80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
Peut-on observer et analyser la souffrance humaine avec la distance qu'exigent les sciences sociales ? C'est cette question qui hante le narrateur, anthropologue salarié pour évaluer le fonctionnement d'une institution pour adolescents en rupture familiale. Il observe les habitudes de vie dans ce lieu clos, les rapports entre éducateurs et adolescents afin d'en pointer les dysfonctionnements. Aux frontières des genres - récit intime, essai d'anthropologie, fiction familiale - cet ouvrage inclassable présente une forme inédite. Les méthodes des manuels et les grandes théories des sciences sociales conduisent l'auteur à l'impasse. Pour répondre au malaise provoqué par la voix irréelle et désaffectée de l'étrange Joy, il néglige le caractère 'froidement scientifique' de sa mission, et son étude va se focaliser sur le comportement singulier de cette adolescente. Il esquisse, au fil de ses observations, plusieurs pistes théoriques, abandonnées aussitôt qu'entreprises. Rattrapé par des signaux sensibles inattendus, il écoute les enregistrements des conversations, caché dans les toilettes, son bureau officieux, sous le regard usé d'un poster de Britney Spears. L'intonation de la voix de Joy, le regard taché de la chanteuse, le renvoient à ses fantômes. Ce n'est pas l'histoire de l'adolescente qui le trouble, c'est la souffrance qu'elle dégage et qui résonne en lui. Nouvelle Nadja, elle devient l'élément déclencheur d'une introspection involontaire qui le plongera dans les méandres de sa propre histoire. Éric Chauvier montre finement que la machine humaine est réfractaire à toute tentative de classification. Nos existences sont reliées les unes aux autres par des anomalies que nous nous efforçons d'étouffer afin de mieux nous en protéger. Mais si l'on parvient à les sonder, elles mènent à une compréhension inédite de soi, qui constitue la base d'une perception nouvelle des autres. L'observation réalise l'observateur.
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