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_ Prix Libraires en Seine 2020 _ Finaliste du prix Femina 2019 _ Finaliste du prix Femina des Lycéens 2019 _ Lauréat du prix Au Saut du Livre (librairie à Joigny (89)) _ Lauréat du prix littéraire des Bonnes feuilles (Librairie Maison de la Presse Les Herbiers) _ En lice pour le prix Pelléas - Radio Classique 2020 _ En lice pour le prix Printemps du roman de la ville de Saint-Louis 2020 _ En lice pour le prix des Petits Mots des Libraires 2020, catégorie roman _ Était en lice pour le prix des Libraires 2020 _ Était en lice du prix de la Ville de Deauville 2020 _ Prix de l'Union interalliée 2020 _ « Un jour, dans mille ans, un archéologue explorera ton refuge. Il comprendra que l'ouvrage militaire a été recyclé en ermitage. Et s'il lui vient l'idée de gratter sous la peinture ou la chaux, il exhumera des fresques colorées intitulées La Vie de David Claessens en sept tableaux. Je les connais par coeur, ils sont gravés à tout jamais dans ma médiocre mémoire, je peux vous les décrire, si vous voulez faire travailler votre imaginaire : L'enfant prodige choisit sa voie. _ Il suscite espoirs et ambitions. _ Le fils trébuche, s'éloigne, ressasse. _ Dans son exil, l'enfant devient un homme. _ Le fils prodigue, tentant de regagner son foyer, s'égare. _ Blessé, il dépérit dans sa prison de béton. Mais à la différence des tapisseries de New York, ton histoire est en cours ; il nous reste quelques tableaux à écrire, toi et moi, et je ne désespère pas de te faire sortir un jour du bunker. La clé de ton enclos, de ta cellule 77, c'est moi qui l'ai, David. Moi, Ariane, ta soeur. » Note : Le titre est un hommage au concerto pour orchestre et violon de Dimitri Chostakovitch. Pour découvrir la vidéo réalisée par Page des libraires, c'est [ici->https : //vimeo.com/357516579]. _ et celle de la librairie Mollat : [ici->https : //www.mollat.com/videos/alexis-ragougneau-opus-77]
Sélection Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2021
Lors des funérailles de son père, célèbre chef d’orchestre, Ariane Claessens, pianiste de renommée internationale, décide contre toute attente de jouer l’Opus 77, un concerto écrit pour violon et orchestre.
Car le grand absent à la cérémonie n’est autre que son frère David, violoniste prodige qui a refusé le rôle du fils prodigue.
Celle qui s’exprime mieux avec des notes qu’avec des mots, devient ainsi la « chroniqueuse du passé familial » le temps des quatre mouvements (+ une cadence ) de ce morceau qui constituent les chapitres du livre. Ariane revient sur le quatuor familial fait moins d’harmonies que de dissonances, notamment avec la lente descente aux enfers de la mère, chanteuse lyrique.
Je dois avouer que j’ai démarré la lecture d’Opus 77 pianissimo mais par la suite impossible de ne pas être happée par la tension qui va crescendo. Au final, Alexis Ragougneau nous propose une partition sans fausse note.
Une immersion dans le microcosme de la musique classique qui emprunte beaucoup au champ lexical de la guerre ; loin des apparences d’un univers lisse : la solitude du soliste international, la compétition impitoyable entre les Wunderkinder lors de concours prestigieux, la pression qui vous dévore autant que l’ambition, les clichés auxquels il faut se soumettre…
J’ai aimé qu’un livre me fasse découvrir un morceau de musique classique ainsi que l’histoire de son compositeur Chostakovitch… Je n’envisageais pas de refermer ce livre sans avoir au moins écouté une fois l’Opus 77. J’ai noté pour plus tard d’autres références de la B.O. du livre : Suite anglaise n°2 de Bach, Sonate n°16 de Mozart, Scènes d’enfants de Schuman, La Havanaise de Saint Saëns…
Quand j'ai vu la couverture du Livre de poche, je pensais n'avoir jamais vu auparavant ce livre. Et quand je suis allée chercher des informations sur lui et que j'ai vu la couverture du grand format, un demi violon avec un demi visage caché derrière, je me suis souvenue alors que je voulais le lire car cette photo m'intriguait beaucoup. C’est une image qui me parle beaucoup, ayant eu une fille qui joue du violon. Le résumé a fini de faire le travail, il mélangeait des thèmes que j’apprécie, histoire de famille, sur fond musical.
