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Londres, 1935. Geats travaille pour la police des Moeurs. Misanthrope et hargneux, il dirige la racaille de Soho selon un code moral élastique. Ses ruelles étroites sont peuplées de jazzmen, de bookmakers, de mafieux et de michetons. Aussi, lorsque le corps d'une prostitué est retrouvé au-dessus d'un club, les détectives de la criminelle se contentent de classer l'affaire comme un suicide. Geats, quant à lui, flaire déjà la piste d'un tueur pervers et insaisissable que l'on surnommera le Brigadier.
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J'ai rarement lu un polar avec une telle ampleur. Tout y est, les personnages tant les trois principaux que les secondaires, le contexte historique sur plusieurs dizaines d'années, l'intrigue et l'enquête, l'écriture et le rythme.
J'ai été happée par Leon Geats, Billie et Mark Cassar, et j'avais presque l'impression de les avoir rencontrés tant leurs vies me semblaient avoir cristallisé une forme de réalité qui aurait pu me les faire côtoyer.
Dans le Londres de Vine Street et des années 30, Leon Geats est flic au service des mœurs et nightclubs. Il enquête sur la mort suspecte d'une prostituée, mais rapidement l'enquête lui échappe et est récupérée par la brigade volante. On lui assigne alors un nouveau coéquipier, Mark Cassar.
Mark Cassar est un homme étrange, secret, qui ne s'autorise pas à vivre selon ses envies.
C'est donc les membres de cette équipe plus ou moins unie qui vont au fil du temps et des épreuves mener des enquêtes et vivre leur propre relation. Relations ambiguës, car ils sont plongés dans des situations qui parfois les dépassent mais qu'ils tentent pourtant obstinément d'élucider.
Nous allons les suivre dans Vine Street et Soho pendant les années 30, puis la période du Blitz et les années de guerre, les années 60 et jusqu'en 2002, au moment où s'ouvre le roman.
Sur fond de violence, de crimes et d'enquêtes de police, mais aussi de trahison, de magouilles, y compris par leurs propres collègues policiers, quand marché noir et prostitution sont les seules activités possibles, ils vont devoir traquer les meurtriers qui leurs échappent. Car bien évidemment, une enquête n'est pas toujours résolue le temps de quelques pages ou d'un épisode de série policière, il faut parfois du temps, de l'obstination, sortir des clous avec pugnacité pour arriver à ses fins.
C'est glauque à souhait, violent, pas toujours très évident mais à mon avis absolument réussi.
https://domiclire.wordpress.com/2024/06/02/vine-street-dominic-nolan/
Le roman noir de Nolan se déroule dans Londres et le Soho des années 1935. L'histoire commence lorsque Geats et Willamina "Billie" Massey, affectés à la brigade des mœurs, découvrent le corps d'une prostituée. Cassar, de la célèbre "Brigade volante", ancien collègue de Geats se joint à l'enquête. Ils découvrent la petite Nell, fille de la victime, cachée sur les lieux du crime. Leur chef, Proudfoot, conclue avec empressement que la victime, étranglée avec son propre bas, s'est suicidée. Le cœur du roman réside dans la relation entre Cassar, Geats et Billie, ainsi que dans l'implication de Geats avec la jeune fille témoin. Le rythme est lent et nécessite de s'immerger dans l'atmosphère et les personnages, le livre captive par son intrigue qui se déroule dans le milieu de la pègre de Soho pendant les années de l'entre-deux-guerres à Londres. Un tueur en série « Le Brigadier » laisse de nombreux corps derrière lui et ce sur de nombreuses années. Il viole, tabasse, mutile et ôte la vie dans le milieu des prostituées. C'est un monde violent où déjà la drogue, les gangs et la prostitution font des ravages. C'est vraiment le personnage de Leon Geats qui apparaît comme le plus important à mes yeux , il est comme on dit aujourd'hui borderline, toujours sur le fil mais il n'y a meilleurs que lui dans la connaissance de Soho, de ces bars et ces night-clubs. Les multiples rebondissements apportent du fil à retordre au lecteur, attention, la chronologie peut s'avérer complexe. Les personnages se révèlent attachants et le monde de l'entre-deux-guerres réaliste. Une époque où l'attitude et le comportement de la police envers les femmes et les prostituées laissent pantois. L'histoire oscille entre noirceur et humour, entre aventure et gravité, maintenant le lecteur dans une lecture compulsive alors que la curiosité est poussée au maximum. Un coup de cœur assurément . Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/2024/03/vine-street.html
Cela fait très très très longtemps que je n'avais pas lu un polar de ce calibre, digne d'un James Ellroy des grandes heures ( L.A. Confidential ou le Dahlia noir ) par l'envergure, la noirceur et l'engagement . Un choc, j'ai refermé le roman pantoise et chancelante de bonheur.
