"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/11/ombre-parmi-les-ombres-dysabelle-lacamp.html
J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Hors Concours dans lequel je suis engagée cette année, il fait partie des cinq finalistes.
Ysabelle Lacamp nous entraîne dans le camp de Terezin, à 50 kms de Prague, au moment de la libération du camp en mai 1945. Elle imagine la rencontre entre un jeune juif tchèque, Leo Radek, dernier enfant survivant de ce camp et le poète surréaliste et résistant Robert Desnos abandonné là par les allemands en fuite. Très affaibli, sans doute atteint du typhus, Desnos mourra dans ce camp le 5 juin 1945.
L'auteure nous raconte le camp au travers des yeux de ce jeune enfant et du poète, un camp vitrine du Reich, une ville promise aux juifs par Hitler. Les voix de Léo et de Robert se mêlent, les souvenirs du passé de Desnos resurgissent, Léo raconte sa déportation et la disparition de sa famille. Le récit, parsemé de poèmes de Desnos, retrace les quatre dernières semaines de la vie du poète.
Ce roman est un bel hommage à Robert Desnos mais je n'ai pas été sensible au style d'Ysabelle Lacamp que j'ai trouvé beaucoup trop poétique avec trop d'envolées lyriques. De plus, les allers retours entre le passé et le présent ne rendent pas la lecture facile. J'ai trouvé intéressante l'histoire de ce camp mais, pour avoir lu le magnifique livre de Gaëlle Nohant, Légende d'un dormeur éveillé, extrêmement bien documenté sur la vie de Desnos, ce roman ne m'a pas apporté grand chose. Il intéressera les lecteurs fervents d'écriture très poétique et qui méconnaissent la vie de Desnos.
En lice pour le Prix Hors Concours 2018 (Gaëlle Bohé) ce récit est un pan d’amour à l’orée de ce temps poétique où la douleur de vivre semait des morceaux de verre sur les pas des hommes. Elle est belle l’écriture d’Ysabelle Lacamp. Douce et empreinte de ce souffle qui appelle l’autre à l’aide par l’art du mot ciselé en délivrance à venir. Robert Desnos est ce grand poète aux vers fraternels et purs, caresses sur le front de l’enfant de Terezin. Sauveur, allié d’une fleur qui pousse sur les barbelés de l’horreur, ce sage, ce soldat de tendresse, sanglote de froid, de rage, d’impuissance, de souffrance, lui le donnant. Ce récit est lumière. Il est plus que cette bouée de sauvetage qui s’égare en pleine mer barbare et folle. Il est ce que la nuit doit au jour vaillant et endurant. Cet hymne fondateur est une bataille, la fraternité contre la haine. Les mots d’Ysabelle Lacamp sont feux et forces, piliers et endurance. Robert Desnos de loin, de près, entre les lignes porteuses de sens est osmose avec cette écriture qui écarquille le Verbe à l’aube inspirante. L’enfant rescapé, l’unique symbole de ce qui résiste au glas du malheur est ce regard qui affole et qu’on voudrait protéger et vite. La barbarie, tache d’encre sur la page noble, foudroie en plein vol, le mot survivre. La force littéraire, magnificence de ce récit, étouffe le mal par sa puissance. L’ampleur humaniste de ce récit gagne sur la barbarie, sur le sang fou des tortures intestines. Ce récit est notre Histoire. Robert Desnos est ce pas de côté cher aux êtres de courage. « Le chant du coq est –il vraiment mort ? » « Ombre parmi les ombres » est beau à pleurer. Ses couleurs sont celles de l’engagement, de la formidable générosité d’un homme qui donne le verbe en nourriture pour l’enfant de Terezin et bien plus que cela encore. « Les petits êtres de Terezin »(Page 114) ne tremblent plus. « Ombre parmi les ombres « est un hommage, une mémorielle reconnaissance. Ce récit est de l’or pur. Personne ne peut froisser le langage courageux et noble de l’auteure si attentionnée au vivant des mots. Ils assemblent l’épars et font œuvre de rédemption. Publié par Les Editions Bruno Doucey, indispensable, bénéfique, ce récit est à apprendre par cœur.
