"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Acre, quartier juif, 1078. Avner, qui a quatorze ans, pêche avec son père. À l'occasion d'une livraison à un monastère, son regard tombe sur une icône. C'est l'éblouissement. « Il ne s'agit pas d'un portrait mais d'un objet sacré, lui dit le supérieur du monastère. On ne peint pas une icône, on l'écrit, et on ne peut le faire qu'en ayant une foi profonde ».
Avner n'aura de cesse de pouvoir « écrire ». Et tant pis s'il n'a pas la foi, il fait comme si, acquiert les techniques, apprend les textes sacrés, se fait baptiser, quitte les siens. Mansour, un marchand ambulant musulman, le prend sous son aile. C'est l'occasion d'un merveilleux voyage initiatique d'Acre à Nazareth, de Césarée à Jérusalem, puis à Bethlehem, jusqu'au monastère de Mar Saba, en plein désert de Judée, où Avner reste dix années où il devient l'un des plus grands iconographes de Palestine.
Refusant de s'astreindre aux canons rigides de l'Eglise qui obligent à ne représenter que Dieu et les saints, il ose reproduire des visages de gens de la vie ordinaire, cherchant dans chaque être sa part de divin, sa beauté. C'est un triomphe, c'est un scandale. Se prend-il pour un prophète ? Il est chassé, son oeuvre est brûlée. Quel sera le destin final d'un homme qui a osé défier l'ordre établi ?
Le roman de l'artiste qui, envers et contre tous les ordres établis, tente d'apporter de la grâce au monde.
♥️ Coup de Cœur ♥️
« L’homme qui peignait les âmes » de Metin Arditi est un roman sur la beauté et la foi… en l’Homme avant tout…
Metin Arditi m’a encore enchanté avec ce récit et ses beaux personnages.
Gros coup de coeur pour ce roman dont la lecture fait du bien.
Metin Arditin nous transporte à Acre en l’an 1078. Le jeune Avner, qui appartient à la communauté juive, livre très régulièrement au monastère le poisson pêché par son père. Le jeune homme aime beaucoup venir là car le frère Thomas, en charge de la cuisine, ne manque jamais de lui offrir une galette sur laquelle reposent des figues enrobées de sirop et couronnées d’une couche de fromage.
Un jour, Avner entre dans l’église afin de récupérer un agneau du troupeau de sa cousine Myriam qui s’est échappé. Son oeil est aussitôt attiré par une icône représentant le Christ. Il est subjugué par la beauté de ce qu’il voit.
Cette découverte va changer sa vie à tout jamais. Désormais, il n’a plus qu’une envie : écrire lui aussi des icônes. Mais comme le lui enseigne Frère Anastase, cela lui sera très difficile :
» Le travail de l’iconographe l’amenait à franchir huit portes. Tant qu’Avner était juif, seules les trois premières lui seraient ouvertes. Pour franchir les suivantes, il lui faudrait embrasser la foi du Christ. Les iconographes étaient tous des moines qui consacraient leur vie à l’écriture des icônes. (…) Les règles d’écriture sont savantes. Et il y a un impératif théologique qui ne s’acquiert que par une longue étude des Textes et par une réflexion profonde, qui mène à la foi. Le don de soi est total. »
Le jeune homme franchira toutes ces portes, se convertira et quittera sa famille. Sa rencontre avec Mansour, un marchand ambulant musulman, avec qui il va voyager, sera le début d’une quête spirituelle qui va bien au delà de la foi enseignée par les dogmes.
Les icônes d’Avner, devenu Petit Anastase, sont magnifiques, admirées puis rejetées car ne correspondant pas « aux canons rigides qui régissent l’art des icônes ». En effet, celui qui est devenu un grand iconographe cherche à montrer dans chaque visage qu’il « écrit » la part de divin qui se cache au fond de chaque humain.
Beaucoup crieront alors au blasphème.
