"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis des mois Caroff dérive dans la ville de Brest, sans bateau, sans métier, sans avenir. Ceux qui le connaissaient ne veulent plus entendre parler de lui. Par imprudence, il a perdu la vie d'un matelot de seize ans. Mais il a une femme, une Marie qui croit encore en lui, et une fille, Gaëlle. Alors pour s'en sortir, il accepte d'entrer dans une sale combine, sans imaginer que sur cette trajectoire-là il va risquer d'autres vies.
au fil des pages, on se doute que brieuc va trouver sur son chemin un autre marin , Caroff. Privé de bateau, il es t regardé d un drole d air depuis que son mousse est passé par dessus bord. Caroff rame aussi pour s en sortir financierement lui, sa femme et leur fille gaelle. pour larguer les amarres avec la poisse , il va tremper dans un trafic. Et croiser des petites frappes qui finalement ont le coeur tendre mais egalement des gens du coin pas commodes
voila pour la trame du livre où l on sent que le drame pointe le bout de son museau. Dans Rade arriere , ce n est meme pas Brest et son port de commerce le centre de son univers , ou encore Camaret et Sein , mais la rade tout simplement L auteur embarque son monde comme les petits bateaux font du yo yo sur des vagues puissantes.
On se sent aussi petits que les marins face à l immensité et à la dengerosité de l océan
https://poppylamangeusedelivres.wordpress.com/2019/02/14/rade-amere-cie/
C'est un bonheur chaque fois renouvelé que d'entendre les bretons parler de leur pays, de ces bouts de terroir entre terre et mer, un peu au bout du monde, et nous rappeler combien on l'aime nous aussi cette Bretagne !
Ici, les personnages naviguent entre Brest, Camaret et Le Faou. Ils s'aventurent au-delà de la baie de Douarnenez, à proximité de l'île de Sein et des grandes voies de circulation en mer d'Iroise. L'auteur prend un plaisir visible à nous parler de la Bretagne, même sous la pluie, de l'océan, de la force et de la beauté des éléments, de la nature. Nous sommes ici loin de la Bretagne des cartes postales. Nous naviguons entre la rade de Brest, celle des dockers et des marins pêcheurs, celle des troquets où les hommes viennent se réchauffer au retour de pêche, où les esprits s'échauffent et où l'alcool avive les rancœurs. L'auteur nous fait découvrir une Bretagne authentique, celle qui façonne des tempéraments solides et tourmentés. Dans cet environnement plein de caractère, nous rencontrons deux personnages à la personnalité également bien trempée : Jos Brieuc et Caroff. Tous deux sont à un tournant de leur vie et font des choix qui amèneront leurs routes à se croiser, au cœur de la tourmente.
Ronan Gouézec dépeint avec beaucoup d'émotion et d'âpreté le pays qui est le sien et dresse de très beaux portraits d'hommes. Son écriture offre également un grand plaisir au lecteur. Dès les premiers mots, les premières phrases, les premières pages, j'ai su que j'allais dévorer ce livre. Que j'allais aimer cet univers rude et plein de caractère. La plume de Ronan Gouézec est précise, élégante et généreuse. C'est un vrai régal.
Enfin, et cela ne gâte rien, l'auteur a le talent de placer des notes d'humour dans ce récit tempétueux, apportant ainsi un peu de légèreté, sans rien ôter à la force de l'histoire et des personnages. La rencontre entre les grandes familles de truands marseillais et les marins bretons est savoureuse. Celle qui réunit Caroff, ce grand type costaud, d'une cinquantaine d'années, ancien marin les pieds bien ancrés sur terre, et les deux jeunes des quartiers populaires de Brest est particulièrement jouissive ! Nous ne sommes pas loin de la caricature, mais l'auteur a su s'arrêter à temps et faire passer l'émotion et les relations humaines au-dessus de cette image excessive.
Ce premier roman, paru en avril 2018, est une vraie réussite. L'auteur nous annonce une trilogie se déroulant aux Etats-Unis au début des années 1960 : je suis très curieuse !
