"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Prix coup de coeur de la 25e heure du livre du Mans 2014 Imaginez l'histoire d'une violence. Celle que fait subir un père à sa fille, honteuse, intime, qui ne peut se dire ou qu'on ne veut pas entendre... Et je prendrai tout ce qu'il y à prendre est l'explication du silence dans lequel Charlotte - dorlotée jusqu'à ses sept ans puis soumise aux sévices de son père - s'est enfermée. C'est la jeune fille de dix-sept ans qui révèle le secret de son enfance. Elle a tué et elle doit témoigner. Sous la forme d'une lettre ouverte adressée à son juge, elle raconte, elle revendique son acte et en assume la responsabilité. Après s'être tue pendant si longtemps, comment s'exprimer, comment trouver les mots pour faire comprendre l'inavouable, l'innommable ? Charlotte a décidé que ce ne sera pas par le son de sa voix que le juge l'entendra mais bien par l'écho que renverra sa confession manuscrite... Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre bouleverse parce que Céline Lapertot a trouvé le rythme juste pour maintenir la tension dramatique qui en fait la force. Le lecteur reste auprès de Charlotte - Antigone moderne et fragile - à chaque instant. Il partage sa douleur, lui qui est le seul à la connaître... Prix coup de coeur de la 25e heure du livre du Mans 2014 Imaginez l'histoire d'une violence. Celle que fait subir un père à sa fille, honteuse, intime, qui ne peut se dire ou qu'on ne veut pas entendre... Et je prendrai tout ce qu'il y à prendre est l'explication du silence dans lequel Charlotte - dorlotée jusqu'à ses sept ans puis soumise aux sévices de son père - s'est enfermée. C'est la jeune fille de dix-sept ans qui révèle le secret de son enfance. Elle a tué et elle doit témoigner. Sous la forme d'une lettre ouverte adressée à son juge, elle raconte, elle revendique son acte et en assume la responsabilité. Après s'être tue pendant si longtemps, comment s'exprimer, comment trouver les mots pour faire comprendre l'inavouable, l'innommable ? Charlotte a décidé que ce ne sera pas par le son de sa voix que le juge l'entendra mais bien par l'écho que renverra sa confession manuscrite... Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre bouleverse parce que Céline Lapertot a trouvé le rythme juste pour maintenir la tension dramatique qui en fait la force. Le lecteur reste auprès de Charlotte - Antigone moderne et fragile - à chaque instant. Il partage sa douleur, lui qui est le seul à la connaître...
« Ecrire, c’est hurler sans bruit ».
Il y a, en littérature, des rencontres. Face aux mots le lecteur fait dans le meilleur des cas une découverte. Ce fut le cas avec Céline Lapertot avec son somptueux « Ce qui est monstrueux est normal », et je vais à rebours dans mes lectures, car j’ai découvert une voix forte et talentueuse par les sujets abordés mais surtout dans la manière de traiter de tels sujets.
Ici, vous découvrirez Charlotte 17 ans et sa vie complètement laminée, car les pires violences sont au sein même de la famille.
Cette jeune fille va passer devant le juge, mais elle a décidé de ne pas parler, elle fait le choix d’écrire dans un cahier ce qu’elle a à dire. Elle est accompagnée de son éducatrice Sandrine à la fois inquiète et complice, cela dépend.
Charlotte écrit : « je suis ce que j’ai fait, je suis née quand j’ai tué ».
La valeur des mots, elle la connait, elle est lettrée.
« Ma lecture des classiques m’a permis de saisir l’instant exact où j’ai basculé dans la tragédie. Il suffit de rien : tourner à gauche au lieu de tourner à droite, rire alors qu’il aurait fallu pleurer, parler au lieu de s’accommoder du silence. Je vous écris que j’ai choisi l’action, au lieu de me rencogner dans l’indifférence silencieuse. »
Victime elle n’aime pas ce mot, si elle est victime de son père, le silence de la mère, rend celle-ci complice.
Charlotte vous raconte ce qu’elle subit sur le mode de « ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort ».
Cette descente aux enfers est ressentie par le lecteur et aussitôt, le sentiment qu’après avoir dévissé Charlotte poursuit son escalade, inlassablement car elle est vivante et elle prendra tout ce qu’il y a à prendre.
