"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nigeria, 2066. La ville de Rosewater a poussé comme un champignon autour d'un biodôme extraterrestre mystérieusement apparu quelques années plus tôt et qui, depuis, suscite de nombreuses interrogations parmi la communauté internationale. Les habitants de Rosewater, eux, se fichent bien du comment et du pourquoi, tant que le dôme continue de dispenser ses guérisons miraculeuses lors de son ouverture annuelle. Karoo vit dans cette cour des miracles. Officiellement, il travaille comme agent de répression de la cyberfraude, mais il est aussi un membre du S45, une officine d'État chargée de missions plus ou moins discrètes qui l'a recruté en raison de ses pouvoirs psychiques, sans doute acquis au contact du dôme. Mais aujourd'hui, ses talents font de lui une cible...
Rose Water est un roman de science fiction qui se déroule dans un futur proche au Nigéria. Ca fait du bien d’être ailleurs qu’en Europe ou aux Etats-Unis.
Rose Water est une ville qui s’est créée autour d’un biodôme extra-terrestre. Une fois par an, le dôme s’ouvre et guéri toutes les personnes à proximité. Tout n’est pas parfait, ils guérissent de la façon qu’ils pensent être correct mais n’ont pas forcément en tête notre plan d’organisation. En parallèle de la formation du dôme, les micro-organismes du dôme ont créés un « superpouvoir » qui touche une petite tranche de la population. Certains humains, ont depuis accès aux pensées du restes de la population. Cet atout est à double tranchant car dans un monde où tout est stocké sur des puces implantées dans les corps, le piratage de données devient redoutable.
On suit le quotidien d’un personnage qui a un don particulièrement puissant, qui travaille plus ou moins pour le gouvernement et découvre que les autres personnes douées ont une fâcheuse tendance à mourir.
J’ai aimé ce héros plutôt anti-héros qui n’est pas manichéen, est un peu âgé donc avec de l’expérience. Il n’a pas toujours fait les bons choix, il navigue à vu comme il peut. Il n’a pas envie de travailler pour le gouvernement mais y est contraint à cause de son passé. J’ai apprécié les aspects culturels, la politique africaine, les traditions… qui sont distillés tout le long du roman. C’est très bien écrit, très agréable à lire, bien rythmé et original. Ce roman réussit à proposer un futur proche crédible en imaginant une évolution technologique proche de la notre en un peu plus poussé donc qui pourrait exister bientôt.
Juste un petit bémol : il est vraiment écrit petit, ce n’est pas une brique il y avait moyen de pas l’imprimer avec une police si petite.
C’était vraiment vraiment chouette et j’attends la suite avec grande impatience
Ce roman de Tade Thompson est ma première incursion dans la SF dite africaine, c’est à dire avec un auteur africain ou d’origine africaine, qui se situe majoritairement sur le continent africain. (si je me trompe, n’hésitez pas à me le dire !!!)
Tade Thompson est né à Londres de parents yorubas et a vécu son enfance au Nigéria avant de revenir en Angleterre. Il nous parle donc de lieux et paysages qu’il connait bien, mais aussi de sa culture, dont les croyances se mêlent habilement aux conséquences de l’apparition du biodôme de Rosewater. Pour moi qui n’ai jamais visité le continent africain, et qui n’en connaît, je dois l’avouer, pas grand chose, ce roman a été très dépaysant, voire déstabilisant par moments. En effet, dans un cadre pourtant bien réel, je ne visualisais pas du tout les différentes villes citées, ni les distances. Je me suis donc laissée portée comme dans un space ou planet opéra, visitant des lieux jusqu’alors inconnus, du moins de moi cette fois-ci !
Ce mélange de science-fiction et de traditions est extrêmement intéressant, certaines des conséquences du biodôme étant plus ou moins imputées aux dieux nigérians, yorubas en particulier. Les différentes croyances croisent la science, ou parfois les croyances scientifiques, quand aucune preuve tangible n’existe encore… Pour quelqu’un qui, comme moi, ne connais pas du tout la région ni les croyances, c’est une découverte passionnante.
