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«J'habite un corps qui m'est si étranger que je ne sais plus comment en sortir - ni comment y rentrer.» Avec ces «Exercices de piété», Jean Clair continue son oeuvre de diariste, en se penchant d'abord sur lui-même. Il évoque de nouveau son enfance en Mayenne, ses parents dont il dresse des portraits émouvants, presque déchirants, la campagne des années quarante et cinquante qui a disparu comme les haies qui la scandaient, revenant ainsi à des thèmes dont ses lecteurs sont familiers.
Souvenirs et réflexions s'égrènent le long de séquences aux titres mystérieux et évocateurs comme «L'intrus», «Les papillons», «Le suaire», «L'assassin»... dans des pages éblouissantes, sur le corps vieilli, les absences, les insomnies, l'Italie, le souvenir des femmes aimées. Jean Clair a un don étonnant pour faire ressentir le tactile, les paysages, et aussi les émerveillements de l'enfant qu'il fut et que nous, lecteurs, fûmes.
Il s'agit d'un livre qui ne peut pas se lire d'une traite... Extrêmement riche, très bien écrit, Jean Clair évoque ici sa vie sans ambages... En parlant de lui, il nous parle... Avec humilité de son ascension extraordinaire (une époque extraordinaire où l'ascenseur social fonctionnait), de la société française depuis la guerre 39-45, de la petite histoire à la grande, l'histoire d'une vie, de vies...
Sensation étrange que de lire le nouvel essai de Jean Clair, un essai crépusculaire qui fait penser aux paroles de Lensky dans Eugène Onéguine (Kuda, kuda) et qui, en partie, peuvent résumer tout le fil conducteur du livre : « Où sont parties les années de la jeunesse, que va apporter le jour qui vient (…) Dieu offre la splendeur du jour mais aussi offre la nuit sombre (…) mon nom sera comme une poussière emportée par l’oubli, le monde oublie vite ».
Avec ces « Exercices de piété », Jean Clair remonte le temps, celui qui passe et qui ne revient pas, celui des souvenirs et de la mélancolie rampante, du printemps à l’automne de la vie, voire aux portes de l’hiver ; c’est un homme épris d’art et de culture qui regrette et n’espère plus, sauf peut-être encore dans les livres. Car les lettres sont le domaine de l’académicien, des ténèbres de la pensée naît une lumière au cœur du phrasé sémantique.
Pessimisme, réalisme, peut-être les deux. L’homme adulte semble inconsolable même en se remémorant les effluves de l’enfance et de cette terre pas encore abandonnée dans les tourbillons des courses effrénées des âmes humaines. Solo, perduto, abandonado… comme une Manon au masculin errant dans le désert, celui des incertitudes et des désenchantements. La plume de l’écrivain semble jaillir des entrailles de la terre, des « ombres brumeuses » du royaume d’Hadés ou bien du tableau de Munch auquel Jean Clair fait référence, « Le cri ».
Loin d’être toujours d’accord avec les propos de l’auteur, je suis néanmoins en symbiose totale sur les questions de la ruralité ; cette folie des hommes à ne plus respecter les animaux en leur faisant vivre les atrocités de l’élevage intensif, à ne plus savoir vivre avec les saisons, à constater les désastres du capitalisme sauvage qui privent les plus faibles de toute survie. A moins qu’il soit encore possible de reconstituer les ruches d’Aristée avec quelques sacrifices…
Déconcertant de noirceur et pourtant sublime par la beauté du style, c’est un ballet des mots alternant entre la tendresse de l’âme d’un enfant d’autrefois et la flèche quasi pamphlétaire de l’amateur d’art consterné par la provocation contemporaine de soi-disant artistes.
Un rapport à l’écriture proche d’une prière à la littérature, le credo d’un écrivain dans le « miserere » d’une décadence inexorable.
https://squirelito.blogspot.com/2019/07/une-noisette-un-livre-terre-natale-jean.html
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