"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Tu avais dix-sept ans alors, à peine, et tu as pris l'avion, seule, pour retourner à Hanoï. Tu vois, j'en ai vingt-trois aujourd'hui, et je retourne, seule, une nouvelle fois, sur les lieux de ton enfance. Tu es revenue et je reviens encore, chaque fois derrière toi. Je reviendrai peut-être toujours te trouver, trouver celle qui naissait, celle qui mourait, celle qui se cherchait, celle qui écrivait, celle qui revenait. Je reviendrai peut-être toujours vers celle qui revenait, vers les différents coffrets d'os, vers les couches de passé qui passent toutes ici. »
Dès le début je me suis sentie comme un lien avec l'autrice, elle qui se sent d'ici et de là-bas, le coeur déchiré par un écartèlement entre deux points géographiques… un peu d'ici, beaucoup d'ailleurs. Ce sentiment étrange de n'être réellement de nulle part. Une sourde mélancolie émane de cette enfant née à Hanoï d'une mère vietnamienne et d'un père français.
Elle nous raconte la vie de sa famille vietnamienne, la moitié d'elle, nous parle des guerres d'Indochine, ces guerres dont je ne sais rien car il me semble qu'on ne nous l'apprend pas à l'école. Elle nous parle de la misère dans les années 80, de l'embargo qui les laisse dans le dénuement, si près de nous, il y a à peine quarante ans… c'est tellement injuste et inhumain. On apprend beaucoup sur le Vietnam à cette lecture.
Elle parle d'elle à la troisième personne, et ça donne un aspect roman alors que c'est autobiographique et j'ai vraiment aimé ça. Mais ça donne aussi un sentiment de dédoublement de la personnalité. Elle parle cru aussi parfois, et quelquefois c'est brutal. On sent sa colère derrière ces (ses) mots, cette façon de nous raconter.
J'ai eu l'impression que c'était quelqu'un dans la maturité qui racontait alors qu'elle est si jeune encore… 23 ans quand elle a écrit ceci, pourtant il y a une incroyable profondeur dans ses pensées.
C'est beau, c'est bien écrit et ça nous dit plein de choses. Hormis la guerre, il y a le métissage, l'amour, la séparation, le déracinement, l'exil en France, le chagrin, la douleur. Car la famille au Vietnam, c'est au sens large, plusieurs générations sous le même toit. Les souvenirs que l'autrice évoque de ce temps là, c'est plein d'odeurs, de chaleur, de vie, de rires, de sons, d'amour plus plus plus.
C'est une magnifique déclaration d'amour à Hanoï et tout ce qui en faisait partie… puis la maladie liée au désespoir d'avoir perdu tout ce qui faisait le bonheur de son enfance.
J'ai adoré cette histoire, où la France paraît moche et froide comparée au Vietnam et plus précisément à Hanoï, pauvre et bordélique et pourtant terre de tous les bonheurs.
J'ai fait un beau et triste voyage en enfance entre deux cultures aux antipodes l'une de l'autre, à lire l'histoire d'un soleil qui aurait plongé au fin fond des mers pour ressurgir radieux après un séjour dans les abysses.
Line est née au Vietnam d'une mère vietnamienne et d'un père français.
La première partie se déroule avant sa naissance puis pendant son enfance.
Elle est heureuse ; on sent les odeurs, on voit les couleurs de ce Vietnam pauvre mais solidaire avec des familles qui vivent ensemble. L'enfant est privilégiée et aimée de sa grand-mère et sa nourrice.
Puis, lorsque Line a 10 ans, la famille décide de rejoindre la France ; ce pays inconnu.
La seconde partie raconte ce déracinement, cet éloignement d'êtres aimés, le froid, la solitude puis l'anorexie.
J'ai accroché à cette première partie ; le style est vivant, coloré et bruyant.
La seconde partie est à l'image de la détresse de l'auteure ; noire, froide avec un sentiment d'abandon. J'ai trouvé alors le style un peu pompeux pour illustrer ce désespoir.
Un roman donc intéressant mais en demi teinte pour moi en ce qui concerne le plaisir de lecture.
