"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Puisque l'époque nous assigne à résidence, prenons la fuite et passons l'été à bord du bateau ivre de la poésie : Arthur Rimbaud.
Sylvain Tesson s'attaque au mythe Rimbaud en le sortant de la kermesse biographique et en le dépoussiérant de ses vieux habits de jeune monstre de la poésie : Rimbaud anarchiste, communard, voyou, punk, beatnik, sauvage, avant-gardiste, moderne, trouvère, futuriste... Certes mais surtout Rimbaud, poète.
A ses côté, Sylvain Tesson marche et traverse les paysages réels ou imaginaires suivant le cap tracé par René Char : « Rimbaud poète, cela suffit et cela est infini » A la vitesse de l'éclair mais aussi avec humour et lucidité, des Ardennes au désert africain Sylvain Tesson en voyageur aventureux perce à jour le voyant monstrueux qui révolutionna la poésie et qui n'avait qu'un ennemi : l'ennui.
Un été particulièrement incandescent où la route est une illumination.
Un été avec Rimbaud est le 9 e titre de la collection.
On y retrouve la vie de Rimbaud, mais une vie de souffrance, de douleur et Sylvain Tesson insère des extraits « en bleu » de la poésie de Rimbaud.
Sylvain Tesson met en évidence l’intensité d’une vie et nous indique que la poésie que souhaitait Rimbaud ne devait pas appartenir au grand de ce monde.
[La poésie est le mouvement des choses. Rimbaud se déplace sans répit, change de point de vue].
Sa poésie restera sans succès durant toute sa vie.
[On décèle le génie, on se méfie du diable]…[Pas de tribune, nulle édition, peu de reconnaissance. Il dérangeait. Le génie faisait peur].
Rimbaud avait une forme de synesthésie et comme l’écrit Sylvain Tesson il [moissonne tout : couleur, sons, images, odeurs. C’est la ratatouille !] et s’il n’était pas un poète, on n’aurait pu lui octroyer d’être un très bon cuisinier !
La rencontre entre deux grands , deux style différents tout aussi poétique l'un que l'autre.
Sylvain Tesson nous présente Rimbaud, son écriture, fine directe et bourrée d'humour nous mène droit vers ce Rimbaud ,touchant ,rebelle, "original" pour certains et je dirai si sensible.
un grand plaisir de lecture en cet automne , à défaut d'avoir pris le temps en été.
Comme toujours très séduite par la fine plume de Sylvain Tesson
Rimbaud, le génie en mouvement !
"Il y a une chose qui m'est impossible, c'est la vie sédentaire " Pathologie bien connue : la dromomanie.
"L'homme aux semelles de vent s'est auto-condamné au mouvement".
"Voyager, c'est promener son mal de vivre en croyant le semer " (ça, c'est du Tesson !)
Tesson qui imagine l'épitaphe pour Rimbaud : "Ne faisait que passer, il a laissé sa trace "
Que dire sur ce magnifique essai sur la courte vie d'Arthur Rimbaud ?
Tesson fait du Tesson et c'est... magique !
Il défie les savants qui ont décortiqué les vers du génie en explicitant le sens alors.... que la poésie de Rimbaud n'est pas faite pour être décortiquée.
Un court ouvrage plaisant sur la forme (petit format, extraits de poèmes et de correspondances mises en avant et commentés à la "mode Tessson").
Comme souvent, je suis tombé sous le charme de l'oeil acerbe, complice, tendre et compréhensif de Tesson à l'endroit de Rimbaud
Tesson et Rimbaud : même combat ? Celui de 2 hommes qui marchent, rêvent et lisent.
Un pur plaisir de lecture !
Arthur Rimbaud, qui était-il en fait ? Un poète naviguant sur l’ivresse du monde ? Un éternel adolescent ordalique ? Un génie qui s’ignorait ? Et si tout simplement Rimbaud avait été Arthur, une légende sans avoir été roi mais avec toute une mythologie digne des chantres grecs. Un être inclassable qui a gardé ses errances au plus profond de lui-même sur un fil de vie rompu trop tôt.
Sylvain Tesson fait un grand bon dans l’histoire des aèdes intemporels : après avoir navigué sur les vagues de vers de l’homme aux mille ruses, il s’empare de son bâton de pèlerin, avec Olivier Frébourg, pour suivre le chemin littéraire et onirique de l’enfant des Ardennes et, coïncidence délicieuse, au moment où des restrictions de mouvement sont ordonnées lors d’une alerte à la mobilisation d’une vésanie collective.
Résultat des courses : des pastilles salutaires sur les ondes de France Inter et un bréviaire thérapeutique aux Editions des Equateurs/Radio France pour palier aux effets secondaires des traitements voulant effacer les déraisons du vagabondage salvateur.
En garde à toi noble lecteur, peut-être découvriras-tu que ton « je » est « un autre » ! Si les envolées tessoniennes, parfois emphatiques, font tourner la tête, elles ont le mérite suprême d’inverser le sens de la grande roue des injonctions de normalité pour nous flanquer un miroir d’où ressort une psyché de nous-mêmes ; purification d’un cristallin devenant opaque par la dictature de la vitesse et des batailles égocentriques.
Point de biographie longue et ennuyeuse, tout simplement un hommage direct et décapant au poète de Charleville-Mézières avec en prime une bonne petite claque à tous ceux, passé, présent et futur, qui récupèrent l’image d’Arthur selon leurs convictions personnelles, faisant parler et retranscrire le capitaine du bateau ivre sur les parois de leur cave imaginaire sans réaliser que « Rimbaud est une épine plantée dans l’autosatisfaction de ses continuateurs ».