Pour un bon polar, il faut une ambiance marquante. Tout est atmosphérique et intense dans ce polar. La reconstitution du Soho des années 1930 est très impressionnante, loin du Londres fantasmé. Ici la ville est laide et belle à la fois sous la plume soignée et volubile de Dominic Nolan qui promène sa caméra de mots, totalement immersive, de rades mal famés en night clubs et ses rues crades. Et que dire du Londres du Blitz, lorsque les Allemands bombardaient non stop la capitale et que le tueur profitait de la situation pour dissimuler ses forfaits sous les gravats des immeubles détruits.
« Tel était son Londres.
Des immeubles étroits, liés entre eux comme les piquets d'une palissade, des couloirs miteux et des caves humides dont la saleté prouvait que les vieilles pierres de l'ancienne cité grouillaient encore de vie.
Défoncer des portes.
Fracasser des crânes.
Coffrer des gangs.
Depuis toujours persuadé d'être destiné à autre chose, mais incapable d'imaginer quoi, Geats traitait la vie comme une une série interminable d'altercations qu'il entreprenait avec un mépris insouciant pour son sort ou celui des autres, en attendant qu'un jour se révèle son but ultime. »
Il faut également un bon personnage. Et Leon Geats, c'est du lourd. Sergent à la Brigade des moeurs & des Night Clubs, flic insoumis et sauvage qui règne sur Soho qu'il connait comme sa poche, on le sent capable de basculer d'un côté de la loi comme de l'autre. Et il n'est pas seul à nous accompagner sur les six-cent pages de Vine Street. Avec lui, deux collègues de la MET (police métropolitaine de Londres ) : Mark Cassar de la Brigade volante et Billie, magnifique personnage qui incarne toutes les figures de la femme ( amie, amante, épouse, mère ). A eux trois, ils vont enquêter obsessionnellement un tueur en série insaisissable qui viole, mutile et assassine de jeunes prostituées, il est surnommé le Brigadier.
Et il faut une intrigue mémorable. Celle-ci est d'une rare sophistication. Elle s'étalonne sur plusieurs décennies, de 1935 aux années 1960 avec des ramifications jusqu'aux années 2000. On y croise des gangs londoniens, des flics ripoux, des putes et des macs, des revendeurs de came, des tenancières de boîtes de nuit, des chemises noires, des espions aussi.
C'est dense, c'est brutal, c'est sombre, c'est chargé de rebondissements complexes, tous à plusieurs niveaux. On a souvent l'impression de s'éloigner de l'intrigue principale, à savoir la traque du Brigadier, mais chaque sinuosité semblant hors-sujet la nourrit. Jusqu'au génial et imprévisible twist qui n'est pas là pour épater la galerie mais faire totalement sens. Et émeut.
En fait, le coeur battant du récit n'est pas la traque en elle-même, mais le trio des personnages principaux et l'évolution de leur relations racontée avec une rare profondeur psychologique, tous imparfaits, forcément plein de secrets et de contradictions. le lecteur est témoin de la manière dont la vie les façonne, les corrompt au point de voir leur intégrité résister ou pas. Par moment, ils s'égarent, puis retrouvent leur but ou succombent à la vie qui court, tout simplement. Au final, c'est bien plus qu'un polar que nous sert Dominic Nolan mais une puissante réflexion qui explore les questions de moralité et de jugement dans un monde où tout est résolument gris et crépusculaire.
« Il savait les choses indicibles qui étranglaient le coeur.
Savait que la lie de toute l'horreur était la même pour tous, et que nous l'appelions le monde. Qu'elle entrainait toute sa vie jusqu'au dernier rivage.
Cela vint à lui telles les ténèbres intérieures qui envahissaient sa vision, la dévorant depuis le centre, gueule béante qui croissait sans cesse, pressant le monde visible jusqu'à ses marges, jusqu'à ce qu'il comprenne que cette opacité était en réalité un vaste néant.
Le néant d'où il venait.
Le néant auquel toute vie retournait. »
Un polar inspiré à l'énergie captivante, chef d'oeuvre du genre.
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ah, on a la même impression ! longtemps que je n'ai pas apprécié un polar comme celui-ci