Et toute l’originalité de cette histoire repose justement sur le fait qu'elle repose sur une pièce de musique de Chostakovitch, le Concerto pour violon n°1 en la mineur, opus 77. Chostakovitch est un musicien que j’apprécie, et que l'on connaît surtout pour sa Valse n°2, rendue très célèbre par une publicité de voiture. Mais je m’éloigne du livre. Cet Opus va être le point central, le fil rouge du livre qui va se découper selon les mouvements de ce concerto. Comme lui, le livre est divisé en quatre parties, Nocturne avec un rythme Moderato, Scherzo et son rythme Allegro, Passacaglia au rythme Andante et le quatrième, Burlesque avec un rythme Allegro Presto. L'histoire va se coller parfaitement aux rythmes du concerto.
Tout commence par une messe d’enterrement, on fait la connaissance de Ariane Claessens, célèbre pianiste. C’est l’enterrement de son père, le célèbre chef d’orchestre. Ariane a décidé de jouer une pièce au piano pendant la messe, en hommage à son père. Elle aurait pu choisir un morceau connu, que l'on joue habituellement aux funérailles, mais elle décide de jouer un concerto qui a marqué sa famille, l'Opus 77, qui d'habitude se joue au violon mais qu'elle interprétera au piano. Les grands absents de cette cérémonie sont sa mère, Yaël, chanteuse lyrique et son frère David, violoniste. Ariane, au fur et à mesure qu'elle joue va se remémorer sa vie avec son père, son frère, tout ce qui a pu marquer cette famille de musiciens.
On va ainsi remonter dans le passé, dans l'enfance d'Ariane avec son frère, leur apprentissage de la musique, avec un père autoritaire et une mère qui peu à peu perdra sa voix. Les relations entre David et son père sont tendues, l'apprentissage de la musique est ardue, le père est exigeant avec ses enfants, ce qui peut se comprendre. La musique est ce qui les réunit mais aussi ce qui peut les déchirer. David est doué, plein de talent, mais très introverti, il quittera d'ailleurs tout pour vivre enfermé dans un bunker en Suisse. La mère est effacée, perd sa voix, et finira elle aussi dans une autre sorte d'enfermement. Ariane est celle qui essaiera toujours de les réunir, elle est une grande pianiste, fait des concerts à travers le monde. Elle aidera son frère à se surpasser. Elle s'occupera de son père à la fin de sa vie, et cherchera toujours à renouer les liens entre le père et le fils.
En tant que lecteurs, on est conviés à ce concert, et en même temps à rentrer dans l’intimité de cette famille célèbre le temps d'un roman. L’histoire suit le rythme du concerto, cela commence doucement avec l'enfance et la vie familiale pour finir en apothéose avec ce prix de la Reine Elisabeth que David va tenter. C’est sa sœur et son professeur qui le poussent à le tenter, il a plusieurs phases éliminatoires à passer et la final est de jouer justement l’Opus 77 avec un orchestre, et le chef d'orchestre invité cette année là n'est autre que le père de David, qui ne sait pas que son fils s'est inscrit à ce prix. Comment vous dire à quel point les moments vont être forts pendant ces temps où père et fils règlent leurs comptes au travers de leur jeu musical. Tout l'amour, tout le manque, tous les non-dits vont être transposés le temps d'un concerto. Et le silence, ce silence si pesant, ces regards qui ne se croisent pas, c’est pour moi le moment le plus intense du roman. Comme si tout le reste du livre n’était là que pour arriver à ce moment, exactement comme lorsqu’on écoute une symphonie, le point d’orgue, le moment où tout l'orchestre s'emballe.
