"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il s'appelle Olivier, elle s'appelle Héloïse. Ils partent déjeuner, mais la rame de métro dans laquelle ils sont montés est gravement endommagée par une explosion. Restera de cet accident des corps meurtris, un sentiment brisé et une photo de leur évacuation, si violente et si impudique qu'elle va tout faire trembler autour d'eux. Ils n'auront qu'une obsession : réparer les dégâts que cette image aura causés dans leurs vies.
Il s'appelle Olivier, elle s'appelle Héloïse. Ils partent déjeuner, mais la rame de métro dans laquelle ils sont montés est gravement endommagée par une explosion. Restera de cet accident des corps meurtris, un sentiment brisé et une photo de leur évacuation, si violente et si impudique qu'elle va tout faire trembler autour d'eux. Ils n'auront qu'une obsession : réparer les dégâts que cette image aura causés dans leurs vies.
Portrait d'après blessure raconte l'histoire de deux êtres aux prises avec le pouvoir des photographies, qu'elles parlent la langue de la dignité ou celle du désastre.
Un roman ancré dans l’actualité, dans cette société de l’image, de la recherche permanent du scoop, de l’intimité bafouée, de ses ravages... sous couvert de liberté d’information.
Selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui. Et la liberté d’expression ne doit porter atteinte à la dignité d’autrui sous peine de poursuite.
En théorie oui, en pratique cela se complique.
L’histoire d’Heloïse et Olivier n’est qu’un exemple parmi tant d’autres... Au-delà de leurs blessures corporelles suite à cet « accident », la blessure intime, la blessure de l’esprit, leur intimité mise à nue, les conséquences sur leur vie personnelle et professionnelle sont bien plus insidieuses, bien plus lourdes et choquantes.
Tout en discrétion, en retenue, et pleine d’émotions ressenties, contrairement à ce vol cru d’image, l’histoire d’amour des deux protagonistes est belle. L’écriture est simple, posée, le mot est juste, la réflexion est grande.
À lire, évidemment.
Excellent roman qui permet de s'interroger sur les pouvoirs des images dans les médias. J'ai adoré l'écriture d'Hélène Gestern et la mise en scène du dévoilement final.
C'est une plume dont on ne se lasse pas.
Héloïse et Olivier travaillent ensemble. Olivier réalise des documentaires basés sur les réactions au vu de photos d'archives. Heloïse est responsable d'archives
A^près une matinée de travail , ils prennent le métro pour aller déjeuner.
Leur rame est soufflée par une explosion près d'Odéon.
Un photographe prend LE cliché de sa vie : une photo qui montre Héloïse à moitié nue, dans les bras d'Olivier qui la secourt
Cette photo fera la Une d'un magazine et sera reprise par de nombreux autres, et sur internet.
La vie d'Olivier et d'Héloïse en sera proportionnellement plus atteinte que leurs chairs par les explosifs.
Ce roman, poignant, prenant, est le récit de leur reconstruction tant physique que morale suite à ces traumatismes qui ont bouleversé leurs vies.
Un auteur que je découvre et dont je lirai les autres œuvres, dès que je me serai remise de cette lecture bouleversante
Sur la photo, un homme hagard, le regard terrifié, émerge d'une bouche de métro, serrant dans ses bras le corps dénudé d'une jeune femme inconsciente. Ils sont tous deux couverts de sang et l'homme éperdu semble porter contre lui la dernière pulsation de vie de la femme qu'il aime. La photo fait la une des journaux après une explosion dans le métro. La photo est reprise par les réseaux sociaux, publiée, partagée, distribuée, répandue, apparaît à la télévision et partout. Le couple est identifié, noms tagués, mille et mille fois vu sur le web... Héloïse. Olivier. Partenaires pour une émission de télévision, "Histoires d'images", ils allaient déjeuner ensemble lorsque leur vie a explosé, s'est étalée sous tous les regards. Ils ne sont pas amants, même si tous deux ressentent l'un pour l'autre une attirance qu'il leur devenait de plus en plus difficile de se cacher. Mais la photo et sa légende, et les titres qu'elle souligne, et les commentaires auxquels elle donne lieu, gomme la vérité pour en instaurer une autre, plus "vendeuse". Par une photo volée, la vie d'Héloïse et Olivier leur est arrachée, vidée de ce qui faisait son sens. Famille, amis, collègues, toutes les relations, ne sont désormais possibles qu'avec cette photo, cette vérité autre, en filigrane.
Concentré sur trois mois, le récit, pris alternativement en charge par Olivier et Héloïse, condense des interrogations essentielles sur l'image, la photographie plus précisément, la responsabilité de celui qui la prend et les formes de puissance qu'elle recèle. Quelle part, la personne photographiée garde-t-elle ? Que cache finalement l'expression "le droit à l'image" ? "Portrait d'après blessure" possède cette force inouïe de poser des questions fascinantes sans jamais faire passer l'aspect romanesque au second plan. La fluidité et la précision de l'écriture lui permettent de fouiller aussi subtilement la naissance du sentiment amoureux que la place donnée à l'image dans une société avide de sensationnalisme.
Un superbe roman, juste et fin, aux multiples implications passionnantes !
Olivier et Héloïse sont dans le métro. Collègues, ils vont déjeuner. Mais une explosion retentit et les blesse, un attentat.
Au réveil, meurtris dans leur chair, ils découvrent les blessures invisibles, les bouleversements que leur vie doit désormais supporter, non pas à cause de l’événement, mais à cause d’un cliché d’eux repris par la presse et donnant lieu à toutes sortes d’interprétations.
