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Les derniers mois de la vie de Verlaine...
Alcoolique phénoménal, amant frénétique, bigame maltraité, le poète génial oscille depuis toujours entre l'ignoble et le sublime. À 51 ans, son existence cataclysmique laisse de nombreuses traces : un nombre invraisemblable de maladies (syphilis, diabète, souffle au coeur, cirrhose du foie, pneumonie...), des admirateurs qui ne sont plus qu'une poignée et des contemporains qui l'accablent de leur mépris... C'est alors, qu'en quelques semaines, la jeunesse du Quartier latin en fait son idole. Ils admirent sa poésie, la force de ses anathèmes, le désordre de sa vie, se battent pour l'écouter dans les cabarets et se ruent à son chevet.
Ainsi, encore une fois, le destin du poète le conduira de l'infamie au grandiose.
Adaptation graphique du roman éponyme de Jean Teulé, « Ô Verlaine ! » revient sur les derniers mois du poète entre réalité et fiction. N'ayant pas lu le roman, je vous évite la comparaison entre les deux.
Nous sommes en 1895 et le jeune Henri-Albert Cornuty, employé aux abattoirs de la Villette, voue une passion sans borne pour Verlaine. Il va tenter d'approcher son idole et finalement devenir un très proche de l'homme. Mais Verlaine n'est pas vraiment celui qu'imaginait Cornuty. C'est un déchet humain, un marginal, alcoolique, syphilitique, sans le sou, bagarreur, jonglant entre deux maitresses qu'il ne respecte pas. Aussi détestable qu'admirable car il n'en reste pas moins un génie lorsqu'il prend la plume. Il écrit des vers à la demande, contre un verre d'absinthe, contre un peu de charbon, pour calmer ses maitresses. On découvre toute la démesure du poète, entre misère et flamboyance. Malgré sa décrépitude, Verlaine est adulé de la jeunesse de Paris. Les étudiants du Quartier Latin le vénèrent, le préfet de police le protège alors que les hommes de lettres de son temps le dédaignent. Toujours affublé d'amis qui lui sauvent la mise à la moindre occasion alors que lui est d'une ingratitude phénoménale, on le suit titubant jusqu'au tombeau.
« Ô Verlaine ! » est le récit romancé d'une chute vertigineuse, le portrait d'un homme toujours en rupture, à se chercher, à provoquer, alors que des amis fidèles l'accompagnent dans ses derniers moment et qu'il bénéficie de la reconnaissance de la jeunesse de son époque.
Avec une histoire de ce type, on aurait pu craindre une ambiance un peu glauque or il y beaucoup d'humour, de vitalité et de sensibilité dans cet album. Les cases affranchies de contours et les dessins d'Olivier Deloye apportent du dynamisme à un scénario peut-être un peu plat mais qui ne manque pas d'intérêt; les couleurs de Marie Galopin quant à elles jouent entre ombres et lumières et restituent tout à fait l'atmosphère de Paris à la fin du XIXe siècle.
Une bd très agréable et un portrait décapant de Verlaine.
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