"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«En lui, la musique parlait français depuis qu'il l'avait vécue en France. En se livrant à la conversation avec Hortense, il avait la sensation d'interpréter un duo avec elle, sensation qu'il ne connaissait pas lorsqu'il s'exprimait dans sa langue maternelle, le japonais.» Pamina est une jeune luthière brillante, digne petite-fille d'Hortense Schmidt, qui avait exercé le même métier au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Embauchée dans l'atelier d'un fameux luthier parisien, Pamina se voit confier un violoncelle très précieux, un Goffriller. En le démontant pour le réparer, la jeune femme découvre, dissimulée dans un tasseau, une lettre qui la mènera sur les traces de destins brisés par la guerre. Des mots, écrits à la fois pour résister contre l'oppresseur et pour transmettre l'histoire d'un grand amour, auront ainsi franchi les frontières et les années. Les histoires entremêlées des personnages d'Akira Mizubayashi, tous habités par une même passion mélomane, pointent chacune à sa façon l'horreur de la guerre. La musique, recours contre la folie des hommes, unit les générations par-delà la mort et les relie dans l'amour d'une même langue.
Avec ce roman, le lecteur va voyager sur plusieurs pays : le Japon, la France, mais aussi en termes de temporalité.
Les histoires se croisent. le lecteur peut être perdu et avoir du mal à savoir vers où veut nous amener l’auteur. On finit par le comprendre rapidement et on est facilement emporté par l’intrigue jusqu’à la fin grâce à des chapitres courts qui rythment bien la lecture.
On découvre une partie de l’histoire du Japon que je ne connaissais pas personnellement. On découvre aussi la musique, le violoncelle, (on a des illustrations pour nous aider à comprendre les parties internes d’un violoncelle pour les non aguerris), les différentes suites jouées, l’ambiance d’un concert de violoncelle, (même si on n’entend pas la musique, on perçoit à travers la description de l’auteur, les sensations du public à l’écoute des concerts donnés), la technicité d’un violoncelle avec plusieurs types de violoncelles comme le stradivarius ou le Goffriller). Cette découverte ne ralentit pas la narration mais procure au contraire des sensations emportant le lecteur.
S’agissant des détails historiques et techniques, c’est finalement assez facilement compréhensible. L’auteur nous fait bien sentir la lourdeur de l’ambiance due à la clandestinité bien retranscrite. C’est particulièrement réussi, d’autant plus sur un thème aussi technique, que le monde de la musique. Je recommande.
Au Japon en 1945, la carrière fulgurante du jeune violoncelliste prodige Ken Mizutani est brisée lorsqu’il reçoit son enrôlement pour la guerre. Il confie son Goffriller, un magnifique violoncelle rouge cerise fabriqué en 1712, à son amie Hortense Schmidt.
De nos jours, la luthière Pamina Schmidt découvre un message caché dans ce même violoncelle, mettant en lumière un acte de résistance et une histoire d’amour.
Akira Mizubayashi, auteur japonais écrivant en français, complète par ce roman sa série musicale initiée avec « Âme brisée » et « Reine de coeur ». On y retrouve les thèmes chers à l’auteur: la seconde guerre mondiale et l’impérialisme japonais qui sépare les êtres qui s’aiment; la musique qui apaise et guérit les maux. Il dénonce avec justesse le fanatisme japonais, qui brise la jeunesse en faisant taire les élans intellectuels.
Les chapitres portent le nom des suites de Bach, car c’est bien cette musique qui scande le récit, le violoncelle étant un personnage à part entière. L’auteur nous invite à nous replonger dans cette musique envoutante aux sonorités graves. Il y a dans ce roman quelques pages sublimes décrivant les émotions ressenties en écoutant le son du violoncelle: « D’emblée, à travers un déploiement olympien de sons graves, la musique de Bach créait un monde intérieur, sincère, authentique, celui d'un homme qui réfléchit, qui aspire à l'être universel en dialoguant avec lui-même. »
Pourtant, il manque pour moi ce petit quelque chose qui aurait pu en faire un grand roman. J’ai trouvé l’écriture scolaire, l’histoire décrite de façon factuelle, la fin longue et cousue de fil blanc. Cette partition littéraire ne m’a pas totalement conquise, même si je suis admirative qu’il ait pu l’écrire entièrement en français.