Je me suis alors empressée d’aller écouter cet Opus 77 pour pouvoir ressentir au plus près toutes les émotions, et je peux vous dire que le rythme de ce livre suit parfaitement celui du concerto. Et pour ça, je suis totalement admirative, car c’est un exercice pas évident du tout. Le style de Alexis Ragougneau est très bon, il peut à la fois être incisif, violent, fort, et en même temps doux, caressant, plein de pudeur. J'ai aimé la façon dont il a amené tous les événements. Le narrateur principal est Ariane, le choix narratif de l’auteur est donc la première personne du singulier, et je suis très sensible à ce « je » qui me permet de me mettre à la place de la narratrice et de ressentir au plus près tout ce qu'elle vit, de rentrer dans sa tête. Et les émotions ressortent très bien. Ariane s’adresse à son frère, à son père, elle parle de son professeur, de sa mère. C’est parfois un peu déroutant, car au début d'un nouveau paragraphe, on ne sait pas toujours à qui elle parle, il faut quelques lignes pour comprendre qui est l'interlocuteur, et cela m'a par moment déstabilisée. Ce serait mon seul petit défaut de cette lecture. Les remontées dans le passé ne sont pas suivies dans le temps, je veux dire qu'on peut être à un moment de la vie adulte, remonter dans l'enfance, puis l'adolescence pour retourner encore plus loin. C’est aussi parfois déroutant, mais c’est aussi très original. Une autre originalité aussi, c’est qu'il n'y a pas ou très peu de dialogue, comme il n'y a pas de chapitres. À l’intérieur d'une partie musicale, tout est raconté d'un bloc, et n'est séparé que par des espaces. Quand j'ai vu cette construction en feuilletant le livre avant ma lecture, j'ai eu peur que cela provoque beaucoup de longueurs, et en fait pas du tout. Tout est bien rythmé par les allers-retours entre le présent et le passé. Je ne me suis pas ennuyée une seconde.
J'ai beaucoup aimé ce livre, découvrir cet auteur. Alexis Ragougneau a écrit ce roman comme un musicien écrit une partition, il a réussi à transposer la force des coups d'archet, ou des touches de piano, mais aussi la douceur d'un toucher de note. J'ai vraiment vécu cette lecture comme j’écoute une symphonie de musique classique. Certaines scènes m'ont rappelé de bons souvenirs, surtout l'apprentissage de la musique au moment de l'enfance de David et Ariane. J'ai revu mes deux filles qui ont appris les mêmes instruments, aller au conservatoire, une avec le violon dans le dos, l'autre avec son cartable de partitions. Cela m'a remémoré de très bons moments avec mes enfants et m'a beaucoup touchée.
Ce livre transmet des émotions fortes, et parle très bien des relations parents-enfants, dans leurs complexités et leurs beautés. C’est un vibrant hommage aux relations familiales, et il pointe aussi le doigt sur le fonctionnement du milieu musical, de la célébrité, des dangers de celle-ci, de la compétition entre les musiciens et du microcosme qu’il représente, comme une élite au-dessus de tout.
Je pense que vous l'aurez compris au vu de la longueur de cet avis, j'ai aimé ma lecture, touchante et émouvante, elle s'est lue facilement et n'a pas été ennuyante. Bien qu'il porte un nom de concerto, ce n'est pas un livre sur la musique, mais plutôt sur ceux qui la joue, qui font ce qu'elle est, chaque musicien aura une façon différente de jouer une pièce de musique et c’est ce qui fait sa grande richesse.
Je découvre totalement Alexis Ragougneau avec ce livre et je ne suis pas du tout déçue par cette découverte. Je le note dans mes auteurs à suivre car je prendrai un grand plaisir à lire un autre de ses romans. J'ai envie de voir s'il met autant d’originalité dans d'autres de ses écrits.
Je ne peux vraiment que vous conseiller ce livre qui vous enrichira musicalement et qui vous emmènera dans une histoire familiale intense.
Un très beau roman dans lequel l'intensité de l'histoire se mêle à l'émotion de la musique.
Lors des funérailles de son père, Ariane, pianiste de grand renom, décide de jouer l'Opus 77, le concerto pour violon de Chostakovitch : un choix qui peut paraître déconcertant voire choquant aux yeux de l'assemblée venue assister à l'enterrement du grand chef d'orchestre, mais qui revêt une dimension symbolique très forte.
Avec ses cinq mouvements, l'Opus 77 va servir de fil conducteur à Ariane pour dérouler l'histoire de cette famille de musiciens de talent, peu à peu détruite par la tyrannie du père, Claessens. L'orgueil et l'emprise de cet ancien pianiste reconverti en chef d'orchestre s'accroissent avec son succès, jusqu'à en devenir écrasants.
