#RL2016 : 560 romans à paraitre, nos #Explolecteurs vont en dévorer 50, venez les découvrir ici !
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Dans ce roman, le personnage de Vera Kaplan écrit dans son journal intime comment elle a été recrutée par les nazis pour dénoncer les juifs restés à Berlin à la fin de la guerre.
J’ai découvert ce personnage inspiré de Stella Goldschlag qui dénonça entre 600 et 3 000 juifs berlinois. Recrutée parce qu’elle était jolie et inspirait confiance, elle pense ainsi sauver ses parents de la déportation.
Le roman lui apporte une double peine : condamnée à 10 ans d’emprisonnement après son procès, elle perd aussi sa fille juste après sa naissance, adoptée par une famille en Israël.
Dans le roman, j’ai aimé la force de vie de la jeune femme, son désir ardent, sa volonté de survivre malgré la guerre et l’anéantissement de son peuple.
J’ai aimé que son journal rende compte de son dégout dans les premiers temps puis de sa capacité d’adaptation à cette tâche infâme qui lui était demandée.
J’ai aimé être dérangée par cette jeune femme.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’hôpital juif de Berlin qui abrite Vera et ses parents pendant la guerre.
https://alexmotamots.fr/vera-kaplan-laurent-sagalovitsch/
Histoire incroyable que celle de Vera Kaplan, librement inspirée de la vraie Stella Goldschlag, surnommée « le grappin » ou « la cannibale juive ».
Le narrateur vient d’apprendre le suicide de sa grand-mère, Véra Kaplan, dont il ignorait jusqu’à l’existence. Sa mère, taiseuse, discrète ne lui a jamais rien dit (et pour cause), allant même jusqu’à se fâcher lorsqu’enfant, il se montrait insistant sur sa famille, son histoire. C’est par le courrier du notaire qu’il apprend le destin de cette femme « en tout point fascinante ».
La construction du roman est intéressante. Il démarre avec le témoignage à froid. Celui d’une femme, juive, qui revient sur ce qu’il s’est passé, sur les raisons de son engagement auprès de la Gestapo, sur son envie de vivre, à tout prix. Elle dénoncera des juifs, des anciens amis, pour tenter de sauver ses parents. Elle ne regrette rien même si elle a bien conscience que ce qu’elle a vécu « se situe au delà de toute pensée humaine, en quelque région impossible à atteindre, dans les limbes d’une complexité telle qu’elle restera à jamais inaccessible au cœur des hommes ». Les propos sont non seulement durs mais même inentendables « dociles, ils [les juifs] continuaient à monter dans ces camions comme s’ils n’avaient pas le choix, comme s’ils voulaient encore espérer que … » ou encore et même si « elle mesure le poids du soufre et de démesure de tels propos » « Avait-on accompli tous ces efforts, tous ces sacrifices, enduré mille et une épreuves pour en arriver là, à cette culture du renoncement, à cette apathie suicidaire ? »
Le roman se poursuit avec la lecture du journal intime, celui qu’elle tint au cœur de la guerre, au plus fort des déportations. On voit les atermoiements, la peur d’y laisser sa peau malgré tout, le dégoût qu’elle a d’elle-même … avant de céder.
Les propos dérangent, nous questionnent, nous interpellent.
Durant la lecture, on oscille entre aversion, incompréhension, compassion avant de revenir sur les propos que le procureur énonça lors du procès de cette femme « Oui, et je le dis avec toute la gravité dont je puis être capable, conscient du tragique presque insupportable de mes dires mais restant assez lucide pour ignorer ce qu’aurait pu être ma conduite confrontée à ce dilemme infernal, car qui ici, dans cette salle, dans cette ville, dans ce pays où se sera tenue la plus effroyable des tragédies, qui donc peut se lever et dire avec la certitude la plus implacable, en toute conscience, moi, je sais qu’entre une vie déchue et une mort louable, j’aurai opté pour la mort, qui ? »
C’est une très belle plongée au cœur des tourments de la nature humaine dont on ne ressort pas indemne. Et on mesure la chance de ne pas être né.e à Berlin en 1922.
Brillant !
Lorsque j'ai parcouru le catalogue NetGalley au début du mois d'août, je suis tombé sur le nom de cet auteur qui ne m'était pas étranger et pour cause, j'avais lu son précédent qui traitait déjà de la Seconde Guerre Mondiale sous un angle original : Vera Kaplan qui raconte l'histoire de cette juive collabo. J'avais apprécié cette première rencontre avec l'auteur et c'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers son dernier opus.
Comme je vous le disais en préambule, la toile de fond de ce nouveau roman est la fin de la Seconde Guerre Mondiale, au moment de la libération. Certains diront encore ! Certes, le sujet a encore inspiré de nombreux écrivains cette année (vous le verrez d'ailleurs encore dans la prochaine chronique) mais il est ici abordé d'un point de vue assez original et raconte la libération des camps an avril 1945 à travers le regard d'un jeune rabbin américain, Daniel Shapiro. Il va en fait s'avérer que l'Histoire avec un grand H va vite passer au second plan. le roman va plutôt s'intéresser aux ressentis du personnage et raconter le bout de chemin que vont faire ce rabbin et un jeune garçon. Shapiro va prendre ce dernier sous son aile frappé par son mutisme et son désoeuvrement dans le premier camp qu'il visite avec les forces alliées, Ohrdruf. de là, ils ne vont plus se quitter et le héros va tenter de retrouver sa famille dans le prochain camp libéré, Buchenwald. La relation entre les deux est vraiment touchante. On ne peut que se prendre d'affection pour ce petit garçon qui a dû vivre les pires horreurs.
