Découvrez la première sélection : 30 titres parmi les romans français de la rentrée littéraire de janvier
Mai 45, libération du camp de T érézin. Un air de jazz siffloté par un petit tchèque aux oreilles en choux fleur bouleverse l'un des rescapés des camps qui vient d'échouer ici, au terme d'une longue marche de la mort. L'enfant s'appelle Léo Radek. Il est le dernier enfant survivant de T érezin, antichambre de la mort pour des milliers de juifs, où les nazis parquèrent des artistes pour servir de vitrine en une sordide mascarade. Lui aussi est bouleversé par la rencontre qu'il vient de faire : cet homme décharné, fiévreux, au regard bienveillant et si transparent, parle ce français qu'il aime, et c'est un poète. Il s'appelle Robert Desnos. Comme un grand frère protecteur, le poète qui se meurt, trouve encore une fois les mots. Une rencontre inoubliable où la poésie triomphe sur la barbarie.
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http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/11/ombre-parmi-les-ombres-dysabelle-lacamp.html
J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel je suis engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.
Ysabelle Lacamp nous entraîne dans le camp de Terezin, à 50 kms de Prague, au moment de la libération du camp en mai 1945. Elle imagine la rencontre entre un jeune juif tchèque, Leo Radek, dernier enfant survivant de ce camp et le poète surréaliste et résistant Robert Desnos abandonné là par les allemands en fuite. Très affaibli, sans doute atteint du typhus, Desnos mourra dans ce camp le 5 juin 1945.
L'auteure nous raconte le camp au travers des yeux de ce jeune enfant et du poète, un camp vitrine du Reich, une ville promise aux juifs par Hitler. Les voix de Léo et de Robert se mêlent, les souvenirs du passé de Desnos resurgissent, Léo raconte sa déportation et la disparition de sa famille. Le récit, parsemé de poèmes de Desnos, retrace les quatre dernières semaines de la vie du poète.
Ce roman est un bel hommage à Robert Desnos mais je n'ai pas été sensible au style d'Ysabelle Lacamp que j'ai trouvé beaucoup trop poétique avec trop d'envolées lyriques. De plus, les allers retours entre le passé et le présent ne rendent pas la lecture facile. J'ai trouvé intéressante l'histoire de ce camp mais, pour avoir lu le magnifique livre de Gaëlle Nohant, Légende d'un dormeur éveillé, extrêmement bien documenté sur la vie de Desnos, ce roman ne m'a pas apporté grand chose. Il intéressera les lecteurs fervents d'écriture très poétique et qui méconnaissent la vie de Desnos.
En lice pour le Prix Hors Concours 2018 (Gaëlle Bohé) ce récit est un pan d’amour à l’orée de ce temps poétique où la douleur de vivre semait des morceaux de verre sur les pas des hommes. Elle est belle l’écriture d’Ysabelle Lacamp. Douce et empreinte de ce souffle qui appelle l’autre à l’aide par l’art du mot ciselé en délivrance à venir. Robert Desnos est ce grand poète aux vers fraternels et purs, caresses sur le front de l’enfant de Terezin. Sauveur, allié d’une fleur qui pousse sur les barbelés de l’horreur, ce sage, ce soldat de tendresse, sanglote de froid, de rage, d’impuissance, de souffrance, lui le donnant. Ce récit est lumière. Il est plus que cette bouée de sauvetage qui s’égare en pleine mer barbare et folle. Il est ce que la nuit doit au jour vaillant et endurant. Cet hymne fondateur est une bataille, la fraternité contre la haine. Les mots d’Ysabelle Lacamp sont feux et forces, piliers et endurance. Robert Desnos de loin, de près, entre les lignes porteuses de sens est osmose avec cette écriture qui écarquille le Verbe à l’aube inspirante. L’enfant rescapé, l’unique symbole de ce qui résiste au glas du malheur est ce regard qui affole et qu’on voudrait protéger et vite. La barbarie, tache d’encre sur la page noble, foudroie en plein vol, le mot survivre. La force littéraire, magnificence de ce récit, étouffe le mal par sa puissance. L’ampleur humaniste de ce récit gagne sur la barbarie, sur le sang fou des tortures intestines. Ce récit est notre Histoire. Robert Desnos est ce pas de côté cher aux êtres de courage. « Le chant du coq est –il vraiment mort ? » « Ombre parmi les ombres » est beau à pleurer. Ses couleurs sont celles de l’engagement, de la formidable générosité d’un homme qui donne le verbe en nourriture pour l’enfant de Terezin et bien plus que cela encore. « Les petits êtres de Terezin »(Page 114) ne tremblent plus. « Ombre parmi les ombres « est un hommage, une mémorielle reconnaissance. Ce récit est de l’or pur. Personne ne peut froisser le langage courageux et noble de l’auteure si attentionnée au vivant des mots. Ils assemblent l’épars et font œuvre de rédemption. Publié par Les Editions Bruno Doucey, indispensable, bénéfique, ce récit est à apprendre par cœur.
