"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
René n'est à sa place nulle part. Ni dans l'appartement qu'il partage seul avec sa mère, femme absente, aux manières froides ; ni avec les autres enfants de son école ; ni dans cette ville canadienne trop grande.
Hypersensible, sauvage, il est sujet aux évanouissements durant lesquels il voyage dans des mondes fantasmagoriques. Au cours de l'un d'eux, il part à la recherche de son lapin qui s'est enfui.
René bascule alors dans un monde peuplé de créatures aussi terrifiantes que bienveillantes.
Sorcière sensuelle et cannibale en souffrance, ogre mangeur de lumière, créatures sans mémoire ou géant au coeur simple côtoient René, qui lui-même se métamorphose au gré des rencontres. Il devient Renée, fleur, chatte, arbre... Et revisite les mythes fondateurs des Premières Nations, peuples autochtones canadiens.
Mais, où s'arrête le rêve ? Et qui rêve véritablement ?
René, petit garçon à la recherche de son lapin ? René, homme au crépuscule de sa vie, à la recherche de ses blessures enfouies ?
Ou encore Judith, sa fille, à qui René révélera la terrible histoire de son enfance volée et de sa véritable identité par l'intermédiaire du rêve ?
Un avis mitigé sur ce roman graphique.
.
Même si j’étais assez tentée par ce graphique au départ, une histoire qui se déroule au Canada. Justement, en termes d’histoire, de scénario, je suis assez mitigée, par moment j’avoue m’être sentie perdue, je pense que je suis passée à côté de pas mal d’éléments.
.
Des éléments intéressants tout de même, l’histoire met en avant, la quête soi et d’identité. Mais j’ai vraiment eu du mal à accrocher…
.
Point positif, j’ai trouvé certaines planches vraiment magnifiques au niveau des couleurs.
René.e aux bois dormants_Elene Usdin
"Vermine je te dévore, je te digère" dit l’enfant "bats toi"
Un petit garçon à absence réinvente le monde pour le caresser plus sereinement. Il habite dans un pli d’une grande ville d’où l’orage crache son rhume noir et visqueux et raconte les peuples opprimés. Cachés dans la nuit, l'instinct de survie du monde d’en haut fait disparaître une poignée de nuage. Le manque de lumière les entraîne au tréfond du royaume des oublieux.
Lapin sucre doux s’échappe et l’histoire des civilisations chuchotées par les monstres aux dents blanches émerge. Le lapin tient le compte des larmes.
Un univers aride et généreux festoie, les couleurs éblouissent les ombres et la mort imprègne doucement la peau d’un père. De métamorphose l’âme en appelle aux racines arrachées qui ne trouvent jamais leur place, la vie confortable devenue entrave capture les enfants.
Un deux esprit mi-homme mi-femme découvre que l’on peut être adoré pour ce qui est.
Devenu un arbre libre, l'homme chahute au ciel et remercie la prêtresse mangeuse d’entrailles.
Une œuvre colorée et psychédélique traverse les tragédies en se rêvant forêt. Déroutant, inquiétant. Une poésie acharnée à maîtrise aiguisée.
Ah René, Renée,
Tant de beauté, de lyrisme, d'onirisme et de sensualité dans ce magnifique one-shot.
Je l'ai refermé la larme à l'oeil et déjà l'envie de m'y replonger, encore et encore.
Je n'ai pas vu la fin venir, quel choc et enchantement à la fois !
Bravo pour ce merveilleux tour de force et de poésie !
René semble perdu, il ne trouve pas sa place dans ce monde. La seule personne qui est importante à ses yeux et avec qui il trouve du réconfort n'est pas sa mère, mais son lapin Sucre Doux. Après s'être endormis dans leur cachette secrète, une cabane en carton.. Lapin n'est plus là... Sans perdre un instant, René part à sa recherche... Mais où est-il passé ? Et quel est ce monde fantasmagorique dans lequel il se trouve ? Heureusement, il n'est pas seul, un géant doux et rose va l'aider dans sa quête. Petit à petit, René devient Renée et rencontre d'étranges "personnes"... Mais ce voyage est plus complexe qu'il n'y paraît... Finalement qui est René ? Est-il ce petit enfant ? Est-elle cette jeune fille ? Ou est-il bien plus encore ?
