"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«C'était il y a tout juste un an. Une famille a disparu, là où personne ne disparaissait jamais. On m'a chargée de l'enquête, et ce que j'ai découvert au fil des semaines a ébranlé toutes mes certitudes. Il ne s'agissait pas d'un simple fait-divers, mais d'un drame attendu, d'un mal qui irradiait tout un quartier, toute une ville, tout un pays, l'expression soudaine d'une violence qu'on croyait endormie.» Hélène, ex-commissaire de police, reprend du service pour retrouver un couple et leur petit garçon, Milo. Elle rencontre les dernières personnes à avoir été en contact avec eux. Depuis que la France a basculé dans l'ère de la Transparence, ces hommes et ces femmes vivent dans un monde harmonieux, libéré du mal, où chacun évolue sous le regard protecteur de ses voisins. Mais au cours de son enquête, Hélène va dévoiler une vérité aussi surprenante que terrifiante. À travers cette contre-utopie, c'est le monde d'aujourd'hui que l'auteur interroge. Ce roman haletant montre des êtres en proie à leurs pulsions et à leurs fêlures derrière leur apparente perfection.
2049 en France: la transparence.
Les gens vivent dans des vivariums sans aucune possibilité de se protéger, surveillés par des gardiens de protection qui circulent dans les rues et regardent à travers les baies vitrées ainsi que les voisins bien évidemment. Aucune intimité.
Le couple Royer-Dumas et leur fils disparaissent sans laisser de trace malgré tout. Une enquête policière est donc diligentée par Hélène et Nico gardiens de protection.
Un roman dystopique qui par le biais de l'enquête passionnante nous entraîne dans un monde futur où il ne fait pas bon vivre.
Panorama de Lilia Hassaine paru lors de la rentrée littéraire 2023 est une fiction dystopique construit comme un thriller. Avec son personnage attachant d'Hélène nous entrons dans un cauchemar éveillé. A qui profite le crime ?
Histoire sociale dans un monde contemporaine, société déshumanisée que l’espoir a déserté. Transparence, vérité, justice et vengeance.
Des chapitres courts et une plume fluide, l'autrice reflète la société dans un miroir déformant. Une intrigue qui fait pensé à la série satirique Black Mirror (Critique des société, des technologies, des politiques et de l'humanité ......).
Panorama était l'un des romans à ne pas manqué lors de la rentrée littéraire 2023. Le lecteur est mis sous tension, une réflexion sur la vie privé, aucune langue de bois avec un style acerbe, efficace, redoutable et talentueux.
"Et, même quand je parvenais à me concentrer pendant deux ou trois pages, je sentais mon cœur palpiter d'agacement, les phrases étaient trop longues, trop bavardes, elles ne s'adressaient pas à moi, c'était à moi de faire l'effort de les lire et de les comprendre. Mon smartphone était bien plus puissant, il ne me demandait rien, il anticipait mes désirs, et tout semblait gratuit."
Il faut que tu l’imagines lecteur, cette ville de verre, où l’intimité a cédé face à la sécurité. Terminé les murs de parpaings, de briques et de pierres, le monde est devenu transparent, et tu peux voir constamment les autres vivre leur vie. Fini les cloisons qui dissimulent les violences, la maltraitance et les abus, chacun est devenu gardien de ses voisins et vit sous la protection du regard des autres. Chaque citoyen devient Big Brother, et ceux qui résistent à la transparence sont exclus, soupçonnés de chercher à dissimuler des choses derrière leurs murs en béton, ils sont relégués dans des zones de non-droit. Mais un jour, l’impossible se produit, au cœur même du quartier de verre le plus sécurisé, une famille disparaît…
Le style est affûté, pointant les défaillances et les faiblesses de notre société par le biais de ce monde où chacun pénètre l’intimité des autres et met en scène une vie idéale. Mêlant la dystopie et le roman policier, le récit est captivant, et parfois glaçant. Évidemment, ce n’est pas l’enquête qui interpelle, mais la description de cette société qui se voudrait utopique, mais semble de plus en plus oppressante et oppressive au fil des pages. Ce monde transparent, on y croit, il ne paraît pas si éloigné du notre, et c’est sans doute là que réside toute la force du récit. Il faut dire que l’écriture est percutante, le style épuré semble s’adresser directement à nous, il est parfois froid, presque clinique, mais il fait mouche et réveille notre réflexion et nous pousse à analyser ce qui nous entoure. Je regrette parfois la distance qu’il met entre nous et les personnages, dont nous ne parvenons à cueillir que des émotions lointaines et tièdes, mais cette écriture qui ne s’embarrasse pas de fioritures m’a séduite.
