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Chronique « Les lois de l’apogée »
Jean Le GALL
Philippe Le GALL n’aura pas le Goncourt à la fin de cette année. Il n’aura d’ailleurs aucun prix littéraire. Philippe Le GALL va se fâcher avec tout le monde. Notamment avec le monde de l’Edition littéraire, les politiques, les philosophes, les écrivains, les économistes, les dirigeants de multinationales Français et les femmes de manière générale. C’est-à-dire l’opinion. La sacro-sainte opinion qui tient dans un périmètre (microcosme) d’un kilomètre carré au centre de Paris et qui dîne une fois par semaine pour se fabriquer.
Le GALL lui, de l’intérieur fabrique une charge violente qu’il vient faire exploser au milieu de ce petit monde sclérosé et consanguin. Pas de plastique ni de dynamite mais seulement une surdose de cynisme, de lucidité désespérée et désespérante et des flèches très affûtées lancées à l’encontre de quelques VIP de la vie parisienne connus ou reconnus derrière des personnages miroirs.
Son héros, écrivain frappé du Goncourt très jeune va traverser les années 80, puis 90 et 2000 en dandy en panne de toute création mais relié à l’écriture par son métier d’éditeur et uni à une redoutable working girl Italienne dont le nom ne laisse aucun espoir de rédemption, Greta Violante.
Vatrigran va enregistrer pendant trente ans ses ressentis sur cassettes audio TDK et nous les partageons tout comme son rapport épistolaire avec son frère, dont la montée en puissance politique va réserver des surprises et des rebondissements énormes.
Un détective privé Allemand va venir rejoindre le trio irrémédiablement connecté, personnage iconoclaste mais persévérant, histoire de donner une légère patine de polar à ce récit encré dans la réalpolitique. Il sera le vecteur de la chute, dont chaque empire après son apogée connait les affres.
Mais à travers ce scud sous forme de roman à l’encontre de la médiocrité de notre société (Culture, politique, monde des affaires, personne n’est épargné), le lecteur glisse progressivement vers un plaisir inavouable. Cette fable politico-littéraire, éloge des faussaires enchante par son humour, ses aphorismes et ses bons mots à revendre, plus redoutables les uns que les autres. Là où Marc Dugain commençait à nous ennuyer par son sérieux, Le GALL nous enchante tant son roman nous amuse tout en lui faisant office d’exutoire. Selon l’expression consacrée « il envoie du lourd » et bien hypocrite sera celui qui dira avoir détourné la tête pendant ce ball-trap.
Non. Philippe Le GALL n’aura pas le prix Goncourt. A moins que…
J'ai eu exactement le même ressenti lorsque j'ai lu, en 2019, "L'île introuvable" du même auteur qui utilise déjà à peu près les mêmes ficelles que celles que vous décrivez.