Une œuvre dense et complexe dans laquelle Line Papin tente de se raconter, dans toute son opacité. Pour chercher sa vérité elle décide de remonter le temps, là où tout a commencé d'après elle, au Vietnam avec la naissance de sa grand-mère puis celle de sa mère. Difficile pour elle de trouver son identité, elle qui, à la naissance a reçu un numéro, dont la grand-mère a dû s'inventer une date de naissance et dont la mère ne sera désignée que par une lettre, H.
Pas facile pour Line non plus de se forger une identité qui lui échappe, née au Vietnam elle subit une expatriation en France où elle doit grandir mais où elle a dû mal à se sentir chez elle. Métisse au coeur déchiré elle tente de se trouver et montre toute la difficulté de cette découverte, la narration oscillant entre la 1ere personne du singulier, la 2eme personne du singulier (comme si Line Papin sortait de son corps pour s'adresser à son moi d'antan) et même la 1ère personne du pluriel.
Une oeuvre intéressante donc qui mérite d'être découverte.
Même si rien ne l'indique vraiment sur la quatrième de couverture, il s'agit d'un texte de nature autobiographie. On soulignera par ailleurs la présence d'un encart illustré de photos de familles qui nous permet de mettre un visage à chacun de ces personnages qui constituent l'histoire de Line Papin. C'est un petit ouvrage, pourtant, qui nous plonge au coeur d'une famille, d'une ville et d'un pays, dont personnellement je n'ai pas les codes.
Dès lors que j'ai réalisé que ce récit n'était pas l'ordre de la fiction, il est devenu évident que ma lecture allait relever d'une découverte culturelle en même temps que d'une découverte biographique, d'une auteure dont j'étais ignorante de tout. Pourquoi pas, même si j'aurais préféré commencer par découvrir l'un de ses deux romans L'éveil ou Tony. En ce qui concerne mon envie découvrir le Vietnam à travers ces quelques lignes, elle a été assouvie puisque Line Papin n'hésite pas à nous gratifier d'anecdotes, de petits interludes historiques, sur les us et coutumes du pays, qui fut un temps colonisé par nos bons soins ainsi que ceux du Japon, et de l'exaspérant interventionnisme américain dans les affaires politiques. Aujourd'hui, affranchi de toute entrave occidentale ou nippone d'ailleurs, c'est un pays en plein développement qui affiche un des meilleurs taux de la croissance de la région.
Line Papin retourne à une partie de son passé, de ses origines, de sa famille pour mieux les redécouvrir, et scruter, jusqu'à désosser si j'ose écrire, l'histoire de ces femmes – il est vrai que les hommes n'ont que peu de place dans son récit – de ces guerrières qui ont précédé sa mère, qui l'ont précédée. Peut-être dans la perspective de mieux se connaître elle-même en pleine conscience de l'héritage qu'elle porte. Nous découvrons une jeune femme partagée entre deux pays, deux cultures, a priori rattachée à la France mais intrinsèquement attachée à ce lieu, où ses racines prennent source, le lieu où elle-même a pris racine, Hanoï. C'est un retour en arrière, un retour aux origines, mais a contrario une progression dans sa vie, un apaisement retrouvé. Line Papin revient clore un chapitre dans cette ville qu'elle a quitté un peu trop brutalement, parce que les aurevoirs se sont changés en adieux malgré elle. Les adieux d'une langue, d'un mode de vie, d'une famille, de Ba la grand-mère tant aimée.
J'apprécie peut-être davantage les récits autobiographiques que les biographies, d'avoir la chance d'appréhender une individualité avec ses propres mots, qui donnent une autre dimension au texte, qui ont la capacité d'exprimer ce qui serait indicible ou même invisible pour un auteur extérieur. Ce texte est celui d'un attachement profond, d'une désunion, d'un amour perdu qui a le mérite de nous plonger dans l'histoire d'un pays avec lequel la France était lié, d'une capitale moite, gorgée de vie, où règne le joyeux tapage cacophonique et retentissant de ses habitants. Hanoï que l'on découvre avec toute la partialité de l'auteure, forcément, à travers de le prisme de son amour, sa mélancolie, ses souvenirs et surtout de toutes les figures d'attachement qu'elle a laissées derrière elle. Des souvenirs qu'elle garde intacts, solidement ancrés dans sa mémoire, soigneusement entretenus par le manque du pays et la longueur de ces années qui ont passé.
