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Lecteur du mois, en janvier Olivier a lu "Les équinoxes" de Cyril Pedrosa

Lecteur du mois, en janvier Olivier a lu  "Les équinoxes" de Cyril Pedrosa

Janvier, c'est pour tous les amateurs l'opportunité de se retrouver autour de la BD lors du festival de la Bande Dessinée d'Angoulême.
Amateur du genre, Olivier a lu et chroniqué pour nous Les équinoxes de Cyril Pedrosa paru aux éditions Dupuis. Un très beau roman graphique à découvrir.

L'avis d'Olivier :

Je retrouve avec plaisir le graphisme sensible de l’auteur de Portugal. C'est d'ailleurs au moment de l'impression de son dernier album que Cyril Pedrosa a commencé à saisir de petites musiques intérieures, des récitatifs qu'il a patiemment consigné dans ses carnets, et mis en lien. Equinoxe naît de cette polyphonie - une jeune fille dont les parents divorcent, un vieil homme un peu fatigué des grandes luttes, désenchanté et débordant de générosité, un père qui vieillit, deux frères dont les trajectoires très éloignées se rejoignent enfin.

Le projet est ambitieux : arriver à nous faire toucher la solitude de chacun des personnages, leurs regrets, leurs doutes, et esquisser une réponse à l’énigme de toute vie. "Pourquoi faut-il porter sa vie avec soi comme un spectacle éphémère et invisible aux autres ?" A cette question purement rhétorique, les personnages de Cyril Pedrosa trouvent une réponse dans l’amour, l’amitié, la beauté,  le lien à l’autre. Déjà vu ? Peut-être. Mais l’essence même du message et la sensibilité avec laquelle l’auteur le délivre lui évite l’écueil du cliché.

Quatre saisons se succèdent, quatre tableaux avec chacun une identité chromatique propre. Des contrastes tendres de l’automne et de l’hiver aux pastels lumineux du printemps et de l’été. Pedrosa virevolte entre les destins. Le récit gagne en intensité. Pour articuler le passage de l’image au texte, l’auteur utilise une photographe – et rend hommage, au passage, au travail de Vivian Maier. La prise de vue fige l’instant et plonge au cœur des blessures, des failles. Equinoxe comme une métaphore ce fragile équilibre de l’intime et du réel. Les personnages font de leur mieux pour traverser ce temps, y trouver du sens, et doutent. Mais douter, c’est introduire un déséquilibre. Du déséquilibre nait le mouvement. Le mouvement, c’est la vie. L’auteur joue avec sa focale, tantôt rapprochée, tantôt large. Les temps et les espaces se croisent. Le message devient universel.

Vous apprécierez ce roman graphique sensible, nostalgique et profond. 

Olivier pirou

Mais, Olivier, qui êtes vous ? Et si vous nous parliez de vous en "livres" ?

Le livre qui a bercé votre enfance ?
Le premier roman dont je souvienne avec précision est « Tistou les pouces verts », un conte pacifiste pour enfants de Maurice Druon. Tistou transforme en fleurs tout ce qu’il touche, il lui suffit de poser ses doigts dans la terre, à la surface des choses et les fleurs poussent, envahissant tout, même les bouches de canon. J’ai découvert en lisant le pouvoir étonnant, à ma portée, de mieux comprendre le réel tout en le transformant, d’y être plus sensible tout en s’en extrayant un court moment.

Le livre qui vous donne le moral ?
Les textes caustiques de Pierre Desproges, ses Chroniques de la haine ordinaire me font rire. Mais rien n’égale l’humour des anglais, décalé, loufoque, irrésistible tel celui de PJ Wodehouse avec ses héros Bertie Wooster et son majordome Jeeves ou celui de Tom Sharpe avec Wilt.

Le livre qui vous rend triste mais que vous lisez quand même ?
Peu de romans m’ont fait autant d’effet que les Bienveillantes de Jonathan Littell, un choc. Au-delà du dégoût provoqué par des scènes insoutenables, j’ai ressenti une tristesse profonde en le lisant. Je n’ai pas su garder une nécessaire distance avec le texte et j’ai  stoppé sa lecture à mi-parcours. Je sais que je vais le reprendre prochainement.

Le livre que vous relisez tout le temps ?
J’ai trop de livres dans ma pile-à-lire pour pouvoir les relire plusieurs fois, cela ne m’est pas encore arrivé.

Le livre que vous offrez le plus ?
J’ai beaucoup conseillé L’ombre du vent de Zafón à des amis lecteurs à la recherche d’un souffle romanesque accessible - pour l’idée qu’un livre oublié puisse changer la vie, pour le Barcelone gothique d’après-guerre, pour l’intrigue, labyrinthique et mystérieuse

Le lieu idéal pour lire ?
Un lieu idéal pour lire, n’importe où, mais couché : un lit, une méridienne, un hamac, une plage, qu’importe, du moment que le temps s’arrête…

Et vous ?

Si vous étiez un livre, vous seriez ?  Kafka sur le rivage d’Haruki Murakami, un roman qui m’a marqué pour son imaginaire débridé, dérangeant, où le rêve et la poésie viennent se glisser au fil des pages dans les failles du temps et de l’espace

Si vous étiez un personnage de roman, vous seriez ? J’aimerais assez me glisser dans la peau de Colin le héros de l’Ecume des jours entre amour et musique,  ou peut-être dans celle de Walt le lévitant disciple de Mr Vertigo, de Paul Auster.

Si vous étiez un auteur ? Olivier Adam, peut-être, tant  je me retrouve dans les lieux qu’il traverse : la banlieue Sud où j’ai grandi, les remparts de Saint Malo que j’aime arpenter, les plages de l’Hérault, le Japon. Même âge, même prénom. Et un style nerveux que j’affectionne

Quel lecteur  êtes-vous ? Un lecteur à l’affut de belles pages de littérature, d’ici et d’ailleurs, avec le goût de la découverte et de la transmission. J’aime parler de mes lectures, des auteurs que je croise.  Et depuis plusieurs années je m’enivre de l’univers des romans graphiques d’une inventivité folle.

Pourquoi et quand allez-vous sur lecteurs.com ? lecteurs.com c’est le plaisir quotidien de parler lectures, de partager cette passion de tous les instants. C’est aussi la chance de participer à des avant-premières avec les Explorateurs qui évènement après évènement nous font découvrir les nouveautés en marge des plans médias officiels.  Ce sont aussi des rencontres, virtuelles certes, mais enjouées, authentiques souvent, intimes parfois.

Un grand merci à Olivier pour ses réponses et pour sa superbe chronique.

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Commentaires (6)