"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" Je ne vais pas mentir à propos de ma jambe. Je n'ai pas envie de me faire plaindre en disant qu'elle me faisait mal. Parce que, aussi loin que je me rappelais, ma jambe ne m'avait jamais fait mal. Elle ne m'empêchait pas non plus de marcher aussi vite que n'importe qui. Peut-être même que je marchais plus vite que la moyenne des gens. [...] C'était pour être le moins longtemps possible ridicule à marcher de la sorte, en me déhanchant à cause de ma jambe droite qui était raide depuis toujours. [...] Je marchais comme un demeuré, quelqu'un qui aurait eu un problème dans la tête. Mais je n'avais pas un problème dans la tête. J'avais seulement que ma jambe refusait de plier. Voilà tout ce qu'il y avait, ma parole. "
Absalon est un jeune garçon dont la jambe droite refuse de plier, mais cela ne l’empêche pas de marcher. Ce qu’il n’aime pas, c’est que des gens qui ne le connaissent pas déjà, le voient se déhancher et le prennent pour un demeuré. Demeuré, il ne l’est pas, même s’il est un gars simple, ingénu et hypersensible.
Ayant perdu sa mère, enfant, il vit auprès de son père qui a perdu la raison. Ils habitent une petite ville ouvrière, près de collines entre lesquelles, autrefois, a coulé une rivière.
Malmené par la vie et hanté par le passé, Absalon décide de se rendre à Port Elizabeth soigner sa jambe et voir les vagues de l’océan. Ce lieu, le seul cité dans le roman, permet de situer l’histoire en Afrique du Sud.
Après s’être arrêté au passage pour saluer son ami Emmeth qui tient une station-service, il reprend son sac et remonte la rivière asséchée pour rattraper la route de Port Elizabeth. En cours d’ascension, il rencontre Georges Msimangu, un gars un peu étrange qui vit dans son camion dont il a retiré les roues avant. Après discussion, celui-ci lui propose de le payer s’il lui assure quelques ravitaillements. Absalon accepte, l’argent lui permettra ainsi d’acheter un ticket de bus.
Ce sont donc ces nombreux va et vient que fait Absalon entre le bourg et le campement que ce dernier nous décrit.
J’ai vraiment peiné avec lui et souffert physiquement lors des nombreux déplacements qu’il doit faire avec sa jambe estropiés pour rapporter les courses à son commanditaire. J’ai admiré le courage dont il fait preuve, sa persévérance à aller de l’avant malgré les difficultés. Si j’ai souvent douté de la réalisation de ce projet de quitter son environnement pour une vie meilleure, certainement pas lui, toujours porté par ses rêves en lesquels il croit fermement.
Au fil de ce monologue, notre héros partage ses états d’âme, ses joies simples, ses frustrations, son hyper émotivité et sa culpabilité d’abandonner ses amis tout aussi démunis que lui. Peut-être plus que ses amis, la nature, ses collines et toutes les variations de couleurs ont une place prépondérante dans le cœur d’Absalon. Quant à la saison des pluies, elle imprègne les mémoires et s’avère récurrente tout au long du roman.
Je me suis laissée bercer par ce récit, m’attachant au fil des lignes à ce garçon tellement touchant de simplicité et d’innocence même si j’aurais aimé, parfois, un peu plus d’explications ...
Marcher sur la rivière est un livre délicat, plein de sensibilité, un livre aux chapitres courts, un livre puissant qui touche directement au cœur et qui m’a emportée hors du temps. L’écriture simple, sobre et poétique de Hubert Mingarelli témoigne à merveille des sentiments multiples aussi bien de détresse que d’euphorie éprouvés par le narrateur.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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Merci Ghislaine pour cette magnifique chronique. Je me prends déjà d’amitié pour Absalon sans même avoir découvert le roman . Une tellement belle histoire qui donne envie de s’y plonger . Belles lectures . Gros bisous