Tentez de gagner le recueil de nouvelles "Une nuit à Manosque"
« La nuit existe dans ce pays. Une nuit mystérieuse. Moi qui viens de passer près de vingt ans dans le nord, j'avais presque oublié cet aspect de la nuit. La nuit noire. Nuit mystique. Et il n'y a que le jour qu'on puisse parler de ce qui s'est passé la nuit... On dirait que deux pays cheminent côte à côte, sans jamais se rencontrer. » Après vingt ans d'absence, l'écrivain rentre chez lui, à Port-au-Prince. Le pays, en apparence, est le même. Mais de silences en souvenirs, de mots chuchotés en étrangetés, c'est le pays rêvé qui prend le pas sur le pays réel.
D'où vient ce rire invisible qui glace les os des soldats américains ? Qui sont ces curieux habitants de Bombardopolis qui se contentent sans peine d'un repas par trimestre ? Finalement visité par un dieu vaudou, il est sommé, lui, l'écrivain qui se dit primitif, de faire un reportage au Pays sans chapeau - c'est ainsi qu'on appelle l'au-delà en Haïti.
Pays sans chapeau est une enquête drôle et poétique qui oscille entre l'émotion du retour au pays et la magie des dieux cachés. « Ils sont là, je le sais, ils sont tous là à me regarder travailler à ce livre. Je sais qu'ils m'observent. Je le sens. »
Tentez de gagner le recueil de nouvelles "Une nuit à Manosque"
Après 20 ans d'exil au Canada, le narrateur revient en Haïti.
Retrouvailles avec sa mère, sa tante, ses amis, les voisins....
Mais aussi les odeurs, les couleurs, les ambiances des quartiers.....
Beaucoup de choses ont changé bien que paradoxalement tout soit resté pareil.
Il y est beaucoup questions de morts, de zombis, de vaudou.....
J'aime vraiment beaucoup Dany Lafferrière, et son écriture bien sûr.
C'est toujours un plaisir de le retrouver.
Haiti, quitté depuis si longtemps est toujours en lui
Et il réussit toujours à nous faire apprécier son pays en proie a tellement de difficultés, de misère, de croyances...
Difficile d'être exilé !
Mais il sait trouver les mots, avec chaleur et simplicité
Quel plaisir de retrouver Vieux Os et ses anecdotes, histoires qui s'empilent parfois comme de courtes nouvelles ayant toutes en commun des personnages ou des lieux d'Haïti. Cette fois-ci le ton est plus sombre que dans les livres précédents de Dany Laferrière (L'odeur du café, Le charme des après-midi sans fin, Le goût des jeunes filles), l'auteur a grandi, vieilli et quitté le pays de son enfance. Mais en abandonnant la légèreté il n'abandonne pas pour autant tout ce qui fait plaisir au lecteur que je suis. La langue est toujours aussi belle, très oralisée, très dialoguée. Les lieux sont toujours aussi chargés, le pays aussi plaisant à découvrir et difficile sans doute à vivre, entre l'extrême pauvreté des nombreux, la richesse de quelques uns et la crainte des entre-deux de tomber. Les personnages sont toujours aussi beaux et fous. Ils oscillent entre la dure réalité de la vie et les croyances dans les dieux vaudous, les zombies, la vie après la mort. "Je vais vous donner le secret de ce pays. Tous ceux que vous voyez dans les rues en train de marcher ou de parler, eh bien ! la plupart sont morts depuis longtemps et ils ne le savent pas. Ce pays est devenu le plus grand cimetière du monde." (p.55)
Vieux Os un peu perdu dans son pays qu'il retrouve et dont il a oublié les us et pratiques, tente à la fois de le comprendre de l'extérieur et de replonger au-dedans avec ses ami(e)s, sa famille, les rencontres fortuites ou pas qui, à chaque fois l'interrogent sur le bien-fondé de son départ et de sa longue absence, sur son retour, sur son pays natal et son évolution. Haïti, pays réel ou imaginaire ?
Très belle idée des éditions Zulma que de rééditer les livres de Dany Laferrière que pour ma part j'ai découvert assez récemment. A chaque fois, je plonge avec bonheur et ressort avec le sourire, même lorsque le propos comme dans celui-ci est moins léger. Pour reprendre un slogan un peu ancien : tout le bien qu'il fait à l'intérieur se voit à l'extérieur.
Et puis pour finir, une citation que j'aime bien, d'Elsie, la femme d'un des amis de Vieux Os qui parle à l'écrivain :
"C'est mon rêve d'être dans un livre. Je connais beaucoup de gens qui aimeraient écrire un livre, moi, mon rêve c'est d'être un personnage de roman. C'est le sommet pour moi. Je trouve ça d'un charme fou." (p.199)
J'avoue que je ne suis pas loin de penser comme elle. Avis aux écrivains...
« Il y a longtemps que j’attends ce moment : pouvoir me mettre à ma table de travail (une petite table bancale sous un manguier, au fond de la cour, pour parler d’Haïti, tranquillement, longuement… On écrit avec son esprit. On parle avec son corps. Je ressens ce pays physiquement. Jusqu’au talon."
Après vingt ans d’exil, l’écrivain primitif, "Vieux os", narrateur du roman, revient en Haïti. Un retour aux sources nécessaire qui provoque en lui une impérieuse nécessité d’écrire. De décrire. Décrire ses sens à nouveau en éveil, réveillés.
Dany Lafferière nous offre avec Pays sans chapeau ce retour aux sources.
Pourquoi ce titre ? Sachez que le Pays sans chapeau, en Haïti, c’est l’au-delà. La tradition veut que personne ne soit enterré avec son couvre-chef. C’est ainsi.
Au fil des pages, de courts chapitres s’ouvrent délicieusement sur une pensée écrite en créole et traduite littéralement, afin que leurs sens restent toujours un peu secrets : on est dans le bain !
Les souvenirs, les odeurs, les sensations, les mots oubliés (ce créole que l’on retrouve en tête de chaque chapitre) reviennent, comme tout ce que l’on garde au fond de soi, avec cette nostalgie que l’on n’ose avouer. Ces mots gardés , ces mots tus, parce qu’on est loin, et parce que là où on est, ils n’ont aucun sens.
Le roman est peuplé d’anecdotes, de courts chapitres, et alterne entre vie réelle et vie rêvée. On est transporté dans un autre monde. Peuplé de légendes, de croyances ancestrales emplies de sagesse. On partage la vie de famille de l’auteur, ses souvenirs. Son présent. On fait connaissance avec sa famille, sa mère et sa tante notamment.
« Les Américains, mon fils, me dit ma mère avec un sourire au coin des lèvres, ils n’arrivent même pas à distinguer un Noir instruit d’un Noir illettré, et tu leur demandes maintenant de faire la différence entre un Noir mort et un Noir vivant. »
La langue est colorée, ronde et charnue, chaude, drôle et poétique.
C’est un bonheur de retrouver la verve de l’auteur et ce regard si particulier, quelque peu indescriptible, qu’il porte sur tout ce qui à mon sens, une source de réflexions : sur la vie, sur la mort, sur les traditions, sur la transmission, sur la famille et bien évidemment sur l’exil. Est-on le même lorsque l’on revient, longtemps après être parti ? Qui a changé ? Le pays ou l’exilé ?
J’ai aimé la poésie du roman, cette langue riche et colorée, j’ai appris énormément sur Haïti, pays que je découvre peu à peu (ma dernière lecture sur ce sujet étant le roman de Louis-Philippe Dalembert dont vous trouverez la chronique un peu plus loin).
" - Ce que je peins, c'est le pays que je rêve.
- Et le pays réel ?
- Le pays réel, monsieur, je n'ai pas besoin de le rêver"
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