"L'invention des corps" (Actes Sud) est un roman singulier, intrigant et très ambitieux...
Miraculé du massacre des 43 disparus d'Iguala dans la nuit du 26 septembre 2014, le jeune Álvaro qui n'a plus rien à perdre fuit le Mexique dans une course-poursuite avec le destin pour finir dans les griffes d'un «wonderboy »de la Silicon Valley versé dans le transhumanisme. Exploration tentaculaire des réseaux qui irriguent et reformulent le contemporain, «L'Invention des corps »prend le réel en filature pour mieux nous forcer à le regarder en face. Souffle, amplitude, vitesse - Pierre Ducrozet métabolise les enjeux de la modernité avec un sens crucial du suspense et de la mise en espace, en rejeton de Ballard et DeLillo.
"L'invention des corps" (Actes Sud) est un roman singulier, intrigant et très ambitieux...
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Quelle histoire folle, terrible, technique, scientifique, dure et réjouissante aussi !
Pierre Ducrozet m'avait déjà étonné avec Eroica, roman consacré au peintre Jean-Michel Basquiat. Ici, avec L'invention des corps - merci à Simon au passage – l'écrivain français qui vit à Barcelone, fait encore plus fort.
S'il décompose son roman en quatre mouvements, c'est d'abord et surtout l'histoire d'Álvaro qui m'a passionné. C'est pourquoi, j'ai été frustré un bon moment quand le jeune Mexicain, professeur d'informatique a été délaissé pour m'emmener dans les méandres d'internet, sur les pas des pionniers du net libre, luttant par tous les moyens contre ces géants qui confisquent tout pour leur seul profit : Google, Facebook, Netflix, Apple, Amazon, Uber…
Terrible, cette histoire l'est d'entrée avec ces étudiants d'Ayotzinapa, de l'état du Guerrero, à six heures au sud de Mexico. Chaque année, ils se regroupent, réquisitionnent des bus pour se rendre à la capitale, le 2 octobre, afin de rendre hommage à leurs camarades fusillés en 1968 par l'armée républicaine. Hélas, le 26 septembre 2014, les bus sont attaqués par la police et des bandes armées. C'est hyper violent. Les étudiants ont beau affirmer leurs intentions pacifiques, le but est clair : il faut les éliminer.
Álvaro échappe de peu au massacre et sa fuite est terrible, sa marche épuisante car il est blessé et profondément traumatisé. Sans se retourner, il n'a qu'une idée, fuir le plus loin possible de ce cauchemar. Il marche vers le nord, vers les États-Unis.
L'auteur m'a fait vivre tous les affres des personnes qui tentent de franchir la frontière, d'échapper à la police, aux douaniers, à la rapacité des passeurs et à la menace des propriétaires terriens, côté USA, qui chassent, au sens propre, les migrants.
Los Angeles puis San Francisco et voilà Álvaro qui rencontre la folie d'un homme, Parker Hayes, qui a bâti une fortune colossale grâce à internet et n'a qu'une obsession, créer un homme nouveau, éternel, en commençant par lui-même puisqu'il se sent si important…
Par des chemins assez compliqués qui m'ont dérouté un temps, Pierre Ducrozet remonte le cours de plusieurs vies pour des personnages qui auront ensuite un rôle important. Il détaille très bien toute l'histoire de ce qui fait maintenant notre quotidien, le web, la toile, sans jamais occulter les menaces, les dérives que nous devons absolument connaître.
Enfin, il y a Adèle, cette chercheuse en biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg qui aboutit à San Francisco et rencontre Álvaro. C'est là que le roman prend toute son ampleur, redevient palpitant sans que Pierre Ducrozet oublie les pionniers des logiciels libres, ces informaticiens géniaux qui réussissent à mettre à jour toutes les bassesses des puissants et retrouvent persécutés, emprisonnés.