Extrapolant à l'extrême nos tendances contemporaines, Lilia Hassaine imagine un futur crédible.
L'idée est de vivre dans des maisons de verre, qui livrent à qui veut bien les voir, les moindres gestes de nos vies quotidiennes.
Mais la dictature de cet ultra-transparence aboutit au triomphe de l'hypocrisie dans une société retranchée derrière les apparences d'une part et à la présence de quartier non transparent d'autre part.
C'est un roman plaisant à l'idée intéressante et écrit sous la forme d'un thriller dont l'enquête tient en haleine.
À quoi pourrait ressembler le monde de demain ? Éternelle interrogation, qui semble prendre encore davantage de résonance dans les temps incertains que nous vivons. Les écrivains en font leur miel depuis toujours, et encore plus aujourd’hui… C’est notamment le cas de Lilia Hassaine qui – dans son nouveau roman « Panorama » primé du Prix Renaudot Des Lycéens 2023 - raconte comment après la France s’est installée dans la société de la « Transparence ». Une société qui se veut modèle jusqu’au jour où un grain de sable vient enrayer ce beau mécanisme : une famille disparaît.
Hélène vit avec sa fille Tessa et son mari David dans une maison de verre, architecture qui s’est imposée progressivement dans le pays après une nouvelle Révolution qui a eu lieu en 2029. Désormais tout est transparent. Les résultats ne se sont pas fait attendre, la délinquance est quasi-inexistante, la solidarité bien réelle et David, qui était un peu volage, s’est assagi.
Ancienne commissaire de police, Hélène est désormais une «gardienne de protection» (plus besoin des policiers à l’ancienne) et s’ennuie un peu. Jusqu’à ce 17 novembre 2049 où va se produire le plus improbable des faits divers. Une famille habitant le quartier le plus huppé de la ville va disparaître.
Hélène se voit confier l’enquête par son supérieur. Le moment est venu pour elle de montrer tout son savoir-faire. Il faut dire qu’elle peut s’investir dans sa mission, David lui ayant laissé le champ libre en la quittant.
Lilia Hassaine, en poussant le curseur, imagine l’évolution d’un monde où, après que s’être montré à tous à travers les réseaux sociaux, vit désormais l’ensemble de sa vie quotidienne exposée à la vue de tous ; une sorte d’open space à l’échelle d’une nation.
C’est bien évidemment les dérives de notre société contemporaine que cible la jeune romancière, avec la montée inexorable des populismes, l’exposition à l’excès sur internet et l’acceptation des citoyens de céder toute vie privée au nom de la sécurité. Un échange qui ne fera pas que des heureux.
Même si la démonstration coule de source, on referme le roman avec un soupçon de frustration devant un livre que l'on aurait aimé plus dense et plus intense, surtout pour la trame policière quelque peu bâclée sur la fin.
Force est de constater que Lilia Hassaine ne maîtrise pas les codes du polar. Passé une mise en place prometteuse, le récit commence à patiner un peu et la liste des dérives potentielles liées à la « Transparence » se fait répétitive, voire redondante. Il manque d’un soupçon de tension dans l’intrigue, ou l’enquête.
Certes, l’objectif n’était très certainement pas d’écrire un récit policier (en veut pour preuve sa publication dans la « blanche » de Gallimard), mais lorsqu’on met en scène une disparition et une policière qui enquête, le lecteur est en droit de s’attendre à une approche « polar » un peu plus approfondie.
Au-delà de cette maigre intrigue policière, l’écrivaine dépeint surtout une société profondément clivée, déchirée, guidée par la peur, prompte à la délation. Une société déshumanisée que l’espoir a déserté. Cette ambiance étouffante est le point fort du roman tant elle résonne avec les évolutions récentes de nos quotidiens.