Je fais certainement partie de cette piètre caste n’ayant jamais réellement compris « l’homme aux semelles de vent » oscillant entre admiration et désintérêt. Aussi, mes biens chers frères et sœurs, ce petit manuel orange est un miracle pour retrouver la foi dans la verve d’Arthur Rimbaud. Sylvain Tesson avec un humour à faire fondre de rire les plus hauts glaciers – attention, aucune attention de le responsabiliser dans le réchauffement climatique – transporte la poésie et les jongleries foutraques de Rimbaud dans notre société du XXI° siècle sans pour autant faire voler des prosopopées.
Au fil des pages, c’est un brin de bruyère qui voltige, un verre qui se casse, un Verlaine énamouré, un père absent, une mère échappant à l’échappé, une révolte qui aurait pu mener à une révolution, une corne d’Afrique mettant un coup de klaxon dans l’enfer du poète, une maladie à ronger les os, des rêves déchus, des inspirations vertigineuses, du baroque dans la contemplation de la simplicité du vivant.
Même si vous restez sédentaire durant l’été ou en toute saison, déguster cet ouvrage vous permettra de rester en mouvement, dans une perpétuelle valse des mots ; bouger dans son esprit est déjà une mise en avant sur le monde et les autres, le « logos étant l’alliance de l’homme ».
Blog => Le domaine de Squirelito => https://squirelito.blogspot.com/2021/06/une-noisette-un-livre-un-ete-avec.html
"Parfois on rate sa mère. On l'a craint, elle est loin. Mais elle est là. C'est peut-être cela, la définition d'une mère. La mère est votre centre même quand on vit au bord."
Quoi de mieux que cet extrait pour vous parler aujourd'hui d'Un été avec Rimbaud de Sylvain Tesson.
De Rimbaud je ne connaissais que les poncifs : l'homme aux semelles de vent, sa relation sulfureuse avec Verlaine, son Je est un autre... sans jamais l'avoir lu. Encore une fois me voilà confrontée à la vie d'un auteur que je n'ai jamais lu. Il faut dire qu'il a peu publié et de la poésie, ce que je goûte peu.
J'avais beaucoup aimé Un été avec Homère du même auteur. C'était donc l'occasion d'en savoir plus sur ce poète qui a écrit entre 15 et 19 ans avant de mourir d'un cancer des os à 37 ans. Une météorite qui s'est consumée, qui a explosé, au contact de la vie.
Je retiendrai deux choses : la poésie et la route. Leitmotiv tout au long de ces chroniques radio.
"Après les serments d'enfance, il expose ses deux antidotes à l'ennui : la poésie et le voyage. La route et l'écriture."
Comment ce jeune homme lancé comme un boulet dans la vie a-t-il pu passer les dix dernières années de sa vie dans l'ennui et l'immobilisme comme négociant en import export entre Harar et Aden ?
"La poésie est le mouvement des choses."
"La poésie, c'est le réel quand il devient surréel."
"Et si la poésie consistait à chasser les mouches ?"
"... la marche est la thermodynamique de la pensée. Un kilomètre égale un vers."
"La route est le papier de verre de l'être."
Comme souvent l'auteur parle un peu de lui, mais pourquoi pas quand la vie vous rapproche. Et la répétition de certains thèmes est à mon sens directement lié à l'origine radiophonique de ces chroniques.
A l’été 2020, France Inter diffuse une série d’émissions revisitant l’œuvre d’Arthur Rimbaud sous l’œil aiguisé de Sylvain Tesson. D’extraits de poésies en correspondances, l’âme du grand poète réapparait. Alors que le monde entier est pourtant sclérosé par la Covid-19, Tesson prend la route du périple rimbaldien en partant de la Meuse, reconstituant ainsi par fragments le portrait du jeune homme à travers Un été avec Rimbaud en miroir avec les émissions.
Cela n’a rien de surprenant de voir Sylvain Tesson se lancer dans une analyse biographique et non exhaustive d’Arthur Rimbaud. Ce chemin que décide de prendre l’auteur en partance du territoire meusien creuse cet effet miroir entre l’écrivain contemporain et le poète classique séparés de plus d’un siècle. Ils ont en commun ce désir de parcourir les routes. Ainsi, Tesson raconte le poète, le wänderer, le voyou, le passionné, l’ivrogne et le génie.
Cette écriture aux notes cyniques ne manquera pas de faire sourire les adeptes du genre qui, comme moi, trouvent que cela donne à une vie racontée bien plus de cachet qu’une autre. Un été avec Rimbaud, c’est redécouvrir l’incroyable profondeur des textes sélectionnés avec beaucoup de justesse tout en illustrant le poète maudit et son parcours à travers la France, la Belgique et l’Afrique. Je dois cependant bien avouer que cette tendance à ranimer les morts est avant tout une caractéristique de cette collection des Equateurs (lisez Un été avec Montaigne d’Antoine Compagnon !).
Finalement, l’été avec Rimbaud est passé bien vite sous la plume de Tesson, me laissant avec l’amertume des derniers jours de vacances… Si l’auteur des Illuminations ou d’Une saison en enfer n’a pas terminé de nous livrer les secrets de ses textes, c’est un bonheur, cent-cinquante ans ans plus tard, de le retrouver dans sa plus grande simplicité schizophrénique car ne l’oublions pas, Je est un autre.
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Jolie chronique.....
Alma