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Le nouveau Claire Favan : une Cosette au pays des cow-boys, où le croquemitaine n’est pas celui qu’on croit

Quand la vie de famille vire au thriller : une lecture vertigineuse !

Le nouveau Claire Favan : une Cosette au pays des cow-boys, où le croquemitaine n’est pas celui qu’on croit

Dans La Chair de sa chair (Harper Collins Noir), Claire Favan raconte comment une vie de famille peut twister en thriller.

Nouveau polar mais unité de lieu conservée : l’auteur de Tueur intime et des Cicatrices s’attache au parcours d’une femme devenue mère trop tôt, exposée à la violence, qui tente de se faire une place dans le monde.

On est aux Etats-Unis, dans le Wisconsin, de nos jours ou presque. Cosette au pays des cow-boys, certes, mais une Cosette qui aurait bien grandi : devenue maman à l’âge du lycée, maltraitée par un conjoint alcoolique et violent, Moira est sauvée du coup de trop par son fils de 6 ans qui poignarde son père.

Les années passent, l’homme est sorti de sa vie, et la jeune femme galère entre ses désormais trois enfants, dont une petite fille atteinte de mucoviscidose, et un mari qui se suicide.

 

Elle accumule les problèmes, dirait-on. La spirale de la pauvreté est enclenchée. Travaillant plus pour payer les soins de sa petite, tentant de s’octroyer des bouffées d’insouciance bien rares, elle délaisse peu à peu sa progéniture et se voit menacée par l’assistance à l’enfance locale. Encore une péripétie. Pendant ce temps, son aîné Peter qui la sauvait à l’âge de six ans, est entré dans l’adolescence et protège sa mère comme il le peut. Le pire est à venir, mais le meilleur aussi et c’est sans doute le plus cruel dans ce livre.

Tout s’enchaîne remarquablement dans ce roman où le féminin joue le rôle central, entre aspirations de femme, monde moderne et devoirs maternels. La Chair de ma chair est un roman résolument social, qui raconte avec beaucoup de subtilité la violence qu’exerce la pauvreté sur les êtres, les conséquences de l’incurie des parents (qui font ce qu’ils peuvent) sur les enfants (qui font ce qu’ils peuvent aussi). La machine à perdre, qui broie l’héroïne, est d’un réalisme impitoyable, les démarrages peu heureux dans la vie circonscrivent les êtres et ferment les perspectives. Et pourtant, on y croit, et on accompagne l’héroïne dans son parcours de courage et ses embellies possibles avec la foi du lecteur.

 

En déplaçant son intrigue aux Etats-Unis, un pays où les familles vulnérables ont encore moins de ressources qu’en France et vivent dans une précarité sanitaire terrible, c’est la tragédie de la pauvreté et l’absence de destin que Claire Favan passe au tamis. Avec, aussi, une manière fort peu convenable de traiter de la question de l’emprise, qui en renouvelle le traitement médiatique actuel. Est-ce un polar, un thriller ou un roman psychologique intense ? La lecture à rebours de ce texte est vertigineuse, quand on atteint la fin de l’histoire. Rien ne dit, chez Claire Favan, que les méchants seront punis, ni si ce roman s’arrête véritablement à la dernière page de ce livre.

Le plus terrible, dans La Chair de ma chair, est la façon dont on s’attache aux personnages, dans une empathie attendue par l’auteur, avant qu’elle ne donne le coup de grâce… à son lecteur.

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