Si Lilia Hassaine réussit brillamment son pari sur l’établissement de la « transparence » et offre une vision alarmante de l’évolution possible de notre société dans une dystopie réalise, force est de constater que la partie « enquête » de son récit n’est pas du même niveau. Jusqu’à un final à la fois tiré par les cheveux et pourtant prévisible. Peut-être qu’au fond ça n’est pas vraiment un polar… Dommage.
Panorama ou transparence.
Ce texte se passe en 2049, dans une France dystopique où on vit à l'ère de la Transparence depuis la Revenge week : une révolution a eu lieu en France et la Transparence a été prônée.
Des maisons de verre, des bureaux de verre et des voisins qui se surveillent, des quartiers bien séparés. Des procès, même si avec la transparence, il n'y a plus de police mais des agents de protection, sont citoyens et ce sont les voisins qui voteront pour ou contre des emprisonnements.
En novembre 2049, un père, une mère et leur fils de huit ans disparaissent mystérieusement sans laisser de traces. Ancienne commissaire de police, Hélène va donc reprendre du collier pour essayer de retrouver cette famille qui, allez savoir comment, a trouvé le moyen d’échapper à l’hypervigilance des voisins et de se volatiliser dans la nature.
Comment se fait il que cette famille ait pu disparaître alors que la société prône l'harmonie, la transparence totale : des maisons en verre où chacun peut (sur)veiller sur les autres, des bureaux en open space avec un ascenseur transparent au milieu des bureaux pour que le chef veille sur son personnel. Notre enquêtrice va alors essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer, elle va rencontrer les différents voisins, leurs enfants. Et malgré la transparence, la vie n'était pas si paisible.
Un livre dystopique mais qui décrit aussi des comportements, des utilisations d'outils peur être pas si éloignés dans notre époque.. Il n'y a plus de bibliothèque et de vieux livres en papier, nous lisions sur tablette et des éditeurs sont entourés de modérateurs qui « nettoient » les textes de tout ce qui est incorrect.
Mais malgré cette transparence, il reste des rivalités, de mauvais sentiments, des histoires du passé qui resurgissent.
Un texte impressionnant et qui nous fait réfléchir sur notre société et la façon d'utiliser de nouveaux outils (caméras de surveillance). L'auteure aborde des sujets d'actualité et cette enquête nous questionne. Est ce que la transparence serait vraiment un moyen d'éradiquer le mal ?
Un texte d'une lecture plaisante mais qui terrifie aussi. Attention à ces comportements, à ces surveillances de chacun. Des sujets actuels, des solutions que la société pourrait envisager mais attention à l'ultra transparence.
De l’autrice, j’avais moyennement aimé Soleil amer. Je me suis régalée avec son dernier ouvrage.
Bien sûr, il y a une enquête sur la disparition d’une famille dans un quartier huppé dans lequel toutes les maisons sont transparentes.
Mais cette enquête n’est qu’un prétexte pour nous présenter une société résultante des réseaux sociaux dans laquelle rien ne peut être caché à ses voisins.
Tout a été pensé, même le lit-sarcophage si vous voulez faire l’amour loin des yeux inquisiteurs, et qui nécessite d’être activé des deux côtés du lit, obligeant au consentement des deux parties.
Mais comme tout le monde n’adhère pas ou n’a pas les moyens, il existe des quartiers « à l’ancienne » dans lesquels la jeunesse dorée va s’encanailler.
J’ai découvert au détour d’une phrase que le fondateur de la marque de chaussures Bata était tchèque et qu’il avait dans son immeuble un bureau-ascenseur entièrement vitré qui allait d’étage en étage, avec vue ses équipes.
J’ai aimé le personnage de Nico aux goûts vestimentaires décalés, mais toujours avec des lunettes noires.
Le personnage de l’architecte qui a construit le quartier m’a paru bien peu transparent, lui qui imagine une cathédrale de verre, futur temple de la consommation à l’image du Crystal Palace de Joseph Paxton.
