Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Un père décide d'écrire un livre à ses deux garçons handicapés : ses peines, ses remords mais aussi ses joies. Une oeuvre littéraire plus que documentaire, sorte de déclaration d'amour disloquée, dans un style incisif et clair, faits de chapitres courts comme des respirations suspendues. 150 pages pour se souvenir de Mathieu et de Thomas, rire pour ne pas pleurer.
Où on va papa ? est un court roman largement autobiographique dans lequel tragédie et humour se côtoient en permanence, un humour désespéré et absurde.
Ce récit, Jean-Louis Fournier, cet écrivain, humoriste, comparse de Pierre Desproges et réalisateur de télévision, le consacre à ses deux premiers enfants Mathieu et Thomas, handicapés moteurs et mentaux. Il a eu quelquefois la tentation de leur offrir un livre à Noël, ne l’a jamais fait « ce n’était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire ». Il va quand même leur en offrir un, celui-ci, qu’il a écrit pour eux, pour qu’on ne les oublie pas et pour dire des choses qu’il n’a jamais dites.
Le titre « Où on va papa ? » fait référence à la phrase que son fils Thomas ne cesse de répéter lorsqu’ils sont en voiture, dans cette fameuse Camaro.
L’auteur se souvient du premier médecin qui a eu le courage de leur annoncer que Mathieu était définitivement anormal, qu’il n’y avait rien à faire. Il se souvient de l’horreur qui s’en suivit, puis la joie nouvelle, teintée d’inquiétude à l’arrivée d’un deuxième enfant, deux ans après.
Impossible que ça arrive une seconde fois et à la naissance, Thomas est un bébé superbe. Il confie alors à des amis que cette fois, il se rend compte de ce que c’est d’avoir un enfant normal. Mais il a été optimiste un peu vite, Thomas se révèle rapidement un enfant fragile et souvent malade jusqu’à ce que leur médecin traitant ait le courage de leur dire la vérité : « Thomas est, lui aussi, handicapé, comme son frère ».
Jean-Louis Fournier, pour garder la tête hors de l’eau se moque lui-même de ses enfants. Il livre sans réserve ses sentiments, avec cet humour cru qui est une façon pour lui de surmonter ce qu’il nomme ses « deux fins du monde » et la comparaison n’est pas usurpée.
Pour ne pas sombrer, le rire et la plaisanterie ont fait office d’antalgiques à cet homme, lui permettant d’aller de l’avant et de rester debout. L’humour employé tout au long du bouquin lui sert à exorciser sa douleur et dévoile en fait toute la tendresse et tout l’amour qu’il porte à ses garçons qui ne connaîtront jamais la musique, la peinture, la littérature, le cinéma... « De ces grandes joies-là qui aident l’humanité à vivre, ils vont être privés aussi. » Il aurait tant aimé leur faire découvrir tout ça…
Outre ces espérances déçues, il confie ses regrets de n’avoir jamais pu communiquer avec eux et avoue aussi n’avoir pas toujours été suffisamment patient.
La moquerie et la dérision n’empêchent pas les sentiments. Où on va papa ? serait un récit absolument insoutenable si l’auteur ne détournait pas la gravité de la situation par sa drôlerie.
Bouleversant, émouvant, poignant et déchirant quand s’adressant à « ses petits oiseaux », il avoue sa tristesse à penser qu’ils ne pourront jamais goûter à ce qui fait le sel de la vie, qu’ils ne pourront jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l’indicatif présent ce verbe « aimer ».
Un peu surprise au début par cet humour noir quelquefois grinçant, un peu gênée parfois de sourire sur un sujet aussi grave, j’ai rapidement été conquise par le style de ce poème en prose, le ton sincère et juste et l’immense sensibilité dont fait preuve l’auteur.