Le 8 juin 1945 au camp nazi de Terezin en Tchècoslovaquie s'est éteint un poète, Robert Desnos, alors que les russes venaient de libérer la zone. Un enfant, Léo Radek, tchèque, juif, incarcéré au camp de Térézin, et survivant nous le fait revivre. Léo a perdu les siens qui ont résisté chacun à leur manière, il rencontre le poète français et s'y attache. Affaibli par le typhus, sentant certainement sa fin arriver, le poète apprécie le jeune garçon et lui témoigne sa bienveillance jusqu'à ses derniers instants. Un nombre tatoué, 185 443, qui progressivement se dissout pour devenir une ombre parmi les ombres. Non, la poésie, l'humour, l'humanité, son humanité et son nom lui permettront de quitter l'horreur des camps pour redevenir au moment de rejoindre le paradis des poètes, celui qu'il est.
Léo nous fait aussi découvrir sa ville, Térézin. Elle n'est pas la ville idéale où s'épanouissent les juifs, elle n'est pas non plus la ville mascarade présentée par la propagande nazi, elle est l'antichambre de la mort, la dernière étape avant la déportation.
Ysabelle Lacamp nous fait vivre les derniers instants de Robert Desnos en mélant vérité historique et vérité romancière, en mélant la beauté du surréalisme à l'horreur de la réalité.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/04/13/36308083.html
Après le merveilleux Légende d’un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant en août dernier, Ysabelle Lacamp s’empare elle aussi de ce grand poète pour nous fournir un livre tout aussi sublime. Ysabelle a choisi de raconter les derniers instants de Desnos dans le camp de Terezin (Theresienstadt). Ce camp-ghetto ouvert de 1941 à 1945 avait une place particulière dans le monde concentrationnaire. C’était un lieu de dissimulation, de subterfuge pour la propagande nazie. Le camp était présenté comme une « station thermale », un lieu de tranquillité pour les juifs allemands, tchèques et autrichiens. On y mettait des personnes connues du milieu culturel pour en faire une vitrine de la « bonne volonté des nazis ». Bien évidemment tout ceci n’était qu’un odieux mensonge.
Pour autant, Terezin était véritablement un lieu où la vie culturelle existait, vivait grâce aux bonnes volontés des déportés. Les enfants étaient instruits, on organisait des concerts et des pièces de théâtres. Une quantité impressionnante de dessins d’enfants ont été retrouvés. Des adolescents se sont aussi regroupés en un courant appelé la République de Skid. Ils écrivaient des articles, des blagues, des poèmes dans une revue clandestine appelée Vedem (« Nous menons » en tchèque).
Dans son plus grand des malheurs, Robert Desnos est tombé sur le camp des poètes dont il était l’un des plus emblématiques.
C’est dans ce contexte fort qu’Ysabelle Lacamp fait se rencontrer Robert Desnos et le tchèque Leo Radek, représentant de ces jeunes épris de culture du camp de Terezin. Une éphémère mais solide amitié se tisse entre eux. L’admiration est instantanée et réciproque. Ils forment ensemble la résistance sous toutes ses formes notamment culturelles. L’auteure montre aussi l’importance de la transmission, que ce soit celle de Desnos envers Radek comme celle plus universelle de la mémoire des horreurs qui peuvent à tout moment recommencer. Comment ne pas y être sensible en nos périodes troublées ?