« Avner rendait les gens heureux. Lorsque les pélerins étaient de retour chez eux, leur sérénité était contagieuse. Leur âme avait acquis une paix qui s’étendait à celles de leurs proches, et ceux-ci, apaisés, diffusaient à leur tour un bonheur nouveau. (…) En rendant les hommes heureux, Avner les soustrayait à la domination des grands prêtres. Des foyers entiers se détachaient des rites religieux. Ce n’était pas le Seigneur qu’il offensait, puisqu’il amenait le bonheur. C’étaient ceux qui s’arrogeaient le droit de parler en son nom. »
Partir avec Metin Arditi sur les traces de cet homme, dont le coeur était empli de la beauté du monde et de l’homme dans sa part la plus profonde, m’a procuré un immense plaisir de lecture.
Une histoire qui se passe loin, bien loin, au Proche-Orient.
Il y a longtemps, bien longtemps, au XIème siècle.
Avner, jeune juif de dix-huit ans, est subjugué par la beauté d'une icône vue dans le monastère où il livre du poisson.
Dès lors, son obsession sera d'en réaliser lui-même.
Il reniera sa famille, sa religion, se fera baptiser pour rejoindre les moines et « écrire » des icônes.
Et il a un talent fou, ses icônes sont magnifiques.
Mais il ne suit pas les préceptes de la religion, il ne part pas de Dieu, mais de l'homme. Et cela lui vaudra bien des ennuis.
« Plutôt que de réaliser la part d'humain dans le Christ et ses saints,Avner inversait la démarche, faisait surgir la part de divin enfouie en chacun. »
Il arrivait à faire surgir la beauté du plus misérable des hommes.
Et ainsi les bonifiait.
C'est écrit comme un conte, un conte magnifique.
C'est une époque où les religions étaient maîtresses du monde.
Et l'on voit d'ailleurs que les croisés n'avaient rien à envier aux islamistes de nos jours.
Avner réussit par son amour de l'homme à respecter toutes ces religions et à les faire coexister.
Il a un talent fou Metin Arditi pour se saisir d'un sujet et en faire un livre admirable.
Ici c'est un magnifique traité d'humanité et de tolérance.
C'est un thème déjà traité par lui, faire sortir la part de beau dans l'homme.
Ce récit est le parcours de vie d’un jeune villageois juif de 14 ans né à St Jean d’Acre au 11éme siècle.
Découvrant une icône dans un monastère, il va tout mettre en œuvre, même les dissimulations, même les mensonges, même la séparation avec les siens, pour en apprendre la technique et peindre à son tour.
Pourtant, le supérieur du monastère le met tout de suite en garde :
« L’écriture d’une icône n’est pas un travail d’artiste. C’est une représentation du divin, celle d’un croyant qui a une foi profonde et possède la connaissance des textes. ».
Il se fait baptiser, démontre les signes extérieurs d’une foi absente, s’initie aux techniques de l’icône et part dans un voyage initiatique de 10 ans, avec Mansour, un marchand nomade et musulman. Il va parcourir Israël et la Palestine. Il est reconnu comme le meilleur.
Mais ses portraits sont trop empreints d’humanité, et pas assez de rigueur religieuse : « Je prends des libertés vis-à-vis des canons de l’Eglise. Mais les canons sont l’œuvre des hommes. M’autoriser ces libertés, est-ce blasphémer ? (…) Les canons actuels ne nous offrent pas ce merveilleux sentiment qui nous emporte lorsque nous observons la nature et ses merveilles. A qui devons-nous le bonheur d’observer l’envol d’un papillon ? Au Seigneur ! Serait-ce péché de le représenter ? »
Il est chassé, et ses œuvres sont brûlées….
Ce magnifique récit distingue deux paradigmes spirituels essentiels :
- La rigueur et les règles de chaque Religion, de chaque Chapelle. Chacune bien étanche face aux autres, voire opposée.
- Et celle de l’homme qui voit dans chaque être vivant, dans la nature qui l’environne, la présence de Dieu. Sans avoir besoin d’un cadre rigide.