Chaque phrase vous gifle et puis vous boxe, mais elle ne vous met pas K.O. Par sa façon de construire, de poser un vocabulaire au plus juste, car ici nous ne nous répandons pas, nous ne faisons pas de surenchère, nous vacillons corps meurtri, cœur serré, yeux mouillés, mais nous restons debout.
Nous sommes dans l’ambiguïté de la souffrance concomitante à la fidélité aux parents.
Chacun des livres de Céline Lapertot me fait penser à la métaphore du petit Poucet : ses personnages « partis de rien, je dirais de loin, arrivent à tout ».
L’empreinte de chacune de ses héroïnes est indélébile car elles portent un habit de lumière qui s’appelle « dignité ».
Comment fait-elle pour écrire des scènes insupportables, insoutenables avec cette sobriété d’où émergent en même temps la vie chevillée au corps et à l’âme ?
Le lecteur referme le livre comme si les bras de l’auteur l’entouraient pour lui dire : « tu vois je suis vivante, ne t’en fais pas ».
Lisez, personnellement je ne lâcherai pas ce talent littéraire qui est un pur diamant.
©Chantal Lafon
Quelle claque ! Un texte court, dense et percutant dont on ne sort pas indemne.
Charlotte 17 ans attend pendant de longues heures dans l'antichambre du bureau du juge devant lequel elle doit comparaitre pour le meurtre de son père.
Elle finit d'écrire son histoire dans un cahier. Car Charlotte n'a jamais parlé pendant dix ans de la maltraitance qu'elle subissait dans l'intimité familiale, tentant de vivre normalement en dehors (mais peut-on vivre normalement quand on est victime comme elle d'une violence inouïe pendant des années sous le regard impuissant et indifférent d'une mère elle-même battue) Et elle est fermement décidée à ne pas parler. Elle va confier au juge ses mots, c'est la littérature qui l'a aidée à vivre, alors elle croit à la puissance des mots. Avec la maturité précoce de celle à qui on a volé son enfance, la hargne, la révolte qui n'ont cessé de monter en elle au fil des ans, elle raconte avec précision et lucidité, année après année, pourquoi, malgré les occasions qui se sont succédées, elle n'a jamais réussi à parler espérant encore et toujours que son père redeviendrait le père aimant qu'elle a connu jusqu'à ses 7 ans. Une forme de loyauté... jusqu'au jour où pour empêcher encore pire que ce qu'elle a déjà subi, elle ne voit pas d'autre issue que de tuer son père. Elle assume son geste en adulte responsable, un geste qui l'a rendue à la vie. C'est un livre bouleversant qui donne à réfléchir sur la responsabilité de la société, la difficulté d'intervenir à bon escient. Se rappeler que de trop nombreux enfants sont victimes chaque jour de maltraitance de la part d'adultes mais aussi le fiasco terrible d'Outreaux.
L'écriture est superbe, d'une justesse éblouissante et vous ne serez pas près d'oublier Charlotte ...Ne passez pas à côté, cette auteure mérite absolument d'être découverte.
Charlotte a dix-sept ans. Accompagnée de son éducatrice, Sandrine, elle attend son tour pour passer devant le juge. L’attente sera longue. Elle en profite pour écrire dans son cahier à spirale. Pour s'adresser au juge. Lui raconter dix ans d’enfer, lui expliquer tout ce qui a conduit à son geste. Elle a tué son père.
« J’ai dix-sept ans, et j’ai tué
Je ramasse les morceaux épars de mon être, celui qui a volé en éclats lorsque j’ai saisi le couteau. Je reconstitue ces morceaux de moi-même et je vous les offre, monsieur le juge, vous qui devez m’écouter et suivre les méandres du cerveau qui a engendré ce drame.
Mon drame.