J’ai retrouvé avec Jean-Louis Fournier cet humour noir et ce sens de l’absurde que j’appréciais tant chez Pierre Desproges et qui affirmait : « Le rire est un exutoire et je ne comprends pas qu’on dise qu’il ne faut pas rire de ce qui fait mal. Ça fait moins mal quand on en a ri. »
C’est exactement ce que j’ai ressenti avec cet ouvrage qui, avec le rire permet de dédramatiser cette situation tellement noire et inhumaine, tout en mettant en évidence cet amour inconditionnel que porte ce père à ces enfants !
Où on va papa ? Prix Femina 2008, se lit quasiment en apnée. De plus, ce livre a été adapté au théâtre par Michel Lavoie, avec Alain Guerry et Sandrine Girard.
En écrivant cette relation avec ses deux enfants lourdement handicapés, Jean-Louis Fournier a souhaité montrer que la vie de ses fils ne se résumait pas seulement à une photo sur une carte d’invalidité et il a réussi à établir ainsi un véritable dialogue avec eux d’une tendresse inouïe.
Les lecteurs de ce petit bouquin n’oublieront pas de sitôt Mathieu et Thomas !
Chronique à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/01/jean-louis-fournier-ou-on-va-papa.html
Une belle histoire de la vie de tous les jours ... des paroles vraies, vécues ... des sentiments, des sensations, des épreuves de la vie posées sur du papier ...
J'ai lu le livre d'une traite, il m'a bouleversé. Jean-Louis Fournier parle du handicap de ses fils de façon direct. Ce livre n'est pas triste, c'est la réalité. Un grand moment de lecture.
Un livre bouleversant.Jean-Louis Fournier raconte ses deux fils et leurs handicaps, les anecdotes et les galères, les difficultés...Il ne tombe jamais dans le pathos et comme on sait que l'histoire est vraie, c'est encore plus touchant...
La maman des enfants a publié sur son site sa version à elle et c'est bien qu'elle circule également.
http://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr/
drôle et bouleversant
Ce livre est un moment de confidences d’un père sur ses enfants.
Deux garçons, Mathieu et Thomas, deux handicapés !
Ce n’est pas leur faute s’ils ont de la paille dans la tête !
Jean-Louis Fournier nous raconte ses deux gosses, comme l’histoire d’un album de famille.
L’homme n’est pas parfait, mais quel parent peut prétendre à cette perfection ?
Le sujet du handicap est un sujet difficile à aborder. Surtout de nos jours où le politiquement correct sévit !
Mais Jean-Louis Fournier raconte ses enfants avec simplicité et humour noir, de manière un peu décalée pour leur rendre hommage.
Ce que j’ai aimé dans ce livre c’est que le sujet est difficile, mais il ne tombe jamais dans le misérable et la compassion.
La vie n’est pas cool, en effet mais il y a de bons sentiments.
C’est un témoignage bouleversant sur la différence.
Le style est sobre et simple.
L’auteur nous embarque en peu de temps dans l’intimité de son cœur.
J’ai bien aimé ce livre ! Je vous invite à le découvrir.
Une histoire courte et pleine de tristesse, à la fois très émouvante et belle de l'amour d'un père pour ses fils.
Un petit livre qui ne vous laissera pas indifférents !
Ma mère a lu ce livre qui l'a choquée ce qui m'a poussée à vouloir le découvrir et je dois avouer qu'au contraire j'ai bien aimé la façon dont l'auteur nous raconte sa vie, ou plutôt celle de ces deux fils handicapés.
Il arrive à nous faire rire avec ses petits lutins (et non pas d'eux) malgré la tristesse profonde que l'on entrevoit.
L'auteur est fier de ses deux fils pas comme les autres et nous montre l'évolution de ses sentiments au fur et à mesure avec des hauts et des bas et les maladresse des personnes environnantes.Et même s'il n'a pas gagné à la roue de la chance avec ses deux enfants handicapés il garde son humour, certes noir, mais de l'humour tout de même.Il avoue ses imperfections et a réussi a me toucher.
En bref, un livre à découvrir pour se faire son propre avis sur la vision de l'auteur et son humour corrosif.
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