Karelle Dia, de mère congolaise et de père militaire ougandais, quitte son pays en guerre et arrive en France...
Je suis Karelle Dia, congolaise, enfant de la République française, éloquente, forte en gueule, que mon courage soit mon talent. Née d'un Ougandais et d'une Congolaise, Karelle a huit ans lorsque la guerre éclate à Kinshasa. Mère et fille se réfugient en France, pays de liberté, pour y vivre en paix. À ce premier exil du coeur s'ajoutent bientôt la difficulté et l'angoisse de se reconstruire et d'être acceptées. Animées par cette fierté et cette dignité qui font leur grandeur d'âme, elles s'arment de courage. Il faut les connaître, ces hôtels insalubres où l'on fait son beurre sur le dos de la misère humaine. Il faut les endurer, ces sinistres coups du sort, sans rien céder de ses rêves. Karelle en fera l'expérience. Et de ses combats naîtra la plus éclatante des victoires. Avec Les Chemins d'exil et de lumière, Céline Lapertot continue d'explorer avec justesse et pugnacité la veine sociale qui caractérise son oeuvre. Inspirée de la vie de l'une de ses élèves, l'auteure nous livre le roman d'une femme qui affronte son destin pour mieux éblouir le monde de sa lumière.
Karelle Dia, de mère congolaise et de père militaire ougandais, quitte son pays en guerre et arrive en France...
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2023/01/les-chemins-dexil-et-de-lumiere-de.html
C'est l'histoire de Karelle Dia, "congolaise à l'âme d'argile", née d'une mère congolaise et d'un père militaire ougandais, " deux sols qui ne s'aiment pas", contrainte à l'âge de huit ans de quitter avec sa mère Gisèle son pays en guerre. Gisèle part pour protéger sa fille, en France elles vivent les démarches sans fin à la préfecture en vue d'obtenir la nationalité française, le logement chez une amie avant d'obtenir une place dans un hôtel, puis des séjours d'hôtels en hôtels de plus en plus insalubres, la vie au milieu des blattes, des punaises de lit dans des conditions d'hygiène épouvantables. Un parcours qui se poursuit dans un lieu collectif dépendant d'une association où toute intimité est exclue, la vie obligatoire entre "gens de la même tribu", jusqu'à l'OQTF, Obligation de Quitter le Territoire Français.
La découverte de l'éloquence ouvrira la voie de Karelle vers un avenir dans le théâtre où elle découvrira que certains rôles sont réservés aux blancs alors qu'elle voulait prétendre à tous les rôles oubliant la couleur de sa peau. Sur scène elle pourra déclamer " Je suis Karelle Dia au souffle aussi fort que la guerre de mon pays, je suis un roc, la scène est ma patrie."
Céline Lapertot se met dans la tête de Gisèle et de Karelle. Gisèle pour qui le plus important est de préserver sa dignité, de se fondre dans ce pays qui est devenu le sien et surtout de travailler, Karelle pour qui le respect de son corps est une priorité et qui ne veut pas laisser la pauvreté prendre possession de son corps. Céline Lapertot trouve les mots pour décrire de façon très réaliste les hôtels, leur crasse, les odeurs mais aussi les sentiments de Karelle qui oscillent entre rage, dégoût, humiliation et honte. Elle dénonce avec une colère à peine rentrée les conditions d'accueil des migrants en France, pays des Lumières, pays des droits de l'Homme et du Citoyen et met également en lumière une communauté forte et solidaire.
Karelle éprouve de la reconnaissance et un amour démesuré pour sa nouvelle Patrie. Brillante à l'école, elle choisit la lutte et "d'être absente à ce monde tant que ce monde durera". La découverte de l'éloquence, de l'art de bien parler, d'argumenter et sa participation à un concours d'éloquence à l'âge de quinze ans vont être le point de départ d'une vie au théâtre où elle pourra utiliser les mots comme une arme, dans un lieu où des femmes comme Phèdre l'aideront à atteindre la lumière.
Tout le roman est traversé par la dignité "gravée dans la chair", par la vitalité, la ténacité de Karelle, la lumière qui émane d'elle et l'amour qui continue à unir ses parents pendant des années malgré la séparation. Après des chapitres très durs sur les conditions d'accueil des migrants, Céline Lapertot nous offre de magnifiques passages sur l'éloquence et sur le théâtre.
