Allons à leur rencontre !
À la fin des années 50, dans la région de l'Aurès en Algérie, Naja élève seule ses trois filles depuis que son mari Saïd a été recruté pour travailler en France. Quelques années plus tard, devenu ouvrier spécialisé, il parvient à faire venir sa famille en région parisienne. Naja tombe enceinte, mais leurs conditions de vie ne permettent pas au couple d'envisager de garder l'enfant...Avec ce second roman, Lilia Hassaine aborde la question de l'intégration des populations algériennes dans la société française entre le début des années 60 et la fin des années 80. De l'âge d'or des cités HLM à leur abandon progressif, c'est une période charnière qu'elle dépeint d'un trait. Une histoire intense, portée par des personnages féminins flamboyants.
Allons à leur rencontre !
Le rêve français devenu amer
Lilia Hassaine raconte, dans son roman Soleil Amer, la difficile intégration des familles algériennes depuis les années 1950. On suit les petites histoires dans la grande: celles de Naja et de son mari Saïd, puis de leurs enfants que l’on voit grandir. Chacun évolue au fil de l’époque et des mentalités qui évoluent. La France change les hommes venus pour un avenir meilleur, le travail est laborieux, l’exil difficile, l’assimilation complexe avec le poids des traditions.
Dans ce roman sur l’identité, on comprend les désillusions, le choc culturel pour la condition féminine et les obstacles à l’ascension sociale. L’histoire de cette famille est un prétexte pour nous montrer ce qui a été vécu par cette génération venue d’Algérie, traitée comme étrangers sous l’occupation puis de nouveau en France: ils ont finalement été étrangers de part et d’autre de la Méditerranée. Ce roman n’est pas un procès mais un regard, depuis les premiers HLM neufs et prometteurs, jusqu’à leur dégradation avec l’abandon des pouvoirs publics, entrainant la paupérisation des familles…
Le roman est court, le style narratif papillonne dans la vie des personnages en les faisant évoluer sur une quarantaine d’années. Cela peut donner l’impression de survoler les sujets que l’on aimerait approfondir (que devient Maryam ?) J’ai trouvé ce roman mélancolique, avec un déterminisme enfermant les personnages, des vies gâchées, qui rendent le lecteur triste et impuissant.
Une belle plume de l’auteur, néanmoins, et une grande sensibilité qui me donne envie de lire ses prochains livres.
Très beau roman, il y est question de silences, de secrets, d’obstacles rencontrés par les milieux populaires, des années 1957 à 1997.
145 pages qui touchent directement le ♥️
Dans la wilaya de Sétif, en A1gérie, en 1959, Naja élève seule ses trois filles Maryam, Sonia et Nour, son mari Saïd a été recruté six mois plus tôt pour travailler à Paris dans une usine automobile. À peine âgée de vingt-six ans, elle vit déjà dans l’angoisse de la perte, elle a perdu son petit garçon Ismaël d’une angine de poitrine, il avait trois ans et elle craint que son mari ne revienne pas non plus…
Mais, en 1964, la guerre était finie et Saïd a assez d’argent pour faire venir sa famille en région parisienne.
Cependant, très vite, Naja déchante en découvrant l’appartement et surtout, son mari n’est plus le même, il avait vieilli brutalement.
Quand Naja tombe enceinte, leurs conditions de vie étant très rudimentaires, la question se pose de savoir comment l’accueillir. La question semble réglée mais une surprise va modifier quelque peu leur plan, Naja va donner naissance à des jumeaux !
Avec Soleil amer, Lilia Hassaine signe un roman psychologique et historique. Au fil de trois périodes qui découpent le roman, les années 1960, les années 1970 et les années 1980, elle aborde la question de l’intégration des populations algériennes dans la société française. Elle nous fait comprendre leur évolution d’autant mieux qu’avec ces deux frères, elle nous immerge dans deux milieux très différents.
Elle montre bien comment ces immigrés oscillent entre les deux pays, entre le désir de rentrer au bled et le rêve que leurs enfants s’intègrent, et comment ils sont l’immigré dans le regard des Français et comment ils le deviennent également lorsqu’ils retournent en Algérie.
Il est particulièrement intéressant de pénétrer dans cette cité HLM des années 60, l’utopie du vivre-ensemble, avec cette diversité sociale, ce mélange de populations, de cultures, de religions. On voit bien également comment ces cités, en 1960, toute neuves, se sont peu à peu dégradées et ont progressivement été abandonnées.
Élément ignoré pour ma part, nombre d’Algériens étaient recrutés chez eux pour leur robustesse et leur résistance, fournissant ainsi une main d’œuvre bon marché.
