"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Roman graphique avec les illustrations de Kubra Khademi et un texte de Nicole Lapierre. Une intrigue autobiographique sur sa jeunesse, l'exil, une quête de liberté, avec l'héroïne "grande" on découvre une fratrie de dix la jeune fille est le sixième ,les inégalités quand on née dans cette société patriarcale et religieuse où les hommes ont tous les droits et les femmes humiliée, battue, violée et persécuté. On y voit des scènes du quotidien, sujets difficiles et cruelles, des note insolente et tendre, une critique avec des dessin parfois léger contre le fanatisme.
Je suis certainement passée à côté de ce livre…
En le commençant, le sujet semblait clair mais plus ma lecture avançait plus les idées se chevauchaient, passant de considérations personnelles à des études sociologiques, philosophiques, sociétales…
Ma déception vient peut-être aussi de mon questionnement sur l’objectif de cet ouvrage. Est-ce un besoin de l’auteure de disserter sur sa famille et sur son histoire ? A-t-elle voulu interpeller les lecteurs sur des sujets de société tels que le suicide, la Shoah, le statut compliqué d’un immigré ?
Je reste dubitative sur son utilité éditoriale. Ce document, qui a certes des qualités stylistiques indéniables, me semble trop général ou pas assez intime pour susciter l’intérêt d’individus étrangers à l’histoire personnelle de la narratrice.
Avec ce court texte, la sociologue Nicole Lapierre livre un témoignage rare et inclassable, entre autobiographie et réflexion vivifiante sur le monde d'aujourd'hui.
Dans « Sauve qui peut la vie », dont elle emprunte le titre à un film de Jean-Luc Godard, Nicole Lapierre revient tout d'abord sur son lourd passé familial. Elle commence ainsi son livre : « Dans ma famille on se tuait de mère en fille ». Elle raconte alors les suicides de sa sœur puis de sa mère. Elle retrace aussi l'histoire de son père, Israël Lipsztejn, médecin, né à Plock en Pologne et celle de sa mère, Gilberte Schtitser, fille d'immigrés polonais arrivés en France en 1905 qui firent fortune dans la plume.
Elle évoque aussi comment au cours de sa carrière de sociologue, elle s'est servi de ce puissant matériau intime et s'en est libéré pour aller vers une réflexion plus ample. Les recherches qu'elle a mené, ont ainsi souvent été liées à son histoire familiale.
Dans ce texte, elle développe aussi avec un grand esprit de synthèse ses réflexions sur les thèmes qui lui tiennent à cœur : l'immigration, la mémoire, le changement de patronyme...
L'intellectuelle explique qu'elle a toujours refusé « les logiques de place » qui donnent naissance aux préjugés et aux clichés, tout comme le déterminisme. Elle rejette aussi la nostalgie qui idéalise le passé et empêche d'avancer, et invite au contraire à se saisir du passé pour rebondir. Ce texte où l'universel côtoie l'intime, est avant tout résolument optimiste, et plein d'espérance.
J'avoue avoir lu ce texte deux fois afin de m'en imprégner et pour bien saisir la mesure de chaque propos. J'ai particulièrement été touchée par ses réflexions sur les migrants, qu'elle propose de voir non comme des victimes mais comme des « aventureux des temps modernes », à la fois audacieux, courageux, volontaires, et acteurs de leur vie.
Nicole Lapierre signe avec « Sauve qui peut la vie », un texte d'une grande intelligence, qui invite à sortir d'un mode de pensée simpliste et qui sonne comme la leçon d'une vie.
Nicole Lapierre livre dans ce mince livre une réflexion sur l'exil à travers sa réflexion et sa propre histoire. Mais ce n'est pas le seul sujet grave qu'aborde la sociologue et anthropologue. Nicole Lapierre parle aussi de la mort qui fut, dans sa famille, comme un héritage de mère en fille. L'écriture est légère malgré l'importance des sujets abordés. Et c'est avec beaucoup d'intelligence, de pudeur et de gravité que Nicole Lapierre mène sa réflexion à bien.
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