J'ai lu de nombreux retours sur cette BD depuis sa sortie et ne me demandez pas pourquoi (je suis incapable de vous le dire), mais je ne l'avais pas encore lu. Déroutant et magnifique, ces mots reviennent souvent quand on parle de cette œuvre et maintenant je comprends pourquoi. C'est lors d'un voyage au Canada en 2017 qu'Elene Usdin découvre l'histoire des enfants natifs enlevés entre 1960 et 1980 pour être placés dans des familles blanches. Cette rafle est le départ de ce récit onirique où l'on aime se perdre dans de merveilleuses illustrations. Pour cette lecture, il faudra accepter de vous laisser porter pour découvrir enfin la réelle nature de l'histoire de René.e.
Il y a des BD qui vous marquent, des BD qui même fermées restent ouvertes au fond de vos yeux et de votre tête. Des BD qui vous font réfléchir, revenir en arrière, vous donnent envie de les relire pour mieux cerner la nature du message. Des BD qui vous font partir vous aussi dans un autre monde. René.e aux bois dormants, c'est tout cela en même temps et plus encore. Un très gros coup de cœur que je relirai encore et encore pour la redécouvrir à nouveau. Merci Elene.
Séduction et malaise à l’aperçu des planches, une ambivalence qui me pousse toujours à aller plus loin. Sans savoir ce qui m’attend, je me dirige dans ce bois aux couleurs hypnotiques mais qui quelque part m’inquiète…
Je découvre Elene Udsin avec ce voyage difficile à définir tant il est presque expérimental pour moi. Quête initiatique mêlant onirisme et métaphore, je connais, mais l’autrice apporte une richesse et un process qui happent, envoûtent, déroutent, interpellent… un bois dans lequel on se perd à y perdre pied alors que la réalité se dévoile peu à peu. Mon esprit préférant la beauté métaphorique fut rattrapé par la douleur de cette histoire… dans l’histoire.
Beauté métaphorique, poétique même psychédélique, suivre René.e fut une claque visuelle entre couleurs vives et l’austérité du noir et blanc. Ma rétine s’est amourachée des tableaux que nous offre Elene alors que les émotions m’envahissent.
Une traversée merveilleuse où la cruauté des faits m’a d’autant plus bousculée car je me suis lancée dans l’inconnue sans être prête à cette réalité inhumaine et douloureuse. Sans le vouloir une thématique qui m’est chère.
Bravo Elene pour ces bulles aussi belles que cruelles dont une relecture sera nécessaire un peu plus tard… lorsque mon petit cœur sera remis de toutes ces émotions transmises avec brio !
Comment définir l’album René.e aux bois dormants d’Elene Usdin paru aux Éditions Sarbacane ? Bande dessinée ? Roman graphique ? Difficile d’enfermer dans une case, des cases cet univers onirique, cette quête d’identité traitée par le biais de la métaphore, le rêve et la poésie. Un monde, des mondes, hauts en couleurs dans lesquels personnages et paysages se métamorphosent sans cesse. Un pur chef d’œuvre graphique dans lequel couleurs éclatantes et formes se font narration.
Il rêvait d’autres mondes
« Road-trip halluciné à la croisée des mythes.
René n’est à sa place nulle part. Ni dans l’appartement qu’il partage seul avec sa mère, femme absente, aux manières froides ; ni avec les autres enfants de son école ; ni dans cette ville canadienne trop grande. Hypersensible, sauvage, il est sujet aux évanouissements durant lesquels il voyage dans des mondes fantasmagoriques. Au cours de l’un d’eux, il part à la recherche de son lapin qui s’est enfui. René bascule alors dans un monde peuplé de créatures aussi terrifiantes que bienveillantes. Sorcière sensuelle et cannibale en souffrance, ogre mangeur de lumière, créatures sans mémoire ou géant au cœur simple, côtoient René, qui lui-même se métamorphose au gré des rencontres. Il devient Renée, fleur, chatte, arbre… Et revisite les mythes fondateurs des Premières Nations, peuples autochtones canadiens. Mais, où s’arrête le rêve ? Et qui rêve, véritablement ? René, petit garçon à la recherche de son lapin ? René, homme au crépuscule de sa vie, à la recherche de ses blessures enfouies ? Ou encore Judith, sa fille, à qui René révélera la terrible histoire de son enfance volée et de sa véritable identité, par l’intermédiaire du rêve ? »
Tel est le pitch extrêmement bien fait des Éditions Sarbacane. Chaque mot y est pesé et donne les grandes lignes du récit sans trop en dévoiler.