De même, aucun chiffre, aucune statistique n’a témoigné de l’épidémie de Sida qui a fait une hécatombe dans les banlieues dans les années 80 : « À la télévision, on parlait des acteurs homosexuels,,. des stars Hollywood, des écrivains à succès, mais la maladie se répandait aussi dans les périphéries urbaines, là où le chômage rampant et la misère avaient déjà fait des ravages. »
C’est aussi tout le mystère qui entoure la gémellité que Lilia Hassaine soulève.
Sans savoir qu’ils sont jumeaux, en vivant dans deux familles différentes, Daniel et Amir seront toujours liés et soudés quelles que soient les situations, chacun comprenant et ressentant les joies et souffrances de l’autre intuitivement.
Certes, les deux garçons que l’on suit de l’enfance à la fin de l’adolescence sont le fil rouge du roman, mais c’est quasiment l’ensemble des personnages féminins, même si Naja a un rôle majeur, qui sont remarquables et flamboyants. Leurs sentiments sont dépeints avec une grande sensibilité et beaucoup de justesse. Quant à la force de ces femmes, leur patience ou leur rébellion, tout simplement admirable, l’auteure la restitue de manière grandiose et touchante.
Une scène m’a émue aux larmes, lorsque Maryam, profitant de la fête foraine, est sur le point de fuguer, voulant échapper à un mariage forcé. Son petit frère Amir, trois ans, très sensible mais ne parlant pas, va alors lui adresser son premier mot : « Reste ».
Soleil amer, deuxième roman de Lilia Hassaine, pourrait se situer entre témoignage et fiction, le romanesque se déroulant dans un contexte historique. Relativement court et cependant très dense et très riche, il présente une histoire intense et passionnante qui, malgré la réussite de quelques-uns, m’a cependant laissé un petit sentiment d’amertume devant tant de vies gâchées.
Il n’est pas du tout étonnant que ce roman ait figuré sur la liste des quinze livres retenus pour le Prix Goncourt 2021 !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Avec Soleil amer, je découvre une autrice que je ne connaissais pas.
Dans ce roman à la fois réaliste et nostalgique, Lilia Hassaine me fait prendre conscience de ce que représente l’arrachement au pays de ces familles venues vivre en France pour suivre un mari qui travaille dur afin de tenter de donner une vie décente à sa femme et assurer un avenir à leurs enfants.
Soleil amer, avec des chapitres courts, percutants, débute en 1959 pour se terminer en 1997.
Lilia Hassaine note soigneusement les années pour que son lecteur suive bien l’évolution de ses principaux personnages.
Ceux-ci se nomment Daniel et Amir. Leur naissance cache un secret que je me garderai bien de révéler. Naja a 26 ans et vit dans la Wilaya de Sétif, en Algérie.
Son mari, Saïd, est parti depuis six mois et travaille, en région parisienne, dans une usine produisant des automobiles. Finalement, Naja le rejoint avec ses trois filles : Maryam, Sonia et Nour. Naja qui ne sait ni lire ni écrire, est à nouveau enceinte.
Le frère de son mari, Kader, a épousé une Française, Ève ; une femme qui subjugue Naja. Kader réussit dans son travail : une chocolaterie en Belgique.
À partir de là, je suis deux garçons : Amir et Daniel. L’un vit chez Naja et Saïd, l’autre chez Ève. Beaucoup de péripéties jalonnent le récit mené par Lilia Hassaine, un récit rythmé par quantité d’événements, moments de bonheur et de malheurs, la vie quoi !
Si Daniel est fort et développé, Amir a beaucoup de problèmes. Non seulement il est chétif mais durant sa petite enfance, il ne parle pas. Daniel le protège. À l’école, il n’hésite pas à être violent pour éloigner ceux qui s’en prennent aux plus faibles, comme Amir.
Tout au long de ce roman, l’arrachement au pays d’origine cause bien des tensions. Pour les enfants de Naja et Saïd, la France est leur pays même si leurs parents tentent d’éveiller leur esprit pour qu’ils prennent conscience de cette dualité difficile à accepter.
Toutes ces familles d’origine algérienne sont logées dans ces barres d’immeubles construites au début des années 1970, ces HLM édifiés rapidement. C’est la banlieue où tout se passe bien au début.
Si Maryam est mariée en Algérie par son père, ses deux sœurs ne subiront pas le même sort. Quant à Amir, il va souvent dans la famille de Daniel où il est choyé par Ève.
Un peu plus tard, c’est Daniel qui est recueilli par Naja et Saïd car Ève a subi un grave accident et a été hospitalisée de longs mois. Quand Kader, chaque dimanche, vient chercher Daniel, celui-ci n’apprécie pas, tellement il vit en parfaite complicité avec Amir.
En 1977, dans l’usine où travaille Saïd, un événement révélateur se produit lorsque celui-ci se voit proposer une promotion. Pour la première fois, il se fait traiter de « Bougnoule » et, la mort dans l’âme, préfère refuser cet avancement qui aurait permis à sa famille d’améliorer ses conditions de vie.
C’est l’arrivée au pouvoir de Giscard qui amplifie le racisme. En effet, ce Président décide d’offrir 10 000 francs à chaque Algérien qui retourne au pays. De plus, les conditions de vie dans ces quartiers de banlieue se dégradent rapidement avec l’arrêt des aides qui permettaient animations, nettoyage des immeubles et de leurs abords.
Lilia Hassaine me conduit ainsi dans les années 1980 avec la drogue qui commence à envahir les cités. Amir, devenu un élève brillant, pour payer ses études de médecine, refuse l’argent proposé par Ève. Pour y arriver, il travaille très tôt le matin dans la boulangerie d’un certain Gilbert.
Amir, Sonia et Nour ont grandi et tentent de faire leur place dans la société. Amir, Daniel et leur copain Miloud font la fête, vont en boîte mais, dès 1987, une maladie sans nom commence à faire des ravages dans la jeunesse…
Ce parcours démontre les liens étroits entre la France et l’Algérie. Il rappelle la guerre d’Algérie, les Harkis et les manifestations pacifiques réprimées sauvagement par notre police.
Avec ces vies qui défilent, Lilia Hassaine me rappelle toutes ces années difficiles dont les conséquences n’ont pas disparu aujourd’hui. Il suffit de consulter les déclarations de certains hommes et femmes politiques.
J’ai bien apprécié ce roman au plus près de ce qu’ont vécu ces familles arrachées à leur pays d’origine qui ont eu beaucoup de peine à faire leur place en France. Il ne faut pas oublier cela et c’est bien que Soleil amer fasse partie des huit romans retenus pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives car je n’en avais jamais entendu parler jusqu’ici.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
« Soleil amer » est un très joli livre. A travers l’histoire de cette famille d’immigrés algériens en France, le lecteur mesure bien l’étendue du déracinement que pouvait représenter ce départ, mais aussi les difficultés qu’une intégration dans leur pays de destination pouvait représenter. Les espoirs initiaux d’une nouvelle vie prospère ont rapidement laissé la place à désillusion et ressentiment. Le chômage et le racisme sont rapidement devenus le quotidien de personnes confrontées au désinvestissement de l’état envers une population invisibilisée pour laquelle les cités, d’idéal de vie en commun sont devenues le tombeau de leurs espoirs. « Soleil amer », c’est aussi le roman de la condition féminine, de ces mères qui doivent quitter leur pays pour suivre leur mari et qui voient leurs filles à leur tour souffrir et chercher une émancipation qu’elles ne pouvaient pas plus trouver que leurs mères à l’époque. Les personnages féminins du roman sont d’ailleurs particulièrement réussis et lumineux, chacune dans tentant de trouver sa voie à sa manière. Mais toutes ne sont pas dénuées d’une véritable amertume, à l’image du titre du livre, devant ces doubles limites qui les enferment : l’intégration et l’émancipation. Et si la situation a évidemment changé depuis l’époque du roman, force est de constater qu’il trouve encore un véritable écho dans notre société contemporaine. Un livre tout en nuances et en finesse qui saura vous emporter avec lui.
Lorsqu’au début des années soixante, Naja quitte l’Algérie avec ses trois filles pour rejoindre son mari Saïd, ouvrier dans l’industrie automobile, son arrivée en France est un désenchantement. Leurs conditions de vie rendent même problématique l’élargissement de la famille au quatrième enfant à naître…
De la création pleine d’espoir des cités HLM à leur ghettoïsation progressive, c’est l’histoire de l’intégration des populations algériennes en France qui défile dans ces pages, en une cascade de désillusions toute entière contenue dans l’oxymore du titre emprunté à Rimbaud. Arrivé le premier, Saïd, le père, est loin d’avoir pu préparer pour les siens une existence aussi séduisante qu’escompté. En mère-courage et au prix d’un impossible secret qui rejaillira, leur vie durant, sur toute la famille, Naja tâche d’élever au mieux ses enfants, sans parvenir à les préserver complètement. Tandis que les filles se voient, en plus, confrontées aux limitations de la condition féminine traditionnelle, tous se retrouvent coincés dans une dualité biculturelle qui les condamne à n’être aux yeux de tous, en France comme en Algérie, que d’éternels intrus sans complète appartenance. Et pendant que leur cité HLM, symbole de confort et de modernité dans les années soixante, se vide peu à peu de ses classes moyennes pour ne bientôt plus regrouper que les déshérités incapables de partir vivre ailleurs, préjugés et déterminisme social génèrent chez les jeunes générations de bien cruelles désillusions.