Autobiographie certes, mais aussi quelques pages, quelques passages, à vocation biographique sur ses aïeules, là les destins s'entremêlent, certains sommaires, d'autres plus longs, Dévoiler le texte masqué Ces histoires constituent l'ADN de Line Papin à la recherche d'une vérité, de sa vérité, peut-être celle d'une réconciliation franco-vietnamienne à une autre guerre d'Indochine, sa propre guerre à elle, sans le Laos et le Cambodge. Il est stupéfiant de lire qu'à certains moments, on croirait presque qu'alors elle n'est pas encore née, l'auteure est présente, aux côtés de sa grand-mère, de sa mère, de ses tantes, qu'elle vit les scènes qu'elle nous décrit en tissant ce lien intergénérationnel qui les unit toutes, ces filles de la famille. Celles-la même qui ont porté la famille à bout de bras, ces filles qui constituent la colonne vertébrale de cet arbre généalogique.
Line Papin a choisi d'explorer sa filiation maternelle, d'examiner les choix de ses ascendantes – Dévoiler le texte masqué pour comprendre la jeune femme qu'elle est devenue, férue de littérature, avec ce besoin de s'épancher à travers ses écrits, de créer. J'ai aimé la façon dont l'auteure s'est appropriée l'histoire vietnamienne, l'histoire familiale pour tisser un lien vers la sienne propre, pour assumer cet héritage, qu'elle protège précieusement au chaud près d'elle et en elle, à l'image ce coffret qui contient les os des défunts. C'est une belle déclaration d'amour envers ce pays qu'elle a du quitté brusquement et qui constitue une grande part de la jeune femme qu'elle est devenue.
C'est le récit d'une identité, durement et chèrement acquise, à travers un choc culturel incommensurable, Hanoï-Tours, qui a eu sur elle les mêmes effets qu'une bombe. Dévoiler le texte masqué Plus qu'une simple autobiographie, ce livre est à mon sens une tentative de réparer cette blessure qu'a entraîné la séparation d'avec un pays aimé, d'avec une grand-mère à laquelle elle n'a jamais pu dire adieu, et par conséquent une réconciliation avec elle-même, si ce n'est avec sa famille. Voilà un livre qui s'adresse autant à elle-même qu'à son lecteur, une sorte de traité de paix aux guerres qu'elle a du menées, son déracinement, sa dépression, la difficulté de s'intégrer en France, un traité de paix avec elle-même. Dévoiler le texte masqué
Je dois avouer que je suis restée un peu sur ma faim, il me semble que certains aspects ont été passé sous silence. J'ai en tête notamment ses relations avec sa famille proche, on ressent que les relations avec la mère ont été compliquées, sinon inexistantes. On aurait aimé essayer de comprendre. En revanche il me donne envie de découvrir, cette fois-ci, une véritable fiction de l'auteure, peut-être dans un futur proche.
C'est le titre de ce roman qui m'a interpellée. Il m'a ramenée à un souvenir d'enfance. Alors âgée d'environ 7 ans, j'avais entendu ma tante raconter son accouchement et lorsqu'elle avait dit qu'elle avait perdu « les eaux », moi j'avais compris « les os ». Ca m'avait un peu terrifiée, fallait-il perdre un os avant de mettre au monde un enfant ??
Mais dans le cadre du roman, nous avons tout de suite l'explication : « On enterre les gens dans une tombe à leur taille pendant trois ans, au Vietnam. Puis, ce délai passé, la chair évaporée, on transvase dans un coffret plus chétif ce qu'il reste du corps : les os. Les cimetières sont donc faits de petits coffrets d'os. Ce sont eux qui demeurent, singuliers. »
La narratrice, âgée de 23 ans, retourne au Vietnam à nouveau. Elle est en quête de résilience. Son père, français, est tombé éperdument amoureux de sa mère, vietnamienne, quelques années après la fin de la guerre. Il l'a épousée et s'est installé à Hanoï. La petite fille a grandi d'abord auprès de sa grand-mère adorée, Ba, une femme forte ayant affronté deux guerres ainsi que des périodes de famine ; puis avec sa jeune nounou quand ses parents se sont installés dans le quartier résidentiel des expatriés.