Desnos était déjà très malade, à bout de force mais son esprit restait vivace. En plus de ses conversations avec Leo, des rêves brumeux peuplaient ses nuits. Il y voyait sa sirène Youki et son étoile Yvonne. La langue puissante, le phrasé de toute beauté, poétique à souhait d’Ysabelle Lacamp sont à la hauteur de l’hommage rendu à Desnos et à la hauteur de la mémoire de ces jeunes enfants et adolescents du camp de Terezin, décédés pour 90 % d’entre eux.
Il est là, rayonnant et solaire, sur la couverture du livre. Lui, Robert Desnos, libre poète et homme libre. Il est là et il sourit. Il embrasse l’humanité toute entière de son « regard transparent. Incandescent ».
L’amoureuse de la poésie que je suis, et tout particulièrement de celle de Desnos, ne pouvait donc que savourer ce roman qui retrace les quatre dernières semaines de vie du poète au camp de Terezin, alors même qu’un chant de Liberté retentissait dans l’Europe entière.
Ombre parmi les ombres, c’est la rencontre de deux soleils. Il y a Robert, et il y a Leo. Leo Radek, textuellement « le Bienheureux ». Enfant de Terezin, combattant et survivant, chargé par son Desnos de témoigner. . .
« Poètes libres, vous l’étiez, enfants de Terezin, même si vous le deviez aux forces malignes du monde. Mais sache, p’tit père, qu’à certains, il aura fallu une vie entière avant de le devenir ».
Il faut savoir que Terezin est un camp pas tout à fait comme les autres. Il est en effet la « vitrine du Reich », la ville promise par Hitler aux juifs. Une « sinistre mascarade », un « camp-paradis ». Le cynisme est poussé jusqu’à bâtir la ville forte en forme d’étoile à six branches. Mais il faut aussi savoir que ce même endroit a été un lieu de résistance par l’art et la culture, lesquels étaient dispensés aux enfants, de façon clandestine. Sur les quinze mille enfants déportés dans ce lieu maudit, une centaine a survécu.
Les chemins de ces deux « arbres jumeaux » vont se croiser pour n’en faire plus qu’un. Celui qui mène à la Liberté, dusse t’elle passer par l’obscurité, par la mort. Leurs histoires vont se mêler : celle de l’enfant qui a résisté en découvrant Hugo, Baudelaire et Verdi , et celle du poète déporté pour avoir dit Non.
C’est avec une immense émotion que l’on retrouve André Breton, le Corsaire Sanglot, Fantômas, et bien sûr les deux Y du cœur de Robert , Yvonne et Youki. Ses deux amours.
C’est la gorge serrée que j’ai écouté l’enfant évoquer le départ de ses parents, de ses amis, pour les camps de la mort.
C’est avec émerveillement que j’ai suivi ces deux résistances, ces âmes liées.
Celles et ceux qui me connaissent ou ont déjà erré sur ce blog savent le coup de foudre que fut pour moi le roman de Gaëlle Nohant « Légende d’un dormeur éveillé », et aussi combien j’aime et admire Robert Desnos. Le retrouver, dans un registre différent, mais avec une égale sensibilité et une plume admirable, fut pour moi une source d’émotions et de bonheurs (au pluriel !).
Mêlant fiction et histoire, Ysabelle Lacamp rend un vibrant hommage tant à Desnos qu’aux enfants oubliés de Terezin. Un hommage à la Poésie, à la Liberté, à la Résistance, à l’Espoir, à la Vie, à la Création salvatrice. Un hommage à tous ceux que le temps a balayés et qui pourtant ont contribué à ce monde qui est le notre, bringuebalant bien souvent. Libre toutefois. A condition que l’on retienne ce qui doit l’être. C’est aussi une résonnance, dont il faut saisir le son, une drôle de résonnance, comme un écho…
« C’est alors que je l’ai vue. Minuscule au pied des barbelés. Corolle tremblante d’un incroyable rose fragile, tranchant au milieu du vert-de-gris qui recouvrait le camp comme de la cendre. Unique et solitaire, une fleur avait trouvé le moyen de pousser dans le désert, preuve que la vie, en définitive, était plus forte que la mort ».