Les métamorphoses sont la clé même du récit puisqu’elles permettent à l’enfant en passant d’un état à un autre de franchir des seuils et progresser dans son histoire. Chaque transformation va lui permettre de savoir un peu plus d’où il vient et de découvrir ses ancêtres. Et c’est par le rêve qu’on va apprendre en fait les évènements tragiques et le drame qu’a vécus René.e.
Tableaux d’une narration
Artiste protéiforme, peintre de décors de cinéma, photographe et illustratrice de presse et de livres jeunesse, Elene Usdin signe là son premier roman graphique. Projet initié il y a une vingtaine d’années, elle le ressortira de ses tiroirs en 2017 après avoir trouvé lors d’un voyage à Montréal le fil conducteur du récit : l’épisode dramatique qui a frappé la population amérindienne dans les années 60.
Cet album est le fruit d’une véritable démarche artistique. Chaque planche est par sa composition même un véritable tableau en soi. Au commencement sont les couleurs, puis elles prennent forme pour nous raconter une histoire, des histoires. Cette utilisation de la couleur va permettre au lecteur de distinguer les différents fils temporels de l’histoire. Le rêve est un véritable feu d’artifice : on en prend plein les yeux ! La réalité ou plutôt le temps présent est décliné en camaïeu de gris. Monochromes bleus et rouges liés aux souvenirs ou flash-backs ponctuent le récit. Mais tout n’est pas si simple. Où et quand s’arrête le rêve ? Les frontières entre rêve, souvenir enfoui, et réalité sont poreuses. Priorité est donnée à l’image. Les dialogues, la voix off n’ont été posés à la main que lors de l’ultime étape, une fois le découpage achevé.
René.e aux bois dormants
Quel magnifique titre évocateur à la fois du conte et du rêve ! Le fil narratif a été construit à partir des propres rêves de l’autrice qui depuis très longtemps a pris l’habitude d’en garder une trace et en possède des carnets entiers. Ajoutons à cela l’univers des contes et des mythes du monde entier qu’elle connaît bien puisqu’elle a illustré entre autres de nombreux ouvrages de la collection Histoires noires de la mythologie (Nathan) et Mon tour du monde en 80 contes (Lito). Alors, mixant rêves et mythes, l’autrice donnera naissance à cet univers original, un univers animiste dans lequel, aux côtés de l’enfant au pyjama couleur de ciel guidé par Véhicule, le Deux-esprits dont le nom vient de la Mythologie Thibétaine, on croisera les esprits de la forêt chers à Miyazaki, le Mangeur de lumière qui semble tiré tout droit de l’univers de Francis Bacon ... jusqu’à la rencontre avec Isba, femme-oiseau bleue cracheuse de corbeaux descendante des Wendigos qui réalise les vœux des gens qui viennent la consulter.
L’album est truffé de références littéraires, picturales, cinématographiques. Pour n’en citer qu’une, la plus évidente, bien sûr est le clin d’œil à Lewis Caroll. Outre le fait que René part à la recherche de Sucre-doux, son lapin doudou qui connaît tous ses secrets, il va passer de l’autre côté du miroir, non pas par le terrier du lapin mais par le carton du frigo ou les cartons de cette ville froide dans laquelle il vit et qui va se teinter d’ expressionnisme dans ses rêves.
Maintenant, il ne vous reste plus qu’à ouvrir ce splendide album de près de 280 pages et je suis convaincue qu’envoûté.e par la beauté des planches, vous allez vous y plonger, vous laisser dériver au fil des rêves et en ressortir groggy, n’ayant qu’une envie, tout reprendre au début. Une rené.essence !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !