"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Si l'on pouvait faire la cartographie intérieure du voyageur que je suis, qu'y verrait-on? L'enfant bercé par les vagues du lac Saint-Jean n'y est plus seul. Auprès de lui, on trouve la petite Hawa au ventre ballonné, le jeune Thanh aux yeux couleur de jais, Emma au grand nez aquilin, Kouassi, Pilar, Dieudonné. Il y a du thé vert, du tocai friulano et du bissap, de la paella, du couscous et du poulet kedjenou. On y pratique l'animisme, le bouddhisme et l'islam, on y parle italien, créole et attié. La papaye y voisine avec le bleuet; le néré, avec l'épinette ; la girafe, avec l'orignal. Suis-je pourtant plus riche que mon grand-père? Je n'en suis pas si sûr. Mais notre univers n'est plus le même. Nous serons mulâtres ou nous ne serons plus. Amoureux de l'Afrique, mais surtout de ses habitants, Alain Olivier adresse à son fils, resté à Québec, le récit d'un voyage au Mali. Il lui décrit les villes et la campagne, la faune et la flore, certes, mais ce sont les Maliens qui sont au coeur de son récit, ceux avec qui il partage un repas, un verre de thé et une conversation. Au gré de savoureuses anecdotes et de scènes de rue croquées sur le vif se dessine peu à peu l'image d'un peuple fort attachant avec son histoire et ses moeurs (ses superstitions, sa conception du temps, de la famille, des relations entre les hommes et les femmes, etc.). Ponctué de citations d'écrivains voyageurs, le récit se fait aussi, parfois, réflexion sur le voyage.
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