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2019/04/rade-amere-ronan-gouezec.html
Ah, comme j'aime les romans noirs bien noirs, battus par les vents violents de l'océan et une bonne pluie glaçante qui vous saisit les os ! Pas beaucoup d'éclaircies dans ce récit bien sombre qui met en scène Jos Brieuc (oui, ça se passe en Bretagne!), un ancien libraire divorcé qui s'est lancé dans une entreprise de taxi maritime. Un bon gars qui ne va pas très bien depuis que sa femme l'a quitté et qui aimerait bien se sortir de sa solitude et de sa vie de galère… Il a réinvesti tout son argent dans l'achat d'un bateau et il compte transporter les gens autour de la rade de Brest, vers Camaret ou la pointe du Conquet. Une remise à flot qui semble plutôt partir du bon pied. J'ai dit « qui semble »…
Et puis, il y a Caroff, un ancien pêcheur qui, il y a de ça quelques années, a voulu à tout prix sortir en mer alors que le temps était menaçant. Le jeune matelot de seize ans qui l'accompagnait est mort et depuis, tout le monde lui en veut de sa folle imprudence. Il vit dans un pauvre mobil-home posé sur un terrain vague avec sa femme et sa fille, ses seuls bonheurs de l'existence. Sans boulot, sans bateau, ça sent le fiasco et l'avenir lui paraît bien compromis, alors quand on lui propose de tremper dans une magouille qui rapporte - des colis à récupérer en mer -, il a beau vouloir refuser, il se dit que c'est peut-être l'unique chance qui lui permettra de partir avec sa femme et sa fille en Irlande et de couper avec cette vie pourrie dont il ne veut plus.
Deux hommes, deux destins qui n'auraient jamais dû se rencontrer...
Ce que j'ai trouvé vraiment très réussi dans ce roman, c'est la description des lieux, l'atmosphère : on sent que l'auteur connaît la Bretagne et sait de quoi il parle. La pluie, les nuages sont omniprésents (seuls ceux qui ne sont pas du coin semblent d'ailleurs en souffrir - « en Bretagne, il pleut que sur les cons » aiment rappeler mes collègues bretons), le vent du large ne décoiffe pas que les Bigoudens, son souffle hurle la nuit, se faufile dans les moindres recoins. Tout craque, tout vibre, croule sous les rafales. Une bourrasque en appelle une autre. Il n'y a jamais aucun répit, à peine une accalmie. C'est bien sombre, bien pesant et, en même temps, magnifique, comme une peinture dans les tons gris et noir. Les contrastes de lumière sont saisissants, quasi cinématographiques. Et l'on entend l'océan gronder dans le lointain… Tous les sens sont en alerte...
Une vraie plongée dans l'atmosphère bretonne donc, l'hiver bien sûr, parce que l'été...
J'ai beaucoup aimé aussi, malgré toute la noirceur de ce texte, l'humour : je vous en donne un exemple. Le gars chargé de transmettre les infos du boss auprès de Caroff est un homme du Sud, alors la Bretagne n'est pas vraiment son truc et c'est en ces termes qu'il en cause : « Des marées noires, des oiseaux crevés, des tempêtes… Il avait du mal à croire vraiment que des gens veuillent aller passer des vacances là-bas… Ou alors, il fallait être anglais ou belge... allemand à la rigueur... » ou bien « Bon, la Bretagne donc… Des plages désertes forcément, tellement il gèle, des crabes et des cirés jaunes un peu partout, des bonnets, des crêpes, des coiffes, misère… Il paraît qu'ils sont saouls toute la sainte journée... » Ça me fait rire parce que c'est exactement la façon dont les gens du Sud voient la Bretagne… Autre exemple, dans un autre domaine, assez marrant : notre Caroff se voit imposer deux loubards d'une cité brestoise qui n'ont pas franchement le pied marin, espèces de clichés ambulants, survêt' et chaînes dorées au cou, dont la description est à mourir de rire. Alors, il faut en profiter parce que pour le reste, encore une fois, l'atmosphère est comme le ciel : bien plombée. On met les pieds dans quelque chose qui ressemble à une tragédie. Ah, le destin des hommes parfois...
Dernier point pour finir de vous convaincre, l'écriture est magnifique (et ce n'est pas toujours le cas dans les romans policiers...). Espérons que l'auteur, dont c'est le premier roman, sera de nouveau inspiré par ses « vagabondages côtiers » comme le dit la 4e de couv' parce que des comme ça, on en redemande !
Une très belle réussite donc !
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