"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'ai eu envie d'écrire Toni parce qu'aussi vite qu'un météore, il est venu, puis reparti de notre vie. Il me fallait coucher par écrit ces quelques souvenirs qui me restaient de lui afin de les graver, qu'ils ne s'envolent pas comme lui s'est envolé, à jamais. » De Hambourg à Berlin, Toni nous plonge dans l'insouciance de la jeunesse et des nuits magnétiques rythmées par les fêtes clandestines.
Anton (Toni) et son cousin Ezra vivent des épisodes d’enfance commune et heureuse chez leurs grands parents à la campagne. Leur imagination délirante leur fait vivre des aventures virtuelles dont ils auront du mal à se séparer plus tard. Toni, principal instigateur, propagateur, réalisateur, acteur des ses épopées enfantines est parfois instable mais son esprit aventureux va se poursuivre sous d’autres formes, toujours avec la complicité plus ou moins active d’Ezra qui restera le plus souvent observateur et commentateur des ses actes et de ses états d’âmes. A Hambourg d’abord, puis à Berlin ensuite Toni va développer ses goûts artistiques, photographie, musique, danse, en créant et animant avec une bande de jeunes, « le palais du rire et de la joie ». L’écriture de Line Papin, foisonnante, délirante, fulgurante, torturée décrit bien la trajectoire et l’humeur quasi bipolaire d’Anton, mais aussi un univers d’adolescents rêvant d’une vie différente, excessive dans ses aspirations et ses manifestations se ralliant finalement à une normalité commune au plus grand nombre, sauf au météore Toni toujours à la recherche de nouveautés lui remémorant le « Kambrera » de son enfance.
Il y a un peu de L'amie prodigieuse d'Élena Ferrante dans le roman Toni de Line Papin. Dans l'un comme dans l'autre, on suit un personnage qui décide de coucher sur le papier tous les souvenirs liés à un proche qui tente volontairement de disparaître. Quand Élena nous entraîne dans une fresque de Naples des années cinquante, Line nous plonge dans la vie trépidante et délurée des Berlinois d'aujourd'hui.
Mais avant ça, c'est l'histoire d'Ezra et Toni, deux cousins qui se retrouvent chaque été pour des vacances sans limite chez leurs grands-parents. Ensemble ils ont fait les 400 coups, ensemble ils ont imaginé les 400 suivants. Indissociable, indivisible, inséparable, ils se retrouvent avec plaisir pour continuer leurs aventures, jusqu'à l'été de leurs 14 ans. Là, plutôt que dans la demeure familiale, c'est à Hambourg qu'ils vont affuter leur complicité, pour le meilleur et pour le pire.
Toni est un être solaire ! Un être flamboyant et coloré qui attire tous les regards, tous les sourires, tout l'amour. Un personnage qui brille par sa sincérité. Un personnage à l'imaginaire débordant, qui passe son temps à créer de nouveaux univers et à embarquer ses proches dedans parce que la réalité ne lui suffit pas. Il va faire face à deux épreuves qui vont chambouler sa jeunesse. Quand il arrive à se dépatouiller de l'une, retrouve un équilibre et réenchante son quotidien, un nouveau rebondissement le plonge dans ce que la vie à de plus dramatique.
Ezra, en témoin impuissant, lui apporte autant de soutien que possible. Du soutien lors des épisodes de dépression, de morosité et encore plus de soutien quand Toni fait preuve d'un nouvel élan de créativité. Autant dire que Toni consomme beaucoup l'énergie d'Ezra. Ensemble, toujours ensemble, ils vont partir à l'assaut de Berlin, la fameuse. Ensemble, ils vont Berliner, s'installer et construire à royaume. Un royaume chimérique, une bulle édulcorée que le lecteur appréhende de voir exploser.
J'ai suivi les aléas de la vie de Toni avec appréhension. J'ai croisé les doigts pour que chacune de ses rencontres ne lui apporte que du positif. Plus d'une fois j'ai eu peur pour lui, peur de lui. J'ai eu envie de le secouer ou mieux de secouer certains de ses proches.
Verdict : J'ai adoré ma lecture et surtout je l'ai vécu jusque dans les derniers mots. C'est un roman complexe et simple sur la quête de soi quand le hasard de la vie invite des drames et des chamboulements dans un parcours qui avait tout pour être serein.
Joli roman sur les dangers d'une jeunesse débordante d'excès. J'ai trouvé quelques passages légèrement longs, mais le récit est globalement bien tenus et les personnages attachants.
"Tu n’es pas un enfant comme les autres, disait-elle, c’est pour cela que tu as ce fragment de paillette coincé au coin de l’œil. Tu es tombé de la lune, voilà, disait-elle, tu m’es venu droit de la lune ».
J’avais aimé le premier roman de Line Papin, l’Eveil : j’étais donc naturellement curieuse de découvrir son second roman, Toni.
J’ai été une nouvelle fois conquise ! Line Papin nous emmène dans le monde fantastique de Toni, raconté par la voix de son cousin Ezra. Les deux enfants partent à la découverte de Berlin (Line Papin aime décidément les villes!) et de son milieu underground, lieu privilégié où Toni pourra laisser libre court à son imaginaire et entraîner avec lui son cousin et des amis. Ils y découvriront aussi le milieu artistique.
Rapports fraternels et amicaux au moment de l’enfance, relations muse et créateur, monde réel et fantastique : tels sont les principaux thèmes que Line Papin aborde avec brio à travers des personnages souvent paumés mais toujours attachants. Jusqu’où peut nous emmener l’insouciance en partant d’un monde irréel que l’on tente de vivre? Toni s’amuse parfois à nous perdre (et peut-être se perd-il lui-même…) entre illusion et réalité. Un deuxième roman très réussi !
https://accrochelivres.wordpress.com/2018/02/11/toni-line-papin/
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