On aurait pu croire que l’attentat, le fait divers, soit le centre du roman, mais il en est plutôt le déclencheur, le point d’impact. C’est la photo volée d’un moment de souffrance, d’une seconde dans la vie d’un homme et d’une femme qui aura une répercussion immense sur leur vie entière et celle de leur entourage, qui est au coeur du livre, et qui interroge.
Le récit est émaillé de quelques souvenirs de photographes ou personnes parlant avec recul de certaines images qui ont marqué leur vie, encadré par cette très belle citation de Willy Ronis : « La photo n’est pas un parpaing avec lequel on puisse construire n’importe quoi. Je me sens entièrement responsable de l’utilisation de mes images. »
J’ai beaucoup aimé cette histoire, bien construite et qui pousse à la réflexion sur l’impact des photos, dans un monde où le visuel et la mise en scène sont omniprésents. Une réflexion également sur le droit à l’image et le droit à l’information, notions tellement actuelles. Une belle découverte.
https://familytripandplay.wordpress.com/2016/03/20/lecture-portrait-dapres-blessure-de-helene-gestern/
19 septembre, une explosion a lieu dans le métro, une explosion mortelle. Olivier et Heloïse deux amis se trouvaient dans la rame qui a explosé. Olivier n'a pas perdu connaissance mais est blessé au visage. Heloïse, elle s'est évanouie et semble plus touchée. Ses vêtements ont été arrachés par le souffle de l'explosion. Olivier n'attend pas l'arrivée des secours. Il brise la vitre du wagon avec ce qu'il trouve et sort son amie de la rame, il la porte vers les secours qui s'organisent. Une personne est témoin de cet acte, un photographe de presse. Il prend la photo. Un cliché qui se retrouvera en première page de Scoop-Images, et qui sera repris partout dans la presse et sur internet.
Nous assistons aux soins, à la convalescence plus ou moins longue d'Olivier et Heloïse. Olivier se remet plus vite. Ses blessures sont moins graves. Il ne peut voir Heloïse qui après une période en soins intensifs est toujours à l'hôpital veillée par son mari. Ils essaient de se remette du traumatisme de l'explosion. Un autre traumatisme vient s'ajouter, celui de la photo. Une photo dont la légende laisse entendre que les deux amis sont amants. Une photo qui a d'autant plus de répercussion qu'Olivier est un personnage public. Historien, il a créé une émission télévisée, Histoire d'images, qui étudie des photos historiques, prises lors de conflits. C'est en mettant sur pied cette émission qu'il a rencontré Heloïse, documentaliste au ministère de la Défense. Très vite une profonde amitié s'est nouée entre eux. Tous deux savent qu'il y a bien plus que de l'amitié entre eux. Tous deux sont en couple et hésitent à franchir le pas. Un pas que d'ailleurs Olivier se promettait de franchir juste avant l'explosion.
L'explosion éloigne les deux amis. L'explosion et la photo. Heloïse protégée par son mari, n'est pas au courant du cliché , de sa large diffusion. Olivier, lui est anéanti, il ne sait pas qu'Héloïse en ignore tout, il se remet petit à petit aux côtés de Karine, sa compagne qu'il n'aime plus.
"Ses mains et sa bouche me murmuraient des choses apaisantes, tendres. Elles cherchaient à me persuader que j'étais encore en vie. Dans ma nuit personnelle, l'amitié du corps de Karine m'offrait un répit. Un gué pour franchir la succession vide des journées , ces images qui me traversaient comme des coups de couteau et la peur collante qui avait infiltré mon quotidien."
Héloïse va finir par trouver la photo, une photo qui jette son corps en pâture au voyeurisme. Olivier et Héloïse vont reprendre contact et décider de contre attaquer, d'attaquer en justice le journal à scandales, pour se reconstruire.
Dans ce superbe roman, Hélène Gestern, nous parle de droit à l'image, de l'absence de dignité d'une presse prête à tout les surenchères pour vendre du papier sans se soucier du traumatisme que cela peut causer aux victimes, sans se soucier de rajouter de la douleur à la douleur déjà causée par le drame. Nous vivons le calvaire d'Olivier et d'Héloïse, nous nous identifions à eux. Portrait d'après blessure est un roman fort, porté par une plume pleine de sensibilité mais aussi de force, et d'indignation. Ce roman est un coup de coeur et je vais me précipiter sur le roman précédent d'Hélène Gestern, Eux sur la photo, qui me tentait déjà avant de lire ce livre.
"Mais ce soir le chagrin était d'une autre teneur. Il avait la couleur de l'impudeur : flashes, images crues d'une intimité disséquée au scalpel méchant de la presse à scandale, ses morceaux de chair palpitant dans la lumière ; portrait cruel d'après blessure, viande photographique sur laquelle s'agglutinent les regards comme des mouches obsédantes en appétit de malheur, aiguillonnées par l'archaïque goût du drame."
On reconnaît parfaitement l'écriture et la petite musique d'Hélène Gestern dans ce roman. Olivier et Héloîse collaborateurs et plus sans se l'avouer se reconstruisent après avoir été victimes d'un attentat
Troisième roman de cette jeune auteure. J'y ai retrouvé un aussi beau moment de lecture que lors de la découverte de son premier roman "Eux sur la photo". La photo, une nouvelle fois personnage du roman d'Hélène Gestern mais cette fois-ci c'est une réflexion sur notre rapport à l'image, le ressenti du photographe derrière l'appareil d'un côté, le ressenti des personnages photographiées de l'autre côté. Hélène Gestern trouve le mot juste pour exprimer la difficulté qu'ont ses deux personnages à se reconstruire après l'attentat dont ils sont victimes, et que les douleurs physiques ne sont pas les plus dures à surmonter. L'impudeur d'une photo et les conséquences de sa publication sont plus difficiles à surmonter. Sujet parfaitement d'actualité.
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