Leo Radek est le seul survivant de Terezín. Il s'est planqué plusieurs jours, avant que les alliés ne débarquent. Mal en point, il est soigné. Alors qu'on lui demande de partir une fois rétabli, Leo refuse. Personne ne l'attend. Son père s'est pendu lorsqu'il a compris que Terezín ne serait pas un havre de paix pour les juifs, sa mère et sa sœur ont été déportées à Auschwitz. Ses amis, également. Alors il aide, il est affecté au bâtiment 4. Un lieu qui bouleversera sa vie à jamais puisqu'il y rencontrera Desnos. Affaibli. Lui l'homme qui a toujours gardé l'espoir est désormais vide de toute lueur de vie.
Immédiatement, le lien se crée. Desnos transpose ses souvenirs de Paris avec ceux de Leo. Il se prend d'affection pour l'enfant. Leo, surnommé Kuba par Desnos, lui conte sa vie, la résistance qu'il créait avec d'autres enfants, cette résistance poétique face à la fureur des nazis car "L'art était devenu la drogue du ghetto, la seule capable dans un moment de communion extraordinaire de nous permettre à tous de fuir l'implacable réalité."
L'enfant ou l'auteure conte à son tour la vie de Desnos, le souvenir d’Yvonne, et de Youki. Les "sommeils hypnotiques", prophétiques de ce grand homme. L'amitié rompue pourtant si forte avec Breton. Sa foi inébranlable en l'Homme. Sa résistance à toute violence. Et puis son art à travers la peinture, à travers les mots. Sa poésie, sa magnifique poésie en guise d'espoir.
En écrivant Ombre parmi les ombres, Ysabelle Lacamp écrit là deux livres majeurs. L'un dédié à l'Histoire oubliée de Terezín, l'autre en hommage à un grand poète et humaniste inoubliable : Robert Desnos. J’ai été soufflée par la beauté de ces deux hommes bien sûr mais aussi par la beauté de langue qui danse, qui lutte, qui transmet. Par ces phrases qui envoient en plein visage la force de la poésie, pas seulement celle de Desnos mais aussi la sienne, celle propre à Ysabelle Lacamp. Et qui m’a profondément émue. Je suis ressortie de ma lecture un peu tremblante comme si j’avais participé moi aussi à un sommeil hypnotique.
Ce roman d’une rencontre imaginée est une passation, celle d’un poète qui croit encore en la beauté de l’homme à un jeune homme qui lui survivra. Une passation d’une auteure admirant Desnos à un lecteur qui n’a plus qu’une envie en refermant ce court récit, (re)lire Desnos. Dévorer ses œuvres, puiser dans son humanité, s’imprégner de sa lumière. Si forte. Si brillante.
Lien chronique : http://www.livresselitteraire.com/2018/03/ombre-parmi-les-ombres-ysabelle-lacamp.html
J'ai adoré ce texte que j'ai trouvé à l'image (pour ne pas dire à la hauteur) de la poésie de Robert Desnos. Le roman, assez court, se lit en une bouchée. Il se savoure entre le récit de Kuba, l'enfant-narrateur qui raconte sa rencontre avec Robert Desnos lors de la libération du camp de Terezin en 1945, les flash back du poète dans sa vie libre et des bribes poétiques d'une incomparable justesse.
Ce roman est bouleversant parce qu'il dit tout: l'essence poétique d'un homme mourant, l'espoir malgré la mort, l'avenir malgré les cendres. Un bijou littéraire sur l'horreur des camps et la grandeur de l'âme du poète.
Tout au long de ces pages, Isabelle Lacamp fait parler Desnos et ses amis, fait émerger les souvenirs. Il évoque sa vie d’avant, les surréalistes, Breton ou Aragon, Yvonne la tant aimé qui le lui a si mal rendu, Yvonne et l’opium qui balaie toute dignité mais aussi toute souffrance, Youki la si belle qui sera son dernier et grand amour, et tous ses amis qui l’attendent et qui l’espèrent.
Un roman émouvant et optimiste parce qu’il nous insuffle de l’énergie et par la leçon de vie que nous donne Robert Desnos.
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