"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
le titre est emprunté au film casablanca : c'est en se souvenant de leur idylle dans le paris d'avant l'occupation allemande que les deux amants réussissent à continuer à vivre, à se séparer s'il le faut et à suivre chacun son propre chemin. en puisant dans ce trou de lumière.
avec ce livre entièrement dédié à un sentiment, celui du « merveilleux », à sa naissance et son cours à travers la vie d'un homme - la sienne -, l'auteur nous invite à le suivre dans son propre puits de lumière.
nous aurons toujours paris est conçu sous forme de boucle, on passe de l'enfance avec les premières apparitions du merveilleux - que ce soit des mots « magiques », des animaux « fabuleux », des objets magnétiques ou des situations nouvelles - à ses prolongements directs à l'âge d'homme.
il n'est donc pas, ou très peu, question de paris dans ces pages.
mais plutôt de pérégrinations et de rencontres : du japon à l'afrique, et de julien gracq à ismail kadaré ou albert cossery, quand ce n'est pas l'ombre du toujours énigmatique b. traven.
Récit de souvenirs : un souvenir de jeunesse ou d'enfance appelant un souvenir plus récent ou un fait présent, ou l'inverse, tel, dans ce sens, la madeleine de Proust à qui Eric Faye fait référence. Ces souvenirs nous emmènent en voyage aux quatre coins du globe : Etats-Unis, Asie, Afrique, ... Eric Faye nous conte également ses rencontres marquantes.
Jamais ennuyeux, souvent lu avec beaucoup d'intérêt et de plaisir, notamment les rendez-vous avec Julien Gracq à Saint-Florent-le-Vieil et avec Ismail Kadare, ou encore la découverte de la radio par l'auteur alors petit garçon, et sa passion pour ce moyen de communication. Eric Faye a une écriture très personnelle : des phrases longues, extrêmement bien écrites, à l'instar de ses modèles en la matière, Gracq et Proust, la comparaison s'arrêtant là bien entendu.
Livre pas toujours évident. On peut parfois se perdre dans les souvenirs labyrinthiques de l'auteur, mais qui trouvera le fil appréciera, comme j'ai pu l'apprécier, ce très joli texte.
Quelle est admirable l’imagination des écrivains qui nous tricotent à l’infini des opus enchanteurs sur des thèmes que l’on croirait éculés ! Eric Faye se coltine les souvenirs d’enfance mais invente une trame originale en les reliant de façon merveilleuse à la vie adulte. Le plus simple est de prendre un exemple : le chapitre intitulé « Les demoiselles de Kamakura ». Le récit part des tâches du ciment qui dessinent dans la cour de récréation la première image de continents que reçoit le jeune Eric ; l’étape suivante s’arrête au plaisir de la consultation des atlas, l’adolescent est attiré par l’exotisme de deux contrées asiatiques : la Chine et le Japon. L’adulte ira au pays du Soleil Levant et nous entraîne par son style poétique dans une visite enchanteresse de deux sites japonais : le grand Bouddha de Kamakura près de Tokyo et l’île mythique de Miyajima dans la mer intérieure, face à Hiroshima. Et la courbe retourne malicieusement à une anecdote enfantine pour clore le voyage nippon.
Les boucles successives - comme autant de chapitres, toutes plus heureuses les unes que les autres, font le livre : d’autres voyages (l’Afrique, la Mongolie, l’Albanie…), des sensations (formidable chapitre sur les sons), des rencontres littéraires lumineuses (Gracq, l’albanais Kadaré et son traducteur romanesque, l’égyptien Cossery dandy de St Germain des Prés, le mystérieux Traven…). Le titre lui-même procède d’une boucle évanescente qui ouvre et ferme le récit, comme un ruban magique autour d’un livre-cadeau.
Vous connaissez l’expression : « un joli petit livre »… Il s’agit ici d’un « joli bon livre » que devraient lire tous ceux que la vie cabosse ou pour qui l’enfance est une nostalgie indépassable. Ils sont nombreux, à devoir découvrir un écrivain arrivé à son meilleur !
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