L'invention des corps est un roman plein d'enseignements qui détaille un monde fascinant et dénonce toute l'absurdité de ceux qui tentent, ne sachant pas quoi faire de leur fortune, d'accéder à l'immortalité en utilisant, pour leurs essais, ceux qui sont dans la plus grande misère.
C'est un sujet important à connaître à l'heure où une pandémie mobilise quantité de chercheurs et des appétits féroces soucieux, avant tout, de bénéficier en premier des éventuelles découvertes.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://dubonheurdelire.wordpress.com/2019/01/20/linvention-des-corps-de-pierre-ducrozet/
Une amie m’a conseillé ce roman qu’elle a trouvé prenant et intéressant également pour son thème : le transhumanisme. Comme le CDI de mon nouvel établissement l’a, il a donc rejoint la pile de mes livres à lire – qui ne cesse de grandir chaque jour…
Voici le sujet de ce roman :
« Miraculé du massacre des 43 disparus d ’Iguala dans la nuit du 26 septembre 2014, le jeune Álvaro qui n’ a plus rien à perdre fuit le Mexique dans une course poursuite avec le destin pour finir par se jeter dans la gueule d’ un grand fauve de la Silicon Valley versé dans le transhumanisme. »
Je ne sais pas pourquoi, parfois il n’y a pas d’explications, mais j’ai été emportée par ce roman. Les personnages et en particulier les deux protagonistes au cœur de ce récit, l’intrigue – entre dénonciation politique et science fiction, l’écriture de Pierre Ducrozet, et la réflexion que fait naître ce roman, tout cela m’a plu et m’a fait dévorer ce livre !
En résumé : un roman coup de cœur mais aussi coup de poing pour les réflexions qu’il fait naître sur notre société du progrès et du numérique.
J'ai eu l'occasion de rencontrer l'auteur au salon le Livre sur la place à Nancy en septembre 2017 et de l'entendre parler de son roman qui m'avait interpellé par la réflexion qu'il amène notamment autour du transhumanisme et des hackers.
J'ai trouvé la partie de la fuite d'Alvaro, suite au massacre des étudiants prenante, haletante. le sort de ce personnage m'a vraiment intéressé dans cette cinquantaine de premières pages. J'ai aimé par la suite ses affrontements avec Parker Hayes, magnat de la Sillicon Valley voulant créer un homme immortel. Parmi les autres personnages intéressants du roman et qui auraient mérité d'être davantage approfondi, il y a Lin. L'histoire entre Adele et Alvaro ne m'a personnellement pas intéressé. Je n'ai pas réussi à m'attacher à la scientifique et petit à petit, je me suis moins soucié du sort d'Alvaro.
Ce roman a une force, c'est la qualité du style de l'auteur, sa manière de jouer avec les rythmes, les mots. La structure narrative est un autre des points forts.
Je recommande la lecture de ce roman pour la qualité de l'écriture avant tout et pour ce qu'il dénonce et nous donne à voir du XXie siècle. Ce n'est néanmoins pas pour moi un coup de coeur comme il le fut pour beaucoup de monde. Je l'ai par ailleurs acheté avant qu'il soit récompensé par le prix de Flore.
Alvaro, informaticien surdoué est pris dans les événements d’Iguala (l’histoire réelle de 43 étudiants qui ont disparu en septembre 2014 dans des circonstances aussi violentes que troubles et toujours inexpliquées à ce jour). Il survit à cette tuerie et réussit à passer la frontière pour rejoindre Los Angeles. Quand il arrive dans la Silicon Valley, j’étais sûre qu’il rejoindrait le club des hackers les plus brillants de la terre mais non, la surprise est totale
A travers le parcours d’Alvaro chaotique d’Alvaro, tant dans son parcours de codeur que dans sa fuite, le livre revisite de façon très habile l’histoire de l'informatique. Il apporte un éclairage passionnant sur internet, le Big Data ou bien encore les GAFA (Google Amazon, Facebook Apple).
