"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l'ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d'ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai... La haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu'elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre - et pour dire ainsi où est notre fidélité.» Albert Camus.
Je lis peu de théâtre, pourtant j'ai vécu cette pièce avec tout mon épiderme. Ce thème continue à résonner dans le monde actuel.
Le titre de cette pièce de théâtre peut à première lecture nous donner une idée fausse de son contenu. Il ne s’agit pas des « justes » au sens que l’on donne communément désormais, depuis la seconde guerre mondiale.
Non ici, on est sur une pièce qui reprend un véritable fait historique qui a eu lieu en 1905, un attentat contre le grand-duc Serge Alexandrovitch. L’un des membres d’une organisation résistante planifie cet attentat et prévoir de lancer une bombe le soir où Serge ira à l’opéra. Parmi ce groupe socialiste révolutionnaire, en opposition totale au grand-duc, Kaliayeb, qui doit lui-même déposer la bombe, va finir par renoncer au dernier moment, au risque de remettre en cause le sens même de l’équipe, mais également, de les voir se faire arrêter.
Cette pièce est a priori une réponse au livre « Les mains sales » de Sartre, car selon Camus, la vision de Sartre était à l’opposé de la sienne : Camus va faire incarner sa vision dans la bouche de Kaliayeb (personne qui a réellement existé) et Sartre dans celle de Stepan.
La raison pour laquelle il n’a pas déposé la bombe ? le grand-duc n’était pas seul : il y avait des enfants avec lui, le neveu et la nièce. Kaliayeb ne voulait pas tuer ces enfants parce qu’ils ne sont pas responsables des actes de son oncle, qu’à cet âge-là, ils sont innocents. Kaliayeb va se justifier auprès de son équipe et surtout auprès de Dora, dont il est amoureux : le sens du sacrifice, de la résistance ne peut pas justifier tous les crimes. Cette justification est contrée par Stepan, radicalement opposé à la vision de Kaliayeb et qui ne comprend pas pourquoi il n’a pas agi. Stepan considère que pour atteindre leur objectif, il faut aller au bout, même si des victimes collatérales sont à déplorer. Ces enfants, neveu et nièce, auraient très bien pu être du côté de leur oncle, une fois adulte.
S’ensuit donc un débat de fond sur ce qu’il aurait fallu faire à la place de Kaliayeb.
S’agissant d’une pièce de théâtre, l’histoire est accessible, les arguments présentés son clairs et peut donner à débat. Malgré tout, lire une pièce de théâtre est toujours plus agréable si on a accès à l’interprétation d’une troupe de théâtre en parallèle de la lecture. J’ai donc regardé une vidéo Youtube. L’ambiance lourde et sombre de toute cette pièce est bien sûr davantage mise en valeur lorsqu’elle est interprétée par des comédiens.
Je dirais tout de même que les arguments donnés par Kaliayeb et par Stepan sont accessibles certes, mais il est nécessaire quand même de s’y arrêter un instant, ne serait-ce qu’en prenant le temps de prendre conscience des arguments de l’un et l’autre.
Je ne sais pas si je me souviendrai longtemps de cette pièce, avec regret d’ailleurs. J’ai tendance à avoir du mal à « imprimer » les histoires des pièces de théâtre, plutôt que les romans. C’est tout de même le genre de livre que j’aime bien garder dans ma bibliothèque, histoire de pouvoir les relire un jour si l’envie m’en prend.
A découvrir.
Cette pièce d’Albert Camus a été jouée la première fois en 1949. Inspirée de faits historiques réels survenus en 1905 à Moscou, elle se réfère à l’attentat prévu et perpétré contre le grand duc Alexandrovitch pour sauver le peuple du despotisme. Les personnages de la pièce incarnent un groupe révolutionnaire socialiste, composé d’une femme, Dora, et de quatre hommes dont Kaliayev, amant de Dora, héros de la pièce.
Je ne vais pas épiloguer sur une œuvre tellement célèbre et largement commentée, seulement exprimer les sentiments qui me traversent toujours en la relisant, en m’imprégnant des thèses et en observant l’idéologie des protagonistes, en prenant le pas de Camus sur sa réflexion concernant le meurtre politique et sa légitimité… qui plus est dans le contexte actuel.
Issu d’une boîte à livres, annoté de toutes parts, gribouillé sur des passages interrogeant ou heurtant peut-être la sensibilité des lecteurs précédents, cet opus m’a permis de passer un moment inattendu hors des titres de la rentrée littéraire (auxquels je souhaite pareil succès !), et de retrouver avec toujours autant de considération la littérature de ce grand auteur.
L’attentat
En 1905, en Russie, un groupe de jeunes socialistes révolutionnaires projette d’assassiner le Grand Duc Serge. Ils sont cinq, quatre hommes et une femme, cinq idéalistes prêts à se sacrifier pour leur cause, la lutte contre la tyrannie d’un despote. Deux d’entre eux doivent jeter les bombes dans la calèche ducale.
Le chef du groupe est Boris Annenkov, il doit maintenir la cohésion de l’équipe et notamment tenter de concilier les points de vue de Yanek Kaliayev (le personnage central) et de Stepan qui s’affrontent sur pratiquement tout… Dora et Yanek s’aiment mais eux aussi sont en désaccord, certes Yanek préfère l’amour à la haine, mais Dora elle préfère la justice…
En cinq actes, Albert Camus ramasse l’intrigue sur quelques jours (une semaine environ) ce qui accroit l’intensité dramatique, intensité qui va crescendo jusqu’au dénouement… Aucun des cinq membres du groupe ne sortira indemne de cet attentat…
Parue et montée en 1949, la pièce de théâtre d’Albert Camus (dont le titre « original » était La Corde) inspirée d’une réalité historique, est une véritable tragédie, au sens classique du terme. Je l’avais lue lorsque j’étais au lycée (autant dire il y a un siècle) et elle m’avait profondément marquée. Aujourd’hui je l’ai lue différemment, avec plus de recul évidemment, mais aussi à la lumière des nombreux « évènements » qui ont émaillé toutes ces années. Loin d’être une apologie du terrorisme, cette pièce est plutôt une réflexion sur l’engagement, la révolte, sur l’idéalisme aussi. C’est aussi ce qui en fait un texte très actuel qui, je l’espère, peut être encore inscrit au programme du BAC de français, ces thèmes étant –à mon sens- le sel de la jeunesse (et font parfois, aujourd’hui, cruellement défaut).
Indispensable.
Qu'est ce qu'un révolutionnaire, jusqu'où peut-on aller pour un idéal, doit-on faire des compromis avec sa conscience ?
Voilà toutes les questions (et bien d'autres) que pose Albert Camus dans cette pièce de théâtre qui n'a pas pris une ride.
Les Justes est un ouvrage brûlant d'actualité.
Très belle pièce théâtre, où les protagonistes vivent et font des actes répréhensibles, pour l'atteinte d'un Idéal.
Une très bonne pièce qui, malgré la violence des actes et de certains propos, fait réfléchir à beaucoup de choses, notamment jusqu'où peut-on aller pour ses idéaux ou par amour ...
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