Ils avaient été repérés par les libraires ou par nos explorateurs, ils sont reçu des prix à l'automne 2015
« Dans ma famille, on se tuait de mère en fille. Mais c'est fini. Il y a longtemps déjà, je me suis promis que cela devait s'arrêter avec moi. Ou plutôt, avant moi. Sauve qui peut la vie ! J'aime cette expression. C'est le titre d'un film de Jean-Luc Godard de 1980. Mais lui, il avait mis des parenthèses à (la vie), comme une précision, une correction de trajectoire. Le sauve-qui-peut, c'est la débandade, la déroute. Le sauve qui peut la vie, c'est la ligne de fuite, l'échappée parfois belle. J'en fais volontiers ma devise. Il m'a fallu du temps pour comprendre que ce qui était une manière d'être - une tendance à parier sur l'embellie, un goût de l'esquive, un refus des passions mortifères, une appétence au bonheur envers et contre tout -, avait aussi profondément influencé ma façon de penser.
Tel est le sujet de ce livre. Il commence par un récit familial, intime. C'est un registre auquel je m'étais jusqu'ici refusée. Moi qui ai si souvent sollicité, dans mes enquêtes, de longs entretiens biographiques, suis toujours restée discrète sur ma propre histoire et celle de ma famille. Certes, je montrais le bout du nez de mon implication, persuadée qu'il fallait assumer cette part motrice (et non maudite !) de toute recherche. Mais j'en restais là. Peut-être que chaque livre arrive à son heure. Cette fois, c'est donc mon récit qui est matière à réflexion. Je m'appuie sur lui pour développer quelques idées qui me tiennent à cour. J'ai plus que jamais envie de les défendre aujourd'hui, face à la montée des préjugés, de l'injustice, de l'intolérance et contre l'accablement qui en résulte et se répand. Je souscris à cet "optimisme de la volonté" dont parlait Antonio Gramsci, qui n'est pas une détermination obtuse, ni une confiance naïve, mais bien la seule réponse possible au "pessimisme de l'intelligence".
J'aimerais que ce texte, écrit sur fond de drames passés, collectifs et privés, soit une lecture revigorante, une sorte de fortifiant pour résister au mauvais temps présent. » N.L.
Ils avaient été repérés par les libraires ou par nos explorateurs, ils sont reçu des prix à l'automne 2015
Je suis certainement passée à côté de ce livre…
En le commençant, le sujet semblait clair mais plus ma lecture avançait plus les idées se chevauchaient, passant de considérations personnelles à des études sociologiques, philosophiques, sociétales…
Ma déception vient peut-être aussi de mon questionnement sur l’objectif de cet ouvrage. Est-ce un besoin de l’auteure de disserter sur sa famille et sur son histoire ? A-t-elle voulu interpeller les lecteurs sur des sujets de société tels que le suicide, la Shoah, le statut compliqué d’un immigré ?
Je reste dubitative sur son utilité éditoriale. Ce document, qui a certes des qualités stylistiques indéniables, me semble trop général ou pas assez intime pour susciter l’intérêt d’individus étrangers à l’histoire personnelle de la narratrice.
Avec ce court texte, la sociologue Nicole Lapierre livre un témoignage rare et inclassable, entre autobiographie et réflexion vivifiante sur le monde d'aujourd'hui.
Dans « Sauve qui peut la vie », dont elle emprunte le titre à un film de Jean-Luc Godard, Nicole Lapierre revient tout d'abord sur son lourd passé familial. Elle commence ainsi son livre : « Dans ma famille on se tuait de mère en fille ». Elle raconte alors les suicides de sa sœur puis de sa mère. Elle retrace aussi l'histoire de son père, Israël Lipsztejn, médecin, né à Plock en Pologne et celle de sa mère, Gilberte Schtitser, fille d'immigrés polonais arrivés en France en 1905 qui firent fortune dans la plume.
Elle évoque aussi comment au cours de sa carrière de sociologue, elle s'est servi de ce puissant matériau intime et s'en est libéré pour aller vers une réflexion plus ample. Les recherches qu'elle a mené, ont ainsi souvent été liées à son histoire familiale.
Dans ce texte, elle développe aussi avec un grand esprit de synthèse ses réflexions sur les thèmes qui lui tiennent à cœur : l'immigration, la mémoire, le changement de patronyme...
L'intellectuelle explique qu'elle a toujours refusé « les logiques de place » qui donnent naissance aux préjugés et aux clichés, tout comme le déterminisme. Elle rejette aussi la nostalgie qui idéalise le passé et empêche d'avancer, et invite au contraire à se saisir du passé pour rebondir. Ce texte où l'universel côtoie l'intime, est avant tout résolument optimiste, et plein d'espérance.
J'avoue avoir lu ce texte deux fois afin de m'en imprégner et pour bien saisir la mesure de chaque propos. J'ai particulièrement été touchée par ses réflexions sur les migrants, qu'elle propose de voir non comme des victimes mais comme des « aventureux des temps modernes », à la fois audacieux, courageux, volontaires, et acteurs de leur vie.