Les meilleurs morceaux de mon être sont là, nichés quelque part. Et aussi dans la zone la plus obscure de mon cœur qui pour l’instant occupe le devant de la scène. »
C’est à l’âge de sept ans que tout bascule pour Charlotte. Avant, elle menait une vie normale de petite fille. Si on peut considérer comme normale la vie dans un foyer ou le père bat la mère. Charlotte a sept ans. Elle joue dans sa belle chambre avec une amie quand son père rentre du travail en colère. Charlotte sait ce qui va arriver. Il y a d’abord les cris. Elle en a l’habitude. Elle fait sortir son amie. Puis les coups arrivent, commencent à pleuvoir sur sa mère. Un regard réprobateur de Charlotte et s’en est fini de l’enfance de Charlotte. Son père la conduit à la cave. Un lit l’y attend. Elle ne reverra plus sa chambre.
« Puis mes yeux découvrent le fond de notre cave.
Ils se sont habitués à la lumière faible et mourante.
J’aurais préféré qu’ils refusent cette agonie. J’aurais préféré ne pas voir ça. Au fond de la cave, il y a un lit, une minuscule table de chevet, une lampe que je n’ai jamais vue, et une commode que j’ai aperçue dans la chambre de mes parents, quelques semaines auparavant.
Peu à peu la réalité m’étreint : ce lit sera mon lit. Papa en a décidé ainsi. Je vais dormir dans ce lit froid sous ces couvertures grises. Où sont mes ours ? Où est ma poupée ? J’ai saisi que papa me punit, mais je n’en comprends pas la raison, alors, pour tenir le coup, je ne peux que prier pour que la punition ne s’éternise pas, pour que mon père oublie vite ce qui lui a déplu. »
Dix ans ! La réclusion de Charlotte va durer dix ans. Charlotte continue d’aller à l’école, puis au collège et au lycée mais le reste du temps elle le passe dans cette cave humide et froide. Pendant ces dix ans la torture morale et physique va s’accentuer graduellement au fil des tentatives de rébellion de Charlotte. Charlotte ne veut pas être comme sa mère, elle ne veut pas se laisser détruire par ce père abusif.
À l’extérieur on remarque bien que Charlotte est bizarre, qu’elle est pâle, en retrait. Mais quand elle est convoquée par le CPE ou l’assistante sociale, elle ne dit rien. Les mots sont comme empêchés. Ils restent au fond de sa gorge. Ce serait si simple de parler. Son calvaire prendrait fin. Mais non, Charlotte bien que voulant s’en sortir, ne parle pas. Elle hésite à briser la cellule familiale (le mot cellule prend ici tout son sens). Quand un contrôle est diligenté par l’aide sociale à l’enfance, son père donne le change. Il a tout prévu en bon pervers narcissique. Tout est impeccable. La chambre de Charlotte abrite les derniers gadgets à la mode. Ceux qu’elle n’utilisera jamais. Et il est si avenant, si bien sous tous rapports, ce père.
Charlotte ne peut pas parler, alors elle écrit. Et ce sont ses mots destinés au juge que nous découvrons.
Quelle claque littéraire ! Quelle gifle ! De celles qui laissent des traces bien après le coup porté. Charlotte écrit avec ses tripes. Elle crie sa souffrance et sa colère. Nous prend le cœur entre ses mains, le plie, le retourne.
La plume de Céline Lapertot est puissante, violente. Elle happe le lecteur dès les premiers mots pour ne plus le lâcher. J’ai quasiment lu ce livre en apnée, d’une traite. Je découvre enfin cette auteure que j’avais très envie de lire. Mieux vaut tard que jamais. Cette lecture m’a laissé K.O. debout. Le personnage de Charlotte est à jamais gravé dans ma mémoire. Ce roman est un énorme coup de cœur. Le bon côté de cette découverte tardive est que deux autres romans de l’auteure m’attendent.
« Que puis-je dire à une bande d’adolescents qui pour la plupart ignorent ce qu’est la vrai souffrance ? Sentent-ils le gouffre qui nous sépare, eux et moi ? Ils ne connaissent pas le goût amer du regret et de la vie qu’on abandonne peu à peu. Ils ignorent le sens véritable des mots « perte d’identité ». »
Une écriture de qualité pour ce roman. Découvrir l'enfer d'une enfance maltraitée au côté d'une jeune meurtrière, avant tout victime. Un livre plein de justesse qui met en avant les failles de la société.
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