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Plus fort qu’un polar, le livre qui raconte les procès d’assises comme si vous y étiez

Plus fort qu’un polar, le livre qui raconte les procès d’assises comme si vous y étiez

Tout y est vrai. Les microfictions de Jours de crimes (ed L’Iconoclaste) des chroniqueurs judiciaires Stéphane Durand-Souffland et Pascale Robert-Diard respirent le réel des salles d’audience des tribunaux. Autant de morceaux d’histoires que de vies brisées, mises en scène de façon saisissante par la densité du texte court.

 

C’est un concentré de l’humanité dans ce qu’elle a de noble et de plus crasseux, d’épouvantable et de magnifique. Les deux chroniqueurs judiciaires Stéphane Durand-Souffland et Pascale Robert-Diard ont écrit un recueil de récits pour raconter ce qu’est réellement la justice en actes. C’est ainsi que Jours de crimes (ed L’Iconoclaste) raconte par les angles, les grands et petits procès des cours d’assises de la République française.

 

Drôle de shaker qu’une salle d’audience qui a le malheur pour point commun de toutes les sessions. Evidemment, on y retrouve le casting des têtes d’affiche de la presse, Antonio Ferrara, l’évadé le plus célèbre de France, Guy Georges, Fourniret, Cantat, l’auteur de la tuerie du Grand-Bornand, jusqu’à l’histoire du scooter de Jean Sarkozy. Mais aussi des anonymes, des drames vécus sans star, sans le terrifiant impact du procès du tueur en série, juste la misère humaine quand elle s’emballe et s’accule au tragique.

Il y a ainsi des moments où la justice est magnifique, comme le cas d’Alexandra Lange, qui a tué par légitime défense le mari qui la battait et la terrorisait depuis 14 ans. Le réquisitoire de l’avocat général, en la faveur de l’accusée, est superbe. Des histoires plus baroques, comme celle de l’écrivain Pierre Jourde, contrait de porter plainte contre les villageois de sa terre d’enfance qui n’avaient tellement pas apprécié son roman, Pays perdu, qu’il attendaient l’arrivée de sa famille avec des pierres et des bâtons. Il y a aussi des moments drôles à travers l’anecdote de cet accusé, libéré, qui donne le nom de son avocat à deux de ses cochons, Dupond et Moretti. Et puis François-Marie Banier, l’homme à qui Liliane Bettencourt a tant donné, un « enfant déguisé en homme de 68 ans », camarade avec tous les policiers et la greffière, sympathique en diable, un naïf loin de l’image donnée par la presse.

 

« Le génie du marketing qui a inventé le concept d’ « avocat puissant » savait-il qu’il lançait une drogue dure sur un marché de 60 000 robes noires ? », ironisent les auteurs. Jours de crimes c’est aussi les hommes qui encadrent la justice, comme l’huissier à la cour d’assises de Loire-Atlantique, dévoué au point de dormir dans une camionnette à côté du tribunal. Des portraits, comme ceux de l’avocat Georges Kiejman, « tour à tour Gengis Khan et Machiavel », Thierry Levy « l’inaliénable », les effets de manche d’Henri Leclerc. L’ego des avocats est un sujet qui revient souvent dans le livre, et pour cause : ce sont ceux qui tiennent en leurs mains le destin des accusés. Ils sont les grands acteurs, les protagonistes des pièces qui se montent sous les yeux des jurés. Ce sont les moments balzaciens, parfois saint-simoniens de ce recueil.

 

Jours de crimes se lit comme un roman de la justice, un roman dur, implacable, aux scènes parfois insoutenables. Et pourtant, il y a quelque chose d’addictif à tourner les pages de ce livre qui restitue à la justice sa grandeur, mais aussi son humanité, dans sa gloire et ses failles.

 

 

 

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