Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Quelques années après la mort de sa mère, un homme reçoit à Tel Aviv une lettre d'Allemagne adressée à la défunte. L'expéditeur, un notaire de Wiesbaden, se réjouit d'avoir retrouvé la fille de sa cliente, Vera Kaplan, qui vient de mettre fin à ses jours.
Il lui fait parvenir son testament, celui d'une femme seule rongée par ses démons et épuisée de vivre. Et joint également un document terrifiant : le récit des années de guerre de cette jeune Juive berlinoise qui, pour sauver ses parents, puis simplement pour rester en vie, en est venue à commettre l'impensable : dénoncer ses frères, par centaines.
Dans ce récit inspiré du destin de Stella Goldschlag, Laurent Sagalovitsch s'empare sans complaisance du destin d'une réprouvée pour en faire le portrait d'une victime devenue monstre, chez qui la pulsion de vie s'est montrée plus forte que la conscience.
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Plus que quelques jours avant les premières chroniques de nos #explolecteurs, venez découvrir les avis de la page 100 !
Dans ce roman, le personnage de Vera Kaplan écrit dans son journal intime comment elle a été recrutée par les nazis pour dénoncer les juifs restés à Berlin à la fin de la guerre.
J’ai découvert ce personnage inspiré de Stella Goldschlag qui dénonça entre 600 et 3 000 juifs berlinois. Recrutée parce qu’elle était jolie et inspirait confiance, elle pense ainsi sauver ses parents de la déportation.
Le roman lui apporte une double peine : condamnée à 10 ans d’emprisonnement après son procès, elle perd aussi sa fille juste après sa naissance, adoptée par une famille en Israël.
Dans le roman, j’ai aimé la force de vie de la jeune femme, son désir ardent, sa volonté de survivre malgré la guerre et l’anéantissement de son peuple.
J’ai aimé que son journal rende compte de son dégout dans les premiers temps puis de sa capacité d’adaptation à cette tâche infâme qui lui était demandée.
J’ai aimé être dérangée par cette jeune femme.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’hôpital juif de Berlin qui abrite Vera et ses parents pendant la guerre.
https://alexmotamots.fr/vera-kaplan-laurent-sagalovitsch/
Histoire incroyable que celle de Vera Kaplan, librement inspirée de la vraie Stella Goldschlag, surnommée « le grappin » ou « la cannibale juive ».
Le narrateur vient d’apprendre le suicide de sa grand-mère, Véra Kaplan, dont il ignorait jusqu’à l’existence. Sa mère, taiseuse, discrète ne lui a jamais rien dit (et pour cause), allant même jusqu’à se fâcher lorsqu’enfant, il se montrait insistant sur sa famille, son histoire. C’est par le courrier du notaire qu’il apprend le destin de cette femme « en tout point fascinante ».
La construction du roman est intéressante. Il démarre avec le témoignage à froid. Celui d’une femme, juive, qui revient sur ce qu’il s’est passé, sur les raisons de son engagement auprès de la Gestapo, sur son envie de vivre, à tout prix. Elle dénoncera des juifs, des anciens amis, pour tenter de sauver ses parents. Elle ne regrette rien même si elle a bien conscience que ce qu’elle a vécu « se situe au delà de toute pensée humaine, en quelque région impossible à atteindre, dans les limbes d’une complexité telle qu’elle restera à jamais inaccessible au cœur des hommes ». Les propos sont non seulement durs mais même inentendables « dociles, ils [les juifs] continuaient à monter dans ces camions comme s’ils n’avaient pas le choix, comme s’ils voulaient encore espérer que … » ou encore et même si « elle mesure le poids du soufre et de démesure de tels propos » « Avait-on accompli tous ces efforts, tous ces sacrifices, enduré mille et une épreuves pour en arriver là, à cette culture du renoncement, à cette apathie suicidaire ? »
Le roman se poursuit avec la lecture du journal intime, celui qu’elle tint au cœur de la guerre, au plus fort des déportations. On voit les atermoiements, la peur d’y laisser sa peau malgré tout, le dégoût qu’elle a d’elle-même … avant de céder.
