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Fin de l'été 1950, au large des côtes turques. L'île grecque de Saint Spyridon vit au ralenti. Petite, caillouteuse, rugueuse, dure au mal, elle souffre. Après les quatre années de guerre civile qui ont bouleversé le pays, la misère est partout, les gens ont faim.
Odile, photographe à Paris, y possède une maison. Elle a appris le grec, aime profondément l'endroit, photographie ses habitants avec passion. Ils ont développé une affection d'abord méfiante puis sincère pour I Gallida, la Française, comme ils la surnomment. Une jeune fille de l'île, Clio, l'aide au ménage. Se développe entre la Française et la jeune Grecque une amitié complice. Pénélope, la fille d'Odile, la vit douloureusement. Du même âge que Clio, elle lui voue une détestation violente.
Arrivée à l'âge où tant de filles de l'île prennent le voile, Clio entre au monastère de l'île. L'higoumène y tient ses ouailles d'une main de fer. L'irruption d'un appareil photographique au sein du monastère bouleversera la vie des moniales dans un sens inattendu.
Pénélope disparaît. L'île est en émoi. À Paris, une exposition de photos qu'elle avait prises au monastère crée le scandale. A Saint Spyridon, Odile devient une réprouvée. On la conspue, on l'injurie. Où est Pénélope ? Qu'a fait la Française ?
Mystérieux et âpre comme l'île, le roman de Metin Arditi brasse ses thèmes favoris : l'art, l'exil, le mystère de la filiation, la foi et le rapport au corps. La tragédie est toujours grecque.
Deux disparitions sur une île grecque, la photographie en noir et blanc au féminin, la domination et la soumission religieuse, et des dizaines de vies racontées par Metin Arditi.
Le style est efficace, bien rythmé et épluché de telle manière à ce que ne persiste qu’un court roman de 220 pages.
On est Saint-Spyridon, une île grecque située entre Turquie et Kos ; l’essentiel se jouant dans un monastère de femmes. Nous sommes à la fin des années 1950, dans une société appauvrie par plusieurs guerres successives et qui a laissé nombre d’habitants dans la misère et les privations.
« Oui, Dieu les avait oubliés. Ils vivaient dans la pauvreté, le deuil, et très souvent, le désespoir. Mais y avait-il au monde plus bel endroit ? »
Dans un tel contexte, l’arrivée d’Odile, photographe parisienne, ne peut qu’éveiller la curiosité, d’autant plus que Clio qui l’aidait pour le ménage de sa maison et qui, après avoir été initiée à la photo par Odile, entrera au monastère, va disparaitre. Puis ce sera au tour de Pénélope, la fille d’Odile, de disparaître.
Metin Arditi met en scène le suspense de cette situation ainsi que toute l’authenticité des vies sur cette île.
Il convoque détresse et espoir, deuil et renaissance, corps et foi, fatalité et reconstruction, art et paysages, misère et instants fugaces de plaisir.
Par contre, il fait du religieux un élément omniprésent mais sans que cela n’apporte un avantage. Le thème de la soumission religieuse ayant été depuis fort longtemps présenté sous son vrai jour, je n’y ai rien trouvé de nouveau, de palpitant.
« Le Christ était-il mort sur la Croix pour qu'elles oublient le don qu'Il leur avait fait de Sa vie ? Pour qu'elles méprisent leur corps et le malmènent, dans l'illusion que cela les rapprocherait de Lui, alors qu'elles ne faisaient que singer sa Passion à peu de frais ? »
Dommage car l’écriture de Metin Arditi est présente. Je l’admire pour sa simplicité, pour la structuration ainsi que la finesse et l’empathie de cet auteur pour les grecs.
Je vais relire ’Le Turquetto’’ qui me semblait plus abouti, plus captivant du fait de la peinture du Titien.
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