Il nous permet surtout de prendre conscience à quel point tout cela a révolutionné notre façon de vivre … et pourrait la bousculer encore bien davantage, mais là, je vous laisse découvrir le livre !
Alors certes, ce n’est pas un chef d'œuvre, le style n’est pas toujours au rendez-vous, c’est parfois un peu confus … et encore que cette écriture nerveuse et tendue colle parfaitement à l’action et confère à l’urgence. La construction également bouscule le lecteur mais au final, ce livre se dévore, c’est passionnant … et effrayant ! Le premier tiers est carrément bluffant, il y a longtemps que je n’avais pas lu un livre avant autant d’avidité !!
Un livre dense et ambitieux, un livre différent … une très belle surprise pour la rentrée littéraire de Septembre 2017 !
Tout commence cette fameuse nuit du 26 septembre 2014 au Mexique. Alvaro, un jeune prof d’informatique vivant à Ayotzinapa accompagne ses élèves dans la petite ville d’Iguala pour y manifester contre la corruption du gouvernement Mexicain. Ils sont quarante-trois corps à disparaître. Kidnappés, torturés, entassés dans un camion, massacrés, brûlés…
Rescapé du massacre, Alvaro laisse tout derrière lui et file vers la frontière mexicaine sans même se retourner. Il n’y a plus de pensée. Que de la colère. Le souvenir du souffle de ses amis dans son cou.
Ne cherchez pas ici à sonder l’esprit du personnage, vous suivrez sa métamorphose au travers du rapport à son propre corps.
Alvaro avance ne répondant plus qu’à ses instincts primitifs. La survie. La fuite.
« Mais Alvaro détourne le regard, on n’est pas là pour le ciel et il n’est certainement pas là pour nous. »
Il se jette alors dans la gueule du loup ; un magnat du Net qui n’est autre que Parker Hayes. Fondateur de Cashflow (le premier système de paiement en ligne) et le Maître de la Silicon Valley. Transhumaniste convaincu, Hayes a créé le Cube à San Francisco. Haut lieu d’expérimentation qui mêle la recherche scientifique sur les cellules souches et les nanotechnologies.
Parker Hayes veut modifier le cours de l’espèce humaine. Il croit en un homme augmenté, amélioré, qui s’élèverait au-dessus de sa condition. Hayes n’a qu’une peur : la mort. Disparaître l’effraie. L’auteur nous embarque dans la quête d’éternité que sont en train de mener les grands de ce monde.
Internet comme rhizome pour alimenter le nouvel Homme. La technologie comme une extension de soi, nous permettant alors d’accomplir ce que le cerveau seul ne peut faire aujourd’hui.
Hayes débauche une grande scientifique française : Adèle, travaillant sur le vieillissement cellulaire et les cellules souches afin de trouver le moyen d’enrayer le processus de vieillissement.
Alvaro va ainsi prêter son corps à la science et le soumettre à des expériences sous haute surveillance.
Vous croiserez au fil des pages les plus grands personnages du monde du digital : Zuckerberg (Facebook), Elon Musk (Space X), Larry Page, Sergueï Brin (Google), etc.
Les visions se confrontent. Pour certains les réseaux peuvent modifier la nature humaine, pour d’autres il peut transcender toutes les limites du cerveau humain…
Nous faisons alors la rencontre de Werner Fehrenbach. Il voit Internet comme un réseau qui permettra à l’homme de revêtir une nouvelle identité. De sortir des carcans limitatifs du corps. Une liberté d’expression sans répression. Un nouveau monde où le corps échapperait à toute autorité supérieure. Fuir l’État pour être enfin nous-mêmes.
Mon avis :
Un vrai coup de cœur pour ce roman brillant.
Une plume hors du commun, sans ambages. Un style incisif et dénudé, les mots prennent corps dans notre esprit, un rythme rapide et haletant, on se croirait presque au cœur de la pensée de l’auteur.