« La vie du Christ m’enseigne la charité, et l’Islam me rappelle l’importance de l’humilité et de la soumission. Pourquoi devrais-je refuser l’hospitalité de l’une ces Maisons (Religions) en faveur d’une autre ? Ce serait dédaigner chaque fois une grande richesse. Là, serait la vraie folie. »
On reconnait aussi Metin Arditi et sa passion pour la peinture avec deux représentations de la peinture religieuse :
« Plutôt que de représenter la part d’humain dans le Christ et ses saints, Avner inversait la démarche, faisait surgir la part de divin enfouie en chacun »
Une démarche dangereuse pour les Eglises : Avner trouvait dans chaque homme, sa part d’humanité, rendait heureux celui qui avait voyagé pour se faire peindre. Les hommes n’avaient plus besoin des religions.
« En rendant les hommes heureux, Avner les soustrayait à la domination des grands prêtres. Des foyers entiers se détachaient des rites religieux. Ce n’était pas le seigneur qu’il offensait. C’était ceux qui s’arrogeaient le droit de parler en son nom. »
Une fable efficace qui suscite les réflexions. Une vraie réussite.
Avner est juif. Il passe ses journées à regarder les papillons, se reposer à l'ombre des figuiers odorants et écouter les chants des moines orthodoxes, à qui il livre du poisson. Il est fasciné par la beauté du monde.
Un jour, alors qu'il suit un agneau pour le remettre dans le troupeau, il entre dans l'église orthodoxe et se trouve subjugué par des icônes. Dès lors il n'aura qu'une obsession, apprendre l'art "d'écrire" des icônes. Car on ne peint pas une icône, on l'écrit, on donne à voir ce que le sacré a à nous enseigner. Mais Avner est juif et sa religion interdit toute reproduction du monde. Il se convertit alors au christianisme et se voit contraint de quitter le foyer, son père le chasse.
Il est recueilli par Anastase, le père du monastère, qui lui apprend son art, mêlé de technique artistique et de connaissances bibliques. Très vite, Avner se distingue par la justesse et la profondeur de ses icônes. Anastase lui conseille alors de prendre la route pour Mar Sabar, endroit où l'on écrit les plus belles icônes, afin de parfaire son art.
S'en suit un périple à travers le pays, accompagné de Mansour, marchand musulman, avec qui il liera une belle amitié.
Une fois arrivé au monastère, il excellera dans son art, quitte à en oublier les canons religieux à respecter pour produire une icône parfaite et à frôler le blasphème.
Ses icônes auront un tel succès qu'il se mettra à dos ses frères moines, jaloux de son succès et furieux de son audace.
Faut-il être fidèle à ce que l'on ressent et être seul, ou respecter les lois édictées et se trahir?
Dès le début, Avner a fait son choix, car quoi de plus louable que d'illustrer la beauté du monde et des hommes à travers le divin?
J'ai adoré cette lecture!
L'écriture est belle, tout est doux et sensuel : les corps, les odeurs, les goûts, les couleurs.
J'ai aimé la sensibilité d'Avner, la sagesse et l'humanité de Mansour, la dichotomie entre le respect des canons religieux au service de la foi et l'envie de donner à voir la beauté des choses et des hommes. J'ai été touchée par cette humanité, cette sagesse dans l'appréhension des religions, cette facilité à voir le beau et le bien dans l'autre, et le divin en toute chose.
C'est un roman magnifique, une sorte de conte philosophique vecteur de paix, d'humanité et de tolérance, dans lequel le lecteur ne cesse de s'interroger sur les valeurs humaines, la religion, l'amitié, la tolérance. Un beau message de paix!
Ce roman est un énorme coup de cœur.
Je remercie netgalley et les éditions Grasset pour leur confiance et pour ce moment de lecture lumineux!
A la recherche de l’auteur de l’icône « le christ guerrier », longtemps attribuée à Théophane le grec, Métin Arditi l’a trouvé en la personne d’Avner, iconographe du 11 ème siècle qu’il suit depuis ses débuts dans sa quête et sa passion pour les icônes.