En fin de récit, le roman prend une autre dimension lorsque nous découvrons que le personnage de Karelle est inspiré de Marlaine, une jeune fille que l'auteure a suivi dans son parcours, que les phrases en italique dans le roman sont extraites du discours "Prouver la supériorité de l'homme sur la femme" prononcé par Marlaine en demi-finale d'un concours d'éloquence en 2018. Marlaine, une jeune fille dont la ténacité et l'obstination forcent l'admiration, une jeune fille qui n'a de cesse de revendiquer le fait qu'elle est africaine. On se dit que Céline Lapertot a eu de la chance de rencontrer une telle personne qui elle-même a eu la chance de voir son histoire romancée par une telle auteure.
Un roman puissant sur le déracinement avec une héroïne très attachante. Un roman dans lequel Céline Lapertot montre à nouveau toute la dimension de son humanité et de son engagement.
Osez la lumière
Il ne va pas être facile de vous dire combien ce livre m’a cueilli en plein cœur et en pleine conscience.
La quatrième de couverture nous dit qu’il est inspiré de la vie d’une des élèves de Céline.
Dès les premiers mots, j’ai eu le sentiment de regarder une médaille dont l’avers serait le portrait de Céline et le revers celui de Karelle. Entre ces deux femmes il y a une osmose, une force, une bienveillance et une humanité qui sont communes à leur chemin.
Le Congo est en guerre et la menace d’enlèvement d’enfants pour faire pression est de plus en plus prégnante.
La famille Dia doit agir, Pharel le père d’origine ougandaise est militaire, Gisèle la mère est congolaise. Karelle leur fille n’a que huit ans.
Giselle et Karelle vont partir pour la France, pays des droits de l’homme, pays des Lumières, la mère y a un contact, et elles devraient bénéficier de l’asile politique.
Oui, mais…
Ce qui les attend, c’est le sordide, l’indifférence, c’est une négation de leur existence et bien d’autres infamies.
France, terre d’accueil ?
Accueillir dans quelles conditions ?
Mais cette petite fille ne lâchera rien, sa mère se débat chaque jour, d’un logement insalubre à un autre.
L’école c’est cette bouffée d’oxygène, Karelle est intelligente, volontaire, elle aime lire et cela lui permet de s’évader un peu de cet enfer.
Mère et fille sont anéanties quand elles reçoivent l’OQTF.
Des années de bataille s’engagent car pas question de baisser les bras.
De l’écriture sublime pulse une énergie hors du commun, elle va jusqu’à être olfactive (on le regretterait presque), épidermique, elle épouse les battements de cœur de l’auteur, de l’héroïne et du lecteur. Car la lecture fait que nous sommes dans le même cercle.
De cette misère infligée, de cette crasse immonde, de cette peur de chaque instant vont naître des mots.
Des mots dans un concours d’éloquence, qui a la saveur de l’intelligence et d’un regard sur le monde réjouissant (à la fin de l’ouvrage il est en intégral). Il y a bien évidemment le talent mais aussi un travail de titan.
Karelle s’interroge sur son avenir, une seule certitude, les mots seront la base de la voie qu’elle choisira.
Pour Céline et Karelle, les mots sont un sceptre, cette autorité souveraine qu’elles ont arrachée à la vie.
Les mots sont en lutte, pied à pied, corps à corps. Ils affrontent toutes les peurs et plus encore.
Dans le chaos y a-t-il une lumière sans la chance des rencontres ?
Un livre brillant, sa construction magnifique va crescendo vers la lumière. Le titre si explicite, l’exil au sens strict mais pas seulement, on peut être en exil de sa famille sans quitter son pays.
La force, celle insoupçonnable, cachée au plus profond de soi, il faut aller la chercher, la travailler, l’apprivoiser avant de pouvoir en faire une arme d’autant plus efficace qu’elle est pacifique.
Pour terminer un mot clignote comme un phare dans la nuit d’une mer en furie : DIGNITÉ.
« Ce mot qui brûle, ce mot qui fait se relever.
Ce mot est le plus fort et le plus juste que le langue française recèle en son sein : la dignité. Il fait se lever le soleil chaque matin, quand on arrive plus à se promettre l’aube […]. »
Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour cette lecture.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/02/11/les-chemins-dexil-et-de-lumiere/
Le titre résume bien le sujet du livre."Les chemins d'exil" Karelle a huit ans quand elle fuit la guerre avec sa mère; le père reste (d'origine ougandaise) en espérant le rétablissement de la paix à Kinshasa. Les chemins sont bien tortueux et les deux femmes vont vivre dans des conditions inhumaines avant d'obtenir les papiers qui vont permettre à la mère de travailler et à la fille, devenue française, d'étudier dans de meilleurs conditions; Karelle est une battante. Elle va faire des concours d'éloquence, une deuxième place la désespère mais elle va rebondir et parvenir à ses fins. Elle jouera Phèdre, ce dont elle a toujours rêvé (malgré sa couleur de peau)
Dignité est un maître mot pour la mère comme pour la fille. Et La Lumière éclate à force d'acharnement.