On avance dans l’histoire comme avec un steadicam ou caméra au poing. Le corps et Internet sont au cœur du récit.
Pierre Ducrozet mêle le réel au roman, et force notre regard sur le monde.
Ce livre pose de nombreuses questions fondamentales.
Celle du règne de ces géants du Web. Leur obsession du toujours plus. Une seule et dernière chose leur résiste encore : l’obsolescence programmée du corps humain.
Comment pouvons-nous échapper à la mort ? Mourir est-il une nécessité ? Sommes-nous réellement condamnés ?
Il pose également la question de la transformation du corps, par la technologie mais aussi par la science. Le transgenre. Changer de sexe. Le transhumanisme. Explorer les confins des possibilités du cerveau humain en devenant nous-même le réseau.
Pierre Ducrozet explore la psychologie de ses personnages au travers de leur propre corps. Comme si les mots et la pensée n’étaient plus essentiels. Et si le corps seul pouvait tout dire ?
Il peut nous devenir totalement étranger lorsqu’il subit une transformation brutale. Amaigri, Alvaro ne voit plus son corps comme le sien. Le corps est-il une prison dont l’ordinateur peut nous sortir ?
Cette quête n’est-elle pas seulement une fuite ? Une fuite que nous suivons tout au long du livre. Une fuite pour revenir aux origines de ce que nous sommes. Une fuite du système, de l’État, par le réseau. Nouvel outil de rébellion.
Est-ce qu’exister n’est pas seulement « être juste là où est son corps ».
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2018/02/linvention-des-corps-de-pierre-ducrozet.html
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs de la Fête du Livre de Bron.
Pierre Ducrozet part d'un fait historique réel. Il s'agit des évènements du 26 septembre 2014 au cours duquel quarante-trois étudiants disparurent, enlevés ou assassinés par la police à Iguala au Mexique. Ce drame a trouvé un écho dans le monde entier grâce au déferlement qui a suivi sur les réseaux sociaux. Le personnage principal du roman, Alvaro, professeur d'informatique surdoué, rescapé du massacre, commence une errance. Il marche comme un damné la rage chevillée au corps et parvient à quitter son pays rongé par le narcotrafic, la corruption et violence pour migrer clandestinement aux États-Unis. " Il a décidé, après le passeur, la frontière, de laisser dans le désert son ancienne peau, au milieu des os et des yuccas."
Il parvient à atteindre Los Angeles où il rencontre Parker Hayes, sommité mondiale et figure majeure de la Silicon Valley qui travaille sur un programme de recherche sur les cellules souches pour trouver une solution au vieillissement, il propose à Avaro de devenir cobaye d'expériences transhumanistes contre une belle somme d'argent. Parker Hayes veut aussi créer une île artificielle Bluesky au large de San Francisco qui sera un monde nouveau pour abriter les hommes nouveaux milliardaires privilégiés. Au Cube, lieu dédié à la lutte contre le vieillissement, Alvaro rencontre Adèle Cara, une biologiste française à l'occasion des expérimentations dont il fait l'objet.
Alvaro rejoindra ensuite un groupe de hackers révolutionnaires pour s'opposer aux géants d'internet devenus de véritables apprentis sorciers.
J'ai aimé la construction très originale de ce récit dans lequel Pierre Ducrozet multiplie les figures de style comme l'exprime un de ses personnages " Si j’écrivais un roman…, je le construirais ainsi, en rhizome, en archipel, figures libres, interconnexions, hypertextes, car ça devrait être le fondement d’un récit contemporain."
Très bien rythmé, il retrace les avancées scientifiques contemporaines, la découverte des cellules souches, la naissance des langages informatiques, de Facebook et du Web, le tout est expliqué de façon simple et érudite. Il n'hésite pas à mettre en scène Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook et les dirigeants de Google, d'Apple...