Après un apprentissage de la technique avec Anastase et s’être converti à la religion othodoxe par le baptême, Avner réalise sa première écriture d’icône en s’inspirant de Myriam, sa cousine pour qui il éprouve une inclination certaine.
Sa vocation semble établie et il entame un voyage au long cours avec Mansour, musulman qui lui fait découvrir des monastères où officient des iconographes auxquels il va se mêler, puis se confronter au monastère de Mar Saba.
La conception originale qu’il a des icônes, contraire aux canons religieux lui vaut la destruction des ses œuvres. En effet, il essaie de faire ressortir du divin heureux des gens qu’il représente, pour qu’ils se sentent bien, et l’autorité religieuse s’estime bafouée.
Dans cette aventure « feel good » , le héros voudrait détruire les barrières idéologiques qui séparent les religions et il a beaucoup de mal à y parvenir.
Ce voyage au pays des icônes, à cette époque est un grand moment de plaisir que je souhaite partager avec d’autres lecteurs.
Metin Arditi situe ce nouveau roman en Palestine, au XIème siècle. Les 3 religions s'y côtoient, juive, chrétienne et musulmane. Avner, un jeune juif, vit près d'un monastère chrétien et découvre la beauté des icônes. Alors que l'art figuratif est interdit dans sa religion comme dans l'islam, il est fasciné par ces peintures. Pour assouvir sa passion naissante l'adolescent est prêt à tout. Il quitte sa famille et se convertit pour apprendre auprès d'un moine. Les icônes ne sont pas de simples œuvres d'art, ce sont des actes de foi.
Avner consacre toute sa vie à la peinture et devient un peintre d’icônes renommé mais c’est insuffisant pour lui. Il veut s'émanciper des carcans qui brident son art, peindre des portraits de ses contemporains en cherchant la part de divin qui est en eux.
L'homme qui peignait les âmes est un roman initiatique sous forme de conte dans un Xième siècle où les hommes simples, quelque soit leur religion, vivaient en bonne entente.
On y trouve les thèmes chers à Metin Arditi, l'art trait d'union entre les hommes, le poids de la religion, le divin, le combat contre l'intolérance. Les passages sur la fabrication des icônes sont tout aussi passionnants que instructifs.
Ce récit est empreint d'une grande humanité. Le talent de conteur de Metin Arditi est toujours là mais j'ai moins adhéré à ce récit qu'à d'autres. Je me suis peu attachée à Avner, je n'ai pas vraiment cru en son personnage.
Il y a des romans de Metin Arditi que j'ai adoré comme Le Turquetto ou La confrérie des moines volants, il en est que j'ai beaucoup aimé comme Carnaval noir ou Rachel et les siens et il y en a d'autres, dont j'ai oublié le titre, que j'ai moins apprécié comme celui-ci. Cette petite déception ne m'empêchera pas d'attendre le prochain avec impatience.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2021/08/22/lhomme-qui-peignait-les-ames-de-metin-arditi/
En 2012 « le Christ Guerrier » une icône d'un réalisme incroyable montrant un Christ prêt à « sortir du cadre » est confiée à un atelier de restauration. À cette occasion, une analyse des couleurs utilisées démontre que cette oeuvre ne peut pas être de la main de Théophane le Grec iconographe du XIVe siècle. Qui est donc l'auteur de cette oeuvre de génie ?
Nous sommes en Palestine, au XIe siècle, Metin Arditi nous raconte l'histoire d'Avner un jeune homme qui a le talent de représenter dans ses icônes, avec un réalisme saisissant loin des règles de l'Église, l'humanité des gens, de saisir leurs failles, leurs interrogations et leurs angoisses.
Ce roman est un voyage initiatique où nous suivons le lent apprentissage d'un jeune pêcheur aux techniques de l'iconographie, le récit est avant tout un plaidoyer contre l'intolérance, pour l'oecuménisme, une célébration de la beauté qui est en chaque homme. L'art au service de la paix, une ode à la liberté portée par une écriture où la sensualité se mêle à la spiritualité. Un conte étonnamment moderne rempli d'humanisme.
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Je suis en tous points, d'accord avec cette jolie chronique.