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Témoignage d'une enfance confrontée à la bisexualité de son père et au sida dans les années 1990
" Le 31 janvier 1994, mon père est mort du sida. J'avais quinze ans, lui trente-six. Durant sa courte vie, il a aimé des femmes et des hommes, puis ce mal sournois l'a emporté très vite... "
À travers ses yeux d'enfant puis d'adolescente, Aurélie Le Floch raconte une jeunesse, sa jeunesse, et cette relation père-fille à la fois sensible et pudique. Elle se remémore tout en flashback la joie des vacances près de la Baule avec " les amis de la plage ", les séparations douloureuses, les premiers signes de fatigue de son père, l'impossibilité d'en parler.
Elle se souvient surtout de cet homme, un personnage libre et solaire, souvent absent et pourtant si présent.
« Pour te voir cinq minutes » est un roman autobiographique, un récit court mais intense où l’auteure, Aurélie Le Floch, parle de son père, cet être si lumineux qu’elle ne voyait pas assez souvent. Elle lui rend un bel hommage qui est décédé du sida, maladie taboue en 1994, bien qu’elle le soit toujours de nos jours. Aurélie nous décrit deux enfances distinctes: celles vécue avec sa mère et celle avec son père; et c’est troublant de constater autant de différences entre les deux et le manque d’amour d’un côté et le trop d’amour de l’autre. Aurélie vit une enfance et adolescence peu communes où elle doit tenter de trouver sa place entre une mère froide et un papa absent. Mais elle ne va retenir dans son livre que le bon, les moments partagés avec son père qui la laissera entrer dans son univers bien à lui avec tous ses amis tout aussi attentionnés envers elle.
« Pour te voir cinq minutes encore » est un roman sur l’amour que porte une fille à son papa, sur les forces que lui a donné ce papa, sur l’éducation reçue et sa volonté de bien faire les choses. Dans son livre, l’auteure parle de divorce, d’homosexualité, de maladie, de deuil, d’amour parental. Aurélie raconte aussi l’apparition du sida dans notre société, maladie qui était, et est encore, assimilée aux « pédés » mais une maladie dont sa famille paternelle ne lui parle pas alors qu’elle voit son papa faiblir. Le sida reste une maladie honteuse dont moins on en parle, mieux c’est mais est-ce que cela n’était pas pour la protéger également? Dans son livre, Aurélie livre tout l’amour qu’elle a pour son père, tout l’amour que celui-ci lui a donné et tout l’amour qui lui reste malgré la disparition de son père. C’est un roman d’amour, un roman qui lui permet de rendre hommage à ce père aimant, solaire, heureux, libre, un roman pour ne jamais oublier!!
Encore une couverture minimaliste mais qui retient le noyau essentiel de ce qui reste en suspens, au moment où l’on termine le livre.. Aurélie Le Floch nous livre un récit personnel, très intime au sujet tabou – encore en 2019. Son père est décédé du sida en 1994, triste époque de l’éclosion de cette maladie très vite jugée de « maladie des pédés.. » Comme elle le dit si bien, il y a encore trop peu de personnes avec lesquelles elle peut parler librement du décès de son père sans craindre de réaction épouvantée ou indélicate.
Dans ce roman, elle raconte son avant-être, les années d’amours passionnelles des adultes, des secrets de famille quelquefois mal cachés et qui une fois mis en lumière, ‘cataclysment’ les utopiques vies maintes fois rêvées et tracées.
On découvre sa tendre enfance, son adolescence, ses doutes, ses questionnements, ses certitudes, son mal-être. Au divorce de ses parents, elle se baladera contre son gré entre deux mondes bien distincts. Le monde de sa mère, froid, dans lequel elle ne trouve pas sa place, rempli d’humiliations répétées, quand sa mère ne l’oublie pas à la sortie de la piscine… De l’autre, ce trop peu avec son père qu’elle ne voit que lorsqu’il exerce son droit de visite : une vie de lumière et de chaleur, un monde où règne l’amour, un monde où on l’aime « trop ».. Un monde où elle existe et elle vit.
En grandissant, ce qu’Aurélie préfère, ce sont les été à Rennes : ses « Endless Summer », tous les étés se ressemblent mais elle ne s’en lasse jamais : la joie, les copains de papa, la plage, la chaleur, la liberté, toujours.. D’ailleurs, les copains de papa, c’est vers 10 ou 11 ans qu’elle rentre enfin dans les secrets de la plage, qu’elle a enfin le droit d’aller se balader avec lui et découvrir son cercle d’amis si proches.
J’ai toujours vu mon père épanoui, assumant son attirance pour des femmes comme pour des hommes.. {…} Ayant grandi entourée d’hommes qui aimaient les hommes, je ne soupçonne pas que ces amours là puissent poser problème à certains ; aussi fou que cela puisse paraitre, je n’ai jamais encore été confrontée à cette forme d’intolérance..
Le rapport à la maladie n’arrive qu’en fin de roman en fait, le dernier quart : son père l’a quitté 1 an après l’annonce de la maladie, quand l’entourage ose enfin parler, avouer. Tous ces mois dans l’ignorance, certainement pour la protéger mais où les vrais mots lui arrivent comme des certitudes en cours d’éducation sexuelle.. Ces derniers mois perdus, ces quelques minutes qu’elle aurait voulues – encore avec lui.
Malgré un sujet dur de ce roman, elle y met quelques petites touches d’humour, héritage évident du tempérament de son cher père.. Par la plume, le vocabulaire lors de certaines situations « Ils savent y faire, les gars » et l’épisode de la douche lorsque Daniel habite en cachette chez Françoise !
Ce roman, bien que ‘simple » tranche de vie personnelle au départ, soulève aussi des sujets – que je partage pour beaucoup : l’éducation, la vision de la vie que l’on donne à nos enfants, les sujets ou discutions que l’on aborde avec eux, forment indéniablement les adultes de demain. Les aléas de la vie, parfois cruelle soulèvent eux aussi des interrogations et des réflexions avancées sur l’existence, la mort, la sexualité, les relations amoureuses.
Les jugements faciles sont bien là, et je suis convaincue qu’une pleine tolérance n’est possible que si l’on a appris dès l’enfance qu’il existe mille façons de vivre..
Ce qui se dégage évidement de ce témoignage, c’est tout l’amour que cette jeune fille à pour son père, toute cette adoration pour son rayon de soleil et de vie et pour les valeurs qu’il lui a inculqué : le travail malgré tout, la réussite et le gout des choses bien faites, mais aussi la liberté de vivre dans la joie et l’amour.
Pour penser à mon père, je n’avais besoin de rien d’autre que de vivre.
Merci à l’auteur pour ce beau témoignage d’amour et de tolérance ♥
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