1945, Ken, violoncelliste virtuose, est appelé sous les drapeaux pour partir à la guerre. Il va laisser à son amoureuse, Hortense, luthière, ce qu'il a de plus précieux…
2016, une jeune luthière Parisienne, Pamina, va réparer ce même violoncelle et en le démontant, elle découvre une lettre cachée à l'intérieur. Elle va alors remonter l'histoire de ce violoncelle et de ses anciens propriétaires.
Akira Mizubayashi nous présente l’histoire d’un violoncelle de 1712 et de sa copie de 1945 qui oscille entre deux périodes et deux pays : le Japon de 1945 et Paris en 2016. Il s’agit là d’un curieux roman qu’on peut qualifier de poétique et reposant, construit en 6 chapitres comme les 6 mouvements des Suites de Bach. Il n’est pas facile de s’y retrouver à la première lecture car des allers-retours géographiques, entre la France et le Japon, et des allers-retours historiques, de la seconde guerre mondiale à notre époque, perdent un peu le lecteur. Puis, après une deuxième lecture rapide, l'intrigue se révèle et s’avère intéressante et émouvante. Les personnages sont attachants, tendres, pétris de bons sentiments. L’écriture est belle, fluide et apaisante. Un régal !
À trente-six ans, Hortense Schmidt est luthière à Tokyo. Elle passe une unique nuit d’amour avec Ken Mizutani, avant que ce dernier rejoigne les troupes japonaises à la toute fin de la Deuxième Guerre mondiale. Cet évènement aura une résonance plus de soixante-dix ans plus tard. Le titre Suite inoubliable fait à la fois référence à la suite de cet épisode et aux Suites pour violoncelle seul de Bach jouées par Guillaume Walter.
Vous retrouverez les thèmes chers à Akira Mizubayashi : la guerre, la musique, les coïncidences heureuses. Si vous avez lu d’autres livres de l’auteur (Âme brisée ou Reine de cœur), vous risquez de trouver beaucoup de ressemblances : la surprise de la première lecture n’est plus au rendez-vous. Il reste une intrigue agréable, même si j’ai pensé que la fin, gorgée de bons sentiments, était interminable.
Ce roman est le troisième et dernier volet de la trilogie qui a débuté avec "Âme brisée" (2019) et s'est poursuivie avec "Reine de cœur" (2022).
Chacun met en scène un instrument à corde, le violon dans le premier, l'alto dans le second et le violoncelle dans ce dernier opus.
On retrouve à nouveau tous les thèmes chers à l'auteur qu'il expose dans chacun des composants de cette trilogie: les horreurs et la déshumanisation de la guerre, la musique comme un pont entre les peuples et les générations, l'amour perdu jamais oublié, les défunts dont on sent la présence fantomatique, l'importance de parler une autre langue que sa langue maternelle afin d'agrandir l'espace de liberté de sa conscience.
La structure narrative n'a, elle aussi, pas changé d'un roman à l'autre : le début de l'histoire sur fond de guerre au Japon, la rencontre d'un jeune japonais avec une jeune française liés par la passion pour la musique, l'amour broyé par l'Histoire, la rencontre fortuite, grâce à une lettre, des carnets, un journal, quelques 60 à 70 ans plus tard des petits-enfants qui sont eux aussi des mélomanes et qui ont fait leur métier de la musique. On retrouve des personnages des romans précédents; la scène du départ à la guerre après une unique nuit d'amour est même totalement identique avec des personnages différents dans "Reine de cœur" et "Suite inoubliable".
Le moins qu'on puisse dire c'est que l'auteur ne se renouvelle pas et qu'au bout du troisième opus, j'ai fini par me lasser de ce manque d'imagination et des ficelles narratives que je pouvais anticiper sans difficulté. Je n'ai plus retrouvé l'émotion d"Âme brisée" qui avait eu l'avantage de me faire découvrir un nouvel auteur, son imaginaire, sa sensibilité, son amour pour la musique, son écriture. J'ai malgré tout continué à apprendre des choses intéressantes sur les luthiers, leur travail, les œuvres musicales, les musiciens.
Un roman qui semble former une trilogie avec les deux précédents de l'auteur, "Ame brisée" et "Reine de coeur" bien que pouvant être lus séparément, et qui propose également une lecture agréable et forte. Comme dans les deux autres livres, la narration navigue entre la fin des années 1930 et l'époque actuelle, avec comme point d'orgue la 2ème guerre Mondiale et ses conséquences dramatiques sur la population japonaise.