La narratrice est blanche et ce récit lui est inspiré par une de ses élèves.
Je n’ai jamais caché mon admiration pour Céline Lapertot. A chaque nouvelle lecture, elle m’oblige à réfléchir et ses écrits trottent longtemps dans mon esprit. Elle utilise la fiction pour mettre en avant des sujets importants de notre monde actuel. Après la maltraitance infantine, la peine de mort ou le combat des femmes en Afrique, elle s’attaque cette fois-ci à l’exil forcé.
On suit le destin de la jeune Karelle et de sa mère, qui par la force des événements, doivent quitter leur pays natal. Ensemble, elles tentent de se créer une nouvelle vie sur un nouveau territoire plein de promesses. A leurs côtés, on assiste aux conditions difficiles de leur arrivée et surtout au dur travail d’intégration qu’elles doivent fournir. Cette sombre première partie du roman laisse ensuite la place à une aventure plus agréable. Libérée du poids ses origines, Karelle peut enfin déployer ses ailes et faire éclater son talent au grand jour.
Comme toujours, l’autrice sait joindre l’utile à l’agréable. Elle magnifie ses combats sociaux avec un langage de toute beauté. Sa plume de haut vol sert parfaitement le propos et lui permet de faire preuve de justesse dans son engagement. Comme le titre l’indique, elle est capable de faire surgir de la lumière dans l’obscurité du drame. Ce livre est un éloge à la ténacité et à l’envie de s’en sortir. Malgré une succession d’espoirs déçus, ses personnages trouvent tout de même en eux le courage nécessaire afin de conserver leur dignité. Cette bataille perpétuelle a déclenché en moi une multitude d’émotions, qui planaient encore, même après la fermeture du livre.
Céline Lapertot est une artiste militante qui prend les choses à cœur et arrive à toucher le nôtre. Et pour moi qui aime la belle littérature, si elle continue à écrire avec cette virtuosité, je la suivrai où elle voudra !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2023/01/31/822-celine-lapertot-les-chemins-dexil-et-de-lumiere/
Le parcours difficile et déterminé d’une « forte en gueule ». C’est ainsi que se définit Karelle, jeune fille congolaise immigrée en France à l’âge de 8 ans.
En faire plus que les autres pour avoir une chance d’ouvrir la petite fenêtre qui aboutira sur son objectif de vie. Exigeant, ardu quand on est noire, immigrée et bientôt marquée de la procédure OQTF (obligation de quitter le territoire français)
Karelle et sa mère Gisèle quittent le Congo où elles sont menacées. En France, pays de la liberté, les hôtels insalubres s’enchaînent. La promiscuité, le manque d’hygiène, les punaises de lit et les cafards font désormais partie de leur quotidien. Il faudra toute la volonté des deux femmes pour sortir de ce cauchemar.
« Relève toi, nom de Dieu, il y va de ta dignité.
Et sans vouloir encore se l’avouer, se redresser, fragile et tremblante tout en guettant du coin de l’œil l’étincelle qui déjà rejaillit. Celle de la vie, celle de la détermination. (…) Si on lui demande quel mot de la langue française peut définir au mieux les contours de sa personnalité, elle peut dire : la dignité. »
Le thème est souvent traité. Celui-ci a le mérite de tracer un portrait d’une femme attachante, volontaire, lucide sur elle-même, sur son environnement.
« Grandir, grandir, c’est aussi faire entrer en soi le regard des gens, leurs incompréhensions et leurs jugements de valeur, leur petite perfidie quand ils ne boudent pas leur plaisir de l’avoir vue chuter. Ça lui fera les pattes, ça lui fera du bien , ça l’incitera à plus d’humilité, elle se mettra moins en avant, dorénavant, elle tempérera la confiance qu’elle peut avoir en elle. »
J’ai aimé la prise de position de l’auteure qui salue la volonté d’excellence de son personnage face aux embûches. Un beau portrait de femme volontaire, absolue, servi par une plume aiguisée et passionnée.
Merci à la Fondation Orange et aux Éditions Viviane Hamy de m'avoir permis de découvrir ce livre intéressant.
Blog : https://commelaplume.blogspot.com/
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