Tueurs ou victimes, attentats ou éléments déchainés, les évènements tragiques interpellent les auteurs de cette rentrée littéraire
Aux Philippines, une jeune journaliste française tente de continuer à vivre dans le chaos du typhon Yolanda qui a emporté son compagnon. Un premier roman d'une justesse tragique.
Une vague monstrueuse, soulevée par un typhon meurtrier, dévaste les Philippines en quelques minutes et ravage sa myriade d'îles.
Sur l'une d'elles, Madel reprend connaissance, seule au milieu du chaos. Jan, l'homme qu'elle aime, a disparu. Et elle a lâché la main de l'enfant qu'il lui avait confié.
Au prix d'une difficile anesthésie des sentiments, la jeune journaliste se plonge dans son travail, en équilibre entre information et voyeurisme, quand tous les médias du monde se tournent vers les Philippines.
Recueillir la parole survivante, nouer des liens avec les rescapés, c'est conjurer la mort. Mais un typhon de cette violence ne laisse jamais en paix ceux qu'il a épargnés.
Anaïs LLobet, journaliste à l'AFP Moscou, était correspondante pour plusieurs médias aux Philippines lorsque le typhon Haiyan a ravagé le pays.
Les Mains lâchées est son premier roman.
Tueurs ou victimes, attentats ou éléments déchainés, les évènements tragiques interpellent les auteurs de cette rentrée littéraire
Découvrez la bibliothèque idéale d'Anais Llobet, journaliste et auteur d'un magnifique premier roman paru chez Plon "Les mains lâchées"
Cette semaine, suivez David Meulemans, fondateur des éditions Aux forges de Vulcain, et Lisa Liautaud, éditrice du domaine français des éditions Plon.
L’auteure de ce premier roman est journaliste et a vécu cet évènement sur place (Typhon Haiyan en novembre 2013 aux Philippines) où elle travaillait à ce moment là. Ce petit livre est bouleversant et nous fait un récit romancé de ce terrible drame, en pointant du doigt la part d’inhumanité dont peuvent parfois faire preuve certains médias au cours de leurs reportages … L’héroïne de ce docu-fiction pose aussi une question cruelle : comment continuer à vivre lorsque l’on n’a pas réussi à sauver une vie qui vous avait été confiée ?…
Le style est sobre mais percutant, l’histoire ne peut laisser personne insensible, une belle réussite !
« Le silence des hommes me fait frissonner, il n’y a que la mer qui parle encore à Tacloban ».
Alors qu’elle se trouve aux Philippines, Madel, la narratrice, assiste impuissante au déferlement d’un typhon qui va tout dévaster sur son passage. Tout, ce sont ces vies arrachées, cette ville rayée de la carte, ces maisons envolées, ces destins brisés, ces disparus, ces morts qu’on entasse dans des fosses communes….
Présentatrice vedette d’une chaîne locale, et malgré sa souffrance et ses deuils, elle va devoir endosser une double casquette : celle de professionnelle de l’information, et celle de victime, pour raconter l’indicible, l’horreur absolue. En effet, Yolanda, la pire tempête que l’humanité a connu, lui a volé son amoureux, Jan et un enfant dont elle avait la charge, et dont elle a lâché la main, impuissante, face à la violence et à la rage de la vague qui a tout submergé.
Il y a Madel, il y a ces voix qui disent l’enfer, qui pleurent, qui crient, et qui se taisent, anéanties et assommées par l’innommable.
Il y a ces médias affamés d’images, d’images aussi impudiques que cette femme qui persiste à vouloir faire boire son enfant mort dans ses bras.
« Je ne propose pas à Irène de supprimer ces images révoltantes. Nous avons besoin d'elles. Yolanda, avec ses sept mille morts, a tout d'une star médiatique. Pendant encore quelques jours elle saura défier le principe de "mort kilométrique", cette loi tacite du journalisme, selon laquelle la mort soudaine par intoxication alimentaire de notre voisin de cantine nous intéresse davantage que les deux cents noyés d'un lointain paquebot indonésien ».
Il y a l’oppressant décompte, et le silence…toujours le silence … Seule réponse à l’horreur.
Il y a ceux qui choisissent de se mettre Debout, malgré les mains lâchées et ceux qui n’en ont plus la force.
Il y a la pudeur du récit, saisissant, qui vous prend par le cœur, qui vous coupe le souffle, qui vous entraîne depuis ce moment apocalyptique vers la nécessaire survie de ceux qui restent.
Et puis il y a la plume d’Anaïs Llobet… Magistrale, puissante, qui déferle page après page. Un tsunami d’émotions pour exorciser celui qui a tout massacré… Pour ce tout premier roman (et quel roman) elle a su éviter le piège du pathos, du voyeurisme, ce qui, compte tenu du sujet abordé , n’était pas chose aisée. On s’accroche, on a mal, on a peur, on vit Yolanda, on tend la main, et on s’accroche à celle de Madel, pour ne pas la lâcher, tout au long de ce récit -uppercut . Donner du beau au laid, faire de l’enfer et de l’effroi une merveille d’empathie et d’humanité , là est tout le talent de cette jeune auteure, à laquelle je ne peux que souhaiter une très longue route littéraire.