Les effets de cette évolution sont dévastateurs pour les membres de sa famille :
Tout d'abord la mère, Yaël, une cantatrice lumineuse qui s'éteint peu à peu jusqu'à sombrer dans le mutisme et la folie.
Puis David, le fils rebelle, qui dès l'enfance fait un affront à son père en choisissant le violon plutôt que le piano. D'une très grande sensibilité, ce violoniste prodige va soudainement se couper du monde en se retranchant dans un bunker. Les relations entre le père et le fils sont jalonnées par l'amour et la haine. Véritables instants de grâce, les deux scènes où les deux hommes parviennent à communiquer à travers la musique sont d'une beauté bouleversante.
Et enfin, Ariane, l'enfant modèle qui joue le rôle qu'on lui a assigné sans se plaindre, qui a suivi les pas de son père en devenant une pianiste au succès international, qui prend soin de sa famille. Mais en dépit de sa réussite éclatante, la jeune femme est très seule, cachant sa vulnérabilité et ses blessures derrière un masque de froideur, toujours dans le contrôle d'elle-même.
Dans son récit, Ariane nous emmène aussi dans les hautes sphères de la musique classique et de ses concours, où seuls quelques musiciens parviennent à sortir du lot, au prix de grands sacrifices et d'un travail acharné pour atteindre l'excellence. Elle nous fait découvrir l'envers du décor de ce monde où la compétition est impitoyable, et où « la meute » peut anéantir en un instant une carrière.
J'ai aussi été très émue par le personnage de Krikorian, le professeur arménien, et par son histoire.
Je ne suis pas une grande amatrice de musique classique, et pourtant les notes de l'Opus 77 m'ont accompagnée tout au long de ma lecture. Ce concerto est comme le roman d'Alexis Ragougneau : superbe.
Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2021
De la musique, de la musique et encore de la musique.
Des virtuoses, un drame, la vie, mais toujours en musique.
Une écriture qui emporte au fil des pages pour ne plus rien lâcher. Vivre au rythme du concerto, pourDe la musique, de la musique et encore de la musique.
Des virtuoses, un drame, la vie, mais toujours en musique.
Une écriture qui emporte au fil des pages pour ne plus rien lâcher. Vivre au rythme du concerto, pour un bon moment de lecture.
Alexis Ragougneau a débuté sa carrière d’écrivain avec 2 romans policiers, mais avec « Opus77 » il se lance dans un style totalement différent puisqu’il s’agit là d’un drame familial.
L’histoire est racontée par Ariane, la fille. La famille est composée de Claessens, le père (l’auteur n’utilise ni son prénom, ni papa mais uniquement son nom de famille pour parler de lui ; ce qui en dit déjà long sur leur relation), Yaël, la mère, David, le fils ainé et enfin Ariane, la cadette et narratrice.
Claessens est un prodige du piano, connu dans le monde entier. Il rencontre Yaël, qui est alors soprano, à Tel-Aviv. Ils ont 20 ans d’écart. Ils partent s’installer à Paris où vont naitre leurs 2 enfants. Claessens est obligé d’arrêter sa carrière de pianiste à cause de tendinites. Il devient alors un grand chef d’orchestre. Il devient amer et irascible. Yaël arrête sa carrière de soprano et les 2 enfants sont mis à la musique très jeunes. Presque dès le début du roman, on sait qu’un drame s’est joué, qui a brisé cette famille.
On sait assez peu de chose sur la mère, Yaël, excepté qu’elle est suicidaire. Ariane nous dévoile ce qu’elle est devenue seulement vers la fin du roman et en s’étendant très peu. Dommage, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur son parcours.
Le père, lui, est au cœur de l’intrique. Cet ancien virtuose pousse ces enfants à tout donner à la musique et à avoir ce que lui n’a pas pu avoir : une grande carrière dans la musique. Claessens est castrateur, autoritaire, voire despote.
Dans la famille Claessens, tout tourne autour de la musique. C’est même la seule chose existante dans cette famille. Aucun échange, aucune activité commune, pas de câlins, ni de paroles réconfortantes, il existe très peu de lien entre les différents membres.
