"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une maison du Val de Loire. Un grand parc. Les arbres y tombent. Le maître de maison, un vieil homme, s'inquiète et écrit à sa fille. Elle vient aussitôt le rejoindre, sans oser se formuler que cet appel au secours sera peut-être le dernier. Ce père a été si puissant, si actif, si authentiquement admirable ! Et maintenant, en retraite, déparé de tous ses attributs sociaux, Paul va tenter de parler à Zélie, comme Zélie va tenter de parler à Paul. Demeure entre eux ce sentiment difficile à élucider, l'amour d'un père et d'une fille. Un face à face pudique, candide, parfois douloureux, se développe. De jour en jour, la faiblesse de Paul se révèle. De jour en jour, Zélie supporte avec peine de le voir faillir.
Dans le parc qui s'effondre, le vieil homme et la jeune femme tentent de se dire ce qu'ils n'ont jamais osé se dire, retournant ensemble sous les frondaisons où, quinze ans plus tôt, ils n'ont pas pu empêcher leur fils et frère de mourir. Arrive un troisième personnage, Luc, qui bouleverse leurs retrouvailles. Il va mener Paul et Zélie à se confronter à leur histoire tragique.
Qu'est-ce que l'amour d'une fille pour un père ? Qu'est-ce qu'un secret de famille enfoui ? Qu'est-ce qu'un homme une fois que sa vie touche à sa fin, est dépouillée du pouvoir, de l'aura sociale et de tout compte moral ? Une vie qui exprime son sens dans une ultime métamorphose ? Un roman d'une beauté simple et tragique, qui révèle toute la maturité littéraire d'Oriane Jeancourt Galignani. Une histoire universelle.
Dans le parc d’une propriété du Val de Loire les arbres tombent, sans raison apparente, sans signe avant-coureur. Le propriétaire, Paul est au crépuscule de sa vie et ne comprends pas pourquoi ses arbres s’effondrent les uns après les autres. Il demande à sa fille de venir l’aider.
C’est Zélie qui raconte cette période, leur combat commun contre la disparition des arbres mais aussi leur histoire familiale, sa lâcheté à elle, le suicide de son frère, la vie passée de son père qu’elle n’a jamais osé aborder avant ce séjour.
Facile et agréable à lire, ce roman comporte beaucoup de zones floues sans que ça soit ressenti comme un manque, l’importance étant donnée à la vieillesse inéluctable mais aussi aux tragédies jamais réellement abordées ! Un instant qui englobe deux vies, des relations et des sentiments jamais avoués.
La forêt qui tombe petit à petit est la métaphore de la vieillesse qui enlève peu à peu à Paul, ce qu’il a été, ce qu’il a représenté pour sa fille, la perte de sa vision et de sa mémoire, jusqu’à son anéantissement par la mort ! Le chêne c’est le père, miné de l’intérieur et qui un jour s’effondre.
Non exempt de violence, ce roman est très pudique dans les sentiments et ressentis et l’ambiance des solitudes est très bien exprimée. Il est touchant aussi car nous avons tous été confrontés à la disparition de personnes que nous aimions avec la peine et les regrets qui ont suivi.
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Ce roman est un véritable chef-d’œuvre de douceur – malgré le sujet principal, la chute inexorable et symbolique du chêne ancestral que l’on croyait inébranlable –, d’humilité face à la mort, à la décadence physique, à la vieillesse qui s’installe et poursuit son œuvre implacable. Qui parle aussi du deuil sous toutes ses formes : celui d’une jeunesse et d’un pouvoir révolus, celui d’un temps perdu (de longues années sans se parler, sans s’épauler dans la souffrance), quinze ans après un drame jamais accepté pour les trois protagonistes. Le deuil qui n’a pas pu se faire... D’un temps suspendu dans un lieu magnifique, au sein de la forêt, de la terre-mère nourricière pour de nouveau se réunir et explorer ce qui ne l’a pas été, pour se dire au revoir dans l’amour et le soutien. Une réconciliation par le travail commun, par le soin apporté aux arbres, à ce parc, qui est presque le quatrième personnage de ce roman sensible. Un hymne aux échanges de tous types : avec la nature, au sein des familles, et à l’écoute de nos propres sentiments, sensations, engouements. L’histoire aussi d’un dévouement sublime (qui fait penser à celui de Cordélia dans Le Roi Lear. La comparaison entre ces pères déchus, dépouillés est d’ailleurs intéressante.), au final inattendu.
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