Les propos dérangent, nous questionnent, nous interpellent.
Durant la lecture, on oscille entre aversion, incompréhension, compassion avant de revenir sur les propos que le procureur énonça lors du procès de cette femme « Oui, et je le dis avec toute la gravité dont je puis être capable, conscient du tragique presque insupportable de mes dires mais restant assez lucide pour ignorer ce qu’aurait pu être ma conduite confrontée à ce dilemme infernal, car qui ici, dans cette salle, dans cette ville, dans ce pays où se sera tenue la plus effroyable des tragédies, qui donc peut se lever et dire avec la certitude la plus implacable, en toute conscience, moi, je sais qu’entre une vie déchue et une mort louable, j’aurai opté pour la mort, qui ? »
C’est une très belle plongée au cœur des tourments de la nature humaine dont on ne ressort pas indemne. Et on mesure la chance de ne pas être né.e à Berlin en 1922.
Brillant !
Un homme, après le décès de sa mère dont il ne savait rien, découvre l’identité de sa grand-mère. Par le biais d’un exécutant testamentaire, il apprend son suicide et hérite d’une lettre d’adieu, d’un vieux journal intime et de quelques milliers de shekels.
Prendre à revers l’histoire, voilà l’idée du livre « Vera Kaplan » de Laurent Sagalovitsch. Inspiré de l’histoire (vraie) de Stella Goldschalg, il raconte l’enfance brisée de cette jeune fille ayant eue le malheur de naître Juive à Berlin… pour devenir la « Cannibale Juive » au cœur de la guerre.
« Dès le départ, elle n’avait aucune chance pour que son histoire se termine bien. »
Pensant retarder la déportation de sa famille, Vera Kaplan collaborera avec la Gestapo en dénonçant un nombre effroyable de Juifs et ce, même après le départ de ses parents vers les camps de concentration.
Sa lettre d’adieu révèle une femme sûre d’elle et de son choix, impavide. La chanson qui tourne en boucle dans sa tête depuis 50 ans parle de Juifs résignés à leur sort, baissant les bras face à la folie du Führer.
« Avait-on accompli tous ces efforts, tous ces sacrifices, enduré mille et une épreuves pour en arriver là, à cette culture du renoncement, à cette apathie suicidaire ? »
Le journal intime, lui, qu’elle a tenu pratiquement au jour le jour durant la guerre, est beaucoup plus « humain ». On y découvre une jeune fille terrorisée par son choix, par le monstre qu’elle va devenir. Elle est mangée par la honte, la douleur de ces actes, souhaite qu’une bombe tombe sur sa chambre.
« Elle a voulu vivre. Vivre malgré tout. Vivre dans l’ombre de la mort de ses amis. Vivre en trahissant la confiance de ceux dont le seul crime était de lui ressembler. »
Malgré tout, son état d’esprit évolue avec le temps et de victime, elle passe à bourreau. Si vous aviez ne serait-ce qu’une once d’empathie pour ce personnage, le voilà disparu. Elle piège sans remord ces camarades de classes, ces anciens amants. Elle accepte.
Nous sommes en plein cœur de la folie humaine, d’un esprit brisé, d’une conscience anéantie.
Évidemment, le sujet de ce livre est dur. Évidement, porter un jugement sur cette histoire, sur le choix de Vera ou même sur celui de Stella Goldschlag est difficile.
« Les destins extraordinaires sont le fait d’époques extraordinaires. »
On termine ce roman un peu tourmenté, mettre les pieds dans cette période de l’histoire n’est jamais plaisant. La découverte de cette histoire vraie qui plane au-dessus du récit est une bonne chose et je remercie l’auteur d’avoir mis en lumière cette face méconnue de la guerre.
