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Roger Lourdier, un pensionnaire des Épis bleus atteint d'Alzheimer, a fait une mauvaise chute sur le coin de sa table de chevet. Il est mort. Il ne peut s'agir que d'un accident. Pourtant, un détail attire l'attention de la jeune Lisa qui accomplit son service civique au sein de la maison de retraite : le vieux monsieur n'a pas de numéro de Sécurité sociale. Comment est-ce possible, en France, aujourd'hui ? Lisa en informe alors son père, le lieutenant Andreani, qui, mis sur la touche par sa hiérarchie de Nancy pour un sérieux écart de conduite, est contraint de rendre des comptes à Francesca Rossini, la psy désignée pour juger s'il peut réintégrer son poste. Andreani, archétype du flic à l'ancienne, et son acolyte Couturier, sont déterminés à lever le voile sur ce mystère. Une erreur administrative ? Peu probable. Et puis, que signifie l'inscription « SO. 3-02. AB+ », tatouée sur la nuque de la victime ? C'est du lourd. Il le sait, il le sent...
Agréable découverte que ce polar écrit à quatre mains et deux cerveaux par le vosgien Eric Damien et l’espagnole Teresa Todenhoefer qui vivent tous deux en Allemagne.
Un travail à finir se déroule à Nancy (le bar Au grand sérieux existe pour de vrai dans la vraie vie) et nous permet de découvrir un flic que l’on aura plaisir à suivre de nouveau (chic, d’autres épisodes sont déjà parus) : Andreani, partagé entre jazz et musique classique, désabusé mais pas trop alcoolisé, un dinosaure plus vraiment de son époque, épaulé par le seul collègue capable de supporter ses mauvaises humeurs et ses écarts de conduite.
Pour ce numéro, les auteurs ont choisi de rouvrir quelques plaies mal refermées après la Guerre d’Algérie.
Soixante après, les survivants de l’époque sont en maison de retraite et commencent à quitter la scène.
Certains pas vraiment de leur plein gré ...
[...] Le fait certain, c’est qu’il y avait eu homicide. Meurtre dans une maison de retraite. Un bon titre pour un roman d’Agatha Christie.
Lourdier, le vieillard que l’on a décédé s’avère bien étrange : d’étranges tatouages et pas de numéro de sécu, depuis 1958 il n’existe pas ou plus.
Voilà de quoi exciter la curiosité d’Andréani alerté par sa fille qui travaillait à la maison de retraite.
[...] Lourdier était passé du statut de pensionnaire d’une maison de retraite décédé accidentellement à celui d’ancien militaire condamné qui avait disparu dans la nature pendant plus de cinquante ans.
[...] On ne disparaît pas pendant plus de cinquante ans sans une bonne raison.
[...] Les fantômes du passé refaisaient surface, et nul n’avait envie de ressortir les cadavres du placard où ils prenaient la poussière depuis des décennies.
[...] – Une vengeance ? – Pourquoi pas ? – Soixante ans plus tard... Je sais que c’est un plat qui se mange froid, mais là...
Qui donc ruminait sa vengeance depuis soixante ans ?
Quels crimes avaient commis Lourdier en Algérie ?
Pourquoi son dossier militaire est-il toujours classé secret défense après si longtemps ?
On suit Andreani dans cette enquête difficile qui nous fera (re)découvrir les côtés sombres de notre Histoire et ses ramifications longtemps après les accords d’Evian.
Un polar plutôt intimiste et pas tape-à-l’œil, à l’ancienne pourrait-on dire.
Des personnages réussis, une intrigue captivante, une lecture agréable avec un dénouement étonnant, peu commun dans le monde du polar, mais parfaitement maîtrisé par les deux auteurs.
On repassera par Nancy très bientôt.
Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire contemporaine.
Un auteur mystérieux ( la rencontre littéraire d'un homme et d'une femme), un premier roman (policier mais pas seulement car on y parle aussi d'Histoire, de philosophie, de jazz et de gastronomie française), des citations latines et un regard accéré sur la vie contemporaine. Tous ces ingrédients font un délicieux moment de lecture.
Le lieutenant Andréani est en congé forcé. Sa fille évoque le décès étrange d'un homme dépourvu de numéro de sécurité sociale. Intrigué, aidé de seconds rôles finement croqués, ce flic désœuvré va plonger dans une sale histoire.
J'ai dégusté ce livre avec en fond sonore Bobby Timmons
Ab esse ad posse valet, a posse ad esse non valet consequentia.