Le 8 juin 1945 au camp nazi de Terezin en Tchècoslovaquie s'est éteint un poète, Robert Desnos, alors que les russes venaient de libérer la zone. Un enfant, Léo Radek, tchèque, juif, incarcéré au camp de Térézin, et survivant nous le fait revivre. Léo a perdu les siens qui ont résisté chacun à leur manière, il rencontre le poète français et s'y attache. Affaibli par le typhus, sentant certainement sa fin arriver, le poète apprécie le jeune garçon et lui témoigne sa bienveillance jusqu'à ses derniers instants. Un nombre tatoué, 185 443, qui progressivement se dissout pour devenir une ombre parmi les ombres. Non, la poésie, l'humour, l'humanité, son humanité et son nom lui permettront de quitter l'horreur des camps pour redevenir au moment de rejoindre le paradis des poètes, celui qu'il est.
Léo nous fait aussi découvrir sa ville, Térézin. Elle n'est pas la ville idéale où s'épanouissent les juifs, elle n'est pas non plus la ville mascarade présentée par la propagande nazi, elle est l'antichambre de la mort, la dernière étape avant la déportation.
Ysabelle Lacamp nous fait vivre les derniers instants de Robert Desnos en mélant vérité historique et vérité romancière, en mélant la beauté du surréalisme à l'horreur de la réalité.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/04/13/36308083.html
Après le merveilleux Légende d’un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant en août dernier, Ysabelle Lacamp s’empare elle aussi de ce grand poète pour nous fournir un livre tout aussi sublime. Ysabelle a choisi de raconter les derniers instants de Desnos dans le camp de Terezin (Theresienstadt). Ce camp-ghetto ouvert de 1941 à 1945 avait une place particulière dans le monde concentrationnaire. C’était un lieu de dissimulation, de subterfuge pour la propagande nazie. Le camp était présenté comme une « station thermale », un lieu de tranquillité pour les juifs allemands, tchèques et autrichiens. On y mettait des personnes connues du milieu culturel pour en faire une vitrine de la « bonne volonté des nazis ». Bien évidemment tout ceci n’était qu’un odieux mensonge.
Pour autant, Terezin était véritablement un lieu où la vie culturelle existait, vivait grâce aux bonnes volontés des déportés. Les enfants étaient instruits, on organisait des concerts et des pièces de théâtres. Une quantité impressionnante de dessins d’enfants ont été retrouvés. Des adolescents se sont aussi regroupés en un courant appelé la République de Skid. Ils écrivaient des articles, des blagues, des poèmes dans une revue clandestine appelée Vedem (« Nous menons » en tchèque).
Dans son plus grand des malheurs, Robert Desnos est tombé sur le camp des poètes dont il était l’un des plus emblématiques.
C’est dans ce contexte fort qu’Ysabelle Lacamp fait se rencontrer Robert Desnos et le tchèque Leo Radek, représentant de ces jeunes épris de culture du camp de Terezin. Une éphémère mais solide amitié se tisse entre eux. L’admiration est instantanée et réciproque. Ils forment ensemble la résistance sous toutes ses formes notamment culturelles. L’auteure montre aussi l’importance de la transmission, que ce soit celle de Desnos envers Radek comme celle plus universelle de la mémoire des horreurs qui peuvent à tout moment recommencer. Comment ne pas y être sensible en nos périodes troublées ?
Desnos était déjà très malade, à bout de force mais son esprit restait vivace. En plus de ses conversations avec Leo, des rêves brumeux peuplaient ses nuits. Il y voyait sa sirène Youki et son étoile Yvonne. La langue puissante, le phrasé de toute beauté, poétique à souhait d’Ysabelle Lacamp sont à la hauteur de l’hommage rendu à Desnos et à la hauteur de la mémoire de ces jeunes enfants et adolescents du camp de Terezin, décédés pour 90 % d’entre eux.
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