Concernant le rythme du roman, la première moitié avance doucement, on découvre les protagonistes, dont Karoo, le personnage central, et la vie quotidienne autour du dôme. On effleure aussi le fonctionnement de ce biodôme, et ses origines. On découvre les pouvoirs psychiques de Karoo et de ses collègues, créant une toile proche de l’internet entre leurs cerveaux. Les choses se mettent doucement en place, et ça ne m’a pas plus gêné que ça, surtout dans un premier tome de trilogie.
On suit (tout au long du roman d’ailleurs), Karoo a deux époques, de nos jours, et au moment de l’apparition du biodôme, sans compter quelques incursions dans des périodes intermédiaires, lors de missions spécifiques, pour nous faire découvrir plus avant certains aspects de l’univers. Si les chapitres sont clairement indiqués, il m’a fallu un (court) temps d’adaptation pour bien me repérer dans l’espace temps, tout comme je l’évoquais concernant les lieux que je ne connaissais pas. Au bout de quelques chapitres, le rythme est pris, et j’ai suivi avec plaisir les pérégrinations du Karoo des deux époques. Cette alternance donne d’ailleurs un rythme intéressant, assez addictif. On a envie de connaître la suite des événements d’une époque, alors on se dit non pas « encore un chapitre et j’arrête », mais « encore deux chapitres et j’arrête ». Pour peu qu’on trouve une mission interlude entre les deux, c’est trois chapitres qui sont dévorés avant de s’en rendre compte !!! C’est très bien fait, et ça contrebalance la langueur de cette première moitié, qui prend vraiment le temps de poser l’univers et les personnages.
Dans la deuxième moitié, les événements s’enchaînent et s’emballent même. L’intrigue s’accélère, et les éléments de celle-ci fusent de partout, trouvant parfois leur résolution en quelques pages… J’ai été déstabilisée par ce changement de rythme, même si au bout du compte, il ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture. Je ne m’attendais pas à cette accélération, puisque je pensais que la suite allait s’équilibrer sur trois tomes. Cependant, il semblerait que les deux autres romans, s’ils se déroulent dans le même univers, se centrent sur d’autres personnages. La multiplicité des événements n’empêche pas leur intérêt, et j’ai trouvé un peu frustrante cette accélération, j’aurais aimé voir certains arcs narratifs plus développés…
Au bout du compte, j’ai beaucoup aimé ma lecture, l’originalité de l’univers mis en place tout autant que les lieux et caractéristiques des personnages qui me sont assez inhabituels. L’européen, quand il apparaît (rarement) dans le roman, est traité sous une perspective plutôt négative, le passé colonial et de traite négrière restant très vif dans les esprits. J’ai vraiment apprécié ce changement de perspective sur l’Histoire, cette découverte d’un monde qui m’était jusqu’alors presque inconnu. Je me plongerai avec plaisir dans la suite du roman, impatiente de découvrir quel sera le personnage central, et si il apparaît déjà dans ce premier opus. Je me plongerai aussi avec une curiosité accrue dans d’autres romans de SF africaine, dont Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor, qui attend sagement sur ma liseuse. Sa taille me faisait peur, mais la curiosité prend maintenant le pas sur l’inquiétude.
Ce roman, s’il est le premier tome d’une trilogie, peut tout à fait se lire indépendamment des autres. Toutefois, l’univers posé par l’auteur me donne une forte envie de découvrir la suite, maintenant que j’en sais un peu plus sur le biodôme… La parution du tome deux, toujours dans la collection Nouveaux Millénaires, est prévue en fin d’année, il me semble.
J’ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec les éditions J’ai Lu. Merci à eux pour la confiance.
https://leslecturesdesophieblog.wordpress.com/2019/05/22/rosewater-tade-thompson/
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