Construit autour de personnages multiples que l’on perçoit volontiers représentatifs, le récit pose sans candeur ni misérabilisme les questions de l’intégration et des obstacles à l’ascension sociale. La narration résonne particulièrement des difficultés propres aux femmes, qui, entre tradition et modernité, peinent encore davantage à trouver leur place. Pourtant, s’inscrivant bien avant la violence qui enferment les cités sur elles-mêmes aujourd’hui, elle évoque une situation alors encore ouverte sur l’espoir. Ainsi, chacune des trois filles de Saïd et Naja réussit un peu plus à s’émanciper que la précédente, l’accès à l’éducation ouvre de nouvelles portes, et le roman s’achève sur une réconciliation identitaire réussie pour un des fils et pour ses propres enfants.
Relativement courte, la narration épouse le rythme « stroboscopique » d’une succession commentée de flashes photographiques. Placé en observateur extérieur, le lecteur n’y trouvera ni grande émotion, ni intensité psychologique, mais une chronique efficace et pertinente, agréable à lire et pleine de beaux passages.
Amer(e), comme la mer qui sépare la France de l'Algérie
Amer(e), comme la vie réelle en France pour les algériens émigrés
Amer, comme le bilan d'une vie de labeur d'une femme algérienne en France
Des grimaces comme quand on croque dans un citron, rejet et envie mêlés.
Naja, jeune mère de trois filles, restée dans les Aurès en attendant de pouvoir rejoindre son mari Said ouvrier en France. Finalement c'est le grand départ vers l'inconnu, froid et gris, tout le contraire de son pays ensoleillé.
L'arrivée n'est pas joyeuse, les conditions de vie difficiles, adoucies par la présence amicale du frère de Saïd marié à Eve, une jeune femme française.
Catastrophe des catastrophes, Naja se retrouve enceinte et donne finalement naissance à deux garçons.
La suite vous la découvrirez tous seuls, par petites touches, petits coups de pinceaux, des points douloureux au toucher, sur lesquels ils ne faut pas appuyer de peur de tout faire exploser.
La vie dans les années 70 même après Mai 68 est douloureuse pour les femmes, émigrées ou pas, pour les filles élevées en France également : elles doivent se soumettre aux diktats des pères, se marier ou être mariées au pays, là bas, de l'autre coté de la Méditerranée. Même en France a liberté se gagne à la force du poignet, à coups de sacrifices et de renoncements, pour les garçons comme pour les filles.
Un livre puissant, traitant de nombreux sujets encore d'actualité, peut être un peu trop nombreux pour faire plus que les effleurer, certains auraient mérité d’être davantage développés.
Le fil rouge de ce roman est le secret ou plutôt les secrets, l'un entraînant l'autre et ainsi de suite, notre vie serait elle la même sans les secrets, ceux de nos ancêtres, les nôtres également et ceux qui nous attendent au tournant du futur?
Dans les années 60, Naja et ses filles quittent l’Algérie pour rejoindre son mari Saïd, parti travailler en France. Elles quittent l’Algérie pleines de rêves et d’espoir, et découvrent un univers froid, et austère. Ils vivent dans un petit appartement, dans le gris de barres d’immeubles HLM. Rapidement, Naja tombe enceinte de jumeaux. Leur situation financière ne leur permet pas de garder les deux enfants et ils doivent trouver une solution…
Lilia Hassaine a une plume singulière et agréable, c’est certain. Dans ce second roman, elle aborde beaucoup (trop) de thèmes : gémellité, secret de famille, immigration, classes sociales, insertion sociale, viol, drogue, sida… et tout ça dans un roman de 150 pages… Ambitieux programme… du coup en pâtissent les personnages, les intrigues et les thèmes qui sont à peine abordés. J’ai trouvé ce roman agréable à lire mais un peu fourre-tout et, donc, inachevé. J’ai l’impression que l’histoire du secret de famille n’est pas exploitée jusqu’au bout. Je termine ce roman un peu sur ma faim et, peu emballée par la fin justement.
Ce roman a des qualités et notamment son titre qui est, je trouve, extrêmement approprié et résume le sentiment qui en ressort. Le thème fort du roman est celui de l’immigration, ces femmes et hommes qui ne trouvent ni leur place en France, leur pays d’accueil, ni en Algérie, qu’ils ont quittée.
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