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Je suis certainement passée à côté de ce livre…
En le commençant, le sujet semblait clair mais plus ma lecture avançait plus les idées se chevauchaient, passant de considérations personnelles à des études sociologiques, philosophiques, sociétales…
Ma déception vient peut-être aussi de mon questionnement sur l’objectif de cet ouvrage. Est-ce un besoin de l’auteure de disserter sur sa famille et sur son histoire ? A-t-elle voulu interpeller les lecteurs sur des sujets de société tels que le suicide, la Shoah, le statut compliqué d’un immigré ?
Je reste dubitative sur son utilité éditoriale. Ce document, qui a certes des qualités stylistiques indéniables, me semble trop général ou pas assez intime pour susciter l’intérêt d’individus étrangers à l’histoire personnelle de la narratrice.
Avec ce court texte, la sociologue Nicole Lapierre livre un témoignage rare et inclassable, entre autobiographie et réflexion vivifiante sur le monde d'aujourd'hui.
Dans « Sauve qui peut la vie », dont elle emprunte le titre à un film de Jean-Luc Godard, Nicole Lapierre revient tout d'abord sur son lourd passé familial. Elle commence ainsi son livre : « Dans ma famille on se tuait de mère en fille ». Elle raconte alors les suicides de sa sœur puis de sa mère. Elle retrace aussi l'histoire de son père, Israël Lipsztejn, médecin, né à Plock en Pologne et celle de sa mère, Gilberte Schtitser, fille d'immigrés polonais arrivés en France en 1905 qui firent fortune dans la plume.
Elle évoque aussi comment au cours de sa carrière de sociologue, elle s'est servi de ce puissant matériau intime et s'en est libéré pour aller vers une réflexion plus ample. Les recherches qu'elle a mené, ont ainsi souvent été liées à son histoire familiale.
Dans ce texte, elle développe aussi avec un grand esprit de synthèse ses réflexions sur les thèmes qui lui tiennent à cœur : l'immigration, la mémoire, le changement de patronyme...
L'intellectuelle explique qu'elle a toujours refusé « les logiques de place » qui donnent naissance aux préjugés et aux clichés, tout comme le déterminisme. Elle rejette aussi la nostalgie qui idéalise le passé et empêche d'avancer, et invite au contraire à se saisir du passé pour rebondir. Ce texte où l'universel côtoie l'intime, est avant tout résolument optimiste, et plein d'espérance.
J'avoue avoir lu ce texte deux fois afin de m'en imprégner et pour bien saisir la mesure de chaque propos. J'ai particulièrement été touchée par ses réflexions sur les migrants, qu'elle propose de voir non comme des victimes mais comme des « aventureux des temps modernes », à la fois audacieux, courageux, volontaires, et acteurs de leur vie.
Nicole Lapierre signe avec « Sauve qui peut la vie », un texte d'une grande intelligence, qui invite à sortir d'un mode de pensée simpliste et qui sonne comme la leçon d'une vie.
Nicole Lapierre livre dans ce mince livre une réflexion sur l'exil à travers sa réflexion et sa propre histoire. Mais ce n'est pas le seul sujet grave qu'aborde la sociologue et anthropologue. Nicole Lapierre parle aussi de la mort qui fut, dans sa famille, comme un héritage de mère en fille. L'écriture est légère malgré l'importance des sujets abordés. Et c'est avec beaucoup d'intelligence, de pudeur et de gravité que Nicole Lapierre mène sa réflexion à bien.
Témoignage de l’auteur sur sa famille et les drames qui ont bouleversé sa vie, cette série de suicides qui ont touché les femmes de sa famille. Elle raconte aussi la grande histoire, l’émigration de son père de Pologne (Lodz) à Paris, la rencontre de ses parents. Les histoires et les légendes familiales dans la première partie du livre. La perte des disparus, la chance de la famille pendant la guerre et cette attraction pour la mort, dont même elle a été victime. L’ombre de sa mère et de sa sœur plane autour d’elle mais elle a choisit une autre voie, celle de la vie, de rassembler sa famille.
Mais l’auteur est avant tout une scientifique, elle analyse, dissèque son histoire pour en tirer une leçon. Elle donne de nombreuses références à des poètes comme Saint John Perse, George Pérec, des philosophes comme Jankélevitch, des sociologues. Le sujet est grave et pourtant on suit la plume de l’auteur qui se dévoile et explique les motivations de ses travaux en tant que chercheuse qui ont parfois rejoint son histoire sur les changements de noms, la mémoire.
Sujet difficile, intime et pourtant universel qui se lit rapidement, qui questionne sur le rapport à la mort, à la famille. Avec une écriture qui est très scientifique et une volonté d’analyse poussée.
L’auteur livre aussi une réflexion sur la transmission d’une mémoire juive, sur la mise en place du devoir de mémoire et la concurrence des victimes en histoire à partir des années 2000.Elle raconte son parcours professionnel, livre une analyse intéressante sur les migrations, la perception de l’autre. Elle délivre un message optimiste sur le fait qu’on peut se construire même avec un héritage difficile, qu’il faut continuer de se battre pour ses idées et s’ouvrir à l’autre. J’ai apprécié cette réflexion mais j’ai eu l’impression de lire 2 livres, un livre en partie témoignage et un essai sociologique sur le monde d’aujourd’hui, sur la mémoire ce qui est parfois déstabilisant, donc mon avis est plutôt mitigé. Même si je partage la philosophie de l’auteur sur l’ouverture aux autres, le fait de ne pas se laisser enfermer dans son passé ou une assignation identitaire.
http://eirenamg.canalblog.com/archives/2015/11/29/32999268.html
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