« Voilà, c’est ça, le fond de l’horreur. Cette petite flamme d’espoir qui vous lacère le cœur et n’en finit pas de vous ronger l’âme. Et quand on décide d l’éteindre, en la pinçant de nos deux doigts, c’est au prix d’une brûlure qui ne nous quittera jamais. La brûlure de l’oubli. »
Merci aux Editions Plon pour cette très très belle découverte !
Roman dur où on suit une journaliste en Philippines qui vit la tornade, l'ouragan.. On la suit après le passage de ce monstre dévorant tout sur son passage, à chercher les morts, les dénombrer, rechercher les siens...
Elle décrit avec des mots justes les horreurs vues et vécues..
LE coeur doit être bien accroché à cette lecture, forte, bouleversante... Elle est renversante tel un ouragan qui nous prend aux tripes....
A découvrir mais le coeur bien attaché
Ce 1er roman est percutant, comme une vague, il bouleverse, retourne, chamboule. Avec une écriture précise, efficace l’auteur nous plonge aux Philippines. Sa narratrice est journaliste, présentatrice pour être exact. Elle se retrouve au cœur d’un drame humain : la dévastation suite au passage d’un typhon onstrueux.
Ce typhon va bouleverser définitivement sa vie, ses certitudes, ses repères. L’auteur nous interroge sur notre résistance, notre instinct de survie, notre résilience. Sans rien épargner de la violence de la nature, de la mort présente à chaque pas sans voyeurisme. Cette fureur des éléments qui n’épargne rien ni personne.
C’est aussi une réflexion sur le journalisme, sa volonté de faire pleurer, de tenir l’antenne avec le personnage Hermann qui est content d’avoir quelqu’un sur place, veut des images chocs, des témoignages et peu importe ce que ça coûte. Sur les choix politiques aussi , la mauvaise information quand au départ les autorités ne comprennent pas que ce typhon n’est pas comme les autres et sera plus destructeur.
la suite sur http://eirenamg.canalblog.com/archives/2017/01/06/34751348.html
Quel premier roman ! Pour l’heure, il s’agit de l’un de mes coups de cœur de cette rentrée littéraire dans la catégorie premier roman : une lecture passionnante, un coup de poing.
Anais Llobet n’a pas choisi la facilité. Sur toile de fond le typhon Yolanda qui a ravagé les Philippines en 2013, l’auteur traite de la détresse des survivants après le chaos.
Le titre, « les mains lâchées » est très beau et fort : comment survivre après avoir lâché la main d’un enfant, emporté par la vague su tsunami. Telle est l’histoire de la narratrice, Madel, présentatrice d’une chaîne télévisée locale. Tel est aussi le drame de beaucoup de survivants, qui ont lâché la main de proches ou d’inconnus, et qui ont disparu après le passage du tsunami. Difficile alors d’échapper à la culpabilité.
Les ravages physiques et matériels sont très bien relatés. Mais c’est surtout les errances des survivants, et le désarroi du corps médical ou des journalistes censés témoigner au monde entier d’une horreur insoutenable qui m’ont bouleversée. Comment concilier des émotions post-chaos, l’instinct de solidarité, et un professionnalisme qui vous demande de vous armer et de vous redresser aussitôt pour témoigner? Même les plus forts finissent par douter et pour certains craquer sous le poids des images de désolation qu’ils découvrent et du témoignage des survivants anéantis. Le travail pour échappatoire à la douleur, à l’horreur et à la folie, mais jusqu’à quel point ? Personne ne sort indemne. Une telle épreuve force à considérer la vie différemment, à prendre du recul sur notre quotidien.
Sous une plume délicate, et en alternant récit de la narratrice et témoignages de survivants, Anais Llobet sort du pur témoignage journalistique, et à travers la forme romanesque trouve le recul nécessaire pour éviter le voyeurisme. Un typhon qui hantera longtemps l’âme de Madel, et probablement de l’auteure. Quant à nous lecteurs, on n’a pas envie de lâcher ni le livre ni la main des protagonistes. Anais Llobet a mis la barre bien haute pour son premier roman.
https://accrochelivres.wordpress.com/2016/09/26/les-mains-lachees-anais-llobet/
C'est un livre extrêmement poignant et touchant, qui traite du typhon meurtrier Yolanda. Cette lecture est d'autant plus touchante lorsqu'on sait qu'Anaïs Llobet était présente aux Philippines en 2013 lorsqu'il y a eu un typhon. Ce livre est donc en partie autobiographique.
Madel est une journaliste française aux Philippines. Elle se trouve à Tacloban en compagnie de son petit ami Jan quand un typhon survient. C'est à travers les yeux de Madel que nous est raconté cette histoire. Entrecoupé de son récit, il y a des témoignages de personnes qui ont survécu à cette horreur. Ce sont des passages que j'ai particulièrement aimé puisqu'ils sont davantage poignants et prenants. Ils nous montrent l'atrocité de ce typhon sous un autre angle, ils nous permettent d'avoir un autre regard que celui de Madel sur cette catastrophe.