Ce roman est une réflexion sur la réappropriation du corps mais également une alerte sur les dérives scientifiques, notamment d'internet, initialement vue comme une grande idée libertaire "Internet est à présent une poubelle, une succession d'usages parfaitement débiles, un enfermement des sens." , "Le réseau est devenu un monstre incontrôlable qui ne sait plus ce qu'il dit ni ce qu'il montre."
Ce roman m'a beaucoup plu quant à son fond et à sa forme même si j'ai trouvé certains passages un peu confus.
Alvaro, Mexicain, est un programmeur, entendez par-là un codeur informatique. C'est un hacker reconnu dans le milieu. Enseignant, il se rend avec ses étudiants sur la place des Trois-Cultures de Mexico pour rendre hommage à ceux qui, en octobre 1968, ont été fusillés par l'armée républicaine. Nous sommes le 26 novembre 2014, les événements d'Iguala font 43 victimes enlevées et assassinées par la police. Alvaro est un rescapé, il fuit son pays et passe la frontière américaine. Adèle, elle, travaille depuis quelques années dans un laboratoire de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg. Elle est de passage à Mexico pour une conférence. Parker Hayes, un transhumaniste de la Silicon Valley convoite les services de la chercheuse. Lui a créé le Cube à San Francisco. Il a fait fortune en investissant dans Facebook, il a gagné 800 fois sa mise, une manne financière qui lui permet d'expérimenter de nouvelles idées. Ce qu'il redoute le plus au monde, c'est de mourir. Il a décidé de s'entourer des plus brillants cerveaux pour travailler sur les cellules souches, celles qui ont cette capacité à régénérer indéfiniment le corps humain pour lui offrir l'immortalité.
Ce roman est d'une fulgurance incroyable. Vous l'aurez compris, pour chacun, le temps est compté.
Alvaro vient de vivre une tragédie, son corps meurtri en gardera l'empreinte toute son existence. Il fuit l'indicible, la peur immense, l'effroi terrible. Pour oublier, il marche, longtemps, longtemps, à en crever. Pourtant, c'est bien sa vie qu'il veut sauver. J'ai été profondément troublée par l'état de dé-pression du corps après d'épouvantables événements, la prise de conscience de sa survivance et le retour progressif des sensations. Les témoignages de survivants d'attentats que j'avais pu entendre dans les médias trouvent dans ce roman leur parfaite transcription. Sous la plume de Pierre DUCROZET, nous sommes dans une approche organique, le corps est composé de chair et d'os, mais il ne saurait en rester là !
Quand, à la place d'un emploi d'informaticien, Parker Hayes lui propose de livrer tout ce qui lui reste à des expérimentations, de servir de cobaye tout simplement, il accepte. Alvaro livre son corps à la science. Autant je me souvenais que cette matière était ma bête noire à l'école, autant j'ai pris plaisir à me fondre dans l'univers de la recherche décrit par l'auteur. Enorme prouesse, je puis vous l'assurer. L'écrivain a le talent fou de rendre accessibles des données scientifiques d'une grande complexité, il nous rend intelligent(e)s. Rien que pour ça, je l'admire.
Mais la science ne serait rien sans les technologies. Et là, Pierre DUCROZET va remonter le fil de l'histoire, il va nous ramener à la genèse même des réseaux informatiques. Souvenons-nous, nous sommes en 1969, Werner travaille alors sur l'arpanet, un réseau militaire américain. Les premières graines de l'internet sont semées.Depuis, quatre décennies ont fait leur travail, entre philosophie du projet et développements, chacun pourra évaluer les réalisations et mesurer les écarts. Entre émancipation et asservissement, mon coeur balance.
Nous sommes aujourd'hui au XXIème siècle, science et informatique permettent de repousser les limites pour le meilleur et pour le pire. Pierre DUCROZET nous livre un roman d'anticipation en explorant les voies du transhumanisme, ce mouvement culturel et intellectuel qui croît en la régénérescence à l'infini du corps humain.
