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«Ah, George, quel amour ! jamais homme n'a aimé comme je t'aime. Je suis perdu, vois-tu, je suis noyé, inondé d'amour ; je ne sais plus si je vis, si je mange, si je marche, si je respire, si je parle ; je sais que j'aime, je meurs d'amour, d'un amour sans fin, sans nom, insensé, désespéré, perdu, tu es aimée, adorée, idolâtrée jusqu'à mourir ! Et non ! je ne guérirai pas. Et non, je n'essaierai pas de vivre ; et j'aime mieux cela, et mourir en t'aimant vaut mieux que de vivre.»Alfred de Musset à George Sand, 1?? septembre 1834La plus célèbre correspondance amoureuse de l'époque romantique.
C'est une correspondance poussive et inégale. Il y a de très beaux moments avec des belles envolées (excessives ?) d'Alfred de Musset et de réflexions plus critiques de George Sand sur leur relation, la vie, la tristesse aussi.
Les débuts sont plein d'entrain, de douce folie amoureuse. Très vite, au retour de Venise où Alfred est revenu seul à Paris pendant que George est restée avec son nouvel amant qu'elle considère comme son père (elle a parle un moment dans la correspondance où elle dit qu'elle aurait aimé un couple à trois pour l'équilibre) leur correspondance oscille entre entre mauvaise foi, faux bonheur (je vais au bordel vs Pagello est un homme parfait) et probablement tristesse profonde d'être séparé. Mais aucun des deux ne veut l'avouer suggérant que le bonheur de l'autre en amour lui ferait du bien, et prêchant ainsi le faux pour savoir le vrai.
Quand George revient à Paris, là où est Alfred, tout semble de nouveau possible. Elle renvoie son Pagello en Italie, et c'est la plus belle partie de leur correspondance. Ils s'aiment et se déchirent, ils s'exposent aussi un peu. On referme leur correspondance en restant en suspend : cette nuit promise va-t-elle de nouveau redonner de l'élan à leur relation ? [un temps oui et puis c'est la rupture définitive].
On comprend le besoin de se nourrir l'un de l'autre. Ils parlent de leurs projets, ils se corrigent leurs épreuves, ils s'écrivent comme des brouillons pour leurs oeuvres. Mais l'ensemble à dû mal à prendre. D'ailleurs, cette correspondance est relue selon la préface de ce livre, et Alfred a même mis des coups de ciseaux dans certains mots pour les faire disparaitre.
Leur correspondance me laisse un coup de déception peut-être aussi parce que j'ai lu, il y a peu de temps, la solaire correspondance d'Albert Camus et de Maria Casarès...
Chère George
Cher Alfred
Je vous écris de l'entraînement du jeu de paume de mon fils. Deux heures. de quoi voir venir.
Je me suis immiscée au coeur de votre correspondance. Au coeur de vos mots, de votre encre. Au coeur de votre coeur. Doucement, discrètement, ne rien déranger, ne pas interrompre cet échange désuet par les bruits de ce monde.
Si j'ai souri parfois, n'en prenez pas ombrage. Ce n'etait que le sourire d'une mère devant des émois debordants, comme s'ils étaient les premiers. Presque un jeu. Pour se faire du mal, et puis s'en consoler.
Si j'ai souri parfois, je m'y suis sentie autorisée par vos "mon enfant", "mon petit". Par ces passions qui ne trouvent plus d'égales aujourd'hui. Non pas dans les émotions. Mais dans l'expression.
Merci pour ce moment, chère George, cher Alfred, pour ce romantisme qui laisse comme un petit goût de regret ou d'amusement tendre, c'est selon.
Mais c'est tendrement que je vous aime, et tendrement que je vous quitte.
A bientôt
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