Ce livre est difficile à lâcher une fois commencé. L'écriture à la première personne du singulier nous plonge dans cette histoire, dans l'horreur qui a dévasté les Philippines. On suit l'après typhon, on découvre la ville de Tacloban après la catastrophe. Après ça comment s'en remettre, comment se reconstruire et surtout, comment continuer à vivre alors qu'on ne sait pas si nos proches sont vivants ou morts...
J'ai aussi aimé la dualité que porte Madel en elle. Elle est journaliste, déjà sur place lors du drame, elle est donc bien placé pour le relayer, mais il se trouve qu'elle l'a vécu (survécu dans ce cas) et qu'elle y a perdu des proches. Elle a été, elle aussi, touchée de plein fouet par ce typhon et par les ravages qu'il a fait. Comment donc faire son deuil, alors même qu'elle côtoie des rescapés qui ont également tout perdu ? On remarque d'autant plus cette dualité avec le personnage d'Irène, une journaliste amenée sur l'île pour relater cette catastrophe. Au contraire de Madel, Irène est sans coeur, elle considère les atrocités avec froideur et n'hésite pas à s'en servir pour livrer des images chocs. Tout est prétexte à un bon reportage, peu importe la douleur des personnes qu'elles filment. Elle ne la ressent pas cette douleur, elle n'a aucune empathie envers les victimes, à la différence de Madel qui, pour l'avoir vécu, comprend ce qu'elles vivent.
Une lecture prenante, parfois dure tant ce qui nous est raconté est atroce. Assurément, Anaïs Llobet est une auteur à suivre ! Une lecture nécessaire donc, qui nous permet de vraiment nous rendre compte de ce que vivent les victimes des catastrophes naturelles et qui a le mérite de nous faire réfléchir.
Pour son premier roman, Anaïs Llobet nous livre ici un récit témoignage puisqu’elle se trouvait aux Philippines au moment du passage du typhon Haiyan.
Avec justesse, le livre nous relate les suites de cette catastrophe climatique qui a fait des milliers de morts. L’auteur, à travers sa plume de journaliste, nous décrit l’horreur, le chaos mais également l’entraide et la solidarité qui s’ensuivent.
On est forcément touché par cette population ravagée par le typhon qui s’efforce de survivre malgré tout. Le récit se fait en alternance avec la voix de Madel et celles des rescapés.
J’ai beaucoup aimé cette lecture et notamment les différents portraits des Philippins que l’héroîne croisent sur sa route. Malgré cet évenement dramatique qui a dévasté la ville et la population, Madel doit faire face et continuer de travailler, de dévoiler au monde extérieur l’innommable.
On est happée dans la ville de Tacloban, dans son atmosphère, ses témoignages à travers les mots de la journaliste qui nous fait vivre l’indicible.
https://mesechappeeslivresques.wordpress.com/
La lecture de ce roman-là m'a laissé des frissons de sentiments et d'émotions entremêlés auxquels je ne m'attendais pas vraiment.Il me semble ne pas avoir lâché la main de Madel, Jack, David, Rosie, Liliana, Jirug, Rodjun, Manette... tout au long de cette lecture et leurs images m'accompagnent encore une fois le livre refermé.
Novembre 2013 à Tacloban, Philippines. Le typhon Yolanda soulève un tsunami meurtrier qui, en quelques instants, ravage la ville laissant derrière lui un sillon de ruines, de morts, de blessures incurables. Madel, la narratrice qui séjourne sur place chez Jan son compagnon, vit cette apocalypse au milieu des habitants rescapés et des cadavres. Journaliste, elle obéit mécaniquement aux injonctions de son rédacteur en chef et doit rendre compte de la situation, aidée d'Irène la camerawoman, d'apparence imperturbable. Les scènes d'effroi et de sidération alternent avec les récits des survivants, comme hallucinés d'en avoir réchappé. Mais en ont-ils réellement réchappé ? Le sentiment de culpabilité, la honte d'avoir survécu se mélangent avec la force vitale des individus endeuillés de leur vie passée.
Sans voyeurisme, sans sensationnalisme, avec une pudeur et un respect remarquables, Anaïs Llobet nous prend à témoin de ce cataclysme et de ses conséquences. Elle trouve l'exacte distance pour ne rien occulter sans cependant jouer d'un sentimentalisme qui n'est pas de mise ici. D'une fluidité et d'une précision admirables, le récit nous laisse entrevoir les déséquilibres qu'implique une telle catastrophe, tant d'un point de vue individuel que collectif. Sans s’appesantir, sans didactisme, les questions essentielles sont abordées au fil d'une narration qui nous saisit pour ne plus nous lâcher.
Un très beau premier roman, d'une authentique sincérité et d'une intégrité admirable.
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