et de vieux jardins arabes peut-être. La route, plus étroite, reste longtemps bordée de haies d’eucalyptus, très fournis en feuilles, et dont les branches basses balaient l’asphalte. A ce tapis vert succèdent des rangées de bambous et de cactées qui entourent aussi des champs moissonnés et dessinent un paysage antique. Puis c’est la descente vers Korbous entre deux ravins de sable. Le soleil fait vibrer les couleurs : le rouge du sable, le bleu tellement intense de la mer, presque noir, et le blanc des maisons de la petite ville célèbre pour ses sources d’eaux chaudes qui jaillissent du fond de la mer, fréquentée par l’aristocratie punique qui venait de Carthage soigner son arthrite, ses rhumatismes et ses troubles de la digestion. La petite ville fortifiée, accrochée aux roches de la côte, est entièrement dévouée au thermalisme. Une terrasse en surplomb de la mer s’ouvre sur la côte où Tunis s’étale dans un brouillard blanc. Plus net, le cap Carthage. Vu d’ici, c’est lui qui devient une tentation.»
Une assiette culturelle remplie à ras bord pour un divin moment d’évasion, de rêverie avec une écriture fluide, simple (qui semble si simple…), sans gras mais si riche. Une plume d’académicien qui ne l’est pas encore alors qu’il écrit ce livre.
J’avais adoré sa trilogie (Tanger, Istanbul, Alexandrie) et ce récit emporte à nouveau mon cœur pour cet écrivain remarquable dont la fin de ses livres est comme un compagnon, un ami de voyage, qui s’évanouit regrettablement à la dernière page.
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