J’ai aimé que ce roman parle également de justice : celle au nom de qui on construit des bâtiments transparents, celle qui s’exerce par vote populaire, mais qui profite à celui qui crie le plus fort.
J’ai aimé le regard de l’autrice sur notre future société qui, toute transparente qu’elle sera, abritera toujours les mêmes individus.
Quelques citations :
Mon smartphone était bien plus puissant, il ne me demandait rien, il anticipait mes désirs, et tout semblait gratuit. J’ai compris qu’il se nourrissait de mon ennui et que j’avais payé ses gens de mon temps. (p.55)
L’algorithme nous approuve, entretient nos croyances, nous conforte dans nos choix. Je partage des articles, des posts, pour évangéliser mes amis, ma famille. Ne pas communiquer, pour ne pas évoluer. Echanger, pour ne surtout pas changer. (p.148)
L’image que je retiendrai :
Celle de la forêt dans laquelle se rend un des personnage disparu qui aimait chasser loin des yeux des bien pensant.
https://alexmotamots.fr/panorama-lilia-hassaine/
Extrapolant à l’extrême nos tendances contemporaines, Lilia Hassaine imagine une crédible contre-utopie, où la dictature de l’ultra-transparence aboutit au triomphe de l’hypocrisie dans une société retranchée derrière les apparences.
Nous sommes en 2049. Depuis que, vingt ans plus tôt, la « Revenge Week » – semaine de la vengeance – a tourné à la révolution sanglante lorsque les victimes de harcèlement, de crimes familiaux et de délits écologiques ont entrepris de se faire justice dans la violence, et que, pour apaiser le pays, le gouvernement a adopté une nouvelle Constitution, la France métamorphosée vit sous le règne de la Transparence, un « pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle ». Ceux qui le désirent – précisons : et qui en ont les moyens – peuvent vivre en totale sécurité dans des quartiers transparents, constitués d’habitations de verre qui les livrent au regard bienveillant et protecteur d’autrui. Les autres sont libres de s’entasser en marge, à leurs risques et périls, dans des zones de non-droit – devenues, il faut le dire, de plus en plus défavorisées au fil du temps.
C’est dans l’un de ces quartiers de verre, où ni secrets ni criminalité n’existent plus, qu’à la stupéfaction générale, une famille s’évapore au nez et à la barbe de tous. Ravie de reprendre du service alors qu’elle n’était plus depuis longtemps qu’une « gardienne de protection », une ex-commissaire est chargée d’enquêter. Car, crime il y a bien eu. Et, malgré les déboires de sa propre vie privée et, bientôt, les pressions dans cette société boule de verre propice aux effets de loupe, il va lui falloir faire la part des mensonges et des hypocrisies pour mettre au jour les vérités sordides camouflées sous la perfection affichée.
Captivé par le suspense et par l’original – mais jamais invraisemblable – imaginaire de ce récit habilement construit, dans une langue vive et élégante, entre fable et polar, l’on se retrouve face au miroir, pas si déformant, qu’avec une lucidité critique, l’auteur tend à la société d’aujourd’hui. Montée des populismes, libertés sacrifiées aux obsessions sécuritaires, confusion entre opinion et justice. Vies privées mises en vitrine sur des réseaux sociaux favorisant par ailleurs l’isolement, le conformisme et l’emballement émotionnel au détriment de la réflexion. Vie liquide de l’éphémère et de l’immédiateté, mirage et dictature des apparences dans un monde où tout le monde surveille tout le monde, se compare, aime ou déteste en stigmatisant la différence. Nettoyage des textes de tout ce qui peut paraître incorrect, wokisme : autant de glissements actuels de la société qu’il suffit juste à l’auteur de prolonger pour nous présenter une vision de cauchemar dont il faut bien reconnaître qu’elle paraît à peine dystopique.
C’est un panorama bien inquiétant que nous présente ce roman d’anticipation auquel on n’a aucun mal à croire, tant il reflète de vérités sur les tendances de la société contemporaine. Plus encore qu’une dystopie originale et un polar addictif, ce troisième livre de Lilia Hassaine est un puissant roman social, riche de sens et fort habilement construit. Coup de coeur.
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