Quant au jeune rabbin, il va découvrir avec effarement les camps de la mort. C'est au-delà de tout ce qu'il a pu imaginer ! Il a traversé l'Atlantique avec une mission : accompagner l'armée américaine pour aider les survivants. Il n'est cependant pas préparé à ce qu'il va y trouver. Face au Mal absolu, il va jusqu'à remettre l'existence de Dieu en question. Comment réconforter ces gens qui ont vécu l'enfer avec ses seules prières ? D'un ton très religieux au début, le roman laisse de plus en plus de place à l'humain lorsque Daniel se rend compte que les oraisons se révèlent bien dérisoires face à la situation sur place. le rabbin laisse alors parler ses sentiments.
C'est un personnage très attachant qu'on sent totalement démuni face à toutes ces ombres qui cherchent lui un sauveur. Ce sentiment envers lui est renforcé grâce aux lettres de sa femme qui entrecoupent le récit. La banalité du quotidien aux États-Unis à ce moment-là qu'elle lui décrit tranche complètement avec l'horreur que lui-même est en train de vivre en Europe. Ce contraste est assez terrible et de plus en plus prégnant au fur et à mesure du livre.
On pourra peut-être reprocher à l'auteur un style assez froid pour un sujet si poignant mais au moins, on ne peut pas le taxer de faire dans le voyeurisme et le pathos. On ne peut pas, en revanche, lui reprocher de ne pas s'être documenté sur la libération des camps. Pour avoir lu quelques essais sur le sujet, il colle bien à la réalité. Dans la lignée de Vera Kaplan, Laurent Sagalovitsch reste dans la même veine mais si c'est réussi, on ne va pas lui en vouloir ! À travers le regard d'un personnage et par le bout de la lorgnette, l'auteur nous raconte un récit poignant sur un épisode de la Seconde Guerre Mondiale peu abordé en littérature.
Chronique aussi à lire sur https://thetwinbooks.wordpress.com/2019/09/04/le-temps-des-orphelins-laurent-sagalovitsch/
Daniel Shapiro, rabbin dans l’état de Washington, marié à Ethel, est apprécié des fidèles de la synagogue. Mais, il désire s’engager dans l’armée américaine pour soutenir le moral des troupes qui ont la même foi que lui.
Après un stage de formation éclair, il s’engage et va participer au débarquement en Normandie, aux combats qui l’emmène sur les différents champs de bataille jusqu’à l’Autriche.
Il va ainsi se retrouver face à l’horreur, découvrant le camp d’Ohrdruf, puis Buchenwald. Il est derrière son bureau et reçoit les rescapés qui ne veulent que des nouvelles de leurs familles, remplissant des fiches de renseignements. Mais, les rescapés sont nombreux, et il ne peut pas les recevoir tous. Une mini-révolte se déclenche quand il veut « s’arrêter là pour le premier jour ». Il n’est pas là pour cela, il veut prier avec eux.
Quand il commence à réciter des textes religieux, tout le monde s’enfuit. Comment ces survivants peuvent-ils entendre ces mots-là alors que leur Dieu a laissé faire toutes ces horreurs ?
Le doute s’installe dans l’esprit de Daniel également, peut-il, encore avoir la foi, lui-aussi. Il a choisi le rabbinat pour faire plaisir à son père et non par conviction.
Un petit garçon est debout immobile depuis le matin et il attend, alors Daniel décide de l’aider à retrouver sa famille, restée probablement à Buchenwald, alors que lui a été expédié tout seul dans un train pour Ohrdruf. Mais l’enfant ne parle pas…
Ce récit m’a plu car il envisage la Shoah l’extermination massive, les camps de concentration, d’une autre manière : un rabbin qui découvre tout cela de ses propres yeux et ne peut que douter. Il n’apporte rien de plus que ce qu’ont pu écrire Primo Levi, Semprun, Marceline Loridan-Ivens (entre autres) mais il permet d’entretenir le souvenir et de clouer le bec aux négationnistes de tout poil, les nazillons qui pullulent en Europe actuellement.
Le récit est adouci par les lettres que Daniel échange avec sa femme Ethel, leur futur bébé, car ses mots à elle sont pleins de tendresse, comme pour temporiser l’horreur.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui m’ont permis de découvrir ce livre et son auteur qui est loin d’être un débutant.
Je me suis procurée la version papier pour le faire lire autour de moi, les plus jeunes notamment…
#LeTempsDesOrphelins #NetGalleyFrance
https://leslivresdeve.wordpress.com/2019/12/10/le-temps-des-orphelins-de-laurent-sagalovitsch/
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