Nicole Lapierre signe avec « Sauve qui peut la vie », un texte d'une grande intelligence, qui invite à sortir d'un mode de pensée simpliste et qui sonne comme la leçon d'une vie.
Nicole Lapierre livre dans ce mince livre une réflexion sur l'exil à travers sa réflexion et sa propre histoire. Mais ce n'est pas le seul sujet grave qu'aborde la sociologue et anthropologue. Nicole Lapierre parle aussi de la mort qui fut, dans sa famille, comme un héritage de mère en fille. L'écriture est légère malgré l'importance des sujets abordés. Et c'est avec beaucoup d'intelligence, de pudeur et de gravité que Nicole Lapierre mène sa réflexion à bien.
Témoignage de l’auteur sur sa famille et les drames qui ont bouleversé sa vie, cette série de suicides qui ont touché les femmes de sa famille. Elle raconte aussi la grande histoire, l’émigration de son père de Pologne (Lodz) à Paris, la rencontre de ses parents. Les histoires et les légendes familiales dans la première partie du livre. La perte des disparus, la chance de la famille pendant la guerre et cette attraction pour la mort, dont même elle a été victime. L’ombre de sa mère et de sa sœur plane autour d’elle mais elle a choisit une autre voie, celle de la vie, de rassembler sa famille.
Mais l’auteur est avant tout une scientifique, elle analyse, dissèque son histoire pour en tirer une leçon. Elle donne de nombreuses références à des poètes comme Saint John Perse, George Pérec, des philosophes comme Jankélevitch, des sociologues. Le sujet est grave et pourtant on suit la plume de l’auteur qui se dévoile et explique les motivations de ses travaux en tant que chercheuse qui ont parfois rejoint son histoire sur les changements de noms, la mémoire.
Sujet difficile, intime et pourtant universel qui se lit rapidement, qui questionne sur le rapport à la mort, à la famille. Avec une écriture qui est très scientifique et une volonté d’analyse poussée.
L’auteur livre aussi une réflexion sur la transmission d’une mémoire juive, sur la mise en place du devoir de mémoire et la concurrence des victimes en histoire à partir des années 2000.Elle raconte son parcours professionnel, livre une analyse intéressante sur les migrations, la perception de l’autre. Elle délivre un message optimiste sur le fait qu’on peut se construire même avec un héritage difficile, qu’il faut continuer de se battre pour ses idées et s’ouvrir à l’autre. J’ai apprécié cette réflexion mais j’ai eu l’impression de lire 2 livres, un livre en partie témoignage et un essai sociologique sur le monde d’aujourd’hui, sur la mémoire ce qui est parfois déstabilisant, donc mon avis est plutôt mitigé. Même si je partage la philosophie de l’auteur sur l’ouverture aux autres, le fait de ne pas se laisser enfermer dans son passé ou une assignation identitaire.
http://eirenamg.canalblog.com/archives/2015/11/29/32999268.html
. ;Nicole Lapierre, née Lipsztejn, est née en France en 1948. Sa famille paternelle, juive, est issue de Pologne, de Lodz exactement , et a subi les affres de la seconde guerre mondiale; d'où une famille éclatée, massacrée, dispersée, déportée.
Devenue sociologue, anthropologue, directrice de recherche au CNRS, mère de famille, grand-mère, épouse d'Edwy Plenel, Nicole Lapierre se replonge dans ses racines, relate les drames intimes qui l'ont construite.
On peut comprendre le titre de son ouvrage tiré d'un film de Jean-Luc Godard.
En effet sa grand-mère est morte lors de l'explosion accidentelle de son appartement à Nice(et si c'était un suicide?)
Sa sœur aînée Francine , dépressive se pend à l'âge de 42ans, elle a une fille de 18 ans.
Huit années plus tard, leur mère, lasse de vivre se jette d'un pont sur le périphérique.
Après de tels malheurs, il fallait vivre, protéger les siens et stopper cette spirale mortifère.
C'est ce à quoi s'est attelée l'auteur ; un grand chapitre essaie de démonter les mécanismes du suicide à grand renfort de références philosophiques ou sociologiques, puis vient l'importante partie traitant de la judéité.
La famille a obtenu le nom de Lapierre en 1960, pensant toujours à la protection future des enfants. Etudiante, l'auteur adhère aux Jeunesses Communistes Révolutionnaires, avec une sympathie particulière pour Trotski, maître à penser certes, mais aussi exilé persécuté.
Venu le temps du travail, le militantisme lasse , mais « la recherche des racines et cultures régionales devient évident »(G.Perec). Les années 80 sont celles de la mémoire juive, E.Morin, A.Finkelkraut entre autres exposent leur doute quant aux retombées d'un renouveau juif fondé sur la Shoah.
De nombreuses notes de bas de pages laissent à lire un document sociologique fort documenté, mais la parie biographique me semble manquer de chair ; certes ce n'est pas un roman, quoique! je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion dans ce texte, par contre N. Lapierre forme bien un rempart contre le malheur pour sa propre famille sur laquelle elle est d'une discrétion exemplaire.
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