Mais à l'âge de 11 ans, son père décide de rentrer en France. La voila transplantée dans la métropole où elle a bien du mal à trouver ses marques. le choc psychologique est violent pour elle mais passe inaperçu auprès de ses parents. le mal du pays, de son enfance si joyeuse, si colorée, la ronge jusqu'à la conduire à une anorexie mortifère.
La jeune femme ne retrouvera qu'à l'âge de 17 ans, après un premier voyage seule dans sa famille vietnamienne le courage, la force pour reprendre pied et recommencer à vivre, elle qui n'avait plus que la peau sur les os : « Entre les eaux d'où l'on vient et les os qu'on laisse en partant, il y a tant de charges. Rester, parce que l'on est, c'est une chose que l'on a tous compris ; et nous nous tenons, debout, les pieds dans l'eau, les os en haut, droits, verticaux, nous nous tenons debout sur les os qui nous précèdent, pour ceux qui nous succèdent, pour ceux qui nous entourent. Nous sommes là. Rester, parce que l'on est, c'est à peine un choix, mais nous décidons peut-être de la manière dont nous voulons rester, dont nous voulons être. »
Line Papin aborde dans ce roman, avec une très belle écriture qui m'a réellement touchée, l'exil forcé qui engendre des maux car l'entourage n'y a pas mis « des mots » ; la quête de sa propre histoire pour être pleinement qui l'on est.
Voilà un livre qui m'a été prêté par une personne, qui connaissant mes goûts en matière de lecture, me l'a tendu en disant « prends le je suis sûre que ça va te plaire ». Et bien ma foi j'ai pris plaisir à le lire. Effectivement je n'aurais pas acheté ce livre en le parcourant à la volée comme je fais souvent. Mais c'est une bien belle histoire.
A travers une saga familiale on découvre différentes phases des vies de trois femmes (grand-mère, fille et petite-fille). La narratrice (petite-fille) nous transporte à Hanoï, son Hanoï. Cet Hanoï est joyeux, bruyant, aimant, chaud. Lorsqu'elle en est arrachée tout devient froid, gris, triste et difficile.
Line Papin se confie au lecteur dans une grande intimité et celui-ci se réjouit, souffre et pleure avec elle. Un livre court mais intense et poignant.
Etrange récit que cette narration à la 1ère personne qui oscille entre singulier et pluriel.
Une petite fille qui n’est pas une, mais plusieurs. Qui est vietnamienne, française et ni l’une ni l’autre. Une adolescente qui se perd, qui cherche ses racines, des repères perdus qui n’existeront plus jamais.
Ce livre est à mon sens trop personnel pour avoir un écho plus large. Il apparaît cependant comme nécessaire, incontournable, vital, pour son auteure.
Comme un rite de passage, un moyen de déposer son fardeau familial et le poids de l’enfance et de l’adolescence. Se décharger de la lourdeur du passé, faire la paix avec ses démons pour entrer enfin dans la vie, dans sa vie.
Comme une chrysalide qui devient papillon.
Les Os des Filles est l’histoire de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille – ma grand-mère, ma mère et moi-même. L’histoire commence dans les années 1960, pendant la seconde guerre d’Indochine, sous les bombes d’un village vietnamien. Seule, Ba y élève ses trois filles, avec l’intention de monter à Hanoi, la capitale, pour s’extraire des conditions de vie misérables. Si elle y parvient, le quotidien de cette famille est toutefois brisé en 2005 par le départ des filles en Occident. Tandis que la grand-mère reste à Hanoi, sa fille s’installe en France avec sa petite-fille. Cette dernière, arrachée à sa terre natale, garde dans son corps le souvenir des guerres, des famines et des bombes. Quand l’enfant tombe malade, quelques années plus tard, à l’hôpital où elle se retrouve, son corps fatigué se rappelle les combats d’une grand-mère pour survivre.
Ainsi, Les Os des filles est un roman sur trois générations de femmes qui ont traversé trois combats : celui de la guerre, celui de l’exil et celui de la maladie. Comment les événements historiques influent-ils sur les relations personnelles ? Comment le lien affectif entre une fille et sa mère peut-il être brisé par une bombe, un avion ou bien un hôpital ? De quoi sont donc faits les os qui nous soutiennent ? En 2018, j’ai voulu revenir sur le récit de cette filiation maternelle brisée, afin de réparer avec l’écriture, peut-être, des choses irréparables. »
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