La boucle aurait pu ainsi être bouclée mais c'est sans compter le talent de l'auteur. Il va réaliser un tour de force qui va subitement rebattre les cartes, mais là, je ne vous en dirai pas plus !
Ce roman aurait pu être ennuyeux tant il est dense, il est au contraire passionnant et porté par une écriture d'exception, une véritable révélation.
Bravo à Pierre DUCROZET ! C'est une lecture coup de poing, de celles que l'on n'oublie pas. Pas étonnant que le jury Flore lui ait décerné ce prix.
http://tlivrestarts.over-blog.com/2017/11/l-invention-des-corps-de-pierre-ducrozet.html
L’invention des corps de Pierre Ducrozet :
Point de départ de ce roman : Les tragiques événements d’ Iguala, la nuit du 26 septembre 2014.
Le personnage principal : Álvaro, jeune prof mexicain, surdoué de l’informatique est en cavale depuis la disparition de quarante-trois étudiants qui ont été enlevés et assassinés par la police. Il est un rescapé du massacre.
Alvaro traumatisé par ce qu’il a vu cette nuit-là, n’a plus qu’une solution, fuir. Sa cavale va l’amener jusqu’aux Etats-Unis. Clandestin, à la recherche d’un poste d’informaticien, petit génie de surcroit, il est passionné par le cryptage informatique et le hacking. Il prend contact avec un magnant du Net, Parker, qui s’intéresse de très près à la biologie et surtout à l’allongement de la vie grâce aux nouvelles technologies, rêvant d’être immortel ! Une réelle obsession pour cet homme qui va proposer à Alvaro, d’être son cobaye pour des expériences qui pourront l’aider à trouver la solution de l’immortalité dans un futur proche ! Diminuer psychologique, physiquement et financièrement il accepte !
Par ce biais, il va rencontrer une chercheuse Adèle, très talentueuse ayant l’optique de mettre à contribution ses recherches afin de guérir des maladies comme la leucémie, le diabète ou la maladie de Parkinson. Elle va vite comprendre la supercherie de Parker, qui est complètement fou ! Adèle sera irrémédiablement attirée par Alvaro, cet écorché, qui dégage quelque chose d’inexplicable et de puissant. Et là commence une seconde cavale, où ces deux personnages vont s’apprivoiser et s’aimer d’un amour si pur qu’il va guérir leurs blessures, portés par la même envie, le même objectif « sauver le monde » de cette nouvelle technologie destructive.
Un roman très riche où l’histoire tourne autour des réseaux sociaux et d’internet et notamment des « grands » créateurs de ce monde : Google, Microsoft, Facebook, Ebay, Apple, Uber. De cette technologie qui bascule de l’autre côté du « bien » et qui desserve les êtres humains et du monde futur ! Comme Parker, qui va créer une ile privée où aucune limite ou aucune loi n’y seront imposées. Où l’éthique et la moralité ne feront plus parties de ce nouveau monde, et surtout continuer l’ expérimentation humaine pour atteindre l’immortalité.
Mais attention, d’autres y sont formellement opposés et luttent contre ces nouvelles technologies qui mettraient en péril la survie de l’être humain. Werner Fehrenbach, est un génie, un chercheur reconnu dans le monde entier, réunit les forces positives avec Lin Dai, un transgenre, Ellen, Oxana, Khan, Alvaro, Adéle et d’autres petits génies de leur génération et vont lutter pour que le Net reste une intelligence positive et non détourné à des fins qui pourraient anéantir le monde.
Ce livre est une explosion d’informations…une histoire haletante ! Alvaro est un personnage qui nous happe d’une façon tellement FORTE, qu’une fois que vous aurez commencé à lire ce roman, vous rentrez dans un monde que SEULS, les lecteurs de ce livre pourront comprendre !
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Merci Jean Paul pour cette chronique qui nous fait comprendre combien il est important de pouvoir s'exprimer librement. J'essaierai de lire cette"épopée moderne et cruelle" . Belles lectures. Prenez soin de vous