Akira Mizubayashi qui dispose de la double culture, japonaise et française, nous montre encore tous les liens entre nos deux pays, avec une plume toujours aussi belle. Ce roman est à la fois une belle histoire, touchante mais aussi une grande œuvre musicale, en l'occurrence les mouvements des Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach. L'auteur décrit avec beaucoup de précision l'interprétation des personnages sur les instruments mais aussi les émotions ressenties par le public; il donne vie aux notes et propose un mélange de littérature et d'œuvre musicale. Le lecteur peut même être curieux de rechercher et d'écouter les œuvres proposées dans le roman, comme "Le chant des oiseaux" de Pablo Cassals, et ce afin de mieux vivre les choses et de les comprendre.
Même si les ressorts narratifs sont assez semblables entre les trois livres, cette histoire nous montre avec beaucoup de force ce Japon meurtri par la guerre et notamment les deux gigantesques blessures que furent les deux bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagazaki.
Un auteur à lire !
Toujours un plaisir de lire cet auteur qui use une fois encore de ses thèmes de prédilection: la musique, le Japon et la langue française. Rien n'est superflu ou prétentieux, toujours on retrouve au coeur du roman une histoire de rencontres, de souvenirs et les fils sont dénoués au fur et à mesure, tenant en haleine le lecteur jusqu'au bout.
Après le violon dans Ame brisée et l’alto dans Reine de coeur, Akira Mizubayashi complète sa trilogie musicale – son trio à cordes littéraire ? - avec le violoncelle. Cette troisième partition romanesque, jouant elle aussi l’alternance entre les années quarante et nos jours, est une nouvelle variation sur le thème de la résistance et de la transmission, à travers la musique, des valeurs humanistes mises à mal par la guerre.
Violoniste prodige formé à Paris dans les années 1930, le jeune Ken Mizutani, revenu à Tokyo, reçoit en 1945 « le fatidique petit papier rouge d’incorporation ». Forcé de rejoindre les rangs d’une armée impériale que « le démon de la guerre et du despotisme, bafou[ant] les consciences », emmène de manière suicidaire vers une déroute inexorable, le jeune homme doit se résoudre à quitter les siens et son violoncelle. Quelque soixante-dix ans plus tard, Pamina, la luthière à qui l’illustre violoncelliste Guillaume Walter a confié pour révision son Goffriller de 1712 à la si particulière teinte « rouge cerise sombre », découvre en détablant l’instrument, cachée dans un tasseau, une lettre datée de 1945 et signée d’un certain Ken Mizutani...
Découpée en six danses comme chacune des six suites pour violoncelle de Bach, qui, avec le concerto d'Elgar et le chant des oiseaux – devenu un symbole de paix et de liberté depuis son arrangement pour violoncelle par le catalan Pablo Casals engagé contre le franquisme –, forment la bande originale du roman, la narration est une nouvelle fois une ode vibrante à la musique, en même temps qu’un chant d’amour à la langue française. Comme l’auteur, à ce point épris du français que c’est en cette langue qu’il choisit d’écrire ses romans, le personnage Ken Mizutani sent « en lui la musique parler français depuis qu’il l’a vécue en France ». Alors que son pays, « gangrené par une dictature exacerbée fondée sur le culte fanatique de l’empereur », sombre dans une « folie cauchemardesque », cette musique et cette langue, qu’il associe à l’époque des Lumières en Europe, représentent pour lui « une lueur d’espoir », la voix de l’humanité qui survivra aux ténèbres passagères de l’Histoire.
Est-ce la répétition du schéma narratif d’un livre à l’autre de la trilogie ? Le charme de la jolie parabole qui, dans l’opus initial, prenait pour la première fois tout son sens, perd de sa puissance dans cette ultime variation qui, faute d’ajouter au propos, parvient aussi beaucoup moins bien à occulter la récurrence des stéréotypes et la tendance à l’idéalisation de la narration. Reste une lecture agréable, non dénuée de beauté, emplie d’un plaisir mélomane et tout entière vouée au culte de la musique et des hommes qui la composent, l’interprètent et en fabriquent les instruments d’exception.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !