Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !
«Dès notre premier rendez-vous au Bûcheron, Flavia m'a parlé de la mère que Griselda a été pour elle, durant toutes ces années.- Présente, aimante. Très aimante.Elle m'a regardée dans les yeux en prononçant ces mots. Pour s'assurer que j'avais bien entendu, pour me faire savoir qu'elle ne disait pas ces mots à la légère. Aimante, vraiment.»Griselda était la mère de trois enfants, deux garçons et une fille. Un jour d'hiver, au milieu des années 80, alors qu'elle était exilée en France, elle a noyé ses deux garçons dans la baignoire.Plus de trente ans après les faits, la narratrice retrouve les survivants de ce drame familial. Sans dissiper le mystère du geste de Griselda, elle enquête pour tenter d'approcher l'inconcevable. Et d'entrevoir, au fond de la nuit, autour de la figure lumineuse de Flavia, le pari de l'amour et de la vie.
Paris, décembre 1984. « Ce jour-là, Claudio n’a pas écouté Griselda » C’est avec cette phrase laconique que Laura Alcoba ouvre sa longue, minutieuse et patiente enquête sur un fait-divers familial. Mais s’agit-il d’une tragédie, d’un drame ou bien d’un accident ?
Quarante ans après, l’autrice va écouter tour à tour tous les protagonistes de ce drame, elle va le faire avec délicatesse et bienveillance tout en s’interrogeant sur chaque évènement précédent le drame.
Elle arrive à prendre ce recul nécessaire pour raconter les faits alors que son père était un ami proche de la famille qu’elle-même a connue lorsqu’elle était enfant.
Petit à petit, se dévide la parole des parents, celle de Griselda, de Claudio et celle de Flavia leur fille et de Colette l’institutrice avec son mari René, et l’on voit apparaitre chaque personnage. Les souvenirs tout d’abord, ceux de l’autre pays, l’Argentine, qu’il a fallu quitter et puis l’arrivée en France, et le travail dans un lycée privé avec, pour tout logement, une loge étroite de concierge. Puis, peu à peu, transparait la personnalité dérangée, fragilisée de Griselda. Jusqu’à ce jour funeste de décembre 1984 où l’irrémédiable se produit.
Comment se reconstruit une famille après un drame de cette ampleur ?
Laura Alcoba est fascinée par Flavia dont elle dit : « Elle a en elle une force et un courage que je ne croyais pas pouvoir exister.
Je le sais depuis le début : c’est pour elle que j’écris ce livre »
Bien sûr, le mythe de Médée est évoqué par l’autrice, qui cherche à comprendre sans jamais juger.
L’écriture d’un tel sujet était pour le moins périlleuse et Laura Alcoba s’en sort avec maestria et sans effets de manche. Elle a su s’effacer pour mettre la lumière sur les mots, les gestes des personnages et l’on vibre avec eux au fur et à mesure que se précise le récit.
Une histoire d’une grande force menée avec douceur et empathie, voilà ce que je retiens de ce très beau récit romancé.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2022/03/par-la-foret-de-laura-alcoba.html
Exilés argentins, concierges dans un lycée privé de l'Est parisien, ils ont trois enfants, Flavia six ans et Boris et Sacha, trois et quatre ans. Ils vivent à cinq dans la loge qui leur tient lieu d'appartement.
Un jour d'hiver, le vendredi 14 décembre 1984, la maman, Griselda, noie ses deux garçons dans la baignoire pendant que Flavia est à l'école. Ce jour funeste devient "Ce jour-là" dans le récit de Laura Alcoba.
Plus de trente ans plus tard, la narratrice retrouve les survivants de ce drame.
Ce roman est inspiré d'une histoire vraie, un double infanticide qui a eu lieu en 1984. Laura Alcoba a côtoyé la famille concernée lorsqu'elle était enfant.
A la fin des années 2010, la narratrice, derrière laquelle se cache Laura Alcoba, a rencontré les protagonistes de cette affaire à plusieurs reprises dans le même café parisien. Successivement Griselda, le père, Flavia, un couple d'amis... se confient à elle. L'auteure veut tenter de comprendre sans porter de jugement.
J'ai été impressionnée par la façon dont Griselda raconte à l'auteure ce "jour-là" comme si elle se voyait accomplir ses gestes criminels, comme si elle voyait les scènes d'en haut, j'ai été émue par son histoire personnelle, son enfance sans amour en Argentine, son adolescence marquée par des agressions sexuelles, sa fuite de la dictature avec son amant qui deviendra le père de ses enfants jusqu'à son exil en France.
Le récit est centré en grande partie sur le personnage de Flavia, l'enfant survivante, qui dès le premier rendez-vous avec la narratrice, tient à définir sa mère comme une mère "présente, aimante. Très aimante". Cela fait du bien de découvrir le personnage lumineux que Flavia est devenue, en grande partie grâce à Colette et René, sorte de parents de substitution, des personnages solaires remplis d'humanité.
Un texte d'une remarquable délicatesse qui tente d'approcher la folie, ou du moins un moment de folie, d'une mère. Tout en nuances sans jamais juger ou accabler, ce texte empreint de pudeur et d'empathie n'a pas pour objectif de rechercher le pourquoi de ce double infanticide mais de comprendre comment Flavia a pu devenir la femme qu'elle est devenue. Sur un sujet très sombre Laura Alcoba nous offre un roman d'une surprenante douceur.
Nouveau roman de la rentrée littéraire de janvier, "Par la forêt", de Laura Alcoba attire déjà le regard par son magnifique bandeau. Je suis attachée à la couverture d’un livre. Certes l’habit ne fait pas le moine, mais c’est pourtant ce que l’on voit en premier. Et cette petite fille, à l’orée d’une forêt dense m’a donné très envie de la suivre.
Il m’a cependant fallu attendre presque la fin du récit pour comprendre le sens du titre…Comment, en effet deviner que se cache derrière lui, l’histoire de Griselda et de sa famille : son mari Claudio et ses trois enfants, Boris, Sacha et Flavia. La narratrice, qui a connu la famille, a attendu trente ans avant de raconter ou plutôt de faire raconter la tragédie. Un jour, la mère, Griselda, avait commis un acte irréparable…
C’est avec une immense empathie, une douceur infinie qu’elle – la narratrice – écoute les différents acteurs ou spectateurs de cette affaire. Installés dans un café, toujours à la même place, ils racontent ce jour-là, mais aussi les précédents. Car Griselda et son mari sont Argentins. Ils ont fui leur pays, la dictature, et Griselda, une mère haïe et des outrages indignes. Le verbe se fait léger, aérien pour narrer cette histoire abominable à la manière d’un conte. S’y mêle la mythologie grecque et le personnage de Médée, cette magicienne et prêtresse infanticide. Aucun jugement, seulement une écoute attentive et discrète.
Le personnage de Flavia, "Flavia. Elle a en elle une force et un courage que je ne croyais pas pouvoir exister." illumine le récit par sa résilience et le regard qu’elle porte sur le monde au travers de son objectif. Elle est devenue photographe, une photographe reconnue et admirée. Et, comme en retrait, ceux de Colette – l’institutrice de Flavia à l’époque des faits – et son mari René qui l’ont prise sous leurs ailes. Tels les "aides" qui apportent leur soutien aux héros de contes, ils l’ont portée, assistée, soutenue, aimée..
L’écriture fait beaucoup dans ce superbe texte. Simple et comme juste posée, elle laisse toute la place au sens, à la force des propos. Elle illumine les personnages, embellit leurs mots, adoucit leurs souvenirs douloureux et les recouvre d’un baume.
Un roman magnifique, une histoire d’un noir profond entouré d’un halo de lumière.
Roman éligible au Prix Orange du Livre 2022
Inspiré d'un « fait divers »,qui s'est déroulé dans les années 1980 par un hiver glacial, « Par la forêt » reconstitue par petites touches la vie de Griselda l'infanticide.
Sans démontrer et sans juger l'acte de cette Médée des temps modernes qui a trouvé dans son geste une échappatoire au manque d'amour maternel de son enfance en Argentine marquée par des agressions sexuelles, à l'indifférence de son mari et à un destin étouffant parce qu'il est trop bien tracé, trop prévisible, sans espoir, vécu comme un échec.
Et puis, il y a Flavia la survivante, celle qui a échappé à la folie fugace de sa mère, celle qui, contrairement à ses frères Boris et Sacha, a esquivé la mort, celle qui est devenue une femme solaire, une photographe professionnelle talentueuse. Comme pour mieux figer le temps afin de ne pas oublier...
Avec son titre, référence explicite au genre du conte, Laura Alcoba a composé avec finesse et sensibilité un récit qui traque l'indicible et l'inexplicable.
Quel bel hommage au pouvoir des mots qui réparent et immortalisent !
EXTRAITS
- C'est bizarre, les mensonges que l'on fait aux enfants.
- Au plus noir, au bout de la nuit et de l'horreur, la pari de l'amour et de la vie.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-par-la-foret-laura-alcoba-gallimard/
Lorsqu’on découvre la quatrième de couverture, on ne peut que se rendre compte que la lecture de ce livre ne sera pas facile au vu du principal sujet évoqué : une mère ayant tué deux de ses enfants. Pourtant, l’auteure, Laura Alcoba, en a écrit une histoire solaire, avec beaucoup de poésie, de pudeur mais surtout sans aucun jugement.
À la fois avec douceur et délicatesse, elle nous conte l’histoire terrible de Griselda, mère de trois enfants, qui – un vendredi de décembre 1984 – a tué deux de ses enfants. On y apprend beaucoup de cette journée funeste mais aussi du passé de cette femme argentine, avant son exil d’Argentine en France entremêlé des difficultés depuis son enfance à l’âge adulte.
La narratrice rencontre, trente ans plus tard, les différents protagonistes qu’elle a connus par l’intermédiaire de sa famille quand elle était plus jeune : la mère, le père mais aussi la fille survivante, Flavia ainsi que d’autres témoins du drame. Tous ces témoignages sont rassemblés, sans jamais sentencier les actes, et confrontés aux propres souvenirs enfouis de la narratrice. Elle expose simplement les faits. Ce qui pourrait paraître « froid » ou « détaché », ne l’est finalement pas, mais rempli d’humanité et porté par une plume habile.
Comme je l’avais déjà mentionné dans ma chronique du livre « Les jardins d’hiver » de Michel Moatti, j’éprouve un intérêt certain pour les événements qui se sont déroulés en Argentine durant les années 70-80. Leur évocation apporte une plus-value au fond de l’histoire.
La retenue et l’empathie dont fait preuve Laura Alcoba dans ce livre est à saluer. Exposant l’avant et l’après de ces infanticides, l’auteure n’a pas la prétention d’expliquer le pourquoi de ce terrible geste posé par une mère « aimante », telle que qualifiée par Flavia, qui n’était alors qu’une petite fille de 6 ans à cette époque.
Voilà un livre de cette rentrée littéraire hivernale très riche, que je vous recommande chaudement.
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