Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Kiev, 1919. La ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir s'y met en place tant bien que mal alors que la guerre civile fait rage : la région est en proie à des combats opposant les troupes de l'indépendantiste ukrainien Petlioura, l'armée blanche de Denikine, les anarchistes de Makhno... Samson, jeune étudiant, se retrouve du jour au lendemain à devoir se débrouiller seul après qu'un cosaque a tué son père sous ses yeux et lui a tranché à lui son oreille droite. Il découvre bientôt que celle-ci continue à entendre et lui transmet par moment les bruits qu'elle capte, même à distance. Enrôlé un peu par hasard dans la milice, Samson commence par enquêter sur les deux soldats de l'Armée rouge qu'on lui a imposés comme locataires et qu'il soupçonne de se livrer au brigandage, aidé par une jeune femme, Nadejda, bolchevik convaincue et employée au Bureau des statistiques, dont il ne tarde pas à tomber amoureux. Cette enquête le conduit sur la piste d'autres crimes dont l'instigateur serait un mystérieux Jacobson...
Kiev 1919
Samson et son père sont attaqués par des cosaques.
Son père meurt et lui a une oreille tranchée.
Désormais seul, il trouve un emploi dans la milice et se trouve investi de plusieurs missions.
Les temps sont très durs, peu de lumière, peu de chauffage, peu de nourriture et les morts tombent comme des mouches, soit sous le coup des rouges, soit sous le coup des blancs.
Le régime communiste s'impose par de multiples décrets, de multiples autorisations.
Atmosphère trouble, dangereuse, angoissante.
Kiev est comme un volcan en début d'éruption.
Il est plutôt stressant de suivre les débuts dans la vie active de Samson.
Heureusement que l''écriture de Kourkov nous aide à tenir le choc.
J'au juste un peu regretté que l'oreille de Samson, qu'il conserve dans une boîte métallique, n'ait pas une plus grande importance .
Dans Les abeilles grises, que j’avais beaucoup apprécié, Andreï Kourkov nous emmenait dans la zone grise du Donbass, peu avant l'invasion russe. Avec L’oreille de Kiev, c’est dans la capitale ukrainienne, en 1919, en pleine révolution qu’il nous transporte.
Dès la première page, nous voici plongés dans un drame définissant bien la situation de l’Ukraine, et de Kiev en particulier, en ce début mars 1919 quand Samson Koletchko perd son père et son oreille droite sous le sabre d’un cosaque.
En effet, la ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir est contesté par les Russes blancs du général tsariste Denikine, par les partisans de Symon Petlioura, l’un des personnages les plus importants du mouvement national et par les anarchistes. Cela donne lieu à une véritable cacophonie révolutionnaire !
Réquisitionné presque par hasard par la milice bolchevique, et tandis que deux soldats de l’Armée rouge s’imposent en colocataires à son domicile, notre jeune étudiant, Samson, afin de rétablir de l’ordre dans les rues, de mettre fin aux pillages va se lancer dans une enquête sur les trafics en tout genre. En échange, il recevra des coupons pour la cantine soviétique. Il pourra compter sur le soutien moral de la belle Nadedja, employée au bureau des statistiques, conquis déjà par son prénom signifiant espérance en russe. Il sera aidé surtout par son oreille droite, oreille droite tranchée certes, mais qu’il a pris soin de récupérer et de déposer précautionneusement dans une boîte à bonbons ! Il s’était aperçu, alors qu’il tapotait la boite du bout du doigt « que cette oreille détachée de lui n’avait rien perdu de son étonnant pouvoir : celui de tout entendre et de transmettre ce qu’elle entendait à son oreille interne »…
Avec L’oreille de Kiev, Andreï Kourkov nous entraîne dans la capitale de l’Ukraine en guerre, non pas aujourd’hui, mais en 1919 !
Et dans cette ville de Kiev où la vie quotidienne est rude, la pénurie étant quasiment généralisée, chacun essaie de trouver à manger et de survivre à sa manière. On échange, on vole, on tue…
On retrouve dans ce roman policier historique tout le talent de Kourkov : nous présenter avec humour la folie des hommes dans toute son absurdité. Et on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec l’actualité et l’invasion de l’Ukraine par les Russes.
L’écriture de Kourkov est absolument savoureuse et le roman ne se lit pas, il se dévore !
L’auteur ukrainien y déploie une palette de personnages, tous plus fabuleux et déjantés les uns que les autres mais sur lesquels il pose toujours un regard grave et tendre.
Comme vous l’avez compris, j’ai pris grand plaisir à lire cette enquête policière qui m’a permis de découvrir cette époque incroyable et fantasmagorique comme la décrit l’écrivain lui-même.
Le roman, comme le stipule Andreï Kourkov en avant-propos, lui aurait été inspiré par d’authentiques documents de la Tchéka, la police secrète bolchevique, datés de 1919, documents qui lui auraient été remis par une amie d’amis.
Grâce à son talent, son regard acéré et son imagination débordante, mariant à merveille le réel et l’imaginaire, il réussit à mettre en scène et faire revivre cette époque de façon quasiment surréaliste.
Cerise sur le gâteau, une suite est annoncée...
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/09/andrei-kourkov-l-oreille-de-kiev.html
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