Inspiré d'une histoire vraie, on découvre le destin de Vera, jeune fille allemande juive, pendant la seconde guerre mondiale,qui va collaborer,qui va "vendre les siens" pour se sauver elle,mais surtout ses parents.
On découvre l'histoire de Vera à travers son petit fils.
Un roman particulier, à contre courant(surtout dans la vision de Vera) sombre et à la fois lumineux car on n'est pas ici dans le bien pensant, la victimisation ou le martyr.
un bon livre!
Vera Kaplan est une femme dotée d'un grand caractère, qui malheureusement se rend compte qu'elle fait du mal et ne supportera pas sa façon d'agir.
On est pris dans le tourment des divers sentiments (compassion, compréhension, dégoût, haine...) que nous inspire la narratrice.
Et c'est là que l'on se dit quel comportement aurions-nous adopté si nous avions été à sa place ?
L’histoire de Vera Kaplan, c’est celle véridique de Stella Goldsclag, une jeune juive berlinoise qui, pour sauver ses parents de la mort, collabore avec les nazis en dénonçant d’autres juifs.
Pour raconter cette histoire, l’auteur imagine un journal intime et une lettre que Vera, à la veille de son suicide, à 72 ans, envoie à sa fille en Israël.
Or, sa fille, qui lui fut retirée enfant et qu’elle n’a jamais revue, est aujourd’hui décédée. C’est le petit fils qui reçoit donc toutes ces informations qui vont bouleverser la vision qu’il a de sa famille dont il ne savait rien.
Elle est très ambivalente, Vera, fascinante aussi. Sa pulsion de vie qui aurait pu être un atout en temps de paix devient vite monstrueuse en temps de guerre.
On la comprend sans l’excuser.
Comment se comporte l’être humain en situation désespérée ? Comment aurions-nous fait ? C’est toute la question que pose ce livre.
Laurent Sagalovitsch a bien su mettre en scène la vie de Vera, en utilisant cette lettre et ce journal intime. Seule semble romancée l’intervention du petit fils.
Un extrait qui résume bien sa vie :
« Née à Berlin en 1922.
Dès le départ elle n’avait aucune chance pour que son histoire finisse bien »
Vera Kaplan est une belle jeune femme, blonde aux yeux bleus, de 18 ans, juive, éclatante de vie, qui vit à Berlin dans les années 30. Mais la guerre et ses contraintes, ses horreurs, vont l’amener à trahir et dénoncer les siens pour tenter de sauver ses parents de la déportation, et se sauver elle, tout simplement.
Un livre court, dense, une écriture intéressante, le lecteur passe du journal de Vera Kaplan à la vie et aux réaction de son petit-fils aujourd’hui, lui qui vient de découvrir l’existence de cette grand-mère certes monstrueuse, mais n’est-elle pas à sa façon une victime tellement humaine d’une époque terrible.
Vivre, vivre à tout prix, quoi qu’il en coûte. Ce fut le leitmotiv de Vera Kaplan pendant ces années interminables et effroyables de la Seconde Guerre mondiale. D’abord pour sauver ses parents, puis pour se sauver elle-même, mais à quel prix… Ce court roman est d’une âpreté et d’une force incroyables. Ces 160 pages suffisent pour nous faire apercevoir les mécanismes qui ont conduit cette femme à de tels choix.
On découvre d’abord le cahier qu’elle a écrit juste avant de mourir, des années après la guerre et son emprisonnement, puis le cahier qu’elle a tenu pendant la guerre et en particulier à ce moment où tout a basculé, où elle est passée de victime à bourreau. J’ai trouvé ses écrits actuels plus violents, plus radicaux. C’est une femme au destin exceptionnel, cruel et monstrueux. Le lecteur est bousculé, heurté pour donner un roman terrible et poignant à la fois. Ce roman nous propose une nouvelle immersion au sein de l’Histoire en nous parlant de survie et de conscience sans complaisance.
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