Sophie Carquain (Charleston) est écrivaine et journaliste. Pour son livre Le Roman de Molly N elle a mené une vraie enquête qui, dit-elle, « l’a menée plus loin que prévu - vers un secret familial. »
Laulau Bob, un des membres de notre Cercle livresque nous donne son avis
Le Roman de Molly N. est un petit mystère qui dévoile son cœur meringué au fil des chapitres.
La première partie nous embarque dans les prémices de la fuite de Molly Norris, caricaturiste américaine condamnée à mort par les fanatiques islamistes. On y découvre sa vie à Seattle, son travail d’illustratrice et ses ambitions. Alors qu’elle tente de transmettre au travers de ses dessins des messages subliminaux, elle va allumer par mégarde la mèche bien huilée de la haine avec une nouvelle illustration qualifiée d’affront religieux. Entre convictions et menaces, Molly va devoir se réinventer et reconstruire sa vie, loin de Seattle.
Sophie Carquain nous dévoile un roman engagé et subtilement personnel. Au travers du récit de la caricaturiste elle nous fait part du chemin parcourus pour parvenir à ce roman en partie historique, n’hésitant pas à nous faire partager son vécu et ses doutes.
Le Roman de Molly N permet aux lecteurs de philosopher sur ce qu’était la liberté d’expression, ce qu’elle est et ce qu’elle restera. Elle prend la forme de subjections, différentes selon le contexte historico-culturel, ou de revendications parfois borderline. On s’interroge sur ses limites, sur son authenticité ou encore sur son mode d’expression.
L’auteur invite le lecteur à se positionner en spectateur, en œil critique de ce nouvel environnement numérique dans lequel il évolue : réseaux sociaux, Dark web, smartphone... L’information circule à la vitesse de l’éclair, aussi utile que dangereuse. Utile car l’éducation est la clé du respect d’autrui, de la compréhension de sa culture et de son histoire. Dangereuse car modulable, capable d’être réinventée, réinterprétée dans l’objectif de nuire à son prochain.
J’ai aimé cette plume sincère et passionnée, cet engagement mesuré qui s’articule autour de confidences parsemées ici et là. Sophie Carquain s’intéresse à un fait de société immuable et mêle habilement à son récit des faits familiaux qui rappellent le côté humain (et de ce fait imparfait) de son personnage.
J’ai apprécié cette forme de proximité, cette empathie qui s’est emparée de moi au fil des pages, étant partagée à la fois entre compréhension, admiration et implacabilité. L’implication de l’auteur transpire dans son écriture, dans ses chapitres, dans ses personnages. C’est un roman qui l’a touchée, au travers duquel on ressent le travail de recherche et les émotions qui l’ont parcourue au fil du temps.
Ai-je moins aimé certains passages ? Peut-être la narration du programme de protection des témoins m’a moins convaincue, l’ayant trouvée survolée, par suffisamment approfondie, mais cela peut-il amoindrir la qualité de ce roman qui navigue entre récit et histoire ?
Non, à n’en pas douter Sophie Carquain a su me happer du début à la fin, m’invitant à l’introspection, aux doutes et aux questionnements.
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a découvrir avec plaisir
Bonjour, et merci pour cette chronique sur ce livre passionné et personnel.