Je traduis ? Ah, vous n'aviez pas pris l'option latin au collège ou vous avez oublié toutes vos déclinaisons ? Bon, allez, pour une fois, j'accepte de m'y coller : alors, traduction (ou plutôt résumé) : « De la possibilité d'une chose, on ne doit pas conclure à son existence. »
Celui qui exprime ces sages paroles (et tant d'autres, en latin, s'il vous plaît) est loin d'être professeur au Collège de France, non, il s'appelle Pierre Timonier, il tient un bar et on les surnomme (lui et son bar) « Le Grand Sérieux ».
Il aime discuter de la marche du monde avec un certain inspecteur de la Brigade criminelle qu'il appelle « commissaire » : Philippe Andreani. Vingt-deux ans de carrière, une tonne d'enquêtes menées à bien, des dossiers bossés à fond. Bref, le flic parfait.
Sauf que, depuis peu, rien ne va plus pour Andreani : dans une affaire récente, il a sorti son flingue trop vite et a tiré sans sommation. Une sale histoire de dealer impliqué dans des affaires sordides et qu'il fallait impérativement coffrer, sinon, il repartait dans la nature. Faute professionnelle. C'est vrai qu'il a pris la mauvaise habitude des « raccourcis » ces derniers temps : faire ce qu'on a à faire, « simplifier la procédure » sans demander l'autorisation de Pierre ou de Paul, simplement parce que sa conscience lui dit qu'il faut agir et vite.
« Beatus homo qui invenit sapientiam… » lui lance Grand Sérieux en lui servant un verre de vin… accompagné d'une bonne leçon de bonheur via la sagesse.
Son chef, le commissaire divisionnaire Berthaud, est maintenant à deux doigts de le virer. En attendant, il l'a mis sur la touche et lui a collé sur le dos une psy qui doit juger de sa capacité à rester dans le métier.
Andreani n'est pas du genre à attendre gentiment qu'on ait fini de lui poser des questions. Il sait ce qu'il risque, mais impossible pour lui de ne pas dire ce qu'il a à dire. Quitte à se réfugier après dans l'alcool et le jazz, façon à lui de se vider la tête.
Bref, il est plutôt tendu en ce moment, notre Andreani. Tendu et désoeuvré puisque tant qu'on ne sait pas s'il est capable d'assumer son boulot, aucune affaire ne lui sera confiée.
C'est peut-être pour cela que, lorsque sa fille, Lisa, qui fait son service civique dans une maison de retraite lui raconte qu'un vieil homme sans numéro de sécu vient de mourir, ce petit détail retient toute son attention. Il passe voir le seul type au monde qu'il supporte et qui le supporte à peu près : son collègue Couturier. Est-il possible qu'en France, à notre époque, un homme puisse ne pas avoir de numéro de sécu ? Couturier trouve ça bizarre lui aussi. Il va soumettre cette question à « sa théorie du hasard et des phénomènes aléatoires » et quand il aura une réponse, il rappellera.
Pendant ce temps, Andreani file à la morgue et demande au légiste Legast (à l'humour à deux balles) de jeter un petit coup d'oeil sur le cadavre du vieux. Étrange, ce tatouage qu'il porte sur la nuque : « SO. 3-02. AB+ ».
Et c'est loin d'être la seule chose étrange que Legast va découvrir…
Ils sont deux derrière le pseudo Éric Todenne, deux auteurs : Éric Damien et Teresa Todenhoefer, pour mettre en scène un duo de choc comme on les aime : Philippe Andreani et Laurent Couturier, deux flics avec leurs manies, leurs trucs et leurs tocs, leurs sale caractère, leurs faiblesses et loin de se douter qu'ils mettent les pieds dans une sale, une très sale affaire qui va les propulser dans la guerre d'Algérie et la décolonisation. On les prévient, il vaut mieux renoncer.
Mais c'est ne pas les connaître…
Il n'y a plus qu'à souhaiter la bienvenue dans le monde du noir à Andreani et Couturier. On a déjà hâte de les retrouver !
Et puis, à la première occas', je file au « Grand Sérieux » parce que je goûterais bien le carré d'agneau en croûte d'herbes et moutarde accompagné du petit Pauillac Lacoste Borie 2002… C'eût été parfait pour le WE de Pâques...
Primum vivere deinde philosophare...
LIREAULIT http://lireaulit.blogspot.fr/
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