Ariane nous livre l’histoire de sa famille sans filtre, sans pudeur et souvent de façon ironique (pour dédramatiser ?). Le récit alterne entre les différentes périodes de leur vie et j’ai eu quelques fois du mal à m’y retrouver. Loin d’être un coup de cœur mais j’aimerais découvrir les premiers romans de l’auteur puisque j’ai tout de même aimé son style d’écriture.
Plongée en apnée dans l’univers de la musique. Le mot est juste et réussit à transcrire le son ! Une belle performance qui m’a « soufflée » à tel point que j’en ai presque oublié de respirer ... la solitude de l’artiste et l’exigence requise, tout est dit !
Ce roman épouse effectivement les différentes parties du concerto. On suit les différents thèmes, les variations. Le tempo est effréné, puis quelques points d’orgue viennent prolonger la pensée des personnages. Ce roman permet de voir la dure réalité de ce métier : l’endurance de l’apprentissage, les professeurs qui peuvent parfois
être odieux, la pression de la réussite, la sélection des concours… Opus 77 est bien ici une œuvre musicallittéraire, où la voix du soliste, l’auteur ne fait plus qu’un avec l’orchestre, ses personnages.
Ariane Claessens est une pianiste concertiste virtuose dont la renommée est grandissante. En début de récit elle s'apprête à jouer pour les funérailles de son père. Elle est la petite dernière d'une famille de musiciens, avec un père pianiste reconverti dans la direction d'orchestre, une mère cantatrice et un frère, David, violoniste surdoué mais fragile. Au dernier moment, constatant l'absence de ce frère aîné, elle décide, à la surprise de l'assemblée essentiellement composée des musiciens de l'Orchestre de la Suisse romande que son père a dirigé, de jouer au piano le concerto pour violon opus 77 de Chostakovitch. L'occasion pour elle, à travers ce morceau qui a joué un rôle particulier dans son histoire familiale, de livrer ses souvenirs au lecteur.
La narration est nerveuse à l'image de cette jeune femme plongée depuis son adolescence dans une quête de la perfection lui permettant de se démarquer de la foule de pianistes du même niveau technique qu'elle, du petit plus dans le jeu où la personnalité qui fait passer d'une vie de musicienne professionnelle lambda à celle de concertiste adulée. Les bonds dans le temps sont nombreux. L'évocation de son enfance auprès de son frère, lorsqu'elle se glissait sous le piano pour écouter son père accompagner la voix de velours de sa mère Yaël, avant que celle-ci ne se fasse de plus en plus rare au fil de la carrière prématurément avortée de la cantatrice. Celle des périodes d'apprentissage auprès d'un père perfectionniste, avec qui David se trouvait plus en conflit que sa sœur, comme si son choix de jouer du violon avait quelque peu contrarié l'illustre pianiste. Celle enfin, difficile, de la fin de vie du grand chef d'orchestre.
La musique est bien sûr omniprésente tout au long du roman, et plus particulièrement cet opus 77 de Chostakovitch, que le compositeur a composé alors qu'il se trouvait confronté au harcèlement d'un régime stalinien qui n'appréciait pas sa musique. Il revient régulièrement dans l'histoire, associé à un événement musical marquant de l'histoire familiale concernant plus particulièrement David, dont on n'a le fin mot qu'en fin de récit dans une envolée lyrique de toute beauté. Car c'est ce qui m'a le plus marqué dans la belle écriture d'Alexis Ragougneau, sa justesse de ton lorsqu'il parle de musique, de ce qu'elle représente pour ces artistes, de la passion qui les anime, de ce qu'il procure comme sensations aux personnes qui ont la chance de les écouter. L'émotion qu'il fait passer à travers ses mots est superbe et intense.
Je suis resté un tout petit plus en retrait en ce qui concerne les personnages que j'ai trouvé un peu froids, à l'exception de Krikorian, le lumineux professeur arménien à la carrière de soliste brisée dans une autre vie par amour de la liberté, qui prend en charge la formation de David, n'hésitant pas à lui offrir son violon d'Odessa pour lui donner les meilleures chances d'affirmer son talent.
Un bien beau roman qui donne envie d'écouter l'opus 77.
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